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La nounou de l’Europe, Angela Merkel, est isolée - Les vents sont désormais contraires à l’austérité (Counterpunch)

Après les élections récentes en France et en Grèce beaucoup de commentateurs ont suggéré que les années de pouvoir du centre droit en l’Europe touchaient à leur fin. La défaite du président Nicolas Sarkozy et la victoire du candidat socialiste François Hollande en France, et l’effondrement, en Grèce, des partis politiques qui ont laissé le capitalisme sauvage se déchaîner et le chaos s’installer, sont des événements majeurs. Mais on ne peut pas encore être certain qu’ils constituent un tournant vers le retour de la démocratie sociale en Europe occidentale.

L’opinion publique s’est certainement radicalisée d’une manière inquiétante. Les sociétés européennes sont en train de s’atomiser à cause de leur perte de confiance dans les partis politiques principaux et leurs leaders. Alors que le continent vit une grave crise, des millions de gens ont l’impression que leurs leaders sont à la fois incapables et non désireux de chercher des solutions pour aider les plus vulnérables.

Les masses sont dégoûtées des politiciens professionnels à qui elles ont fait confiance encore et encore. Les récentes élections nationales et régionales en France, en Grèce et en Allemagne montrent que les électeurs quittent les partis principaux parce que leurs programmes et leurs lignes politiques les ont déçus. La même chose s’est produite dans les récentes élections locales en Angleterre. Malheureusement quand un gouvernement est battu, le vainqueur continue dans le même sens que le gouvernement sortant. Un total mépris des masses et l’obsession comptable "d’équilibrer les comptes" sont à l’origine de l’austérité qui est imposée aux citoyens ordinaires dans tout le continent européen. Avec comme résultat l’effondrement des politiques traditionnelles et la montée de groupes extrémistes.

Le phénomène en Europe reflète ce qui se produit aux Etats-Unis depuis des années. La différence est qu’en Europe le pouvoir coercitif d’institutions financières supranationales soutenues par les Etats-Unis se distingue par une hâte et une férocité extraordinaires. Il va à l’encontre du consensus libéral de l’après-guerre qui s’est construit sur les ruines des deux guerres mondiales du siècle dernier.

Les évènements les plus traumatisants ont lieu en Grèce. L’effondrement du Mouvement Socialiste Panhellénique (PASOK) qui est passé du pouvoir à quelques pour cents de votes, et la perte d’une tiers de son électorat par le Nouveau Parti Démocratique aux dernières élections sont dramatiques. Le résultat est l’émergence de nouveaux groupes politiques, dont le plus notable est Syriza, qui sont catégoriquement opposés aux mesures d’austérité auxquelles l’Allemagne, le plus riche pays d’Europe, tient absolument.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a ses propres contraintes intérieures. L’opinion publique allemande s’oppose à l’idée d’aider d’autres pays à sortir de la crise. Mais en refusant de céder sur les coupes drastiques et de promouvoir la croissance économique, elle a donné le sentiment qu’elle ne prenait pas en considération le choix démocratique des Grecs. L’impression que Bonn impose son diktat est particulièrement mal ressentie en Grèce à cause du souvenir toujours vivace de l’occupation nazie du pays pendant la seconde guerre mondiale. Les grecs sont peut-être les membres les plus pauvres de l’Union Européenne mais ils sont fiers de leur histoire et de leur civilisation.

Le refus de l’électorat grec d’accepter davantage de coupures drastiques se reflète dans le clivage extraordinaire du pays qui a rendu impossible la formation d’une coalition gouvernementale. L’annonce que la chancelière allemande avait dit que la Grèce devait faire un référendum pour savoir si elle voulait garder ou non l’euro a échauffé encore davantage les esprits et l’Allemagne a du la démentir. Toutefois, la prochaine élection de juin sera bien un référendum sur le maintien de la Grèce dans la zone euro. Dans le cas contraire, la Grèce sortira du carcan qu’est devenu la zone euro, se déclarera en faillite et engendrera une "catastrophe" financière comme de nombreux adeptes du libre-échange l’ont prédit avec passion.

La dernière décennie a vu le recul des politiques démocratiques et sociales en Europe. De la Scandinavie, au nord, à l’Italie et la Grèce au sud, la droite politique a dominé tout le continent. Cependant, juste au moment où les vieux sociaux démocrates semblent complètement vaincus, de nouvelles forces commencent à surgir. Grâce à leur combat la tendance commence à se renverser.

Ces derniers mois, la chancelière allemande Merkel a fait l’effet d’une nounou sans coeur incapable de gérer la crise grecque. Tant qu’elle avait comme allié le président de la France, Nicolas Sarkozy, le couple a dominé. Mais maintenant la Grèce n’est plus le seul pays européen en crise et Merkel est sérieusement affaiblie par au moins deux facteurs. Le premier est la défiance du peuple grec. Le second , encore plus important, est la défaite de Sarkozy aux élections présidentielles au profit de son rival socialiste, François Hollande. Comme la Grèce, la France se prépare à élire son assemblée nationale en juin ce qui mettra presque certainement fin à la domination de la droite en France. Quand à Merkel, la défaite de son parti dans la région la plus peuplée d’Allemagne, la Rhénanie de Nord-Westphalie, par les sociaux démocrates est une revers majeur pour sa coalition de centre droit.

Voilà donc que le courant s’est renversé en Europe et que la gauche sort du bois. Mais on ne sait pas encore si cette nouvelle gauche sera capable d’audace, car elle est divisée et la droite toujours très puissante lui donnera du fil à retordre. On ne peut pas encore être sûr que la gauche gagnera la lutte idéologique qui l’oppose à la droite.

Deepak Tripathi

Deepak Tripathi est un écrivain qui s’intéresse entre autres à l’Europe d’après la guerre froide. Il tient un blog (http://deepaktripathi.wordpress.com) et on peut le joindre à  : dandatripathi@gmail.com.

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/05/21/the-tide-is-turning-against-austerity/

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

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Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

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