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Mexique, Élections 2012 : le peuple veut le changement

Le 1er juillet se tiendront des élections présidentielles et législatives au Mexique. A cette occasion le peuple mexicain devra élire un nouveau président, de même que 120 sénateurs et 500 députés. Au total quatre candidats se disputent la présidence. (tiré du Marxiste-léniniste - Numéro 78 - 25 juin 2012)

Il s’agit de Enrique Peña Nieto, représentant « Engagement pour le Mexique » qui regroupe le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et le Parti vert, Andrés Manuel López Obrador (AMLO) du Mouvement progressiste constitué de l’alliance du Parti de la révolution démocratique (PRD), du Parti du travail (PT) et du Mouvement des citoyens (MC), Josefina Vásquez Mota, du Parti action nationale (PAN), actuel Parti à la présidence, et Gabriel Quadri de la Torre, de Nouvelle alliance.

Dans ces élections, l’élite politique et économique tente de donner vie à son système de bipartisme en présentant comme un fait établi que son candidat vedette Enrique Peña Nieto, du PRI, sera le prochain président du Mexique. Rappelons que le PRI a gouverné seul ce pays pour le compte de l’oligarchie mexicaine pendant 71 ans. Il y a douze ans ce parti a dû abandonner le pouvoir au PAN, résultat des pressions des impérialistes étasuniens qui ont déclaré que la « démocratisation » du système politique mexicain était dorénavant incontournable. Le peuple mexicain l’a chassé du pouvoir en 2000, en raison de son accointance avec les impérialistes étasuniens visant entre autres l’intégration économique et politique avec ces derniers, sa répression brutale du mouvement ouvrier, paysan, social et étudiant pendant des décennies, pour avoir privatisé une grande partie de l’économie et paupérisé les travailleurs. C’est à ce moment là que la bourgeoisie a manoeuvré pour faire élire Vicente Fox du PAN, le présentant comme le changement et la garantie d’un non retour à l’autoritarisme du PRI. En fait ce que cherchaient à créer les impérialistes était l’établissement d’un système de bipartisme qui leur permettrait de favoriser le diktat les monopoles en utilisant une monnaie à deux faces style américain.

C’est ainsi que le PAN, parti ultra conservateur, dont le fondateur était un fervent défenseur des thèses fascistes dans les années trente, a accédé au pouvoir en 2000 et s’y est maintenu par force de répression, de corruption et de fraude pour les douze dernières années. Mais après douze années de poursuite des mêmes politiques que le PRI, au cours desquelles le PAN a réalisé l’agenda des impérialistes étasuniens favorisant les grands monopoles, accentuant la privatisation et la libéralisation du commerce, comme avec l’Alliance pour la sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord, après avoir créé un climat de violence, de peur et de répression avec sa guerre contre les narcotrafiquants, causant ainsi des dizaines de milliers de morts et d’assassinats dans tout le pays, son discrédit est tellement grand parmi le peuple mexicain que la bourgeoisie a décidé que le moment était venu d’effectuer un retour au pouvoir du PRI, présentant maintenant ce dernier comme le représentant du renouveau.

Pour les travailleurs, paysans, étudiants et toutes les sections du peuple mexicain, ces élections sont l’occasion de franchir une étape importante dans la lutte pour créer un changement qui ouvre la porte à l’établissement d’une société humaine. Le désir est donc très grand de ne pas permettre l’établissement d’un système de bipartisme en empêchant la prise du pouvoir par le PRI ou le PAN. Dans ce sens des millions de travailleurs, paysans, femmes et étudiants se sont joints à AMLO pour créer le Mouvement régénération national (MORENA). Ce mouvement présente un nouveau projet d’édification nationale reposant sur la souveraineté citoyenne, économique, énergétique et alimentaire. Un projet qui vise à mettre fin à la domination étrangère sur l’économie et la politique du pays et au vol des ressources énergétiques et qui rejette la collaboration militaire avec les impérialistes étasuniens. C’est ce mouvement, avec AMLO à sa tête, qui a été choisi par les partis de gauche pour être le candidat progressiste à la présidence du pays dans ces élections.

