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Negroponte : futur ambassadeur US en Irak, un voyou pour toutes occasions.


John Negroponte sort de son trou et vient ramper vers l’Irak... pitié pour les Irakiens.


A la lecture de ce texte redigé par "un des organismes les plus respectables du pays (dixit Sénateur Kennedy)", on ne peut que rappeler que la campagne de désinformation contre le Nicaragua fut "brillemment" relayée en France par une certaine presse - Le Monde (ah... les articles voluptueusement haineux et mensongers de Nedergang et De La Grange) et Le Figaro Magazine (ah... ces photos retouchées que Jeanne Kirkpatrick brandissait à l’ONU)

La Guerre Contre la Terreur de Bush ? Rien qu’une doctrine Monroe à l’échelle planétaire. Nous sommes tous devenus l’arrière cour des Etats-Unis.

Au fait, QUI connait mieux ces hommes de l’ombre que les Cubains ? Personne.


Plus d’ informations sur la "Garde Noire de Bush" (appellation controlée par CSP) :
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html
(plus forcément à jour, mais retenez bien les noms)



THE COUNCIL ON HEMISPHERIC AFFAIRS

www.coha.org

27 avril 2004


Negroponte : futur ambassadeur US en Irak, un voyou pour toutes occasions


Le Président Bush a confirmé les rumeurs en annonçant lundi que John D. Negroponte serait proposé au poste d’ambassadeur en Irak, un poste qu’il devrait occuper à partir du 30 juin, lorsque la souveraineté sera ostensiblement transférée aux autorités Irakiennes. Mais la nomination de Negroponte est profondément troublante car les questions dérangeantes qui entouraient sa nomination en 2001 au poste d’ambassadeur US à l’ONU persistent encore aujourd’hui. Il semblerait que suffisamment de temps se soit écoulé
depuis qu’un certain nombre d’accusations contre Negroponte aient été lancées (et qui datent au moins de l’époque où il occupait le poste d’ambassadeur US au Honduras entre 1981-1985) pour qu’elles soient formulées une nouvelle fois. Mais si le passé doit servir de leçon, il est fort probable que Negroponte passera sans encombres les auditions de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat sans que son passé lui soit reproché. Washington devra fera jouer une nouvelle fois son amnésie politique quant aux actions répréhensibles entreprises par Negroponte au Honduras.

La question centrale concernant Negroponte est que celui-ci a trompé le Congrès lorsqu’on l’interrogea sur sa complicité à couvrir et son implication personnelle directe ou indirecte dans la formation, l’équipement et la censure des actions horribles de la Bataillon 316, l’escadron de la mort au Honduras qui, à l’époque où Negroponte était ambassadeur, fut responsable du meurtre de quelques 200 honduriens opposés à ce que leur pays soit employé comme "un porte avions insubmersible" dans la guerre de la
Contra soutenue par les Etats-Unis contre le Nicaragua.


Negroponte arrive à Tegucigalpa

Negroponte remplaça Jack Binns, ambassadeur de Carter au Honduras entre 1980 et 1981, après que Binns se soit exprimé contre les grossières violations des droits de l’homme qui s’accumulaient contre les dissidents politiques qui osaient s’opposer à l’engagement croissant du Honduras dans la guerre secrète de la Contra contre le Nicaragua Sandiniste. Il fit allusion aux activités menées par une organisation obscure connue sous le nom de Bataillon 316. Il s’avère que le rapport annuel sur les droits de l’homme, préparé chaque année par les ambassades US à travers le monde et presenté au Congrés, était falsifié. S’agissant du Honduras, le rapport était largement expurgé, d’abord à Tegucigalpa par Negroponte lui-même, puis une fois de plus à Washington dans le bureau du Secrétaire adjoint aux Affaires Inter-Américaines, le tristement célèbre Elliot Abrams. Abrams, un combattant obsessif de la guerre froide, avait autant de mépris pour les droits de l’homme au Honduras qu’il en était un partisan lorsqu’il s’agissait de Cuba. Tout cette opération était en violation de la loi, et Abrams finit par confesser son rôle dans la guerre Iran-Contra, mais fut ensuite gracié par le premier Président Bush. Cette affaire domina les affaires Honduriennes au début des années 80, qui devaient encore se détériorer pendant le régne de Negroponte. La mission du nouvel ambassadeur était d’assurer à n’importe quel prix une aide états-unienne au Honduras, destinée à empêcher que le Communisme Sandiniste au Nicaragua ne se répande. Des années plus tard, en 1995, un ancien fonctionnaire qui avait travaillé à l’ambassade du Honduras sous Negroponte, formula de graves accusations sur la censure appliquée au rapport annuel sur les droits de l’homme sous Negroponte. Ce rapport devait être envoyé au Congrès, mais il affirma que les accusations contenues dans le rapport étaient supprimées ou transformées par d’autres avant que le rapport ne soit remis à ses destinataires.


