Sans la mise en oeuvre rapide de cette feuille de route, le pays risque d’entrer dans une phase ouvrant la voie à la guerre civile ou une aventure incontrôlable et néfaste pour tous les tunisiens et tunisiennes.
Eu égard aux évènements dramatiques du 7 et du 9 avril dévoilant la face cachée d’un régime qui a réprimé dans le sang des civils innocents avec des méthodes à la Ben Ali et à l’iranienne, en utilisant la pègre mafieuse, compte tenu des agressions multiples, planifiées contre les représentants du peuple à la Constituante, nous appelons avec force à une refonte rapide et objective de la feuille de route pour la Tunisie pour mieux encadrer le présent et le futur afin d’éviter implosion, « libyanisation » et mise sous-tutelle à la grecque. Cette feuille de route se décline, selon nous, sur six axes :
– retrait de la confiance accordée au gouvernement Jbali et instruction d’une enquête par l’Institution militaire afin de définir les responsabilités du dérapage dangereux des 7 et 9 avril et la condamnation des responsables directs et indirects des crimes commis à l’encontre des victimes de la répression.
– installation de l’Etat de droit : promulgation par un acte solennel de la Constituante du texte original de la Constitution de 1959 comme Constitution de la République tunisienne avec application immédiate de ses dispositions et transformation de l’ANC en Parlement.
– déblocage de la situation politique, économique et sociale : mise en place d’un exécutif intérimaire en remplacement de l’exécutif provisoire qui a échoué dans sa mission. Le Parlement aura la tâche d’identifier et de désigner à l’unanimité une personnalité ayant les qualités intrinsèques d’un homme ou d’une femme d’Etat de consensus, intransigeant (e) en ce qui concerne l’unité nationale et les valeurs de la République pour être accepté (e) et pourquoi pas soutenu (e) par tous les tunisiens et tunisiennes sans distinction d’origine sociale ou territoriale. Cette personnalité devra exposer au peuple la situation complexe et critique du pays. Elle fera passer l’intérêt supérieur de l’Etat avant le sien. Cette personnalité assurerait les charges de Président de la République en application des dispositions de la Constitution adoptée par la Constituante.
– le Chef de l’Etat intérimaire formera immédiatement son gouvernement composé d’un effectif très réduit (une vingtaine de portefeuilles au maximum) formé par des patriotes / technocrates capables d’impulser l’action gouvernementale et de ramener l’adhésion et la confiance des citoyens/citoyennes et des opérateurs et chefs d’entreprises tunisiens.
– la "stabilisation" de la Tunisie confèrerait davantage d’autorité à l’institution militaire qui a prouvé son républicanisme afin de préserver le pays de tout désordre mettant fin à l’insécurité menaçant tous les citoyens et citoyennes et les étrangers présents sur notre territoire national.
– procéder immédiatement à la préparation des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales. La mise en place d’une administration électorale dotée de moyens humains et financiers constituerait un premier pas de bonne foi vers la normalisation de la vie démocratique du pays. Un comité d’experts indépendants, à désigner, devra établir un nouveau code électoral réellement juste et transparent tenant compte des conditions politiques objectives du pays afin d’éviter le ratage des élections du 23 octobre dernier.
Sans la mise en oeuvre rapide de cette feuille de route, le pays risque d’entrer dans une phase ouvrant la voie à la guerre civile ou une aventure incontrôlable et néfaste pour tous les tunisiens et tunisiennes.
Vive le peuple tunisien !
Mustapha STAMBOULI