RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

J’ai décidé de quitter la CGT-EDF


[L’hémorragie des syndiqués CGT à EDF-GDF, d’environ 67700 au 1/1999 à 57500 au 1/2004, a été freinée jusqu’à présent, en partie par la bataille juridique systématique de la direction d’EDF contre la création de syndicats SUD, en partie par l’adhésion d’agents déçus par la CFDT, où le réformisme est devenu majoritaire depuis plusieurs années, et en grande partie par l’espoir des syndiqués non-réformistes, d’arriver, si nécessaire par une « confrontation majeure », à contraindre les députés à rétablir le monopole d’EDF et GDF, et à faire reculer le libéralisme, source d’inégalité et de précarité. ]


La privatisation masque en fait une spoliation de la collectivité nationale, par Jean-Marcel MOULIN.

Mon analyse de la défaite et les conséquences que j’en tire.


30 septembre 2004


J’ai décidé de quitter la FNME CGT, dont les dirigeants réformistes ont provoqué la défaite historique des agents EDF, qui ont repris le travail après leur mobilisation massive lors de multiples « journées d’action » inter fédérales, et après plus de 15 jours de grève et des coupures d’électricité chez des industriels, dans plusieurs dizaines d’unités EDF, sans avoir pu empêcher le vote des députés, le 29/6/2004, transformant EDF et GDF en SA.

Je pense en effet que l’extension rapide de la grève à EDF-GDF, qui touchait, le 24/6/2004, plus de 20 centrales électriques, 23 postes de transport THT et 6 stockages de gaz, a été cassée par l’appel des secrétaires des syndicats CGT du 25/6/2004.

Ce 25/6/2004, 4 jours avant le vote des députés sur la transformation d’EDF et GDF en SA, le jour était venu, pour les dirigeants de la FNME CGT, d’appeler les secrétaires des syndicats à voter « la confrontation majeure », annoncée le 16/10/2003 par « l’appel du 2ième congrès de la FNME CGT », pour contraindre le gouvernement à abandonner ses orientations.
Au contraire, alors que le texte soumis au vote des secrétaires des syndicats le 25/6/2004, prévoyait le passage en force du gouvernement pour le 29/6/2004, ce texte se contentait d’appeler les agents à « intensifier l’action » pour obtenir un référendum sur l’avenir d’EDF-GDF...

Intensifier comment ?
- « intensifier les coupures ciblées des industriels...concernés autour des questions d’emploi », c’est à dire seulement les industriels qui licencient, au lieu de tous les industriels éligibles...
- proposer « un nouveau temps fort unitaire le 29 juin, ouvert aux usagers »...
- proposer « une feuille de route de luttes pour l’été...poursuivant les rencontres avec les élus » et les usagers, sur les lieux de vacances...

Cette dérobade des dirigeants de la FNME CGT, en présence de B.Thibault ce 25/6/2004, évitant d’appeler à la « confrontation majeure », qui pouvait seule contraindre les députés à servir l’intérêt général, cette dérobade a cassé la mobilisation des agents, en particulier des syndiqués, et leur ôte l’espoir d’obtenir, à court terme, « la remise en cause de l’ouverture à la concurrence imposée par les directives européennes » et le rétablissement du « monopole public rassemblant EDF et GDF sous la forme d’un seul EPIC ».

Le 2ième congrès de la FNME CGT, en votant ces objectifs le 23/10/2003, avait pourtant confirmé que les non-réformistes étaient encore majoritaires à la FNME CGT, mais il n’avait pas permis, suite à l’élimination abusive (voir site Internet « faitpasser », rubrique « CGT pas OK », la contribution de JJ.Boué du 5/10/2003 : « la démocratie bafouée » ) des non-réformistes parmi les candidats à la commission exécutive fédérale et au bureau fédéral, d’élire des représentants capables d’atteindre ces objectifs par une action coordonnée et démocratique.

Ces représentants nationaux, en cassant l’offensive en cours le 25/6/2004, ont poursuivi l’action de leurs prédécesseurs, qui, depuis que la « gauche plurielle » a exercé le pouvoir, en privatisant plus d’entreprises et de services publics que la droite ne l’avait fait depuis 1986, ont contraint la FNME CGT à accompagner l’asservissement des services publics et de l’économie française, à la spéculation internationale : soutien à la « transposition de gauche » de la directive électricité e n février 2000, puis soutien à la réforme du régime de retraite IEG en janvier 2003.