Negroponteprend soin des rapports sur les droits de l’ homme

Il ne fait aucun doute que Negroponte et le reste des hauts fonctionnaires de l’ambassade étaient au courant des disparitions et des tortures infligées contre les progressistes Honduriens à partir du moment les principaux journaux du pays publièrent pas moins de 318 articles à ce sujet au cours de la seule année 1982. Negroponte était aussi en contact direct avec le Général Gustavo Alvarez Martinez, à l’époque chef des Forces Armées Honduriennes et chef occulte de la Bataillon 316. Negroponte a lui-même souligné qu’il lui était arrivé d’intervenir pour faire libérer une victime de torture lorsque l’information risquait d’être publiée dans la presse états-unienne. Ce qui arriva en 1982 à la suite de l’arrestation et de la torture du journaliste Oscar Reyes et de sa femme, Gloria. A l’évidence, Negroponte et l’ambassade étaient suffisamment bien renseignés pour pouvoir intervenir et agir lorsqu’ils étaient poussés par les circonstances.


Negroponte représente la ligne dure

Le remplacement de Binns par Negroponte reflétait le changement de la politique US en Amérique centrale pour une nouvelle ligne dure, représentée par la nomination d’Elliot Abrams par Reagan. En ce qui concerne le Honduras, cette nouvelle ligne dure était représentée par le zélé ambassadeur US à Tegucigalpa, John Negroponte.

Les anciens objectifs de Negroponte au Honduras sont étrangement similaires aux objectifs actuels de l’administration Bush en Irak. Le gouvernement US, une fois de plus, tente d’imposer un schéma démocratique, et pas forcément par des moyens démocratiques, dans un pays qui ne l’a pas décidé de lui-même. La mise en oeuvre d’une telle tâche complexe provoquera inévitablement une situation difficile pour l’ambassadeur. Mais eu égard à la capacité confirmée de Negroponte de manoeuvrer, de répandre de fausses informations et de mentir ouvertement, il est douteux qu’il réussisse à instaurer la démocratie en Irak mieux qu’il ne l’a fait au Honduras, peut-être parce que la "démocratie" n’est pas vraiment sa tasse de thé. John Negroponte est avant tout un homme qui croit que la fin justifie les moyens. Il a constamment démontré par le passé qu’il est prêt à recourir à des pratiques qui sont en opposition avec la définition du mot "démocratie", et ceci au nom de la démocratie. La carrière de Negroponte démontre qu’il est prêt à recourir à des méthodes autoritaires pour soi-disant faire avancer la démocratie.


Qui est réellement Negroponte ?

Pour ses admirateurs, Negroponte est un fonctionnaire à la carrière exemplaire qui a bien servi son pays à différents postes importants. Pour ses détracteurs, Negroponte est un opportuniste sans fards qui a épousé (jusqu’à l’extrême) la ligne idéologique de l’administration qu’il servait, même au prix d’un renoncement à tout étique ou honnêteté morale. Peut-être qu’une description plus précise du personnage serait de dire qu’il a abusé de son autorité et foulé aux pieds toute étique professionnelle, sans se poser de questions. Plutôt qu’un champion de la démocratie, Negroponte doit être considéré comme l’antéchrist de la démocratie, trahissant sans cesse cette noble cause. La nomination de Negroponte, ainsi que d’autres nominations par le Président Bush de guerriers de la guerre froide à des postes clés pour l’Amérique latine, tels qu’Otto Reich et Elliot Abrams, ainsi que le protégé du sénateur Helms, Roger Noriega, représente un retour en arrière vers une époque où les droits de l’homme et la démocratie étaient régulièrement violés au nom de la lutte anti-communiste sur le continent.

