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L’Union européenne complice de l’agression étasunienne contre Cuba.

Par Salim Lamrani*

La puissance économique de l’Union européenne (UE) n’a d’égale que sa faiblesse diplomatique. Longtemps soumise aux desideratas des Etats-Unis, incapable de prôner une politique étrangère indépendante des intérêts de Washington, l’Union européenne a accepté de contribuer à la stratégie agressive de la belliqueuse administration Bush contre Cuba. En basant son argumentation sur la tendancieuse question des « droits de l’homme », maigre en substance si l’on daigne accorder la moindre attention à l’assise factuelle, Bruxelles vient de renouveler les mesures coercitives et interventionnistes prises en juin 2003 contre le gouvernement de La Havane.1

Suite à l’arrestation de 75 « dissidents » cubains, stipendiés par Washington, en mars 2003, l’UE a décidée d’emboîter le pas à la politique violente des Etats-Unis. Après avoir réduit ses contacts avec les autorités de l’Ile, les différents pays européens ont décidé de convier « les membres de l’opposition pacifique et les représentants de la société civile » aux célébrations des fêtes nationales de leurs ambassades à La Havane.2

Ainsi, au moment où Washington vient d’adopter des mesures politiques et économiques destinées à renverser le gouvernement cubain, et qui affectent gravement la population cubaine, les 25 pays membres basent leurs relations avec l’Archipel des Caraïbes sur la contrainte.3 Cette stratégie, peu judicieuse diplomatiquement parlant, ignore une caractéristique fondamentale du fonctionnement politique cubain depuis 1959. Jamais les autorités de La Havane n’ont accepté une quelconque requête imposée par la force ou la pression. Au lieu de choisir le dialogue et la négociation, la position de l’UE, maladroite et grossière, impose un rapport de force qui est voué à l’échec. En réalité, elle ne reflète que plus expressément son incapacité à adopter une posture souveraine, libre de l’influence étasunienne.

Le troisième Sommet entre l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Union européenne du 27 mai 2004, qui a eu lieu à Guadalajara au Mexique et qui a réuni 58 pays, a fait la lumière sur les carences des nations européennes en terme d’indépendance décisionnelle. Lors de la Déclaration finale, l’Union européenne a longtemps refusé d’inclure le paragraphe suivant condamnant les cas de tortures et les crimes commis en Irak, présenté par les pays latino-américains :

Nous condamnons énergiquement toutes les formes d’abus, de tortures et d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants exercés contre des prisonniers de guerre et toute sorte de détenus, ainsi que contre n’importe quelle personne, où qu’ils soient commis et quels que soient ceux qui les commettent. Consternés par les actes de cette nature connus récemment, nous les déclarons absolument inacceptables et les condamnons de la façon la plus énergique. Ces pratiques sont prohibées à tout moment et en tout lieu, et devraient continuer de l’être. Aussi appelons-nous les gouvernements impliqués à imposer pleinement les peines prévues par la loi à tous les responsables et à faire respecter la prohibition de la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, en accord avec la Convention des Nations unies pertinente et avec les Conventions de Genève, ces pratiques constituant une grave violation de ces instruments internationaux.4

Finalement, après un débat houleux et face à la persistance des nations latino-américaines, l’Union européenne a accepté de mauvais gré de dénoncer les cas de « mauvais traitements » de prisonniers en Irak. Malgré sa robustesse économique, l’Europe ne dispose pas du courage politique nécessaire pour pouvoir songer un jour jouer le rôle de contrepoids face à la puissance hégémonique étasunienne.

L’Union européenne a également refusé d’ajouter le paragraphe suivant relatif à Cuba dans la Déclaration finale, adopté par l’ensemble des gouvernements de l’Amérique latine et des Caraïbes présents :

Nous refusons de nouveau énergiquement l’application unilatérale et extraterritoriale de lois et de mesures contraires au droit international, à la liberté du marché, de la navigation et du commerce mondial. Nous estimons que ces mesures représentent une sérieuse menace au multilatéralisme. Nous exprimons notre profonde inquiétude devant les mesures additionnelles qui renforcent et élargissent la portée desdites politiques et législations, telle la loi Helms-Burton, et nous invitons donc instamment le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique à les lever. Nous refusons l’utilisation de mesures de coercition unilatérales de la part de tout Etat, car elles mettent en danger la souveraineté des Etats et violent les principes et objectifs des Nations unies.5

