La monétisation de la dette est le seul moyen de rendre le pouvoir aux Etats, mais elle ne doit plus se faire via les banques commerciales. La monnaie créée par les banques centrales doit directement abonder les recettes des Etats.
Nos nations pourraient ainsi s’entendre pour procéder de concert à une monétisation multilatérale des dettes publiques. Pendant dix ans, 5% du PIB pourraient ainsi être monétisés permettant de reconstituer une véritable capacité d’action publique.
Chaque pays pourrait ainsi présenter un programme décennal d’affectation de la monétisation. Ces programmes centrés sur la création d’emplois pourraient sauver la protection sociale au Nord, jeter ses bases chez les émergents et financer le décollage au Sud.
Déclencher une conversion écologique
Par ailleurs, cette monétisation pourrait donner lieu à un accord politique pour enclencher une démarche mondiale de conversion écologique (recherche de sources d’énergie non polluantes, transferts de technologie, protection des grandes ressources environnementales), mettre enfin en oeuvre les objectifs du Millénaire ou pour garantir que le surplus de ressources publiques ne sera pas affecté à des programmes militaires.
C’est ainsi que nous enrayerons la progression du chômage et que nous contiendrons les égoïsmes nationaux qui menacent eux aussi de condamner la croissance mondiale.
Le caractère généralisé de la monétisation permettrait de neutraliser les problèmes de crédibilité et d’aléa moral qui se posent lorsqu’un pays s’avance seul dans cette voie.
La monétisation pourrait certes engendrer à moyen terme un problème d’inflation. Au stade où nous en sommes, la stabilité des prix doit cesser d’être l’objectif central des politiques économiques.
C’est particulièrement vrai dans une Europe contaminée par l’obsession allemande de la lutte contre l’inflation. Persister dans cette voie reviendrait à actionner une lance à incendie pour lutter contre une inondation.
La monétisation peut se décider au G20
La monétisation multilatérale pourrait par exemple permettre à la France de bénéficier d’une manne annuelle de près de 100 milliards d’euros qui pourraient être affectés à parts égales à la réduction de la dette et au redéploiement du service public. Notre dette s’allégerait ainsi en douceur sans condamner la croissance et l’emploi.
La monétisation multilatérale pourrait être proposée au G20. La surface politique, économique et démographique de cette instance conférerait une autorité à cette décision qui remettrait rapidement l’économie mondiale sur le chemin de la prospérité.
Aucune nation, même la Chine, n’est actuellement épargnée par les tensions internes dues aux incertitudes économiques et au creusement des inégalités.
A défaut d’accord au sein du G20, cette monétisation pourrait être conduite dans le cadre européen. Elle constituerait une réponse bien plus efficace que l’empilement des sommets de la dernière chance. Une telle orientation permettrait par ailleurs de rendre attractive une idée européenne que des décennies de consensus techniques ont abîmée.
L’heure est grave. S’ils n’arrivent pas à agir de concert, les Etats seront condamnés à une issue morbide : revivre la descente aux enfers politique et économique que connurent nos ancêtres au cours des années 30.