Les collusions des gens de droite avec les groupes industriels font partie du paysage politique : chacun en a l’habitude. C’est d’autant plus logique, que des dirigeants de grands groupe font la navette entre le public et le privé : ce qu’on appelle le pantouflage. Souvent, il s’agit des lauréats des Grandes Écoles, comme on les appelle : les X-Ponts, les X-Mines, les Énarques, toutes gens qui se serrent les coudes.
Or hier, le site Médiapart nous a révélé qu’un accord, signé après d’âpres discussions entre Martine Aubry et Cécile Duflot, a été modifié après cette signature sur l’insistance de Henri Proglio, le patron d’EDF. C’est la version modifiée, et donc non valable, qui a été apportée au bureau du PS pour approbation.
De quoi parlait le paragraphe retiré du texte ?
- Une reconversion à emploi constant de la filière du retraitement et de fabrication du MOX, et des moyens de stockage des différents types de déchets notamment le laboratoire de Bure, en centres d’excellence du traitement des déchets et du démantèlement.
En somme, il s’agissait d’acter la mort de la filière MOX, ce mélange entre de l’uranium ordinaire et du plutonium extrait des déchets des centrales. Car le plutonium, plutôt à usage militaire en raison de sa dangerosité, se forme naturellement en petites quantités dans les centrales de production électrique. Malgré tout, à force ce métal est trop produit, et c’est une façon de le recycler. Dans une centrale où il est réutilisé, il s’en dégrade un peu, mais à partir de l’uranium il s’en reforme d’autre, un peu moins. On ne peut pas s’en débarrasser malgré ce recyclage qui coûte très cher. Deux usines en France produisent ce MOX : La Hague, très connue pour ses départs de convois de déchets qui retournent après traitement dans les pays d’origine, et Marcoule, qui en fait un peu aussi. Jusqu’à présent le Japon en achetait un peu, entre autres pour le réacteur 3 de Fukushima Daiichi. Bien entendu, c’est fini.
Quels pouvaient être les prétextes de Proglio, pour se prévaloir de mettre le hola à l’arrêt de la filière ? Cela mettrait au chômage deux millions de personnes. Il a probablement beaucoup gonflé les chiffres. D’autant que ces personnes pourraient être employées dans la mise en place accélérée d’autres sources d’énergie, plus propres, entraînant beaucoup moins de pertes de transport puisque situées plus facilement près des lieux d’utilisation. Actuellement, un dixième de la production est dissipée par effet Joule dans les réseaux électriques.
Hypothèse : EDF n’a pas intérêt à voir les écologistes réussir à se constituer un groupe parlementaire à l’Assemblée.
En tout cas, cela confirmerait que vis-à -vis du PS les Grands Corps ont autant d’influence que vis-à -vis de la droite. Et que voter Hollande ou Sarkozy ou Le Pen au second tour aboutirait au même résultat qu’actuellement. Chacun sait ce qu’il en est de la Grèce et de l’Italie : désormais, sauf si tous les citoyens se ressaisissent, c’est notre tour, une fois les élections passées.
Tout le monde est libre de son choix : maintenant on sait ce que, de toute façon, il ne faut pas faire.