M. Dermot Brangan, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Irlande, qui exerce actuellement la présidence de l’Union européenne, a expliqué le refus d’inclure ledit passage par le fait que « Cuba a essayé de durcir le langage [de la déclaration] en formulant plus de critiques envers les Etats-Unis », et « cela en était trop pour l’Union européenne » ajouta-t-il.6

Ainsi, l’Irlande ne fait que confirmer les propos du président cubain, M. Fidel Castro, qui, dans une lettre ouverte au peuple mexicain, avait expliqué qu’il ne se rendrait pas au Sommet de Guadalajara car « la complicité de l’Union européenne avec les crimes et agressions des Etats-Unis contre Cuba » était inacceptable. Il avait qualifié la rencontre internationale de « conférence manquant de tout type de contenu, de caractère purement cérémonial, au cours de laquelle l’Union européenne ne s’engage absolument sur rien ». Les résultats du Sommet n’ont fait que confirmer les craintes des autorités cubaines. L’actuelle recrudescence des sanctions économiques contre Cuba, qui est sans précédent depuis presque une décennie, a totalement été ignorée par les représentants de la puissance européenne.7

Le nouveau châtiment économique imposé à Cuba n’a d’autre but que d’affamer le peuple cubain. Désormais, les Cubains des Etats-Unis ne pourront envoyer d’aide financière qu’aux membres directs de leur famille (grands-parents, parents, frères et soeurs, enfants et époux uniquement), si ceux-ci ne sont pas membres du Parti communiste cubain (PCC). De plus, ils ne pourront se rendre à Cuba qu’une fois tous les trois ans, pour une visite limitée à 14 jours. La somme quotidienne qui pourra y être dépensée passe de 164 dollars à 50 dollars. Les bagages ne devront pas dépasser les 20 kilos, et il ne sera pas possible d’acheter un surplus de poids. A cela s’ajoute un financement de la subversion interne à hauteur de 36 millions avec pour objectif de détruire la Révolution cubaine. Un avion militaire, de type C-130 Commando Solo, est affecté en permanence à la transmission des programmes de subversion déjà existants de Radio et TV Martà­, et se trouve à la limite de l’espace aérien cubain. La nouvelle politique tente également de frapper la vitale industrie touristique en lançant une campagne internationale de désinformation, dotée d’un budget de 5 millions d’euros, destinée à dissuader les potentiels touristes de visiter l’Archipel des Caraïbes.8

Ces dispositions affectent également les citoyens des Etats-Unis qui deviennent victimes de mesures extrêmement punitives. Récemment - le 9 juin 2004 - M. Richard Connors, un avocat de Chicago, a été condamné à trois années de réclusion criminelle pour avoir « effectué du commerce avec l’ennemi ». Son crime ? Il avait acheté des cigares à Cuba et en avait revendu quelques boites à des particuliers. Deux autres résidents de Cayo Hueso en Floride ont été arrêtés pour avoir porté « atteinte à la sécurité nationale des Etats-Unis ». Ils avaient, en fait, simplement organisé des régates entre les côtes floridiennes et Cuba. Pour justifier la sévérité de la sentence, le procureur fédéral de l’Etat, M. Marcos Jiménez, s’est contenté d’affirmer que ces « lois de sécurité nationale, telle que celle que nous appliquons aujourd’hui, sont destinées à protéger le peuple des Etats-Unis ». L’irrationalité de ces deux affaires n’a d’équivalent que l’obsession de l’actuelle administration Bush - intimement liée à l’extrême droite cubaine de Floride - envers Cuba.9

Durant le même mois de juin, les autorités étasuniennes ont également mis en examen et condamné trois religieux méthodistes, qui s’étaient rendu à Cuba en 1999, dans le cadre d’un déplacement confessionnel et humanitaire, à payer chacun une amende de 25 000 dollars. Les charges retenues contre eux ont été d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale du pays.10

