Cette réunion internationale de partis communistes et ouvriers arrive à sa treizième édition : est-elle consolidée comme l’évènement international le plus important du mouvement communiste ?
Sans doute c’était un lieu de débat très important, et cela grâce à plusieurs raisons : d’une part c’était celle de la plus grande participation de celles réalisées à cette date, avec la participation de 78 partis de 59 pays ; de plus elle a lieu en Grèce, qui s’est convertie en l’épicentre de l’actuelle bataille contre la crise capitaliste ; et finalement parce que les partis se sont rendus compte de l’importance qu’a l’échange d’expériences et d’analyse. En ce sens je crois que la rencontre a accompli son objectif.
La déclaration finale affirme que la ’tâche la plus importante des communistes est l’affrontement au modèle néolibéral, aggravé aujourd’hui par la crise du système capitaliste, qui exige aussi des partis la lutte contre l’impérialisme et pour la construction d’une société plus juste. Seul le socialisme est capable de créer les conditions nécessaires qui éliminent les guerres, le chômage, la grande faim et la pauvreté’ : quelles résolutions ont accompagné cette déclaration ?
C’est une bonne déclaration qui a des positions générales et dont le but n’était pas de faire des déclarations spécifiques de chaque pays. Mais le plus important de la rencontre ce fut l’approbation d’un bon nombre de résolutions, contrairement à ce qui se passait lors d’occasions antérieures. Cela découle du fait que nous vivons dans un monde turbulent, immergés dans une grave crise, au milieu des moments de beaucoup de tension et de danger au plan international. Et les organisations communistes nous avons vu la nécessité de nous retrouver et de rapprocher nos positions sur plusieurs sujets prioritaires.
Par exemple, en ce qui concerne le monde arabe, les partis de cette région ont considéré important d’élaborer une résolution sur les événements qui ont lieu et leur position à propos de ceux-ci. On a aussi analysé l’importance des processus de changement qui ont lieu en Amérique latine et, concrètement, on a approuvé une résolution qui évaluait positivement la création récente de la Communauté d’États Latino-américains et Caribéens (CELAC).
Il y en a eu d’autres qui ont demandé la fin du blocus étasunien contre Cuba - celui-ci a été inclus dans l’agenda des sujets importants pour l’année-, et la libération des Cinq Héros et leur retour sur l’àŽle, en incluant René González.
Il faudrait aussi signaler un autre sujet important qui est le renforcement de la solidarité anti-impérialiste, qui devra être abordée par tous les partis pendant toute l’année qui vient.
Bien qu’elle n’ait pas recueilli de déclaration spécifique, Cuba a reçu un appui important.
Le PC de la Cuba est un parti d’un pays socialiste et presque le seul au pouvoir d’entre les présents. Oui, il y a la Chine et le Vietnam, bien sûr, mais l’identification avec Cuba est plus grande pour être un petit pays historiquement menacé, et qui a toujours pratiqué une politique, conséquente et éthique de principes révolutionnaires. Pour cela elle est l’objet de beaucoup de considération, et nous sommes très bien évalués par tous les partis.
Bien sûr que nous avons des différences - heureusement le monde n’est pas d’une seule couleur -, parce que nous même les communistes nous avons des expériences variées, des cultures différenciées … mais cette variété est discutée, se débat et se reconnaît, et c’est sur cette position que tout le monde respecte Cuba.
Quelle importance a ce genre de rencontres, et quels résultats pratiques en résultent ?
La coordination et le résultat de ces évènements servent à réaliser des activités et des actions vulgarisatrices, par rapport à quelques dates. Ce n’est pas un programme de mobilisation internationale coordonné, mais plutôt un agenda convenu par tous sur les sujets prioritaires pour que nous, les organisations, réalisions des actions à l’intérieur de notre périmètre d’activités. Cela est très important parce que de cette façon nous nous armons pour la lutte au moyen de la diffusion de certaines informations, le débat et la
Le document de la convocation reconnaît la lutte importante réalisée pendant ces dernières années par le Parti communiste de la Grèce (KKE), symbolisée dans la devise déployée depuis l’Acropole d’Athènes, ’Peuples de l’Europe, levez-vous’, en mai 2010. Comment est analysée depuis le mouvement communiste la situation qui est actuellement vécue en Europe ?