Pour les Irakiens habitués au régner inflexible de Saddam Hussein, à son cynisme et à son indifférence devant les souffrances d’autrui, l’arrivée de Negroponte à Bagdad ne leur demandera pas une longue période d’adaptation aux méthodes du nouveau pro-consul états-unien. Pour tous ceux familiarisés avec son passé, il leur faudra se boucher le nez pour supporter ses discours sur la démocratie.


Le passé récent de Negroponte

Après la nomination de Negroponte au poste d’ambassadeur à l’ONU, il devait être soumis à un examen critique de la part de ses détracteurs devant la Commission des Affaires Etrangères du Sénat pour ses actions au Honduras, procédure habituelle pour confirmer sa nomination à un tel poste. Mais cette mise en examen lui fut épargnée grâce aux attentats du 11 septembre et au sentiment qui régnait désormais au Sénat que le poste à l’ONU devait être rapidement occupé. C’est ainsi qu’au lieu d’un interrogatoire
approfondi, on assista à une simple cérémonie d’investiture.

Il est certain que le même scénario se répétera en ce qui concerne le poste en Irak. Cette nomination représente encore une nouvelle initiative préoccupante de la part de l’administration Bush et du Secrétaire d’Etat, Colin Powell, en ce qui concerne la politique internationale et qui trouve ses racines en Amérique latine. Après tout, Negroponte a joué un rôle clé lorsqu’il s’est agit de manipuler les dirigeants du Mexique et du Chili afin de les convaincre de destituer leurs ambassadeurs à l’ONU parce que ces derniers s’opposaient à la position de Negroponte en Irak. La complicité de Negroponte aux efforts déployés pour destituer l’ambassadeur du Mexique, Adolfo Abullar Zinnser, et celui du Chili, Juan Gabriel Valdes, est pratiquement la copie conforme de son témoignage mensonger lorsqu’il couvrait les violations des droits de l’homme commises par les militaires Honduriens ou sur son implication dans le scandale Iran-Contra. Il a aussi avoué un détournement de l’aide US à l’Honduras au profit des forces Contra, ce qui aurait normalement du lui barrer définitivement la route à toute promotion. Malheureusement, la Commission des Affaires Etrangères du Sénat et son président vont certainement se déshonorer en se rendant complice de la nomination d’un tel personnage à Bagdad. Le Général Luis Alonso Discua Elivir, ancien commandant des escadrons de la mort au Honduras, qui avait déclaré qu’il "viderait son sac" sur Negroponte si sa famille était obligée de quitter le pays, s’est vu révoquer son visa en 2001.

Il serait peut-être intéressant d’entendre le témoignage de cet homme et d’entendre Negroponte répondre à l’énorme accumulation de documents qui indiquent l"étendue de son rôle au Honduras. Malgré les nombreux journalistes, universitaires et anciens fonctionnaires qui ont publiquement soulevé des questions sur le passé de Negroponte, aucun témoin ne fût invité devant la Commission des Affaires Etrangères du Sénat pour vérifier si Negroponte était qualifié pour le poste à l’ONU. Ainsi, au lieu d’un examen attentif de ces graves accusations, on assistera à une simple cérémonie formelle.


