La presse des collabos.
A Paris, la presse collaborationniste, libérée de toute contrainte à partir du 27/08/1940 (abrogation du décret-loi Marchandeau sur les excès de presse), déverse des torrents de haine antisémite, avec une violence que l’on a peine à imaginer aujourd’hui :
« Mort au juif ! Mort à la vilenie, à la duplicité, à la ruse juive ! Mort à l’argument juif ! Mort à l’usure juive ! Mort à la démagogie juive ! Mort à tout ce qui est faux, laid, sale, répugnant, négroïde, métissé, juif ! C’est le dernier recours des hommes blancs traqués, volés, dépouillés, assassinés par les sémites, et qui retrouvent la force de se dégager de l’abominable étreinte… Mort ! Mort au juif ! Oui. Répétons. Répétons-le ! Mort ! M.O.R.T. AU JUIF ! » (Au Pilori, 14 mars 1941. (M.C)
Ci-dessus : caricature antisémite de Ralph Soupault, parue dans Au Pilori, n°12, (27 septembre 1940), avec la légende suivante : « Viande kasher... qui rapporte gros et ne coûte pas cher ».
Les Juifs sont accusés de tous les maux et de toutes les manipulations (des Anglais, des Américains, des communistes, des capitalistes, des résistants, des gaullistes…) avec une paranoïa qui confine au délire, et qui prêterait à une franche hilarité si on ne connaissait pas la suite.
« L’auteur, après avoir rappelé que l’État-major du gaullisme est abondamment truffé de Juifs connus, montre que ces derniers sont flanqués d’individus portant des patronymes d’apparence française mais qu’on peut à juste raison soupçonner d’être d’origine juive. L’auteur, très versé en langue hébraïque et en onomastique (étude philologique des patronymes), s’est servi de ses connaissances spéciales dans le dépistage de ces pseudo-aryens : le nom du général félon vient probablement de l’hébreu Dogol… » Extrait de la revue de presse publiée par La Question Juive, revue mensuelle de l’Institut d’Étude des Questions Juives (Compte rendu de l’article, Les accointances entre Juifs et Gaullistes, Le Matin, 9 avril 1942).
L’exposition « Le juif et la France »
L’exposition « Le juif et la France » qui se tient pendant plusieurs mois boulevard des Italiens en 1941, est la manifestation la plus spectaculaire de cette propagande. La presse de caniveau s’en fait tout naturellement l’écho.
« Dans une salle on trouve les éléments d’une étude morphologique du juif. Une énorme tête représentant le type classique du juif porte sur chacune de ses parties des chiffres qui renvoient à des pancartes.
1°) Oreilles larges, massives et décollées.
2°) Bouche charnue, lèvres épaisses, lèvre inférieure débordante
3°) Nez fortement convexe, mou et à larges ailes.
4°) Sillon naso-labial.
5°) Traits mous… »
(L’Illustration, 20 septembre 1941).
Les ordonnances allemandes
Dans ce contexte, les ordonnances allemandes qui régissent la zone occupée n’auront aucun mal, sous les apparences d’une certaine improvisation à préparer, avec une logique implacable, l’élimination progressive des Juifs.
Ils seront recensés à la suite de l’ordonnance du 27/09/1940 (dans des commissariats ou des bâtiments officiels français pour qu’ils conservent une certaine confiance), dépouillés de leurs biens par celle du 18/10/1940 qui organise la spoliation de leurs entreprises, expulsés de leurs professions par celle du 26/04/1941 qui les définit sur le plan racial et les exclut d’une foule de métiers.
Réduits à l’état de nécessiteux, de parasites - ce qui justifie a posteriori la propagande antisémite - ils sont enfin marqués de l’étoile jaune par l’ordonnance du 29/05/1942 pour la plus grande joie de l’extrême-droite parisienne :
Lorsque j’ai appris que, enfin, comme nous le demandions dans ces colonnes depuis notre parution, les juifs allaient porter une marque distinctive, une douce euphorie m’a immédiatement envahi.
(L’Appel, 11 juin 1942 . (F.G.-R)
Au début les juifs ont affecté de prendre à la légère les prescriptions concernant le port de l’étoile. En matière d’avertissement un certain nombre d’entre eux ont été dirigés vers des camps spéciaux.
(Gringoire, 3juillet 1942. (F.G.-R)
Les grandes rafles du 16 au 18 juillet et du 10 août 42 , qui ont lieu en zone occupée mais qui sont organisées, il faut le rappeler, par la police française, prennent ainsi au piège des hommes et des femmes surveillés, marqués, privés de ressources et dans l’incapacité de se cacher.
Réalisation : Lycée Raymond Loewy - 23300 - La Souterraine
http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/loewy/realisations/enfants/zonenord.htm