Le président Bush a décidé, dans un calcul électoraliste douteux, de prendre en otage la population cubaine de l’Ile et la communauté cubano-américaine. Afin de s’attirer les faveurs des puissants membres de l’extrême droite cubaine de Floride, un Etat clé dans la course à la présidence, le pensionnaire de la Maison blanche n’a pas hésité à mettre en place les susmentionnées mesures draconiennes contre les familles.11

En effet, la réaction de la communauté cubaine de Floride a été unique en son genre. Alors que cet Etat est contrôlé et muselé par la droite néofasciste cubaine, les habitants ayant de la famille à Cuba ont catégoriquement condamné les nouvelles restrictions en vigueur. Une impressionnante manifestation eut lieu le 19 juin 2004 dans la Calle 8, une des principales artères de la ville de Miami. « Il n’y a pas d’équivalent dans l’histoire d’aucun pays du monde : Comment peut-on imposer des limites sur ceux qui font partie de ma famille et ceux qui n’en font pas partie ? » a déclaré un citoyen étasunien d’origine cubaine. « Ces gens ressentent une haine viscérale envers le peuple cubain » a-t-il ajouté « et nous ferons en sorte que Bush perde la Floride [lors des élections présidentielles] en novembre ».12

« J’étais républicain. Aujourd’hui, je suis démocrate » a proclamé M. Carlos Chediak de Floride, qui avait porté son vote vers M. Bush en 2000. « J’ai 75 ans. Dois-je attendre trois ans pour rendre visite à mon petit-fils à Cuba ? Il [M. Bush] a perdu des milliers de voix ici » a-t-il souligné. Mme Gloria Menendez votera également en faveur de M. John Kerry en novembre 2004, car l’actuel président « viole mes droits de rendre visite à ma famille ».13

La férocité des sanctions a généré un immense sentiment d’incompréhension auprès des immigrés cubains. Ce terrorisme économique risque d’affecter gravement les habitants de l’Ile. « C’est inhumain » a signalé Mme. Miriam Verdura, une citoyenne de Floride. « La priorité de Bush devrait, d’abord et avant tout, être de ne pas séparer les familles car nous souffrons énormément » a-t-elle ajouté. Selon Mme Tessie Aral, vice-présidente de la compagnie aérienne ABC Charters, qui fut témoin du désespoir de nombreux résidents cubains qui souhaitaient se rendre à Cuba, « il est très important que les gens votent contre Bush à cause de cette politique ».14

M. Carlos F. Lazo, un militaire en service en Irak, qui désirait rendre visite à ses deux enfants à Cuba, a été bloqué à Miami sans possibilités de déroger à la nouvelle règle. « Je voulais juste voir mes enfants une journée. Qui sait ce qui se passera lors des huit prochains mois en Irak. Je ne voterai pas pour Bush cette année » a-t-il notifié.15

Face à l’ampleur des protestations, même la puissante Fondation nationale cubano-américaine (FNCA), le plus important lobby cubain des Etats-Unis qui finance largement les campagnes de M. Bush, dut manifester publiquement, par l’intermédiaire de son directeur exécutif, M. Joe Garcà­a, son opposition aux récentes contraintes. « Derrière cet énorme paquet [de mesures], il y a quelque chose qui n’est ni rationnel ni pragmatique » a-t-il confessé.16 En effet, près de 77% des Cubains de Floride ont de la famille sur l’Ile, alors que 125 000 citoyens étasuniens visitent Cuba chaque année.17

Le New York Times a virulemment condamné les sanctions contre la population cubaine dans un éditorial daté du 27 juin 2004. « Il est outrageant que le peuple d’une nation communiste puisse voir sa famille une fois tous les trois ans seulement. Mais en plus, les articles et les sommes d’argent qu’il peut recevoir de l’étranger seront également limités, ainsi que les rencontres avec les visiteurs des programmes d’échange culturel et académique. Ce qui est le plus outrageant, cependant, est que le gouvernement qui ordonne ces sévères mesures est l’administration Bush, et non pas le régime communiste de La Havane... Cette politique cruelle, qui accuse cyniquement les familles se retournera, tôt ou tard, contre ses auteurs ».18

