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Participation importante des équipes syndicales à la journée du 9 octobre

Et maintenant, on attend quoi pour contrer les licenciements et l’austérité de gauche ?

Ce mardi 9 octobre, nous étions plus de 90.000 à manifester dans dix villes différentes, avec un cortège de près de 20.000 personnes rien qu’à Paris. Il y en avait autant à Marseille, dans une ambiance extrêmement combattive, le Sud-est étant particulièrement touchée par les licenciements. Dans la capitale, la cité phocéenne, mais aussi à Bordeaux, à Rennes ou encore au Havre, ce sont des milliers de drapeaux syndicaux, des centaines de boîtes, dont de nombreuses sont en lutte aujourd’hui pour défendre les emplois et les salaires, qu’on a pu voir dans la rue.

Les cortèges donnaient une bonne idée de l’état d’esprit et du potentiel de radicalité et de mobilisation de la classe ouvrière aujourd’hui, avec à Paris notamment la présence en tête de cortège des travailleurs de l’automobile qui s’étaient réunis le matin même Porte de Versailles et s’étaient affronté avec les CRS qui leur barraient l’entrée du Salon de l’auto.

Mais la journée du 9, appelée par la CGT, comme celle du 30, appelée fondamentalement par le Front de Gauche, avaient également pour but de repositionner les deux directions politico-syndicales réformistes dans la phase politique actuelle, avec l’idée aussi de ne pas laisser le champ libre à une possible radicalité ouvrière incontrôlée, à l’image de ce qui avait pu s’exprimer boite par boite lors des luttes contre les fermetures en 2009 (Conti, Caterpillar, Sony, Philips, etc.). Ce sont donc surtout les militants cégétistes que l’on a retrouvés dans la rue le 9, appuyés par quelques équipes de Solidaires à Paris. Une démonstration de plus que c’est par la base que l’on réussira à construire l’unité nécessaire à la riposte.

Un message clair délivré par les équipes syndicales mobilisées en dépit des limites imposées par la CGT

Il y aurait à redire sur l’organisation de la journée, qui n’a pas seulement souffert du black-out médiatique mais également de la frilosité cégétiste à l’idée de mettre réellement le paquet pour mobiliser. Il y aurait également à redire sur l’appel de la CGT, défendant le slogan d’une « nouvelle politique industrielle ». Une telle revendication ne répond en rien aux intérêts et aux revendications des travailleurs aujourd’hui attaqués, qu’ils travaillent dans le secondaire ou dans les services d’ailleurs. Au contraire, elle s’adresse à ceux qui possèdent les grandes entreprises, aux patrons qui ont beau jeu de se faire passer eux-aussi pour des victimes de la crise ou de la concurrence. Pour les salariés menacés, la question aujourd’hui est de défendre leur emploi, leur salaire et leurs conditions de travail, et pas leur patron qui justement les attaque ! On voit bien que les milliards donnés ces dernières années pour sauver « l’industrie » n’empêchent pas le patronat de vouloir fermer aujourd’hui. Mais malgré l’ambiguïté de cet appel, le message lancé par les équipes syndicales a été clair ce mardi : les banderoles, les pancartes, les slogans disaient tous leur refus des licenciements et leur ras-le-bol de l’austérité. La désillusion envers le gouvernement Hollande-Ayrault était elle aussi très nette.

A Paris, dans le cortège RATP, on scandait ainsi « public, privé, même combat ! », tandis que la CGT Argenteuil exigeait que Hollande respecte ses promesses concernant les retraites : « 60 ans, à taux plein, et pas un jour de plus, et pas un jour de moins ! ». « Aulnay, Mittal, Sanofi, interdiction, des licenciements », criaient quant à eux les camarades du cortège de la CGT 95. Parmi les manifestants, beaucoup avaient très certainement voté pour ce gouvernement en juin dernier, surtout avec l’idée de dégager Sarkozy. Mais la subordination explicite du pouvoir actuel au grand patronat depuis juillet dernier l’a fait depuis dégringoler dans les sondages, surtout chez les classes populaires attaquées de toute part. La journée de mardi dernier a mis la France au diapason des luttes des travailleurs et des jeunes de Grèce, du Portugal ou encore de l’Etat espagnol contre l’austérité.