Complicité avec les chefs des escadrons de la mort

En tant qu’ambassadeur au Honduras de 1981 à 1985, Negroponte était connu pour entretenir des relations étroites avec les violeurs des droits de l’homme les plus notoires du pays. Un des plus notoires était à l’époque le Colonel Gustavo Alvarez Martinez, Chefs des armées du Honduras et de facto l’homme fort du pays. Promu général, Alvarez fut assassiné à son retour des Etats-Unis, où il avait tenté de se réfugier de ses collègues militaires, et qui l’ont fait assassiner après qu’il ait refusé de partager avec eux les pots-de-vin qu’il avait reçus par l’intermédiaire de l’ambassade des Etats-Unis. Il avait été ainsi récompensé pour avoir facilité la transformation de son pays en une base arrière pour mener une guerre contre le gouvernement progressiste Sandiniste au Nicaragua.

Alvarez était surtout connu pour ses liens étroits avec l’escadron de la mort connu sous le nom de Bataillon 316. Cette unité créée par Alvarez, qui recevait une formation en techniques de torture par d’anciens vétérans de la "sale guerre" en Argentine et par la CIA (selon une série d’articles primée par le Prix Pulitzer du journal Baltimore Sun qui avait enquêté, entre autres, sur le rôle controversé de Negroponte au Honduras), est largement soupçonnée d’avoir fait "disparaître" plus de 180 "subversifs" au début des années 80. A cette époque, tout Hondurien opposé au rôle de base arrière attribuée à son pays par le Président Reagan dans sa guerre contre les Sandinistes était généralement considéré comme "subversif".


La promotion des droits de l’ homme poiur sauver la face

En réponse aux questions des journalistes, ainsi qu’au cours d’enquêtes officielles, Negroponte a toujours nié ou minimisé la portée de ses connaissances sur l’implication des militaires Honduriens dans les escadrons de la mort, allant jusqu’à nier l’existence même de la bataillon 316. Les tentatives de Negroponte de minimiser le rôle des escadrons de la mort ont été contredites par d’autres déclarations où il se vantait d’être au contraire intervenu à plusieurs reprises pour faire libérer certains détenus dans des cas politiquement sensibles. Même s’il dit vrai, un tel comportement chez Negroponte représente l’exception plutôt que la règle, et indique comment il aurait pu sauver beaucoup plus de vies s’il avait profité de son pouvoir de pro-consul au Honduras pour réellement défendre les droits de l’homme et la dignité humaine.

Une de ces rares occasions où il dit être intervenu concernait le journaliste Oscar Reyes, qui fut enlevé après avoir écrit de nombreux articles critiquant l’armée Hondurienne. L’ancien porte-parole de l’ambassade US, Cresencio Arcos, a confirmé qu’en Juillet 1983, Negroponte fit part au Général Alvarez de sa préoccupation quant à la toute récente "disparition" de Reyes. Il faut rappeler qu’Arcos lui-même, en tant qu’attaché de presse de l’ambassade, a été régulièrement accusé par les chercheurs d’avoir sciemment fait distribuer de fausses informations aux journalistes états-uniens basés au Honduras à l’époque, et qu’il s’était personnellement lié à une famille Hondurienne politiquement importante, en contradiction avec son devoir de réserve en tant que diplomate.

Poussé par des manifestations d’étudiants et de nombreux articles de presse sur l’affaire Reyes, il est peu probable que l’intervention de Negroponte en faveur du journaliste ait été motivée par des considérations humanitaires. Il est plus probable que Negroponte craignait que la répétition d’articles locaux sur l’enlèvement de Reyes ne provoque quelques titres dans la presse US, attirant ainsi une publicité indésirable sur les méthodes de l’ambassade.

Des documents récemment déclassifiés qui avaient été demandés par le Sénat pour la nomination de Negroponte indique que celui-ci était constamment préoccupé par toute mauvaise publicité qui aurait pu le toucher. Une telle chose aurait renforcé l’opposition à la politique très controversée du Président Reagan qui voulait entraîner le Honduras dans la guerre de la Contra en échange de pots-de-vin distribués aux politiciens et militaires du pays, en plus des centaines de millions de dollars affectés à une aide économique et militaire du régime Hondurien.

