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L’échec de la « révolution » en Islande

Depuis la grave crise financière de 2008, dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre...Et un an après, ça donne quoi ?

Le samedi 1er octobre 2011, les membres du Parlement islandais ouvraient leur nouvelle session parlementaire. Ils furent accueillis par environ 2000 manifestants en colère, tapant sur les barrières, casseroles et poêles, certains jetant même des oeufs sur les élus.

Les organisateurs de la manifestation ont remis au gouvernement une pétition de 34 000 signatures demandant l’allègement des dettes pour les ménages et plus de rigueur envers les banquiers, responsables de la crise, et qui continuent d’engranger des salaires prodigieux.

Les Islandais n’ont plus confiance dans le gouvernement. Beaucoup, ne pouvant plus rembourser leurs crédits, sont en train de perdre leurs maisons...

En mai dernier, je recevais par email, via une liste de diffusion, une information surprenante, et qui paraissait même importante. Voici le contenu du message :

" Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « google » : bref, le black-out total …

Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.

Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.

Plus bas, vous trouverez deux articles traitant de cette révolution en marche, à faire circuler le plus largement possible, puisqu’on ne doit compter sur aucun média pour le faire à notre place."

Et les deux articles liés :

1 . Quand l’Islande réinvente la démocratie

16 décembre 2010 par Jean Tosti

http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la

Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.

Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.

Très vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois. Mais le président de la République refuse de ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un référendum. A plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars), et depuis le problème reste en suspens.

C’est dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui en fait n’a jamais été vraiment rédigée : lorsqu’en 1944 la république avait été proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait depuis plusieurs décennies, en remplaçant simplement le terme de "roi" par celui de "président de la République" . C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.

Ces derniers commenceront à se réunir à la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif.

Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État.

2. Quand l’Islande réinvente la démocratie

l’Assemblée constituante a été élue en novembre

Publié le : 26 décembre 2010
http://www.parisseveille.info/quand-l-islande-reinvente-la,2643.html

Un jour, il y a quelques mois, un anglais passant par Paris, rencontré à la librairie Lady Long Solo, nous alertait sur la révolution en Islande. Quelle révolution ? On n’en entend parler nulle part. Une rapide recherche google ne donne rien du tout, aujourd’hui, ni en associant le mot « révolution », ni même « crise », où l’on ne trouve que des détails sur la crise financière, effectivement à l’origine de cette révolution, qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette crise, en 2006.

Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des jeysers d’eau chaude. La droite avait aussitôt dû céder la place à la gauche. Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées. Notre informateur anglais en avait entendu parler pour les projets législatifs de liberté totale pour internet, tels que des sites anglais pensaient à s’héberger là . Plus encore, il insistait pour parler d’une véritable révolution, sans pouvoir la décrire plus, mais s’étonnant qu’on n’en ait jamais entendu parler.

Cherchant alors avec obstination, on a fini par voir des images du palais présidentiel assiégé par une foule qu’on qualifierait ici sans hésiter d’anarcho-autonome. En plus des drapeaux noirs, on pouvait deviner dans la foule une forte composante de citoyenneté de type écologiste. Et on comprenait que le pauvre malheureux flic, tout seul devant le palais présidentiel, ait rapidement dû se rendre sous la pression de la foule. Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là -bas.

Le président avait plié bagage. Un nouveau gouvernement s’était institué. Mais, quelques temps plus tard, celui-ci avait la mauvaise idée de proposer le remboursement de la dette des banques vis-à -vis du Danemark ou de la Grande Bretagne. Le peuple est de nouveau descendu dans la rue. Un référendum sur la question était imposé par volonté populaire, et une petite majorité de 93% rejetait l’accord prévu par les gentils gouvernants.

Parmi les informations glanées, cette image saisissante de l’agora dans les bains publics chauds, où le peuple s’assemble tous les matins pour débattre de comment refaire le monde.

Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges, dont on ne se serait pas aperçu sans la vigilance de Truks en vrac, de notre ami B.Bec, du Gers, relayant le CADTM, ou de Jean-Luc Mélenchon, qui trouve là une similitude avec ses propres thèses constitutionnalistes, mais ne semble pas voir plus loin que le bout de son nez anti-capitaliste.

Merveille de la désinformation. Un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe, peut se produire sans que la presse, ni google, ne permettent d’en savoir quoi que ce soit. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.

