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L’éthique manque et la diplomatie mime

Quand un diplomate échoue, le problème est beaucoup plus souvent lié à une question de communication. C’est le seul domaine où le travail d’un diplomate ne peut pas être fait par un autre. Notre diplomatie n’est pas sourde-muette mais elle mime pour demander un parfum. D’après notre ami finlandais, l’aveugle ne mime pas puisqu’il peut parler. Chez nous, la faute du verbe se corrige par un complément de mime. On nous tend un pulvérisateur de pesticides à la place d’un flacon de parfum. L’odorat nous apprend qu’on s’est fait rouler. C’est trop tard the vendeur a disparu.

Face au vent d’espoir qui soulève les nouvelles générations dans les pays arabes, certains leaders des vieux temps ignorent les revendications morales et matérielles, sociales et démocratiques de leurs peuples. Ils enterrent la tête dans le sable et continuent avec les anciennes méthodes d’oppression. Pas de nouveaux disent les uns. Les anciens réflexes persistent, répliquent les autres. Les plus intelligents s’appuient sur cette nouvelle force de jeunes qui émerge pour imaginer le nouveau monde qui se dessine. Faites attention ! Quand les acteurs improvisent, l’architecture de ce monde nous laisse divaguer dans l’inconnu. Dans le dissimulé, le raisonnement par absurde des techniciens se hâte pour donner une forme globale à ce monde.

Sommes-nous pressés de voir ce nouveau monde ? Si oui nous demandons à notre diplomatie de suivre ce conseil : Quand vous êtes pressés, allez-y doucement et si on vous coupe la parole, levez-vous et quittez le lieu. Cet axiome définit la base de la diplomatie. C’est malheureux, nous n’intéressons plus les arabes car nous avons perdu notre visibilité de leader. Ils continuent à nous couper la parole tant que notre condition physique au jeu politique est représentée par une diplomatie rabougrie d’idées. Cette perte d’influence diplomatique se répercute sur le paysage politique interne.

En diplomatie il est indispensable d’être en harmonie avec notre entourage et avec nous-même pour rattraper la distance qui nous sépare des cavaliers étrangers. Comme en fantasia, le fusil du diplomate doit résonner à tous les échos. S’il ne le fait pas d’une manière habile, il perd sa crédibilité et se dirige vers l’échec. Après la perte, les échos de notre politique seront sourds ou mal entendus et notre diplomatie tendra sans faute vers le ridicule et l’absurde.

Malheur, je n’y suis pour personne, personne absolument. Diplomate ! As-tu du cerveau, voyons ? Bon... vive mon Seigneur ! Tout heureux, il vous dit : N’oubliez pas de mettre avec mes titres…… Cavalier avec l’Emir Abdelkader. Je le suis depuis quatre ans à Tlemcen, et depuis trois jours à Mascara. Je m’excuse. Il n’a pas le titre de cavalier mais il a le titre de membre de la fondation Emir Abdelkader. Cette usine qui fournit les ministres. Avec ce jockey, il est regrettable de dire que l’Afrique ne nous écoute plus, les arabes nous fuient, les méditerranéens nous ignorent, la Chine est hésitante, la Russie nous joue le jeu, la France essaye de nous dresser et Washington nous sourit hypocritement de loin pour nous faire un scanner aux frontières. Les scandinaves confondent Algeria et Nigeria même si notre jockey n’a pas la tête d’un soudanais. Où sommes-nous dans ce monde ?

Je demande conseil à un finlandais pour décrire notre situation, il me dit : Quand on ne clôt pas définitivement le sujet par « notre diplomatie est idiote ! » On risque de devenir les déclassés de ce monde.

En Finlande, l’évaluation du quotient intellectuel des candidats qui veulent faire une carrière diplomatique commence par une question très simple. C’est l’histoire du diplomate sourd-muet qui veut s’acheter un cigare. Il va dans un magasin, trouve un vendeur et pour se faire comprendre, mime un mouvement du fumeur, le vendeur comprend et lui apporte alors un paquet de cigares. Imaginez maintenant un diplomate aveugle qui veut s’acheter un parfum d’ambassadeur pour pouvoir se distinguer des autres. Sachant que les odeurs ne se miment pas facilement, comment doit-il s’y prendre pour se faire comprendre du vendeur ? Nous demandons à nos diplomates aveugles de répondre à cette question.