Le fossé ne peut que s’agrandir, entre les représentants élus du personnel, et leurs électeurs, car ces derniers, même lorsqu’ils sont syndiqués, sont peu nombreux à participer aux réunions et débats nationaux, et même locaux, de leurs organisations : les élus décident généralement seuls, à la place, et de plus en plus à l’opposé, d’une majorité qui exige rarement un vote.

L’hémorragie des syndiqués CGT à EDF-GDF, d’environ 67700 au 1/1999 à 57500 au 1/2004, a été freinée jusqu’à présent, en partie par la bataille juridique systématique de la direction d’EDF contre la création de syndicats SUD, en partie par l’adhésion d’agents déçus par la CFDT, où le réformisme est devenu majoritaire depuis plusieurs années, et en grande partie par l’espoir des syndiqués non-réformistes, d’arriver, si nécessaire par une « confrontation majeure », à contraindre les députés à rétablir le monopole d’EDF et GDF, et à faire reculer le libéralisme, source d’inégalité et de précarité.

Maintenant que cet espoir s’éloigne, le réformisme va progressivement devenir majoritaire à la FNME CGT, et la bataille juridique contre SUD va s’intensifier.
Les syndiqués et électeurs non-réformistes risquent de se disperser principalement dans l’abstention et, pour le reste, dans le soutien aux organisations non-réformistes minoritaires, comme cela est le cas sur le plan politique depuis le virage libéral de la « gauche plurielle ».

Pour ma part, j’ai décidé de quitter la CGT.
Je ne me résigne pas, en effet, à continuer à militer dans la CGT, dont les capacités d’action deviendront rapidement insuffisantes pour faire reculer le libéralisme, car elles sont paralysées depuis plusieurs années, et le seront encore plus désormais, par des dirigeants nationaux devenus réformistes.
Je ne me résigne pas, non plus, à passer la plus grande partie de mes journées à travailler pour engraisser les spéculateurs qui vampiriseront désormais EDF SA.
Je continuerai à défendre le service public, en militant, dans un syndicat combatif et démocratique, pour le rétablissement du monopole public d’EDF, indispensable pour garantir la fourniture d’électricité sans interruption, à un prix uniforme, minimum et stable pour tous les Français.

J’ai décidé d’adhérer et militer à SUD.
En effet, les militants de SUD, malgré leur implantation très locale à EDF et GDF, ont contribué efficacement, depuis plusieurs années, à démontrer, aux usager s et aux élus, la nocivité de la concurrence, et à mobiliser les agents pour l’action et la grève reconductible :

- 5/1998 : tract « concurrence : non à l’horreur économique », une semaine avant la manifestation du 4/6/1998 à Paris, qui a mobilisé 50000 agents contre le projet de loi imposant la concurrence sur le marché de l’électricité.

- 3/1999 : tract « les loups sont entrés dans nos murs », quelques semaines après l’adoption en première lecture par l’assemblée nationale, du projet de loi cassant le monopole d’EDF.

Le 16/2/1999, jour de grève pour le retrait de ce projet de loi, D.Cohen, secrétaire de la FGE CGT, s’était permis d’inviter les députés de la majorité de « gauche plurielle », à voter ce projet de loi, moyennant des amendements qui en faisaient une « transposition de gauche » de la directive européenne imposant la concurrence entre producteurs d’électricité.

- 1/2000 : tract « la preuve de la nécessité du service public et l’heure des bilans », après la tempête de décembre 1999 et avant le vote final de la loi du 10/2/2000 cassant le monopole d’EDF.
- 3/2001 : tract « nous sommes contre tout processus de privatisation d’EDF ou de GDF », refusant la loi du 10/2/2000 et la marchandisation de l’énergie.

- 6/2001 : tract « les lendemains qui mentent » contre le plaidoyer de Roussely, et D.Cohen, à Bercy, pour le service public à l’aise dans la concurrence.

- 4/2002 : tract-pétition CGT R&D et SUD « contre l’électricité folle, pour le service public nationalisé » diffusé aux usagers et adressé, avec environ 350 signatures, aux députés d’Ile de France, pour demander le rétablissement du monopole d’EDF.

- 10/2002 : tract intersyndical et tract SUD « le 3 octobre : montrer notre détermination » appelant à la grève du 3/10/2002 pour le maintien du statut d’EDF et du personnel : 80% de grévistes à EDF, dont 60000 ont manifesté à Paris avec des agents SNCF, RATP et France télécom.

