RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Trois ans de crises, trois mois d’indignation

Nous approchons du troisième anniversaire de la faillite de la banque Lehman Brothers et de l’éclatement formel de la crise ; "une rationalisation irrationnelle d’un système irrationnel" selon les termes du géographe David Harvey. En plein "krach" du système financier, les maîtres du monde avaient connu un bref moment de panique, alarmés par l’ampleur d’une crise qu’ils n’avaient pas prévue, par leur manque d’instrument théorique afin de la comprendre et par la crainte d’une forte réaction sociale. Ce fut l’époque des déclarations creuses sur la "refondation du capitalisme" et des faux mea culpa qui se sont bien vite évaporés, dès que le système financier se stabilisa un peu et devant l’absence d’explosion sociale.

On entra ainsi dans une nouvelle phase qui, avec la crise et le déficit public comme prétextes, se caractérise par les politiques appliquées dans l’ensemble de l’Union européenne afin de réduire les droits sociaux, d’infliger une défaite historique aux travailleurs et de renforcer les mécanismes de domination de classe. Pour les pouvoirs économiques, les régulations sociales encore existantes sur le Vieux continent constituent un frein à la compétitivité internationale de l’économie européenne et un poids dérangeant dont ils veulent se débarrasser. Les mesures prises par le gouvernement Zapatero depuis mai 2010 et les coupes du gouvernement en Catalogne, le "gouvernement des plus capables" (avec des ciseaux) s’inscrivent pleinement dans cette dynamique générale.

Nous arrivons au troisième anniversaire de la crise avec une sensation ambivalente. D’une part, il y a le cruel constat devant l’ampleur de la tragédie et des graves conséquences sociales d’une catastrophe économique qui, loin d’être derrière nous, menace au contraire de s’aggraver avec l’accélération des turbulences financières internationales, dans un contexte où les classes dominantes manifestent une détermination virulente à nous faire payer le coût de leur crise. D’autre part, cependant, nous arrivons à ce moment avec l’évidence encourageante que, finalement, la révolte sociale contre cet intolérable état des choses a commencé.

Effectivement, si le mouvement du 15M a transmis un quelconque message, c’est bien celui de l’espoir, à l’encontre de la démoralisation et du pessimisme, espoir dans la capacité collective de changer les choses et d’être des sujets actifs et non de simples objets passifs face aux intérêts du capital et à sa logique du profit et de la concurrence. L’indignation est, précisément, "le contraire de la routine et de la résignation" , comme le soulignait Daniel Bensaïd.

L’espoir que le mouvement a apporté à ceux qui veulent "changer le monde de base" est directement proportionnel à l’inquiétude provoquée dans les groupes dominants de la société, brutalement interpellés par ce nouvel acteur qui défie leur monopole sur les questions collectives et sur la vie publique et qui remet en question les définitions officielles de la crise, caractérisées par leur vision unilatérale et intéressée.

Le 15M et la politique dominante représentent deux logiques différentes, irréconciliables. D’un côté, l’aspiration à la justice sociale et à une démocratie réelle dans le sens le plus large du terme, c’est à dire en la capacité de décider sur nos propres destinées. D’un autre côté, les diktats des intérêts patronaux et l’emprise du profit privé. Tous deux indiquent deux feuilles de route antagonistes pour notre société. Notre avenir sera très différent en fonction de celle qui va prévaloir sur l’autre.

En trois mois d’existence, le mouvement a signifié un fort processus de politisation de la société, un renouveau de l’intérêt pour les questions collectives et une réoccupation sociale de l’espace public usurpé quotidiennement par les intérêts privés. Il a représenté un apprentissage collectif de l’exercice de la démocratie et de l’auto-organisation. Ils nous montré comment commencer "à apprendre à désapprendre" pour nous défaire des idées hégémoniques sur la réalité et a contribué à diffuser un "sens commun alternatif" .

La vague d’indignation mobilisée n’a toutefois pas encore atteint une force suffisante que pour stopper les politiques en cours, et cela bien qu’elle soit parvenue à arracher quelques victoires concrètes importantes, mais défensives, comme la paralysie de nombreuses expulsions de logement ou l’affaiblissement de l’application des ordonnances de civisme.

Tout cela, après tout, n’est pas un mauvais bilan pour un mouvement qui, qu’on l’aime ou pas, commence à peine à démontrer ce dont il est capable.

Josep Maria Antentas et Esther Vivas

*Article publié dans le journal Público (édition catalane) le 03/09/2011.

Traduction française par Ataulfo Riera pour le site www.lcr-lagauche.be

+ info : http://esthervivas.wordpress.com/francais

URL de cet article 14625
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Putain d’usine, de Jean Pierre Levaray.
« Tous les jours pareils. J’arrive au boulot et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons - et des collègues que, certains jours, on n’a pas envie de retrouver. On fait avec, mais on ne s’habitue pas. On en arrive même à souhaiter que la boîte ferme. Oui, qu’elle délocalise, qu’elle restructure, qu’elle augmente sa productivité, qu’elle baisse ses (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"L’un des grands arguments de la guerre israélienne de l’information consiste à demander pourquoi le monde entier s’émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d’antisémitisme. Au-delà de ce qu’il y a d’odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s’en émeut davantage (et ce n’est qu’un supplément d’indignation très relatif, d’ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Irak, c’était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d’avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu’il y a quelque chose d’insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l’arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l’Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s’ennuyer quand les Rouges n’ont plus voulu jouer. Parce que l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupant israélien, l’instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l’impression persistante qu’ils en sont victimes en tant qu’Arabes, nourrit un sentiment minant d’injustice."

Mona Chollet

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.