Puisque certains de nos diplomates sont fascinés par la diplomatie française et ignorent le rôle de la défense dans la diplomatie, je cite un passage de Marc Loriol publié dans un rapport de recherche pour le ministère des Affaires étrangères et européennes intitulé : Le travail diplomatique un métier et un art « Il ne faut pas sous-estimer la capacité des militaires à ne pas dire. Ce n’est pas qu’ils mentent, mais si on ne demande pas précisément, ils ne répondront pas. Ils font la même chose avec leur propre hiérarchie d’ailleurs. Du coup, la seule chose sur laquelle on peut compter, ce sont les relations personnelles. Mais ça prend du temps ». La nature du militaire est dans la précision et l’exactitude. Une diplomatie qui mime manque de précision et d’exactitude dans la communication. Elle loupe souvent sa cible. Elle demande aide aux tireurs d’élites qui sont souvent des militaires mais c"est trop tard. Les séries de démentis ne seront que ridicules.

Le monde a vraiment changé ! Ce n’est ni le temps des conseils du soufi d’El-Oued qui vous chuchote à l’oreille pour fixer vos idées, ni le temps des commentaires inutiles du soufi de Fillaoussène qui vous pince à l’épaule pour vous faire signe de vos erreurs. Il est grand temps de modifier nos pensées pour être à jour. C’est le temps du philosophe Gene Sharp et sa théorie de la non-violence comme arme politique pour arriver au pouvoir. Permettez-moi de vous dire entre guillemets et avec prudence « Hugo Chavez et d’autres pensent que la théorie d’Albert Einstein Institution, fondée par Gene Sharp a formé les leaders des coups d’État soft pour le compte de l’OTAN et de la CIA »

Dans le professionnalisme diplomatique, on ne peut pas demander à un amateur qui mime à peine la fonction de consul d’avoir sept qualités dans sa vie professionnelle. Être à la fois un diplomate, un humaniste, un scientifique, un inventeur, un écrivain, un humoriste, et un entrepreneur comme Benjamin Franklin n’est pas monnaie courante. Cet ambassadeur était un diplomate américain en France durant les années lumières. Il est l’un des fondateurs des Etats-Unis et l’inventeur du paratonnerre. Sa personnalité reposait sur deux principes « Si quelqu’un vide sa bourse dans son cerveau, personne ne pourra la lui dérober mais s’il achète ce qui est superflu, il vendra ce qui est nécessaire ». Revoyons notre diplomatie et reconstruisons ses principes pour ne pas brader le nécessaire. Le nécessaire c’est notre dignité ni plus ni moins.

Nous devons apprendre des autres. Le chinois pratique la diplomatie du singe. Le chinois, très diplomate et très malin, réussit toujours à se tirer des situations difficiles. Indépendant et personnel, il ne faut jamais lui imposer une condition. C’est lui qui impose ses conditions. Quand les chinois parlent diplomatie, ils citent cet adage : Qui voit le ciel dans l’eau, voit les poissons sur les arbres.

Les français ont copié cet adage et le disent à la manière de Fontaine : Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée, - La quitta pour l’image, et pensa se noyer ; - La rivière devint tout d’un coup agitée. - A toute peine il regagna les bords, - Et n’eut ni l’ombre ni le corps.

Notre politique étrangère est placée sous les projecteurs de l’imprévu. Elle est souvent traduite par des bonds inattendus et s’explique souvent par des mimes et des démentis. Les reniements, confectionnés en série, sont toujours non conformes aux souhaits des citoyens. Qu’on ne s’étonne pas de nos malheurs. Nous sommes à l’heure où les novices s’expertisent en diplomatie, où les "bavards" engendrent de grands projets, où les noeuds représentant des intérêts des intimes se dénouent. Les charmants flatteurs des veillées et fileurs de mensonges sont toujours présents pour écouter, tisser et fixer les relations.

Oui, c’est la diplomatie de mirage que nous craignons ... car nous ne sommes pas des malades. Même, nous sommes assez bien, maintenant... et nous pourrons dire que la diplomatie du chien noyé de la Fontaine nous rend malades. Mais nous ne voulons pas nous rendre malade pour le plaisir de voir un hiérarque patauger au fond des eaux troubles de ce monde. Nous ne voulons pas avoir de regrets après que notre oued devient agité par un diplomate noyé dans des idées pas claires. Un noyé qui n’a ni l’ombre ni le corps de la proie. Sot ou saut de diplomatie que la célébrité de montrer des faux galons, des bandeaux incorrectes et des broderies de hasard lorsqu’on n’est pas un diplomate chevronné et redoutable.

Après sa noyade en Egypte il crie à haute voix du Maroc : Je ne fume pas ! Mais donnez-moi un cigare pour fumer comme un diplomate. Allons, puisque je suis obligé de garder la chambre à l’hôtel Saint George non loin de Djenane El-Mithaq et que je n’ai rien à faire, je vais m’occuper des affaires étrangères de ce bled. Il est vraiment étrange. Il pense que son voisin M6 écoute la chanson de Françoise Hardy - On dit de lui. Son voisin est un sourd-muet. Il le regarde toujours avec les yeux de son père et ne dira jamais bonnes choses ni de lui ni du plus pur des algériens.