On aimerait assurément en savoir plus sur cette révolution islandaise. Voilà des mois que Paris s’éveille rêve de téléporter sa rédaction pour un reportage approfondi au pays des chasseurs de baleines et d’utopie. S’immerger dans les bains chauds de la révolution démocratique fait certes envie, surtout vu du coeur de notre hiver sécuritaire.

Il faut s’imaginer les 25 « simples citoyens » qui vont plancher sur la constitution idéale. Le souffle de l’humanité devrait se retenir. Où l’on verra probablement qu’il n’est pas difficile de faire mieux que toutes les figures de pseudo-démocraties qui se sont déclinées jusqu’ici sur les cinq continents.

Il est évident qu’on s’est emballé un peu vite, car aujourd’hui, sur le même site que le premier article cité, on peut lire cet autre article, révélateur de désenchantement. Il semblerait que le capitalisme, avec son escadron de banques en avant-garde, soit bien plus fort que tous les espoirs, et les bonnes volontés du peuple ...

3. Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance

13 octobre 2011par Yvette Krolikowski, Mike Krolikowski

http://www.cadtm.org/Demeler-le-vrai-du-faux-a-propos

Le samedi 1er octobre 2011, les membres du Parlement islandais ouvraient leur nouvelle session parlementaire. Ils furent accueillis par environ 2000 manifestants en colère, tapant sur les barrières, casseroles et poêles, certains jetant même des oeufs sur les élus.

Les organisateurs de la manifestation ont remis au gouvernement une pétition de 34 000 signatures demandant l’allègement des dettes pour les ménages et plus de rigueur envers les banquiers, responsables de la crise, et qui continuent d’engranger des salaires prodigieux.

Les Islandais n’ont plus confiance dans le gouvernement. Beaucoup, ne pouvant plus rembourser leurs crédits, sont en train de perdre leurs maisons.

Le chômage a "baissé " à 7,2% en mai dernier mais cela est sans compter le nombre d’Islandais qui ont quitté le pays. Beaucoup de jeunes sont partis pour la Norvège, dont certains pour y joindre l’armée.

Depuis la crise en 2008, l’Islande a suscité beaucoup d’espoirs et réveillé les imaginations, de façon inversement proportionnelle à la taille de ce petit pays. Les rumeurs les plus folles ont circulé, allant jusqu’à parler de " Révolution ". Certains mouvements sociaux citant en exemple ce peuple de 320 000 habitants avec des informations pas toujours justes.

Qu’en est-il exactement ? Regardons-y de plus près.

Le gouvernement d’Islande aurait réussi à renégocier sa dette ?

Il y a confusion entre la dette publique de l’Islande et l’affaire dite Icesave.

Au moment de la crise, la dette publique représentait 20% du PNB, mais la situation a été beaucoup médiatisée à travers l’effondrement des trois principales banques privées islandaises dont les obligations financières s’élevaient à 10 fois le PIB du pays, et surtout par le différend Icesave.

Rappelons que les gouvernements britannique et hollandais, qui ont dédommagé leurs détenteurs de comptes (400 000) dans les banques islandaises, ont demandé ensuite le remboursement à l’Islande. D’où ces fameux accords Icesave qui ont été votés par le parlement.

La renégociation "favorable" dont parlent certains articles fait allusion au 2ème accord qui était plus étalé dans le temps et avec un taux moindre. Ces accords ont été rejetés à chaque fois par référendum. C’est le peuple qui a refusé d’assumer une dette privée.

Ces négociations Icesave sont indépendantes du reste de la dette publique déjà existante.

Dès son arrivée comme premier ministre, en 1991, Mr Oddsson lançait une grande campagne de privatisation (pêche, produits pharmaceutiques, assurances, banques...) et de dérégulation du marché du travail. Les banques ont été vendues à bas prix à des membres du groupe dominant qui mène le pays et dont Oddsson fait partie.

L’Islande, fortement endettée de façon chronique, a vu, à partir de 2003, date de l’achèvement de la privatisation des banques, sa dette publique monter rapidement. Le gouvernement, voulant attirer les investisseurs, avait réformé et allégé de façon importante la fiscalité sur les sociétés, ayant pour conséquence de grossir les déficits.

En 2006, première alerte, Fitch dégrade la dette publique islandaise.