Le Conseil national des églises des Etats-Unis (NCC) a lancé un appel au secrétaire d’Etat, M. Colin Powell, le conjurant de repenser les mesures impitoyables appliquées contre Cuba. Le révérend Robert W. Edgard a demandé de mettre un terme « aux politiques qui ont échoué depuis plus de quarante ans » et « d’augmenter le dialogue » avec les autorités de La Havane.19

Plusieurs membres du Congrès se sont élevés contre ces nouvelles mesures qu’ils considèrent illégales. En effet, depuis 2001, seul le Congrès est habilité à modifier la politique concernant les voyages à Cuba. Mais l’administration Bush, qui n’a jamais accordé une grande importance à la légalité constitutionnelle, a outrepassé ces obstacles, faisant preuve d’un flagrant dédain envers la législation étasunienne. Le représentant démocrate, M. William Delahunt, leader du Groupe de travail sur Cuba du Congrès, a qualifié les restrictions de « cruelles et immorales ». « Elles génèrent de la douleur et de l’angoisse pour les familles, non seulement à Cuba mais aussi au Etats-Unis ».20 Mme Teresa Heinz Kerry, épouse du candidat présidentiel démocrate, a également apporté son soutien aux Cubains de Floride, en condamnant les mesures répressives.21

Loin de prêter attention aux diverses requêtes de la communauté cubaine, le Département d’Etat a même annulé, sans fournir aucune explication, deux vols prévus le 29 juin 2004, à la veille de l’entrée en vigueur des récentes sanctions. Cette action arbitraire a déclenché l’ire générale chez plusieurs centaines de voyageurs à l’Aéroport international de Miami. « Nous voulons aller à Cuba » criaient les passagers. M. Fidel Martinez Castillo, dont la tante est gravement atteinte du cancer, espérait pouvoir lui rendre visite une dernière fois, en vain. « Ma tante nous a envoyé un message et elle nous a dit que la seule chose qu’elle désirait était de voir mon fils avant de mourir » a-t-il déclaré en larmes.22

Seule la composante extrémiste de la communauté cubaine a applaudi les dispositions limitatives. M. Lincoln Diaz-Balart, membre républicain du Congrès et petit-fils d’un ministre de l’ancien dictateur cubain Fulgencio Batista, a d’ailleurs été plus loin en lançant un appel public sur une radio de Miami encourageant les auditeurs à assassiner M. Fidel Castro.23 Il s’est félicité des nouveaux moyens adoptés, en soulignant qu’elles avaient « stimulé la force de notre appui envers le président » Bush.24

Au-delà de la continuité d’un processus historique d’agression contre la souveraineté du peuple cubain, l’enjeu électoral explique la mise en place de ces méthodes agressives. Les conditions d’investiture du président Bush en 2000 ont donné lieu à la plus rocambolesque des fraudes électorales de l’histoire des Etats-Unis. La complicité de l’élite politique et l’incroyable comportement du Sénat soulèvent de sérieuses réserves sur le système électoral étasunien.25

Mais les tractations crapuleuses qui ont débouché sur un « coup d’Etat judiciaire » pourraient se reproduire en Floride, Etat dont le gouverneur n’est autre que M. Jeb Bush, le frère de l’actuel président. En effet, M. Ed Kast, chef du Département électoral (Division of Elections) de Floride, a subitement démissionné à la fin du mois de juin 2004, suite aux pressions exercées par M. Jeb Bush, lequel voulait illégalement supprimer des listes électorales près de 47 000 anciens détenus. Ce qui pourrait paraître impensable dans tout autre pays démocratique ne l’est pas en Floride. Par exemple, le gouverneur, frère d’un candidat à la présidence, dirige le fonctionnement des assemblées électorales et l’application des règles, avec tous les conflits d’intérêts que cela entraîne. D’où la volonté d’éliminer des potentiels électeurs démocrates.26