En 2006, lors des dernières élections, AMLO, qui en pratique avait gagné l’élection à la présidence, fut empêché d’accéder au pouvoir en raison d’une fraude orchestrée par l’élite économique et politique de la bourgeoisie qui donna le pouvoir à Filipe Calderon du PAN. Suite à cela, AMLO a, pendant les six dernières années, parcouru toute la République mexicaine en visitant chacune des municipalités sans exception et s’attelant à y construire les bases du mouvement MORENA. Durant ces six années le candidat présidentiel López Obrador a défendu vigoureusement la souveraineté énergétique, s’est opposé vigoureusement à la privatisation de l’entreprise d’État pétrolière Pemex et à celle de la compagnie d’électricité fédéral, appuyant ainsi la production nationale de gazoline, des produits raffinés et encourageant la souveraineté alimentaire, d’un pays qui est passé d’exportateur dans le secteur agricole à importateur net de grains et de divers autres aliments. L’aspect le plus important est qu’AMLO a rejeté toute coopération militaire avec les États-Unis dans un moment où les interventions militaires étasuniennes atteignent des proportions alarmantes. C’est ainsi que malgré une persistante campagne de dénigrement contre AMLO, ce dernier participe à ces élections avec un impressionnant appui de plusieurs millions de Mexicains à travers tout le pays et a maintenant la possibilité de remporter les élections du 1er juillet.

En dépit de cela, l’oligarchie suit une tactique qui consiste à utiliser des sondages biaisés pour affirmer que le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, est très en avance dans les préférences et qu’il faudrait un miracle pour qu’il ne soit pas élu, et cela tout en plaçant AMLO toujours en troisième place derrière la candidate du PAN. A ce stade de la campagne électorale, il apparaît très clairement que les deux grands finalistes sont AMLO et Peña Nieto malgré la complète iniquité dans le financement de l’Institut fédéral électoral qui a accordé beaucoup plus de ressources au Mouvement progressiste du PRI qu’à l’alliance du Parti de la révolution démocratique (PRD), du Parti du travail (PT) et du Mouvement citoyen (MC) que représente Lopez Obrador. Ainsi, des 44 millions de spots publicitaires officiels, la grande majorité ont été attribués au PRI et au PAN et cela est sans compter les analystes et annonceurs de nouvelles télévisées qui font activement campagne en faveur de Peña Nieto contre Lopez Obrador.

Malgré tout cela, Andrés Manuel López Obrador est tellement fort que depuis le début du mois de juin la bourgeoisie et ses alliés sont pris de panique à l’idée de perdre le pouvoir et ont commencé une intense guerre sale de dénigrement contre lui. Voyant que cela ne fonctionne pas, ils ont même fait entrer en scène l’ancien président Vicente Fox du PAN, pour qu’il appelle à voter pour le candidat du PRI ! Cela ne suffisant pas, alors le président actuel, Filipe Calderon du PAN, a enfreint la traditionnelle neutralité du président en fonction en période électorale et a fait deux sorties pour appeler à tout faire pour ne pas permettre que gagne López Obrador du mouvement progressiste.

Le 11 mai dernier marque un moment très important dans la présente campagne électorale avec l’entrée en scène de la jeunesse mexicaine dans la campagne électorale. En effet cette journée là le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, s’est vu fortement répudié par les étudiants de l’université Iberoaméricaine venus manifester contre les actes de répression criminelle du candidat du PRI envers la population de la ville de Atenco en 2006. Lors de cette répression, la police envoyée par Peña Nieto, alors gouverneur de l’État de Mexico, a assassiné deux jeunes, violé 26 femmes et emprisonné des centaines de personnes qui s’opposaient à la destruction de leur ville pour la construction d’un aéroport. A partir de ce jour de la campagne électorale, la jeunesse mexicaine est entrée en action formant son mouvement appelé Yo Soy 132 (je suis le 132)[1]. Dans une assemblée à laquelle ont participé des étudiants de 54 universités publiques et privées, ces derniers ont adopté des résolutions exigeant entre autres choses des procès politiques contre le président actuel, Filipe Calderón, contre Enrique Peña Nieto et contre la très corrompue leader du syndicat national de l’éducation, Elbe Esther Gordillo fondatrice du Parti Nouvelle Alliance.