Je considère très important que les communistes nous divulguions la lutte qui se développe en Grèce, que nous informions publiquement toute la société au sujet de l’impact qu’ont les politiques néolibérales. Que les gens sachent que le capitalisme, qu’il soit britannique, grec ou colombien, c’est le même système partout. Et qu’il est impitoyable. Pour nous les Cubains, pour vivre dans un pays socialiste, ceci est souvent ignoré. C’est pourquoi il est important de donner à connaître ce qui se passe en Grèce, les énormes manifestations, les grèves constantes et les luttes qui y ont lieu. Pour que les gens voient que le capitalisme n’est pas comme les grands médias le peignent, que c’est le meilleur des systèmes, mais bien au contraire.
Dans ce sens il faut expliquer comment le KKE lutte pour organiser les forces des travailleurs, au moyen de la mobilisation et la désobéissance civile, avec à long terme l’objectif de pouvoir changer le système. Ils sont convaincus - comme je le suis moi-même - de que avec le capitalisme les conditions de l’être humain ne peuvent pas s’améliorer.
En ce qui concerne l’organisation de la rencontre il faut signaler le travail réalisé par les camarades du KKE, qui ont assuré tout ce qui était nécessaire du point de vue matériel et logistique, avec comme résultat la matérialisation du succès de l’évènement et de l’importante déclaration souscrite.
L’exemple de l’Amérique latine peut-il être utile actuellement pour d’autres régions ?
L’Amérique latine a vécue pendant les années 90 du siècle passé ce qu’on a nommé une ’décennie perdue’ engendrée par le néolibéralisme, mais la région s’est battue, s’est organisée de différentes formes et a pu faire face de cette façon à cette agression. Bien sûr dans notre continent il continue d’exister des politiques néolibérales, d’énormes différences sociales, et une distribution très inégale de la richesse, mais ont surgi de nouveaux gouvernements dont les objectifs sont le changement de modèle économique, au moyen de transformations qui améliorent la situation sociale et économique de la population, et cela a été possible grâce à l’organisation et la lutte de nouveaux acteurs sociaux.
Je crois que les communistes nous avons à apprendre, nous avons à mettre à profit le moment historique que nous vivons - comme dit Fidel -, pour mieux nous organiser et pour obtenir une plus grande cohésion pour atteindre un objectif supérieur qui est le socialisme. Dans des pays où le peuple est désorganisé ou désorienté c’est le rôle des organisations communistes. L’Amérique latine est un bon exemple pour d’autres régions du combat nécessaire contre le néolibéralisme, l’Europe incluse. Et bien que la situation ne soit pas comparable et les niveaux de développement sont très différents, l’objectif doit être le même : organiser et agglutiner toutes les forces populaires qui veulent un autre système.
Sur notre continent dans les nombreux mouvements sociaux qui s’y sont développés, ou qui ont eu une participation active dans les processus de changements, des personnes sans formation ou analphabètes y étaient intégrés, mais elles avaient une grande conscience de classe. Et ici (en Europe), précisément, c’est ce qu’il faudrait renforcer. Le système capitaliste se caractérise pour vouloir dénaturer l’homme, pour l’aprivoiser et pour lui faire perdre son origine. Et je crois que la conscience de classe est un élément fondamental pour le changement.
Y a-t’il des raisons pour l’espérance ?
Je crois que oui, que l’on peut y parvenir. Il s’avère paradoxal qu’à plus de 20 ans de la chute de l’Union soviétique, de la soi disant ’fin de l’histoire’, nous nous trouvions avec le fait que ce qui est en crise ce n’est pas le socialisme - puisque supposément il n’existait pas encore -, mais le capitalisme lui-même. C’est pourquoi, comme cela est repris par la devise de la rencontre, ’le socialisme est l’avenir’.
Antonio Cuesta est correspondant de l’agence Prensa Latina en Grèce.
Version espagnole :
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=141359&titular="desde-el-capitalismo-no-se-pueden-mejorar-las-condiciones-del-ser-humano" -
traduction : Association Suisse-Cuba Genève