Alors que certains Etats comme le Maine et le Vermont autorisent les détenus à voter en prison, la Floride essaye de priver d’anciens condamnés de leur droit de vote. De plus, autre fait inconcevable, les citoyens n’ont pas accès aux listes électorales, qui sont secrètes depuis 2001, suite à une législation adoptée par M. Jeb Bush après le scandale de 2000. C’est la raison pour laquelle des dizaines de milliers de personnes, en majorité de couleur, se sont vues interdire, de manière illégitime, l’accès au bureau de vote lors des dernières élections présidentielles. Il conviendra de surveiller attentivement le déroulement du processus électoral en Floride le 2 novembre prochain, avec éventuellement la présence d’observateurs internationaux, afin que l’invraisemblable ne se reproduise plus.27

L’actuelle administration Bush constitue un désastre aussi bien politique que moral. Les illégales agressions contre l’Afghanistan et l’Irak n’ont fait qu’illustrer le mépris de la première puissance mondiale envers le droit international. L’unilatéralisme fanatique et arrogant de la présidence Bush est devenu la norme qui régit les affaires du monde, alors que l’Amérique latine est traitée comme une vulgaire arrière-cour, comme le montre la politique dogmatique envers Cuba. La force des armes et la violence indiscriminée ont pris le pas sur la diplomatie et la raison, à tel point que plusieurs hautes personnalités politiques à la retraite se sont ouvertement prononcées contre la réélection de l’actuel locataire de la Maison blanche. Dans une déclaration commune, 27 hauts fonctionnaires républicains et démocrates, qui ont créé le groupe « Diplomates et Commandants militaires pour le changement », ont condamné le clan Bush « aveuglé par l’idéologie et une indifférence insensible à la réalité du monde ».28

Mme Phyllis Oakley, ancienne secrétaire d’Etat et porte-parole du Groupe des 27, a appelé les électeurs étasuniens à mettre un terme à la vie présidentielle de M. Bush lors des prochaines élections. « Nous ressentons la nécessité d’un grand changement dans la direction de notre politique étrangère » a-t-elle soulignée. Niant être lié à M. John Kerry, M. Bill Harrop, ex-ambassadeur en Israël, et M. Merrill McPeak, ex-chef de l’Etat major des forces aériennes et républicain ont déploré la stratégie belliqueuse de l’actuelle caste Bush. « Notre diplomatie a été aussi maladroite que possible » a annoncé ce dernier. Quant à M. Charles Freeman, ex-ambassadeur en Arabie Saoudite, il a dénoncé les « insultes contre nos alliés et l’indifférence envers nos collègues dans la région » du Moyen-Orient. Il a également condamné les abus législatifs, tels que le USA Patriot Act et USA Patriot Act II, qui portent atteinte aux droits de l’homme et les libertés civiques, au nom de la lutte contre le terrorisme.29

Ces prises de positions sont exceptionnelles de la part d’anciens diplomates et militaires qui, en général, évitent de se prononcer sur une thématique politique, surtout à quelques mois des échéances présidentielles. Elles ne font que souligner la dangerosité de la phratrie Bush pour la stabilité du monde. Les liens entre la famille Bush et la composante extrémiste de l’exil cubain, dont l’obscurantisme est notoire, n’augure rien de bon pour le peuple de l’Ile.

Il serait donc temps que l’Union européenne accepte d’accorder à l’éthique le rang qu’elle mérite dans les relations internationales, en condamnant sans ambiguïtés les nouvelles agressions étasuniennes contre la population cubaine. Il sied de ne point sacrifier la dignité morale et humaine aux impératifs cyniques de la realpolitik. Le peuple cubain essaye de construire son destin face à l’hostilité de Washington, et il mérite autre chose qu’une immuable irrévérence de la part des « maîtres de l’univers ». En cas d’intervention militaire étasunienne contre Cuba, il sera trop tard pour réagir.

Notes

1 El Nuevo Herald, « La UE renueva las sanciones a La Habana », 15 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 17 juin 2004).

2 El Nuevo Herald, « Europa mantendrá la presión diplomática », 11 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 13 juin 2004).

3 Salim Lamrani, « Recrudecimiento de la agresión estadounidense contra Cuba », Rebelión, 8 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 10 juin 2004).

4 Gouvernement révolutionnaire de Cuba, « Declaración del Gobierno Revolucionario de Cuba », Granma, 28 mai 2004. Cliquer ici (site consulté le 30 mai 2004).