Au cours des récentes semaines, la jeunesse a joué un rôle très positif à travers tout le pays en exigeant l’équité dans les médias de communication et opposant avec beaucoup d’énergie la désinformation de Televisa, principale chaîne mexicaine de télévision privée. Rejetant avec force le parti pris ouvert de Televisa pour le candidat du PRI, Peña Nieto, les jeunes ont organisé des marches dans plusieurs villes du pays et un débat indépendant des candidats, réunissant des centaines de milliers de jeunes. De plus ils se sont inscrits par milliers comme observateurs électoraux afin de contribuer à démasquer les fraudes que tous savent être déjà planifiées par les partis des riches.

Fort de l’expérience de 2006, les forces progressistes, aidées de la jeunesse, mettent à jour très rapidement les activités frauduleuses des partis de la bourgeoisie pour acheter les votes ou manipuler les listes électorales dans toutes les circonscriptions du Mexique. Ainsi alors qu’il ne reste que quelques jours avant le vote, une plainte a été déposée au bureau du procureur général de la République contre le candidat du PRI, Peña Nieto, pour utilisation illégale de fonds provenant de l’étranger dans sa campagne électorale. Le stratagème voudrait que son organisation ait déposé une somme de 54 millions de dollars dans une banque américaine et que les organisateurs de ce parti aient à leur disposition des cartes de crédits leur permettant de sortir l’argent nécessaire pour acheter les votes par milliers. Or, le chat est sorti du sac lorsqu’un propriétaire d’une entreprise de communication américaine est venu réclamer les millions promis par le PRI dans un contrat signé avec lui valant justement 54 millions de dollars. Dans le même temps plusieurs membres de la mafia, des narcotrafiquants et fraudeurs économiques amis proches du candidat du PRI, se retrouvent en ce moment devant la justice.

D’autre part apparaissent des indications très claires que de nouveau se prépare une fraude électorale. En effet, dans diverses régions du pays sont apparus des bulletins d’inscription en double dans les listes de l’Institut fédéral électoral (IFE), de sorte à faire croître la quantité d’électeurs de la campagne de sept fois celle des villes, alors que la migration de la population de la campagne vers les villes est exactement à l’inverse. Cela est sans compter l’achat éhonté des votes et la propagande mensongère et calomnieuse que ne freine pas l’IFE. D’ailleurs, ce dernier ne fait que jurer à qui mieux-mieux qu’il n’y aura pas de fraude cette fois-ci, s’entêtant à exiger des candidats l’acceptation, sans condition ni appel, des résultats tels que déterminés par l’IFE le jour des élections.

Malgré tout cela, le peuple mexicain et sa jeunesse en particulier ne se laisse pas décourager et accentue ses actions à travers le pays afin d’assurer la victoire des forces progressistes. De plus le mouvement de la jeunesse « Yo Soy 132 » a pris l’engagement que peu importe les résultats du 1er juillet, elle allait poursuivre son action politique intense pour que se réalisent les changements démocratiques à la faveur de tout le peuple mexicain.

Notons que pour cette élection du 1er juillet plus de 3 500 000 jeunes entre 18 et 19 ans voteront pour la première fois à une élection présidentielle. Plus de la moitié des citoyens ayant droit de vote le 1er juillet ont entre 18 et 39 ans, représentant plus de 43 millions de personnes sur un total de 79 500 000 d’électeurs inscrits, soit 55 % de la population votante.

http://www.pressegauche.org/spip.php?article10833

Note

1. « Yo Soy 132 » est un mouvement de jeunes qui a été formé à la suite des accusations du candidat du PRI Enrique Peña Nieto qui affirmait que les étudiants venus l’accueillir à l’Université iberoamericaine qui critiquaient son parti au son de slogans comme « Hors d’ici ! » lors de son passage le 11 mai n’étaient pas de véritables étudiants de l’université mais des sympathisants du mouvement progressiste d’AMLO. Les étudiants ont rejeté cette basse accusation et 131 d’entre eux sont apparus sur une vidée montrant leur carte étudiante comme preuve d’inscription en comptant : « je suis le numéro 1 », « je suis le numéro 2 », « je suis le numéro 3 »... jusqu’à 131 pour ensuite demander qui est le 132. Le jour même des dizaines de milliers de jeunes se réclamaient le 132e sur twitter (« Yo soy 132 ») et le mouvement s’est développé jusqu’à inclure maintenant des centaines de milliers d’étudiants et de jeunes travailleurs.


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