Le déficit extérieur atteint 16,5% du PIB - l’un des niveaux les plus élevés du monde. La monnaie locale, la couronne, commence à glisser, les taux d’intérêt étaient relevés.

C’est d’ailleurs suite à ce qui a été appelé la " mini-crise " que les agences de notation ont insisté pour que les banques diversifient leurs bases de financement et élargissent leurs activités à l’étranger, d’où l’ouverture des comptes Icesave dans plusieurs pays d’Europe, notamment au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

La crise venue, le gouvernement accepte " l’aide " du FMI, accouru en sauveur avec un prêt de 2,1 milliards de dollars sur deux ans, accompagné de mesures drastiques d’austérité.

Le Fonds ayant estimé les besoins à 4 milliards d’euros, d’autres pays (Norvège, Suède, Finlande, Danemark, îles Féroé, Pologne) acceptent des prêts complémentaires.

Ces prêts n’ont jamais été remis en question par les gouvernements successifs, droite puis gauche, et les conditionnalités habituelles ont été appliquées à la lettre. Le FMI a même félicité l’Islande lors du déblocage de la sixième tranche, pour sa bonne application du programme des réformes.

"Tous les objectifs du programme ont été atteints", déclare le ministre des Finances, Steingrimur Sigfusson, lors d’une conférence de presse.

Depuis, l’Islande a pu à nouveau emprunter, début juin 2011, sur les marchés pour rembourser sa dette.

Car, bien sûr, tous ces prêts devront être remboursés, celui du FMI le sera entre 2012 et 2015.

Et ceci indépendamment de l’affaire Icesave.

Où en est l’affaire Icesave ?

Le parlement islandais a négocié et ratifié, par deux fois, des accords de remboursement avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, mais le Président de la République, M. Grimsson, s’y est opposé, appliquant l’article 26 de la constitution, soumettant à chaque fois la décision à un référendum.

Les Islandais ont rejeté, en mars 2010 et avril 2011, le remboursement par les fonds publics islandais des 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye à leurs épargnants.

Lors de la crise, le gouvernement islandais a seulement garanti les dépôts des déposants résidents en Islande qui ont été repris par la New Landsbanki.

Le président de l’Autorité de surveillance de l’AELE |1| expliquait : "l’Islande doit se conformer aux obligations qu’elle a contractées au titre de l’accord EEE |2|. Elle doit assurer l’indemnisation de tous les déposants dans les conditions prescrites par la directive de garantie des dépôts et sans discrimination", ajoutant que l’Islande est tenue de payer l’assurance-dépôts garantie jusqu’à 20 000 euros pour chaque déposant Icesave. L’Islande conteste ce point de vue.

En juin 2011, l’ESA |3| a donné jusqu’au 10 septembre 2011 pour que l’Islande paye le Royaume-Uni et les Pays-Bas, faute de quoi elle s’exposait à des poursuites judiciaires.

Le gouvernement assurait que la liquidation des avoirs d’Icesave suffirait largement à rembourser. En aout 2011 Landsbanki a annoncé avoir récupéré des fonds suffisants pour couvrir " toutes les réclamations prioritaires", avec un excédent de 80 millions d’euros. Ce qui confirme la position de l’Islande qui annonce que le remboursement devrait commencer d’ici à la fin de l’année.

A la demande du Ministre des Affaires économiques, à rni à rnason Páll, l’ESA a accordé à l’Islande une prolongation jusqu’à la fin septembre pour présenter son cas, mais insiste sur le fait que les autorités islandaises doivent payer l’assurance dépôt minimum de 20 000 euros environ, par déposant. Une fois que le remboursement sera effectué, le procès pourra être abandonné.

A ce jour, l’Islande attend la décision de l’ESA quant à la suite qui sera donnée.

Le 4 septembre 2011, lors d’une interview à la radio-télévision publique RUV, le Président islandais a demandé, s’adressant à l’Union européenne : "Comment des États membres ont-ils pu accepter les absurdes demandes britanniques et hollandaises ? […] Cela mérite une enquête".

Les Pays-Bas et surtout le Royaume-Uni ont fait pression sur le FMI et l’Union européenne pour intimider l’Islande et la pousser vers l’acception des accords. Le gouvernement britannique est même allé jusqu’à mettre, durant une période, l’Islande sur la liste des pays terroristes et bloquer les avoirs.