Un autre cas où Negroponte se vante d’être intervenu est celui de la disparition d’Inès Murillo. De nombreux rapports de l’époque indiquent qu’un officiel de l’ambassade US (ou peut-être de la CIA) avait visité le centre de torture nommé INDUMIL, où Murillo était détenue et torturée. Fille d’un famille de notables locale, les parents de Murillo tentaient sans relâche de localiser leur fille, allant jusqu’à publier un plein page de publicité dans un journal, El Tiempo. Negroponte prétend avoir exprimé sa préoccupation sur le cas de Murillo, craignant une nouvelle fois une mauvaise presse, et souleva la question lors d’une réunion avec des officiels Honduriens. Quatre jours plus tard, Murillo fût sauvée in extremis d’une mort certaine et condamnée à deux ans de prison.


Connexions avec la contrat

Au début des années 80, le Honduras était devenu la principale base d’opérations dans la guerre de la Contra. L’armée du Honduras fournissait les sites et le soutien logistique dans une portion du territoire adjacente au Nicaragua qui fut baptisée "Contraland". Les réseaux Honduriens furent employés aussi pour transférer des fonds US aux Contras, sans dévoiler les sources, à une époque où un tel financement avait été interdit par le Congrès [des Etats-Unis] mais qui continuait malgré tout, à partir d’autres sources US, comme la CIA. Pendant son séjour à Tegucigalpa, Negroponte multiplia le personnel de l’ambassade par 10 et elle devint le plus gros site de la CIA de toute l’Amérique latine. Inévitablement, le même scénario se reproduira à Bagdad une fois que Negroponte prendra ses fonctions et présidera sur une des plus grosses missions diplomatiques US au monde, qui emploiera entre 1 et 3000 personnes. Les Honduriens qualifiaient souvent Negroponte de "pro-consul" US, car son arrogance et son style relevaient plus d’un agent des services secrets que d’un diplomate traditionnel, une réminiscence de l’époque où il était un jeune agent au Vietnam. C’est ainsi qu’il réussit à assurer la coopération du Honduras comme base arrière de l’armée rebelle Contra par le contrôle et la corruption des officiels et institutions locaux.


Negroponte et l’ amendement Boland

Negroponte a joué un rôle de premier plans dans l’organisation de projets de soutien aux Contras tels le centre de formation contre-insurectionnelle US à Puerto Castilla et la construction de la route controversée de Puerto Lempira, pour un montant de 7.5 millions de dollars, qui passait à travers une forêt vierge vers la côte est du Honduras. Cette route devait faciliter l’acheminement de matériel destiné aux contras nicaraguayens d’extrême droite. Malgré la réglementation à laquelle USAID est soumise et qui précise qu’un tel projet financé par les Etats-Unis doit d’abord faire l’objet d’étude de l’impact sur l’environnement avant le début des travaux, Negroponte a tout simplement ignoré la loi et passé outre en ordonnant la construction malgré les protestations de l’officiel de USAID qui avait été envoyé par Washington. De plus, le soutien aux Contras violait une interdiction du Congrès, l’amendement Boland de 1982, qui interdisait le recours aux fonds US pour tout "matériel militaire, conseil ou formation militaire, ou toute autre type d’activité militaire, en faveur d’un groupe ou d’un individu qui ne faisait pas partie des forces armées d’un pays, dans le but de renverser le gouvernement du Nicaragua ou de provoquer une confrontation militaire entre le Nicaragua et le Honduras".

En échange de la collusion totale du Général Alvarez avec les opérations de soutien aux Contras au Honduras, Washington offrit un total soutien politique et économique aux militaires corrompus du pays. L’aide militaire US au Honduras passa de 3.9 millions de dollars en 1980 à 77.4 millions en 1984. Entre 1981 et 1986, plus de 60.000 soldats US et membres de la Garde Nationale traversèrent le Honduras au cours de plus de 50 exercices militaires non pas pour intimider les Sandinistes mais pour couvrir un transfert d’armes aux Contras. D’une manière cynique, sur les recommandations de Negroponte et d’autres, l’administration Reagan eu l’indécence de discerner à Alvarez la Légion du Mérite en 1983 pour avoir "encouragé la démocratie".


