@ 11/05/2012 à 08:10, par Yannik
Amusant en effet. Comme quoi chez LGS on a l’esprit ouvert !
Alors reprenons point par point :
« l’entreprise des lobbies industriels capitalistes visant à contester des faits scientifiques avérés » voilà une chose sur laquelle nous sommes entièrement d’accord.
Ensuite sur l’agression dont je fais l’objet :
Moi mystique ? Mouais pas complètement faux, c’est vrai que j’aime bien, devant toutes ses beautés, affubler la Nature d’une âme et de sentiments, et même parfois lui accorder une majuscule. Tout cela bien entendu en certaines circonstances bien précises : afin d’apporter un peu de magie, par exemple, à une balade en forêt ou à une soirée grotte (on reparlera des grottes…). Il s’agit donc d’élans lyriques bien plus que de croyances. J’aime aussi l’appeler « notre mère à tous », ce qui en dernière analyse est exact, quelles que soient nos croyances.
L’ « écologie » nouvelle secte religieuse ?
Alors là , il y a du boulot :
« Nouvelle », à l’échelle de l’histoire des idées, oui. Mais l’idée qu’il faille préserver le patrimoine naturel date au moins du XIXe siècle (Création du parc de Yellowstone en 1872), et sa traduction politique date en gros des années 1970 (Club de Rome etc.). Donc pas si nouvelle.
« Secte religieuse ». Bon à ce stade, une mise au point sémantique s’impose. Le mot secte désigne depuis l’Antiquité un groupe de personnes partageant une doctrine philosophique, puis religieuse un peu plus tard. Aujourd’hui, il désigne couramment une organisation plus ou moins religieuse dont les membres croient en une vérité incontestable, s’alignent sur un dogme et respectent certaines règles de vie. Ouais une religion, quoi. Petite différence (de nos jours) : le terme « secte », péjoratif, est souvent associé à une vérité révélée qui, au regard des autres « vérités » auxquelles on est habitués, paraît farfelue, ainsi qu’au fait que les prêtres en tous genres tirent parti de la foi des adeptes. Ouais une religion, quoi. Ah et il y a aussi l’idée qu’elle touche beaucoup moins de gens que les « vraies » religions. Ouais comme toutes les religions à leurs début, quoi. Rappelons que le terme a désigné au temps de leur naissance les différentes Eglises dissidentes (luthérienne, calviniste etc.)
Bref. Je vois mal ce que les différents mouvements issus de la pensée écologiste ont de sectaire. Déjà car il existe en effet une multitude de déclinaisons de cette pensée, qui vont du scientisme écologique (il y a un gros problème, mais grâce à la science et seulement elle nous en viendrons à bout) jusqu’à la décroissance (il y a un gros problème : l’activité, la production, ne peuvent continuer de croître indéfiniment sur une planète aux ressources finies, il faut donc produire pour répondre à nos besoins et non créer sans cesse de nouveaux besoins pour répondre à ceux du capitalisme), en passant par Europe Ecologie (il y a un gros problème, donc on va continuer tout pareil mais en polluant moins), et par l’écologie d’extrême droite (pour ménager une place aux animaux, il faut virer les humains de certaines zones, ou, encore mieux, pour que quelques humains puissent vivre bien avec les ressources qui s’épuisent il faut éradiquer une bonne partie de la population mondiale). Ces courtes présentations sont bien évidemment orientées, vous aurez compris dans quel sens…
Donc multitude de courants, et par conséquent pas de dogme.
Ensuite, et vous m’aidez en désignant LGS comme « site d’expression progressiste » (ce que n’est donc pas l’ « écologie ») : que veut dire « progressiste » ? S’agit-il d’un progrès dans les conditions de vie des peuples ? Dans ce cas je vous suis. Par contre l’idée de progrès au sens généralement admis est à mon sens infiniment plus dogmatique que toute pensée écologiste. Je dirais même qu’il s’agît d’une religion, née avec les Lumières (qui ne sont pas à mettre en cause bien sur), développée avec l’âge industriel et qui en nos temps de recul des sectes officielles (pardon, religions), est devenue majoritaire en nos sociétés « développées ». Il s’agit plus précisément d’une foi inébranlable en la capacité émancipatrice, civilisatrice, libératrice de la science, de la technique, l’idée que chaque avancée scientifique et ses applications techniques participe à mouvement unidirectionnel qui fait qu’aujourd’hui sera toujours meilleur qu’hier (ou qu’avant-hier, parce qu’en ce moment on voit bien que beaucoup de choses régressent), et que demain (bon d’accord après-demain) sera meilleur qu’aujourd’hui. En bref un mouvement téléologique de l’humanité nous emmenant gaiement vers un avenir radieux. On n’arrête pas le progrès et tant mieux ! Donc exactement l’inverse de la longue décadence de l’humanité dont l’idée prévalait auparavant, en tout cas dans les sociétés chrétiennes.