Et quelles perspectives maintenant ?

Cette journée de mobilisation, de même que le rassemblement du matin devant le salon de l’auto, ne peuvent ni ne doivent rester lettre morte. Depuis la fin de l’été, et devant la colère qui monte, les directions syndicales freinent des quatre fers face à toute éventualité de mobolisation un tant soit peu radicale et jouent la carte de la dispersion. C’est ainsi par exemple que l’appel des Ford-Blanquefort à manifester au Salon de l’auto dès le 29 septembre au matin a même été boycotté par la CGT PSA qui a préféré mobiliser à Aulnay pour l’après midi Cité des 3.000 à Aulnay, en arrivant même à refuser la parole aux copains de Ford qui étaient pourtant arrivés en délégation au cours du meeting avant de repartir pour Bordeaux. On songera également à la tentative de canaliser la résistance sur le terrain institutionnel par Mélenchon le 30 septembre, ou encore aux obstacles mis par la direction de la CGT à la réussite du rassemblement au salon de l’auto le 9 au matin, qui s’est fait malgré elle au final, etc.

Pour mobiliser contre les licenciements, les plans sociaux, le chômage et l’austérité, il faut exiger des organisations syndicales qu’elles rompent immédiatement avec leur posture conciliatrice vis-à -vis de ce gouvernement. Le dialogue social ne sert actuellement qu’à mieux faire passer les attaques, comme les accords compétitivité emploi et à préparer la réforme du travail dans le sens de la flexibilité qu’Hollande et Ayrault sont en train de concocter. C’est sur les lieux de travail, dans les équipes syndicales à la base, qu’il faut commencer à discuter comment s’organiser contre l’austérité, comment combattre les licenciements et le chômage.

Ce qui est en jeu, c’est une course de vitesse entre notre classe d’une part, et le patronat et le gouvernement de l’autre. Fidèle à leurs habitudes lorsqu’ils arrivent au pouvoir, les socialistes jouent la partition qui leur a été attribuéeet qui consiste à faire quelques promesses, semer quelques illusions dans nos rangs, pour mieux servir ensuite la soupe aux patrons en s’appuyant sur le soutien plus ou moins explicite des directions syndicales, enthousiastes en tout cas à l’idée de retrouver leur place de « partenaires » dans le cadre du « dialogue social ». Le Médef quant à lui exerce une pression maximale sur le gouvernement pour obtenir le maximum d’attaques dans le délai le plus bref. Le dernier exemple en date de la servilité du PS envers le patronat, c’est la manière dont il vient de céder au lobby des « pigeons », ces chefs d’entreprise qui s’opposaient aux (timides) mesures de taxations de leurs profits et revenus, à l’image du patron de Free, qui pourtant n’est pas à plaindre… C’est la huitième fortune de France, ce qui ne l’a pas empêché de pleurer misère. Une preuve de plus qu’en envoyant en première ligne les petits roquets de la finance et des start-up, le Medef fait tout pour faire payer la crise aux exploités, avec la complicité active du gouvernement.

C’est pour cela que de notre côté, le temps presse pour organiser la résistance. Ce mardi, on a pu voir la détermination et la radicalité de certains cortèges, comme celui des travailleurs de l’automobile, qui étaient en tête de manifestation. Il y avait d’un côté les Renault Cléon et de l’autre les copains de PSA Aulnay, scandant « Renault, PSA, même combat » et « aujourd’hui dans la rue, demain dans les usines, interdisons les licenciements ». Quant aux camarades d’aéroports de Paris, leur banderole exigeait la « nationalisation et socialisation » de leur boîte. Les exemples pourraient être multipliés. Ils montrent tous à quel point un appel authentique à se battre et à se coordonner pourrait partir d’un de ces bastions ouvriers aujourd’hui sous le feu des attaques. Reste à savoir si les courants politiques qui sont la force motrice de ces différentes bagarres en ont la volonté politique.

Nolwën Michel

12/10/12

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