Par tous les moyens nécessaires

John Negroponte fut envoyé à Tegucigalpa avec la mission de préserver le flot de l’aide US vers le Honduras pour les Contras et ce par tous les moyens nécessaires. Sous la direction directe de Negroponte, l’ambassade US à Tegucigalpa fit la sourde oreille aux violations ouvertes et systématiques des droits de l’homme commises par les officiels Honduriens. Des documents récemment déclassifiés du Département d’Etat révèlent toute l’étendue des efforts déployés par Negroponte pour protéger les bourreaux au lieu des victimes. Pour la seule année 1982, il y eut plus de 300 articles dans la presse Hondurienne sur les détentions arbitraires d’étudiants et l’enlèvement de dirigeants syndicaux. Le Colonel Leonidas Torres Arias, ancien chef des services de renseignement de l’armée Hondurienne, déclara lors d’une conférence de presse en 1982 que le Bataillon 316 était effectivement un escadron de la mort, en citant nommément trois de ses victimes. Efrain Diaz Arrivillaga, élu au Congrès du Honduras, a aussi déclaré que lorsqu’il parlait des abus des militaires à l’époque de Negroponte, il ne rencontrait qu’une "attitude de.... tolérance et le silence." De plus, des organisations telles que la Commission des Familles des Disparus se sont rendues à l’ambassade US pour protester contre les détentions arbitraires pratiquées par les militaires Honduriennes dans des prisons clandestines, comme l’INDUMIL, mais n’ont rencontré qu’un Negroponte totalement indifférent.

Des rapports récents ont confirmé que Negroponte était parfaitement au courant des violations des droits de l’homme au Honduras, et que les doutes qu’il pouvait exprimer sur tel ou tel cas n’était motivés que par des questions purement politiques plutôt qu’étiques. Le livre "In Search of Hidden Truths" ("à la recherche de vérités cachées"), co-écrit par le commissaire du Honduras aux Droits de l’Homme, fournit des documents récemment déclassifiés qui prouvent que les Etats-Unis étaient parfaitement au courant des violations des droits de l’homme commises par l’armée Hondurienne dans les années 80, malgré les affirmations persistantes de Negroponte du contraire. De plus, des documents déclassifiés du Département d’Etat démontrent aussi qu’au mois d’octobre 1984, après que le Général Alvarez avait été démis de ses fonctions par les forces armées Honduriennes, l’ambassade de Negroponte était finalement prête à le reconnaître, "Alvarez lui-même peut être tenu directement ou indirectement responsable pour un certain nombre de disparitions en 1981 et mars 1984".

Des échanges de télégrammes récemment déclassifiés démontrent la facilité avec laquelle Negroponte croyaient aux excuses fournies par le Général Alvarez pour expliquer les violations des droits de l’homme. Par exemple, dans une lettre de 1983, le sous-secrétaire d’état adjoint aux affaires inter-américaines Craig Johnstone fit savoir à Negroponte qu’un certain nombre de guérilleros avaient été capturés et exécutés par les soldats Honduriens. La réponse de Negroponte fut d’accepter les justifications bancales d’Alvarez qui prétendait que les 6 détenus avaient été abattus en tentant de s’enfuir. Cependant, lorsqu’il s’agissait de protestations émises par les militants des droits de l’homme ou des opposants politiques concernant les violations des droits de l’homme commises par l’armée, c’est tout le contraire qui se passait. L’ambassade des Etats-Unis, lorsque ce n’était pas Negroponte lui-même, exprimait systématiquement son scepticisme ou même niait purement et simplement les faits.

Les déclarations de Jack Binns, le prédécesseur de Negroponte au poste d’ambassadeur US au Honduras, de 1980 à 1981, n’arrangent pas les choses. A l’époque, Binns avertit le Département d’Etat d’un "accroissement des assassinats contre des cibles politiques ou criminels sous couvert et/ou effectués par des officiels". Binns avait aussi déclaré qu’il était impossible que Negroponte ignore les réalités du Honduras. Thomas Enders, à l’époque le chef direct de Binns au sein du Département d’Etat, a admis qu’il avait ordonné à Binns de ne pas divulguer les violations des droits de l’homme par des voies officielles afin de maintenir l’aide US au Honduras à n’importe quel prix. Enders finit un jour par avouer. Quant à Negroponte, l’idée ne lui a pas encore effleuré l’esprit.


