RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La CIA cherche à couler Correa

Il y a un mois j’ai demandé à un ancien collègue de l’Office britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth ce que Hagues envisageait comme fin de partie dans l’impasse sur l’asile politique de Julian Assange, et quelles étaient les marges de manoeuvres en terme de négociations. Mon ami fut méprisant - la politique consistait tout simplement à attendre l’élection présidentielle en Equateur en février (2013). Les Etats-Unis et leurs alliés sont convaincus que Correa va perdre, et mon ami et moi ayant été deux anciens diplomates pendant de nombreuses années, nous avons compris ce que les États-Unis feraient pour assurer ce résultat. Avec Correa remplacé par un président pro-US, l’asile politique d’Assange sera retiré, la police métropolitaine invitée à l’arrêter à l’ambassade de l’Équateur, et Assange sera envoyé immédiatement en Suède d’où il pourrait être extradé vers les Etats-Unis pour faire face à des accusations d’espionnage et de soutien au terrorisme.

J’ai été frappé par la naïveté de ceux qui se demandent pourquoi les Etats-Unis ne peuvent pas simplement demander l’extradition d’Assange à partir du Royaume-Uni. La réponse est simple : gouvernement de coalition. Les accords d’extradition sont des traités internationaux de gouvernement à gouvernement, et la décision de leur mise en oeuvre est en dernier ressort politique et gouvernementale - c’est pourquoi c’est Teresa May (Ministre Intérieure UK - NdT) et non un juge qui a pris les décisions politiques finales et très différentes sur (NdT-l’extradition de) Babar Ahmad et (NdT-le refus d’extrader) Gary Mackinnon.

Les partisans de la CIA au Royaume-Uni soutiennent avec véhémence qu’il serait impossible que la Suède donne des garanties qu’Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis, grâce auxquelles il serait prêt à retourner en Suède pour en finir avec la tentative pathétique d’un coup monté. En fait, si les accords d’extradition n’étaient pas des instruments juridiques gouvernementaux, il serait tout à fait possible pour le gouvernement suédois de donner cette garantie. Ceux qui prétendent le contraire, comme Gavin Smith et Joan Essler ici, ne disent pas la vérité - je soupçonne que leur véhémence indique même qu’ils le savent.

La plupart des députés libéraux démocrates sont heureux d’approuver l’idée qu’Assange devrait être renvoyé en Suède pour faire face à des accusations d’agressions sexuelles. Cependant, même les députés du Lib Dem, humiliés à plusieurs reprises, se révolteraient à l’idée qu’Assange soit envoyé en prison à vie en isolement carcéral aux États-Unis pour le travail de Wikileaks. C’est pourquoi la demande d’extradition des Etats-Unis a lieu en dehors du Royaume-Uni, afin d’éviter les problèmes que cela causerait à Cameron. Je ne spécule pas, il y a eu des échanges diplomatiques directs de très haut niveau sur ce point entre Washington et Londres.

Le Département d’Etat était convaincu que le problème Correa allait bientôt s’évanouir, mais il a été choqué depuis par le retour d’Hugo Chavez. Comme Correa, de hauts diplomates américains s’étaient convaincus - et ont convaincu La Clinton (tel quel dans le texte NdT) - que Chavez allait perdre. La fureur provoquée par le retour de Chavez a conduit à un diktat selon lequel la même erreur ne devait pas se reproduire en Equateur.

Les opérations de la CIA à l’intérieur de l’Equateur sont en tout cas beaucoup moins perturbées qu’au Venezuela. J’apprends que le budget américain, en utilisant principalement des fonds du Pentagone, consacré à influencer la prochaine élection présidentielle équatorienne a, depuis le résultat du Venezuela, presque triplé pour atteindre 87 millions de dollars. Une somme qui finira dans les coffres de campagne de l’opposition et sera utilisée pour financer, soudoyer ou favoriser le chantage des médias et des officiels. Attendez-vous à un certain nombre de scandales médiatiques et de corruption contre le gouvernement de Correa dans les prochaines semaines.

J’ai peu de connaissances approfondies sur la politique équatorienne et je ne sais vraiment pas quelles sont les chances de réélection de Correa. J’ignore également si l’un des partis de l’opposition est respectable ou sous la coupe des Etats-Unis. Mais je sais que les États-Unis tiennent beaucoup à ce que Correa perde, qu’ils étaient très confiants qu’il allait perdre, et que maintenant ils ne le sont pas. De leur point de vue, le danger est qu’en faisant de la surenchère, leurs efforts seront tellement évidents qu’ils provoqueront en retour un réaction nationaliste. Ma source américaine est toutefois catégorique que l’administration Obama n’utilisera pas réellement les fonds pour inciter une autre tentative de coup d’Etat militaire contre Correa. Cette option a apparemment été écartée. Un Assange expulsé vers les bras de la CIA par une dictature militaire fraîchement installée sera difficile à faire avaler, même pour nos épouvantables grands médias.

Craig Murray

Source : http://www.craigmurray.org.uk/archives/2012/10/cia-look-to-swamp-correa/

Traduction par Romane

URL de cet article 18053
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, véritable (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"L’Occident a dominé le monde non pas par la supériorité de ses idées, de ses valeurs ou de sa religion mais par sa supériorité à recourir méthodiquement à la violence. Les occidentaux l’oublient souvent, les autres ne l’oublient jamais."

Samuel P. Huntington

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.