- 11/2002 : « lettre ouverte au directeur de la R&D et aux fédérations syndicales » signée par 350 agents et par tous les syndicats R&D (sauf CGC) : alors que direction et fédérations syndicales négociaient discrètement un nouveau financement des retraites IEG, malgré la grève massive du 3/10/2002, cette lettre exige « l’abandon de tout projet visant à ouvrir le capital d’EDF et GDF et de toute remise en cause du statut ».

- 1/2003 : tract « non au relevé de conclusion » : ce relevé, visant à supprimer le régime de retraite IEG, et soutenu par les secrétaires de toutes les fédérations syndicales (sauf FO et SUD), a été rejeté, le 9/1/2003, par le vote de la majorité des agents.

- 3/2003 : tract « relevé de conclusion : le retour... » invitant les agents à la manifestation du 12/3/2003, qui à permis d’expulser les représentants de la direction et des fédérations CFDT, CFTC et CGC réunis pour négocier la mise en oeuvre du relevé de conclusions.

- 6/2003 : tract « retraites : tous concernés, tous en grève mardi 13 mai » pour la défense des régimes de retraites général et particuliers ; et proposant la grève interprofessionnelle reconductible...Le 13/5/2003, 65% de grévistes à EDF et 1300000 manifestants en France.

- 7/2003 : participation de SUD à la création du Comité R&D contre l’ouverture du capital d’EDF et GDF. Ce comité est composé en majorité d’agents non syndiqués, déçus par le soutien des fédérations syndicales à la suppression du régime de retraites IEG et par le refus des fédérations et confédérations à appeler à la grève nationale reconductible pour défendre les retraites et le statut d’EDF.

Ce comité a créé un site Internet (www.energiepublique.org), où figurent notamment sa plate-forme (revendiquant des monopoles publics dans les différents pays d’Europe) et un tract à destination des usagers, qui a été largement diffusé, pour dénoncer la nocivité de la concurrence entre producteurs d’électricité.

- 10/2003 : participation de SUD au débat « contre la privatisation d’EDF-GDF, pour la défense des services publics », le 21/10/2003 à la mairie de Clamart : 250 citoyens ont écouté les exposés de SUD, ATTAC et COPERNIC et les interventions de nombreux élus, syndiqués et usagers.

- 3/2004 : participation de SUD à l’assemblée du personnel R&D Clamart du 18/3/2004, organisée par le comité contre l’ouverture du capital d’EDF-GDF. L’assemblée demande aux organisations syndicales d’appeler à la grève nationale jusqu’au retrait du projet de loi transformant EDF-GDF en SA. Elle décide de lancer une pétition « sauvons le service public de l’énergie » (plus de 32000 signatures, le 31/7/2004).

- 3/2004 : participation de SUD à « l’appel pour la grève jusqu’au retrait du projet de loi de privatisation » et pour imposer la « restauration du monopole public ». L’appel, lancé par des agents syndiqués principalement à SUD et CGT, est diffusé à tous les agents EDF-GDF et placé sur le site Internet http://appelgreve.edfgdf.site.voila.fr ; il a été signé par plus de 1500 agents répartis sur toute la France.

- 4/2004 : tract « contre la privatisation, la grève jusqu’au retrait du projet de loi » appelant à la grève reconductible à partir du 8/4/2004 : 75% de grévistes à EDF, le 8/4.

- 5/2004 : tract SUD Energie, Rail, PTT, Education, Santé, ANPE : « contre les privatisations, pour les services publics, mobilisons nous » appelant à manifester le 27/5/2004 à Paris : 80000 agents EDF ont manifesté le 27/5.

6/2004 : l’assemblée des agents R&D Clamart du 10/6/2004, réunie à l’appel de tous les syndicats (sauf CGC), vote la grève reconductible à partir du 14/6/2004.


Du 14 jusqu’au 29/6/2004, fin de la grève reconductible, SUD participe à l’organisation et à la réalisation des actions à la R&D (AG quotidienne, blocage des accès et coupures d’électricité) et des actions en commun avec d’autres unités EDF (Sarkozy à la Défense, DEGS Bagneux, Paris et Villejuif, DIT Issy les moulineaux, CNEN, Poste Ampère à St Denis, etc...).
SUD médiatise efficacement les actions menées à la R&D et partout à EDF, en rédigeant le bulletin quotidien « infosluttes », diffusé aux signataires de « l’appel pour la grève... » et placé sur le site Internet « faitpasser : http://hyp.lescourses.info », et en invitant des journalistes (AFP, Libération, Le monde, TV, etc...) aux principales actions.