Le Ministre de l’économie, Arnason Arni, a déclaré récemment que le gouvernement envisage de demander des dédommagements à la Grande-Bretagne pour cette mesure.

En plus d’avoir créé un profond ressentiment chez les Islandais, cette décision a aussi entrainé des dommages économiques pour le pays et les entreprises. Le ministère des Finances estime ces dommages jusqu’à 56.000.000 d’euros.

L’Islande aurait laissé tomber les banques ?

Après le plan de privatisations du premier ministre D. Oddsson, les trois principales banques privatisées en 2003 étaient Kaupthing, Landsbanki (d’où sortira Icesave) et Glitnir.

Juste avant la crise, le 29 septembre 2008, Glitnir demande l’aide de la Banque centrale, dirigée depuis 2004 par le même M. Oddsson, qui décide d’acheter 75% des actions pour 600 millions d’euros (plus de 6% du PIB du pays. Ceci fut une surprise pour la population.

Avant le crash, la Banque centrale avait aussi prêté beaucoup d’argent aux banques commerciales en difficultés au point de se retrouver elle-même au bord de la faillite. Elle a été recapitalisée avec l’argent des contribuables.

Le 6 octobre 2008 les banques s’effondrent. Le Gouvernement décide alors de garantir tous les dépôts des ressortissants islandais dans les banques, sans limite, avantageant ainsi les déposants les plus riches. Il refuse cependant de garantir les déposants non résidants.

"L’Islande est au bord de la banqueroute", annonçait Geir Haarde, le premier ministre islandais, décrétant les lois d’urgences permettant à l’État de prendre le contrôle des banques en difficulté.

Le 9 octobre 2008, la branche domestique islandaise de Landsbanki est divisée et renommée en New Landsbanki à slands hf. Le 27 octobre 2008, l’Etat décrète l’incapacité de rembourser les dépôts pour les parties restantes de la banque Landsbanki.

Le gouvernement islandais a transféré les dépôts et prêts intérieurs, dans de nouvelles banques, pour quelques 1,370 milliard €, toujours aux frais des contribuables.

L’État a également prêté 500 millions € à Kaupthing, la plus grande banque d’Islande.

En février 2009 le gouvernement nationalisait les dernières tranches des 3 banques, mais de façon provisoire.

Dès juillet 2009, l’État islandais annonce qu’il va recapitaliser, avec 1,5 milliard d’euros, les trois principales banques islandaises nationalisées.

Les banques seront rendues à des actionnaires privés et changeront de nom. Kaupthing devient Arion et Glitnir reprend son ancien nom Islandbanki.
L’État gardera la partie domestique de Landsbanki et la partie étrangère sera reprivatisée.

Dès le début de la crise, le FMI a insisté sur la recapitalisation du secteur bancaire.
Flanagan, le chef de mission du FMI, notait qu’environ 20% du PIB serait nécessaire pour recapitaliser les pertes de liquidités de la Banque centrale (à ajouter à la dette publique).

Les banques soit-disant " laissées " par l’État se sont plutôt bien remises.

Le 10 mars 2011, le Premier ministre islandais, Johanna Sigurdardottir, déclarait : "il n’y a pas de justification morale au salaire excessif que les hauts dirigeants de Arion bank et Islandbanki ont perçu l’année dernière", "leur conduite est une provocation intolérable et une menace directe à la paix et à la stabilité de la société", "il est inacceptable que les hauts dirigeants des banques et des compagnies se répartissent des millions, alors que la population se bat pour venir à bout des conséquences de l’effondrement bancaire".

Le 6 septembre 2011, Arion banki annonçait 63,5 millions d’euros de profits pour le premier semestre. Une semaine plus tard, cette même banque licienciait, " avec regret ", 57 employés.

Notes :

|1| L’Association européenne de libre-échange AELE, en anglais : European Free Trade Association EFTA, est une association visant à établir une zone de libre-échange en Europe. Actuellement les membres sont l’Islande, la Norvège, le Liechtenstein et la Suisse. http://www.efta.int/

|2| L’Espace économique européen (EEE) est une union économique rassemblant trente États européens : les vingt-sept États membres de l’Union européenne (UE) et trois des quatre États membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE)

|3| Autorité de surveillance de l’AELE, en anglais :EFTA Surveillance Authority http://www.eftasurv.int/

L’article chez lui : Islande, révolution ou soumission ?

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