D’après Alger Match, les changements politiques dans la région arabe sont vus par notre diplomatie comme une vraie opportunité. Une opportunité qui permet de libérer des énergies sociales et politiques importantes dans les pays voisins. Elle pense qu’il faut aussi gérer les contrecoups négatifs de ces mouvements. C’est très bien, mais c’est délicat. Cette suit d’idées coupées ne rime pas avec la déclaration du secrétaire d’Etat à la coopération française « On veut aider les Africains, mais il faut que cela nous rapporte ». Hélas ! Le regard algérien n"est plus perçant et la tète a perdu ses cheveux. Encore une fois, hélas ! La délicatesse en diplomatie est devenue un fromage de fondue consommé par les inconnus de la montagne de la femme endormie à Ouled Mimoun. Elle n’est plus une diplomatie professionnelle au regard perçant et aux moustaches bien garnies qui donnent respect et profit à notre nation.

C’est temps-ci, le regard du coiffeur de Hydra dépasse de loin le regard de la diplomatie officielle. Pour justifier cette phrase je vous raconte une petite histoire de diplomatie dans un salon de coiffure à Hydra. Un diplomate tend sa tête au coiffeur. Le coiffeur commence son oeuvre. Une fois la coupe terminée, le diplomate se rapprocha du miroir pour bien contempler la forme de sa nouvelle tête. La coupe ne lui plaisait pas. Il demande au coiffeur pourquoi sa coupe ne ressemble pas à la coupe de Dido. Dido est un contrebandier client habituel de ce salon de coiffure. Etonné par cette réplique, le coiffeur répond « la tête de Dido est plus ronde que la vôtre. Votre tête est un peu carrée vers l’avant. Elle ressemble au pare-choc de la Toyota de Dido. Je pense que j’ai fait de mon mieux pour arrondir votre tête. Avec cette coupe les policiers ne vous reconnaissent plus et les filles de Hydra et même Hilary vont vous prendre pour Alain Delon même si vous ressemblez un peu à Quasimodo ». Dans mon salon, les discours politiques ne sont pas conçus pour les redresseurs qui restructurent les formes de dominance et renouvèlent les méthodes d’influence. Si vous êtes un peu mécontent, je suis désolé de vous dire « Mon regard veut que chaque diplomate mérite la tête qu’il porte sur ses épaules. Vos idées de diplomate ne sont pas coupées avec les cheveux que ma paire de ciseaux a légèrement abimés. »

Le coiffeur prend un nouveau souffle. Je ne suis pas diplomate mais je peux vous informer. En dépit de leurs oppositions sur les questions politiques dans le monde arabe Houari Boumediene et Nixon avaient des points de vue à discuter pour arriver à un consensus équitable. Un diner à la Maison-Blanche avec Boumediene poussa le président Nixon de dire « J’aime écouter le discours de Boumediene mais je n’aime pas voir son regard ». Quant à moi, je n’aime ni vos paroles ni votre regard.

En diplomatie, la tête et le regard reflètent 80% du travail. Chez nous, les moustaches guidon de type Kaci Tizi-Ouzou sont tolérées dans les mosquées. Les américains d’Alabama disent qu’il est illégal de porter une fausse moustache qui puisse causer des rires à l’église. Un nez méditerranéen sans moustache ne plait pas aux américains. Ils respectent les moustaches qui donnent l’air du « macho man » à la manière de Charles Bronson. Une figure avec barbe les fait penser à Castro, Guevara et d’autres hommes de Tara Bora. Les américains ont peur de la barbe. Les moustaches de Saddam furent remplacées volontairement par une barbe biscornue pour exprimer la peur et la terreur. Ce n’est pas un hasard de voir un Yasser Arafat avec sa barbe et son foulard révolutionnaire terminer sa vie en tristesse et un Abou Mazine tête nue, moustachu et rasé de près espérant vivre dans un pays imaginaire bien gardé par Netanyahou. Exigence diplomatique oblige mais exigence trop diplomatique asservit.

Conclusion : Abdelaziz Bouteflika rayonnait par son talent de diplomate. En 1975, il réussit un accord de paix entre Saddam Hussein de l’Irak et le Chah d’Iran. Nous éducateurs nous avons nos moyens pour évaluer nos élèves. L’homme de la rue s’interroge : Comment Bouteflika va-t-il évaluer son élève quand l’éthique manque et la diplomatie mime ?

Dr. Omar Chaalal
Pr. Associé Génie des Procédés
Le Quotidien d’Oran
chaalal@scientist.com

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