Malheureusement, malgré la résistance et la combativité des agents non réformistes, EDF et GDF sont maintenant devenus des SA : le gouvernement va pouvoir accélérer leur privatisation, sans être freiné par les débats parlementaires qui étaient obligatoires lorsque EDF et GDF étaient des EPIC.
D’une façon plus générale, le gouvernement va accélérer la régionalisation et la destruction des services publics et des structures politiques nationales le s plus essentiels pour l’égalité et la solidarité entre les Français : éducation, santé et sécurité sociale (voir les lois votées en juin et juillet 2004 sur la sécurité sociale et sur la régionalisation).

Il est donc vital que des citoyens, de plus en plus nombreux, militent dans des organisations démocratiques, combatives et unitaires, pour défendre les droits de l’homme en éradiquant la guerre économique et la spéculation.

Les organisations syndicales me semblent un lieu privilégié de militantisme pour les travailleurs, dans la mesure où elles leur permettent d’orienter constamment, démocratiquement et efficacement, leur activité professionnelle vers la construction d’une société plus solidaire.

A la R&D, à EDF et interprofessionnellement, les syndiqués et les dirigeants SUD ont lutté contre la libéralisation avec combativité et constance depuis plusieurs années, en utilisant efficacement les médias écrits, audiovisuels et informatiques pour diffuser l’information (sites Internet http://sudenergieedf.free.fr, www.sudenergie.com, www.solidaires.org) et organiser l’expression des syndiqués et non syndiqués (messagerie, forums, pétitions électroniques), en s’autodéterminant démocratiquement en interne et en AG intersyndicales par des votes, en organisant des actions communes avec les autres syndicats, avec des groupes locaux ou nationaux d’agents syndiqués ou non syndiqués, et avec des associations antilibérales telles que RAI, AC, Copernic, ATTAC, forum sociaux européen ou mondiaux , etc...

Mais l’efficacité de l’action de SUD, dans le contexte politique et syndical dirigé par les réformistes, est limitée par son implantation géographique, trop locale à EDF.
Espérons que, parmi les 1500 signataires de « l’appel à la grève reconductible... », de nombreux militants seront suffisamment déterminés, disponibles et efficaces pour créer des syndicats SUD et faire reconnaître leur représentativité par les tribunaux...
Cela prendra des années, pendant lesquelles il faudra maintenir l’union des non syndiqués, des syndiqués et des dirigeants syndicaux non réformistes pour lutter contre la libéralisation.
La dégradation des conditions de travail, et des conditions de vie en général, rendra cette lutte de plus en plus nécessaire, mais aussi de plus en plus difficile, au risque de la marginaliser.
Pour éviter ce risque, espérons que les militants et dirigeants SUD utiliseront les médias et l’autodétermination démocratique aussi bien que par le passé, et que les non syndiqués s’engageront durablement et massivement...

Bernard Lefranc, Centre R&D (Recherche et Développement) de Clamart


 Source : appel_greve_edfgdf



Privatisation d’ EDF : Les investisseurs achèteront-ils ? The Economist.



 Lire aussi :

- EDF, la CGT se dégonfle : vers la crise ?
L’appel publié par la Fédération le 25 juin, à l’issue de la réunion des secrétaires généraux, n’intègre plus l’exigence du retrait du projet de loi et ne propose pas de stratégie de lutte pour gagner.

- Appel contre la privatisation d’ EDF - Fondation Copernic - AITEC

- EDF : désinformation sur toute la ligne, par Christiane Marty.

- EDF : La base s’impatiente ! ! ! !

- EDF : Grève totale reconductible à partir du 14 juin.

- EDF est à nous. Voulez-vous vendre EDF ?

- EDF/GDF 8 avril :début de la guerre totale contre la privatisation.



URL de cet article 1794
   
La Machine de guerre américaine
Peter Dale SCOTT
« J’avais dit du précédent livre éblouissant de Peter Dale Scott traitant de ce sujet, (Drugs, Oil and War) "qu’il faisait passer la plupart des explications journalistiques et universitaires concernant nos interventions passées et présentes pour une propagande gouvernementale écrite pour les enfants’. Son dernier ouvrage est encore meilleur. Lisez-le ! » - Daniel ELLSBERG, « l’homme qui fit tomber Nixon », auteur de Secrets : A Memoir of Vietnam and the Pentagone Papers Ce livre (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Nous devons employer la force parce que nous sommes l’Amérique. Nous sommes la nation indispensable.

Madeleine Allbright
Secrétaire d’Etat des Etats-Unis

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.