En plus du couple divin science/progrès, cette religion polythéiste vénère les déesses consommation et croissance (à moins qu’il faille classer celle-ci dans les éléments de dogme), possède ses temples (les supermarchés), ses prêtres (les publicitaires) et ses inquisiteurs, conscients ou non, qui font passer les infidèles pour des doux-rêveurs, des idéalistes, des passéistes voire des terroristes (car nuisibles à la bonne marche de l’économie, voir la définition du ministère de l’intérieur de ce mot magique).
Pour ma part, et c’est le cas me semble-t-il de la plupart des hérétiques de ma secte, j’ose espérer que l’on va vers un mieux, sinon à quoi bon lire LGS ? ;) Effectivement de nombreuses découvertes ont nettement amélioré nos conditions de vie, et je ne regrette absolument pas le temps ou l’être humain vivait dans des grottes et s’éclairait à la bougie (voilà , je les ai placés…), ce que les inquisiteurs s’évertuent pourtant à répéter pour décrédibiliser toute remise en cause du dogme. Il ne s’agit pas de cela. Simplement d’examiner de manière pragmatique (donc le moins idéologique possible) le bien-fondé de chaque « progrès » scientifique, et surtout technique (moins compliqué à analyser), pour définir s’il constitue en effet un plus pour l’humanité, pour toute l’humanité.
Il s’agit également pour chacun, toujours pragmatiquement, de se poser la question du rapport utilité / contraintes pour chacun des objets et services qu’il est habitué à consommer. Et les résultats varient évidemment en fonction des besoins de chacun. Pour prendre un exemple, je ne possède pas de voiture, non pas par conviction (même si c’était un peu le cas au début), mais parce que l’utilité que j’en aurais ne justifie pas les dépenses que cela occasionnerait, les contraintes du genre aller-retour chez le garagiste, le coût énergétique et la pollution engendrée. Cà ne m’empêche pas de louer une voiture de temps à autre lorsque le besoin s’en fait sentir. Evidemment, un plombier par exemple peut difficilement s’en passer, donc la voiture est une invention utile, mais dont l’utilisation, surtout en imaginant la mise en place d’un vrai réseau de transports en commun, n’est pas pertinente pour tout le monde. En outre, elle est un exemple de technique que le peuple doit se réapproprier : aujourd’hui, réparer un moteur c’est hyper galère, la conception en a été compliquée à dessein. Par exemple, le saviez-vous, on peut les faire marcher à l’eau. Oui oui. Et là pour le coup la conception du moteur est vraiment sommaire.
Bon, au temps pour le mystico-sectaire : j’ai un ordinateur, une chaîne hi-fi, une cuisinière, une imprimante, un piano numérique, et j’habite même dans une maison, une vraie, en béton dégueu (pour l’instant) avec téléphone, internet, électricité, eau courante et même pas de chiottes sèches. Bref, une maison d’arriérés !
Pour finir, il y a souvent dans la pensée sociale l’idée que tous les peuples doivent avoir accès au même niveau et au même type de développement que les sociétés les plus développées. Heu, çà va pas être possible : pas assez de ressources, pollution monstre en perspective, cancers en masse pour tout le monde… Conclusion, il faut changer de modèle. L’orienter en fonction des besoin des gens et non du capital. A ce sujet je m’étonne que les initiatives cubaines (pays le plus écolo du monde), extrêmement novatrices (notamment en matière d’agroécologie -l’agriculture est, me semble-t-il, la base de la souveraineté d’un peuple) et qui ont pour certaines connu de très belles réussites, ne soient pas relayées ici.
Allez pour la route ma définition de l’écologie : recherche de l’utilisation optimale par l’être humain de son environnement naturel, dans une perspective durable. Mais vraiment durable. Ce n’est que çà …
Pour vaincre le grand capital, deux stratégies doivent marcher de front : lui confisquer l’outil de production et arrêter d’acheter toutes les m….. qu’il produit. La première peut porter rapidement ses fruits, mais est très incertaine et risquée. Elle dépend d’un rapport de forces politique qui pour l’instant, au Nord, reste franchement à notre désavantage. La seconde est beaucoup plus longue à mettre en oeuvre, car il s’agit de bousculer les représentations et les habitudes d’une partie de l’humanité, mais le résultat est assuré. Sans nous le système s’effondre.