Contradictions flagrantes dans les rapports sur les droits de l’ homme

Les cas de disparitions, harcèlement et enlèvements d’opposants politiques ont tous augmenté sous Negroponte, et pourtant les rapports annuels sur les Droits de l’Homme préparés par le personnel de l’ambassade à l’intention du Bureau des Affaires Humanitaires du Département d’Etat étaient de purs chefs d’oeuvre de manipulations et d’inventions, déformant et minimisant systématiquement les données. Par exemple, un rapport de 1982 préparé pour le Département d’Etat par le personnel de Negroponte affirme, "que les garanties juridiques existent contre les arrestations ou détentions arbitraires, contre la torture et le traitement inhumain. Le Habeas Corpus est garanti par la Constitution, la loi du Honduras prévoit la présentation devant un juge 24 heures après l’arrestation. Il apparaît que la règle s’applique." Même pour aujourd’hui, tout ceci n’est que foutaises, sans parler des années 80. En fait, le système judiciaire du Honduras se voit régulièrement attribuer les plus mauvaises notes par Transparency International. En réalité, les enlèvements extra-judiciaires par les militaires étaient courantes à l’époque et largement connus de tous. De plus, il a été reconnu dans des documents déclassifiés du Département d’Etat de l’époque, que le système judiciaire était, et est encore, pratiquement totalement corrompu.

Les demandes d’informations ou de visites effectuées par les membres de la famille des prisonniers se heurtaient à un mur, puisque ni les tribunaux ni les militaires ne reconnaissaient leur détention et qu’on ne pouvait donc pas les localiser. L’ambassade US était souvent sollicité pour retrouver un proche ou obtenir sa libération. Il ne fait aucun doute que Negroponte était au courant de bon nombre de ces disparitions.


Le Honduras ou la Norvège ?

Etrangement, le cas de Reyes mentionné ci-dessus n’a pas eu l’honneur d’être mentionné dans le rapport de Negroponte en 1982, malgré une couverture médiatique et son propre engagement. Cependant, dans son rapport on trouve "Aucune ingérence du pouvoir dans les médias n’a pu être constatée ces dernières années." Ces rapports étaient tellement en contradiction flagrante avec tout ce qui pouvait se constater chaque jour au Honduras que même le personnel de l’ambassade US avait du mal à les prendre au sérieux. Rick Chidester, à l’époque assistant à l’ambassade US au Honduras, a été cité comme ayant demandé un jour sur un ton blagueur s’ils n’avaient pas rédigé en réalité le rapport sur la Norvège.


Ne promouvoir la démocratie que lorsque c’ est nécessaire

Avant d’être expédiés à Washington, les rapports de l’ambassade sur les droits de l’homme étaient soigneusement révisés pour coller aux idées et à la mission de Negroponte, plutôt qu’aux faits objectifs. Il faut comprendre que Negroponte ne considérait pas le rapport comme une simple formalité mais plutôt comme un document explosif qu’il convenait de limiter. Ce qui est certain c’est que Negroponte a placé d’une manière hypocrite la barre très haute en ce qui concerne les preuves d’une violation de droits effectuée par les autorités du Honduras, mais remettait systématiquement en cause les cas soulevés par les dirigeants des organisations de défense des droits de l’homme à travers le monde, ce qui n’est très certainement pas la politique officielle du Département d’Etat.

