C’est depuis le début des années 90 que l’on attendait la solution miracle promise par nos chercheurs en matière de dessalement de l’eau de mer par le solaire. En effet, dès cet époque, un centre de recherche à Zarzis, spécialisé en ce créneau nous informait par voie de presse que ses pionniers ont pu atteindre, par chauffage direct du soleil, de l’eau saumâtre, à la température de 97° Celsius ! Jusqu’à ce jour on attend la suite…
Entre-temps, les besoins du pays en eau douce ont plus que doublé et la technique a évoluée.
A- Etat des lieux :
a) Besoins en eau :
Par référence au seuil de vulnérabilité d’un pays par rapport à la ressource de l’eau renouvelable interne, tel que fixé par la FAO à 2.000 m3 par habitant et par an, la Tunisie, en ce mois de juillet 2012, avec une population estimée à 10.750.000, disposant chacun d’uniquement 400 m3/an, les besoins restant à couvrir se chiffrent à 17,2 Km3.
b) La question de l’environnement :
Toujours d’après la Fao, quand les ressources en eau renouvelable d’un pays sont en-deçà de 1.000 m3, le manque d’eau est alors considéré comme un grave frein au développement socioéconomique et à la protection de l’environnement.
En effet, la mobilisation des 400 m3 dont il s’agit a fini par bétonner les cours d’eau qui se déversaient depuis des millions d’années dans la mer. Au titre des conséquences entrainées par la modification du biotope marin, on peut citer la pollution du Golfe de Tunis et les dégâts subis par les côtes à la suite des assauts effrénés de la mer à chaque tempête.
c) L’état de la technique :
La quête effrénée d’énergie renouvelable de la part des pays européens, et ce suite aux aléas inhérents aux disponibilités de celle issue du fossile aussi bien qu’aux risques propres de celle issue du nucléaire, conjuguées aux risques de pollutions y afférent, a poussé, notamment l’Allemagne, à s’investir dans la recherche du solaire - entre autres - pour préparer sa transition énergétique.
A titre d’information, ce pays est parvenu à un parc photovoltaïque installé de 22.000 MW soit l’équivalent de 22 centrales nucléaires pour lui fournir 5% de sa consommation électrique ! S’ils étaient montés en Tunisie ils auraient produit 66 TW au lieu des 20 TW uniquement,et ce à plein rendement pendant 3 000 heures/an au profit des deux pays ! Aussi a-t-il lancé le Projet Desertec pour glaner ses besoins dans les pays de la ceinture solaire sud-méditerranéenne, promouvant une technique nouvelle, celle des centrales à concentration thermique solaire.
En effet, un km² de nos terres équipé de miroir réflecteur des rayons solaires peut produire annuellement 250 millions de KWh et 60 millions de m3 d’eau dessalée !
Une technique basée sur des ingrédients simples et non polluants à savoir l’acier, le rayonnement solaire direct et l’eau de mer pour refroidissement des centrales et dessalement !
B- De la coopération souhaitée :
De prime à bord, une coopération gagnant-gagnant semble la voie toute tracée pour satisfaire la quête des pays des deux rives de la Méditerranée : ceux du nord pour se fournir en énergie propre et à bon compte et ceux du sud pour étancher leur soif et combler leur déficit hydrique structurel. Tout ceci en parfaite harmonie avec un environnement très malmené par les effets néfastes de l’activité humaine : émissions des gaz à effet de serre lors du recours au charbon pour produire l’électricité (1kg de co2/kWh), effets insidieux sur le biotope marin entrainé par le bétonnage des cours d’eau qui s’y déversaient…
Mais tel n’est pas le sens constaté du mouvement qui se dessine par les pionniers des opérateurs du nord - TuNur par exemple - obnubilés en cela par les réflexes d’ordre viscéral du capital qui ne se préoccupe que du court terme, conformément à ses bailleurs de fonds, s’arrangeant en cela de conseiller à leur vis-à -vis du sud que leur quête aquatique n’est pas d’actualité et sera prise en compte vers 2050 tandis qu’eux commenceront à pomper l’énergie aujourd’hui ! Vous trouvez des économistes et des fonctionnaires de la rive sud, très au fait de la nécessité et de l’urgence posées par la rareté de l’élément vital qu’est l’eau pour l’économie de leur pays, aller dans leur sillage et jouant le rôle de lobbyistes invétérés en dépit de tout bon sens !