5 Ibid.

6 Elisa Santafe, « Cuba más aislada tras la Cumbre de Guadalajara », El Nuevo Herald, 30 mai 2004. Cliquer ici (site consulté le 1 juin 2004).

7 Le Monde, « A la veille du sommet de Guadalajara, Fidel Castro conspue l’Union européenne », 27 mai 2004.

8 Colin L. Powell, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, mai 2004). Cliquer ici (site consulté le 7 mai 2004).

9 Gerardo Reyes, « Mano dura con los violadores del embargo a Cuba », El Nuevo Herald, 11 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 12 juin 2004).

10 Frank Martin, « Bush castiga a religiosos por venir a Cuba », Granma, 17 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 18 juin 2004).

11 Madeline Baró Diaz, « Limit on Visits Divides Cuban Exiles », The Sun-Sentinel, 22 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 23 juin 2004).

12 Jean-Guy Allard, « ¡Por primera vez, los extremistas perdieron las calles de Miami », Granma, 24 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 25 juin 2004).

13 Wes Alison, « Bush Cuba Policy Stirs Backlash in South Florida », St. Petersburg Times, 22 mai 2004 : 1.A.

14 Abby Goodnough & Terry Aguayo, « Limits on Trips to Cuba Cause Split in Florida », The New York Times, 23 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 25 juin 2004).

15 Peter Slevin, « New Cuba Travel Limits May Sway Voters », The Washington Post, 2 juillet 2004 : A06.

16 Leslie Clark, « Polemizan en torno a medidas sobre Cuba », El Nuevo Herald, 31 mai 2004. Cliquer ici (site consulté le 1 juin 2004).

17 Wes Alison, op. cit.

18 The New York Times, « Election-Year Cuba Policy », 27 juin 2004 : éditorial.

19 Granma, « Piden religiosos en EE. UU. reconsiderar medidas contra Cuba », 25 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 26 juin 2004).

20 Gabriel Molina, « Bush se está aislando en Miami », Granma, 28 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 29 juin 2004).

21 Granma, « Esposa de Kerry respalda a cubanos que protestan en Miami por nuevas restricciones », 23 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 24 juin 2004).

22 Helena Poleo, « Caos en el aeropuerto de Miami al cancelarse dos vuelos a Cuba », El Nuevo Herald, 30 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 1 juillet 2004).

23 Lonnae O’Neal Parker, « Chorus of Praises, Counterpoint of Whispers », The Washington Post, 27 juin 2004 : D01.

24 Rafael Lorente, « Travel Restrictions Cause Reaction Among S. Florida’s Cuban-American Community », The Sun-Sentinel, 29 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 1 juillet 2004).

25 Le documentaire de Michael Moore Fareinheit 9/11, qui a obtenu la Palme d’or au Festival de Cannes est indispensable à la compréhension des objectifs recherchés par l’actuelle administration étasunienne.

26 Jean-Guy Allard, « ¿Se repetirá la farsa del 2000 ? », Granma, 30 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 1 juillet 2004).

27 Ibid.

28 Granma, « Contra la reelección de Bush exdiplomáticos y altos oficiales retirados », 17 juin 2004. Cliquer ici (site consulté le 18 juin 2004).

29 Ibid.

*Salim Lamrani est doctorant à l’université La Sorbonne Paris :

Il a publié :

 Le Lobby cubain aux Etats-Unis de 1959 à nos jours.

 Enron et libéralisme

 1898 : l’intervention des Etats-Unis dans la guerre d’indépendance de Cuba

 L’invasion de l’Amérique : de Colomb à Wounded Knee


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La contribution la plus importante d’Obama a été d’embellir, de vendre à l’opinion publique et de prolonger les guerres, et non de les terminer. Ils l’ont bien vu pour ce que sont réellement les présidents américains : des instruments permettant de créer une marque et une image du rôle des États-Unis dans le monde qui puissent être efficacement colportées à la fois auprès de la population américaine et sur la scène internationale, et plus précisément de prétendre que les guerres barbares sans fin des États-Unis sont en réalité des projets humanitaires conçus avec bienveillance pour aider les gens - le prétexte utilisé pour justifier chaque guerre par chaque pays de l’histoire.

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