Avec de tels états de service, on comprend difficilement l’adulation pour Negroponte exprimée par certains qui pratiquaient l’indignation sélective - tels l’ancien secrétaire d’Etat adjoint Bernard Aronson et l’(ancienne) ambassadrice à l’ONU Jeanne Kirkpatrick. Ils auraient du savoir malgré leur admiration aveugle pour Negroponte que de tels rapports ne sont pas censés contenir uniquement des faits et être présentables devant un tribunal, mais qu’ils sont destinés aussi à contenir des informations moins importantes provenant de citoyens ordinaires et des médias et qui concernent les violations des droits de l’homme, qui étaient nombreuses à l’époque au Honduras, et qu’Aronson et Kirkpatrick connaissaient. Negroponte réinventa les règles en exigeant que tous les témoignages soient établis sous forme de déclarations écrites publiques. Ce qui représentait de gros risques pour ceux qui auraient voulu faire des révélations.

La comparaison des rapports sur les Droits de l’Homme du Honduras et du Nicaragua montrent clairement les objectifs réels de ces documents. Tandis que les rapports rédigés par l’ambassade US au Honduras mettaient en doute les accusations de violations des droits de l’homme par les militaires, au Nicaragua les rapports étaient manipulés afin de faire croie à l’opinion publique US que des atrocités étaient commises grossièrement et quotidiennement par le gouvernement Sandiniste, ce qui était loin d’être le
cas.

Les rapports de l’ambassade fournis pas les services de Negroponte mentionnaient tout ce qui était utile pour rassurer la majorité Démocrate au Congrès sur ce qui ce passait dans la zone, tout en ignorant les réalités meurtrières auxquelles la population du Honduras était confrontée au quotidien. L’allégement des rapports de l’ambassade semble avoir été un outil extrêmement utile pour Negroponte pour la promotion de ses efforts destinés à renverser les Sandinistes au Nicaragua, et n’avaient aucun rapport avec le renforcement de la démocratie ou des droits de l’homme au Honduras. Il y a de bonnes raisons de penser que l’accusation de complicité de meurtre qui a été formulée contre Henry Kissinger dans l’affaire du meurtre d’un général chilien pourrait être reprise contre Negroponte pour ses propres actions.


Le plus mauvais choix

Les failles morales et intellectuelles de Negroponte en ce qui concerne les droits de l’homme devrait nous préoccuper quant aux dégâts que sa nomination va provoquer sur notre réputation, déjà bien entamée par rapport à l’Irak. Envoyer un tel homme pour instaurer la démocratie en Irak ne peut être considéré que comme une blague de mauvais goût.

Considérant son passé au Honduras, certains observateurs affirment que la nomination de Negroponte à l’ONU révélait un peu plus l’absence de critères chez le secrétaire d’Etat Powell, et ses témoignages en faveur de telles nominations, comme celles d’Otto Reich, John Bolton et Roger Noriega, où Powell les qualifiait "d’hommes honorables", sont en totale contradiction avec la réalité.

La nomination d’un personnage comme celui de Negroponte à un des postes diplomatiques les plus importants du moment représente une insulte à la communauté internationale, ainsi qu’un affront aux victimes des guerres en Amérique centrale des années 80, et n’aura comme résultat que atteindre encore un peu plus la réputation de ce pays dans un moment difficile de son histoire.


 Traduction : CUBA SOLIDARITY PROJECT
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."


This analysis was prepared by Larry Birns and Jenna Wright, with archival contributions by Jeremy Gans and Matthew Tschetter.

Mr. Birns is the director of the Washington based Council on Hemispheric Affairs, where the other authors are research fellows.

Issued 27 April, 2004

The Council on Hemispheric Affairs, founded in 1975, is an independent, non-profit, non-partisan, tax-exempt research and information organization.

It has been described on the Senate floor as being "one of the nation’s most respected bodies of scholars and policy makers." For more information, please see our web page at www.coha.org ; or contact our Washington offices by phone (202) 216-9261, fax (202) 223-6035 coha@coha.org.

THE COUNCIL ON HEMISPHERIC AFFAIRS

http://www.coha.org


Un Negroponte pour Bagdad. L’âme damnée. Noam Chomsky.

Negroponte : un des plus grand terroriste nommé à la lutte contre le terrorisme... par Danielle Bleitrach.


Des escadrons de la mort en Irak. Comme au Vietnam.





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« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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