Nos représentants politiques feront-t-ils prévaloir l’intérêt supérieur de la nation ? Personne ne le sait !
Pourrait-on compter sur notre propre intelligence formée dans nos universités pour nous fournir la solution au problème aquatique afin de sortir notre économie du goulot d’étranglement qui semble l’asphyxier ?
Nos divers centres de recherche attachés aux divers instituts supérieurs peuvent-t-ils contribuer à nous fournir la technique idoine afin de faire jaillir l’aquifère thalasso-solaire ! L’espoir est permis surtout après la glorieuse révolution qui nous a sortis des sentiers battus ! Le compter sur soi doit être notre maitre mot !
C- Le chaudron sans fond fait « Maison » :
L’auteur de ces lignes s’est pris à rêver à un début de solution et qu’il livre à la réflexion des scientifiques intéressés afin de concevoir les moyens techniques nécessaires à sa mise en oeuvre dans les meilleurs délais !
De tels systèmes pourront être en service 3.000 h/an et être utile directement à 80% de la population du pays logée à 20 km le long de nos côtes !
En outre, les eaux qui leur sont acheminées du nord du pays seront affectées à d’autres usages pour les régions en manque.
Les dimensions de telles « usines » à dessalement peuvent varier selon les lieux d’implantation et la demande en amont qui leur sont affectées : des grosses marmites dans les ports à des mini-plateformes en mer !
Aucune source de pollution de la nature ne peut être associée à telle usine : il s’agit d’imiter le phénomène naturel du cycle de l’eau initié par la volonté humaine !
a) La potion salvatrice d’eau douce distillée : un château d’eau en mer !
Il s’agit d’une tour sans fond, couverte d’entonnoir bout au ciel, à ériger en mer et sur laquelle on dirige des miroirs paraboliques réflecteurs solaires afin d’accélérer l’évaporation de l’eau de mer comme dans un chaudron ! Cette vapeur s’acheminera dans un serpentin pour rejoindre le fond de mer et continuer dare-dare jusqu’au réseau d’eau douce le plus proche ou sera jetée dans la nappe souterraine - en décrépitude surtout au Cap-Bon - aux fins de l’alimenter à travers le puits le plus proche au bénéfice des usagers !
Les communes concernés seront associées à la réalisation d’un tel projet dans sa version finale et assureront son financement et exploitation via des sociétés dédiées à cet effet.
b) La lotion salutaire pour les stations d’épuration :
Vu que les capacités des stations d’épuration d’eau usées semblent être dépassées - c’est le cas du moins de celles en amont du golfe de Tunis - il y a lieu de concevoir pareil chaudron sans serpentin, à l’air libre, à joindre dans les phases de traitement afin de pulvériser - sur site - les rejets destinés à être déversées à la mer pour la polluer en mettant en danger la santé de nos concitoyens tout en les privant du plaisir de la baignade !
L’Onas se chargera du financement et de la gestion de telles installations.
Conclusion
Vu l’importance de nos besoins en eau comme détaillé plus haut, l’enseignement technique doit intégrer la dimension solaire et marine à laquelle il tourne le dos actuellement. Car, après s’être habitué à se nourrir d’outre-mer ( 6.000 tonnes de grains débarqués par jour/365j), et à boire une eau dont les normes de qualité sont non conformes à celles de l’Oms, notre Glorieuse Révolution de la dignité va nous faire subir une mue salvatrice afin de nous amener, grâce à la perspicacité de nos chercheurs, toujours au diapason de la volonté de leur peuple, à s’éclairer, se nourrir et boire de la mer, comme nous l’a si bien intimé, dernièrement, une certaine ministre (ou mini-stress pour abuser d’un jeu de mot bien à propos) qui ne croyait pas si bien le dire ! Amen.