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Le Sarkophage n° 29

Dans le n° 29 du Sarkophage, Paul Ariès appelle à « viv(r)e le socialisme » : « La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter. » La jeunesse américaine commencerait-elle à faire mentir ce verdict de Warren Buffett, la troisième plus grosse fortune mondiale ? Une analyse du très sérieux Institut d’études Pew établit que 49 % des jeunes Américains âgés de 18 à 29 ans voient le mot « socialisme » sous un jour favorable. Le capitalisme récolte lui une majorité défavorable (47 % contre 46 %).

On sait bien qu’une hirondelle n’a jamais fait le printemps, mais le mouvement des indignés nord-américains, Occupy Wall Street, est passé par là , tout comme les mouvements de grève dans les universités américaines. Cette jeunesse a le sentiment - sentiment tristement conforme à la réalité - que le capitalisme ne lui fait aucune place, comme en témoignent la montée du chômage chez les jeunes et l’explosion de la pauvreté qui touche particulièrement les petits : on compte aux États-Unis 30 % d’enfants sans-abri de plus qu’il y a quatre ans, soit un total de 1,6 million de personnes. L’Allemagne, miracle de compétitivité, souffre de 20 % de travailleurs pauvres. La Grèce, loin d’être le maillon faible de l’Europe comme on voudrait nous en convaincre, est le laboratoire politique d’une formidable régression sociale à l’instar de ce que fut le Chili de Pinochet.

Nous sommes tous des Grecs aujourd’hui, car leur combat est le nôtre. Quand ils luttent, ils luttent aussi pour nous. Quand nous luttons, nous luttons aussi pour eux. La Grèce n’est pas le mauvais élève, mais l’illustration de ce que la droite et la fausse gauche voudraient imposer aux peuples du monde entier. Les drapeaux rouges et noirs refleurissent à Athènes, pas encore assez nombreux, trop souvent divisés, mais ils parfument l’aube de promesses. Je sais bien qu’aux États-Unis, il suffit de demander un minimum de justice sociale (parfois même simplement de parler le français…) pour être dénoncé comme « socialiste », mais qui se plaindra que l’insulte soit désormais revendiquée. La bataille politique se gagne ainsi toujours à coups de sémantique. »

Pour Aurélien Bernier, la croissance est le « viagra de la gauche molle » : selon lui, « Il faudrait augmenter la production pour éviter la misère intellectuelle et matérielle, mais le faire d’une manière compatible avec ce développement durable qui imprègne depuis plusieurs années l’ensemble des programmes politiques de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

Pour Jean De Maillard, bien souvent, « finance rime avec délinquance ». « Ouvrez une université et vous viderez les prisons, non pour redonner chance à l’utopie de Victor Hugo, mais parce que, sauf insigne malchance, le passage en troisième cycle universitaire (cursus commerce ou finances, de préférence) ouvre les voies d’une impunité quasiment assurée. »

Un remarquable article d’Alain Accardo et Gérard Loustalet-Sens sur le « double bilan de faillite du sarkozysme » : « Le sarkozysme n’est pas seulement la droite la plus à droite que la France ait jamais eue depuis Vichy, c’est aussi l’importation en France de la révolution conservatrice mondiale. La finance " décomplexée " et l’enrichissement des nantis furent décrétés grandes causes nationales. […] La stigmatisation des immigrés des banlieues surfe sur une islamophobie bricolée au nom d’une laïcité que l’on bafoue par ailleurs en allant faire allégeance au pape. Le racisme d’État est une tradition républicaine dont la fonction a été de légitimer la colonisation. La colonisation active a disparu, mais par une sorte de rémanence, les dispositions racistes qu’elle a induites continuent d’imprégner la mentalité d’une large partie de nos contemporains, suscitant cette haine entre pauvres qui est l’arme principale de Sarkozy dans la perpétuation du " sentiment d’insécurité " ».

Jean Jacob dénonce sans problème « le chemin de l’impuissance d’Edgar Morin » : « Le moment est bien venu de nous interroger sur les maîtres à penser que la société capitaliste/productiviste se donne. La petite musique de la fatalité prend aujourd’hui les couleurs de la complexité poétique. Après avoir été longtemps révolutionnaire, Morin croit désormais à la " métamorphose " , une transformation qui prend en compte l’existence des traditions, des racines.

Pour Michel Chauvière et Joël henry, il faut résister contre les SSIG : « Derrière ce signe barbare fabriqué par les Eurocrates (Services sociaux d’intérêt général), se mène une difficile bataille. Même si certains le nient, nous sommes en guerre contre un envahisseur qui porte un nom : le libéralisme économique. [Il faut résister] au niveau européen dans ce vaste secteur des services sociaux. »

Pour Christian Marty et Vincent Drezet, la « révolution fiscale est nécessaire et possible » : « La gauche a largement perdu le combat idéologique de la dette. On oublie que l’endettement est avant tout la conséquence de la baisse des rentrées fiscales, du refus de permettre à la Banque centrale européenne de financer directement les États et du choix d’une société productiviste. Une révolution fiscale est pourtant faisable, qui fasse notamment payer les riches. En réalité, on assiste à un alignement vers le bas des impôts sur les plus hauts revenus, les patromoines et les entreprises, ce qui conduit à l’augmentation des inégalités. […] Le manque à gagner du fait des niches représente 145 milliards d’euros, dont près de 40 milliards d’euros pour le seul impôt sur le revenu, soit environ 80% de son rendement. Si les revenus du capital étaient taxés à hauteur de ceux du travail, 110 milliards de plus par an entreraient dans les caisses de l’État.

Le sophiste Laurent Paillard explique toutes les civilisations désignent des barbares pour rejeter sur eux la cause de la violence qu’elles leur font subir afin d se rassruer sur leur propre dimension culturelle, au moment même où elles se comportent avec la plus grande bestialité imaginable.

Paul Ariès s’explique sur son concept de « socialisme gourmant » et prévient : « Le capitalisme a pénétré en nous et nous a contaminés. Notre corps est le premier territoire à libérer. »

Un article à lire absolument de Charles Piaget qui revient sur la lutte formidable des Lip dans les années 70.

Olivier Jacquemond réfléchit (à partir de son dernier livre) sur l’idée d’amitié, qui n’est pas la fraternité. Encore un combat pour la gauche.

Comme toujours, un très bon article de Jacques Testart sur les " promesses et les dérisions du progrès " : nous vivons à une époque de trains et avions ultra sophistiqués qui sont bloqués par le premier gel venu. A Fukushima, les lances à incendie utilisées pour refroidir le réacteur étaient celles utilisées contre les manifestants antinucléaires !

Pierre Barron (et al.) expliquent ce qui se passe quand l’État produit des sans-papiers et quand les sans-papiers arrêtent de produire.

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