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Le Monde Diplomatique, septembre 2011

Que nous réserve ce numéro de rentrée (mais sont-ils partis, les journalistes du Diplo) de septembre 2011 ?

La chine peut désormais se payer le luxe de donner des leçons aux États-Unis et à la terre entière (Martine Bulard : " Addictions chinoises " ) :

« Des États-Unis tancés et privés de la note de meilleur élève de la classe (capitaliste) ; une Chine sollicitée pour renflouer les caisses et impulser la croissance mondiale. Même dans leurs rêves nationalistes les plus fous, les dirigeants chinois n’auraient pu imaginer plus spectaculaire basculement de l’histoire.

Ils ne se privent donc plus de donner des leçons à cette Amérique « qui doit soigner son addiction à la dette »(Xinhua, 7 août 2011). Et précisent que Pékin « a tous les droits d’exiger des États-Unis qu’ils s’attaquent à leur problème structurel ». Qui paye le bal mène la danse. Or la Chine se montre très généreuse : elle a accumulé en bons du Trésor américain 1 170 milliards de dollars, soit l’équivalent ou presque de la richesse annuelle produite par la Russie. Une arme financière qu’elle utilise politiquement, renvoyant les Occidentaux à leurs turpitudes. »

Patrick Haimzadeh évoque les conditions de l’unité nationale en Libye :

« Si la fin du régime de M. Mouammar Kadhafi conforte l’élan des révoltes dans le monde arabe, en particulier en Syrie, beaucoup reste à faire pour construire la paix. Le Conseil national de transition, qui promet des élections, va devoir démonter un à un les piliers du régime et apprendre à travailler avec les tribus " notamment celles de l’Ouest, qui ont joué un rôle décisif dans la bataille. »

A lire également " Quand la Banque mondiale encourage la razzia sur les terres agricoles " et " Investisseurs libyens, paysans maliens " .

Un article très intéressant de Julien Brygo sur la domesticité dans le monde, sur le mirage des services à la personne, suivi d’un dossier très nourri : (" La malédiction du balai " , " Syndicaliser les aides à domicile : un travail de fourmi " , " Éternelles invisibles " ) :

« Le gouvernement français et une partie de la gauche voient dans les « services à la personne » un gisement d’emplois providentiel. On compte quelque cent millions de travailleurs domestiques dans le monde. Aux Philippines, l’« exportation » de bonnes est devenue une industrie nationale, avec formation obligatoire et séminaires de préparation à l’exil. Nombre d’entre elles travaillent à Hongkong. »

Ibrahim Warde dénonce les « indétrônables fauteurs de crise » :

"Même le ralentissement de la croissance en Chine et en Allemagne n’interrompt pas le durcissement des politiques d’austérité. Pendant que les socialistes espagnols entendent constitutionnaliser la réduction des déficits publics, la droite française, qui a dû se résigner au relèvement cosmétique des impôts des plus riches, continue à tailler dans les dépenses de l’Etat. Après le krach financier de septembre 2008, on annonçait pourtant le retour de Keynes."

Paul Lagneau-Ymonet et Angelo Riva explique comment l’Europe aide officiellement les spéculateurs : " Une directive européenne pour doper la spéculation " :

« Depuis 2010, plus de la moitié des échanges boursiers européens s’effectuent via des systèmes opaques. Grâce à la déréglementation impulsée par Bruxelles.

Lundi 20 septembre 2010, Bruxelles. Rue de la Loi, bâtiment Charlemagne, salle Alcide-De-Gasperi, la foule des grands jours se presse. Le commissaire chargé du marché intérieur et des services, M. Michel Barnier, ouvre la réunion par « un souvenir personnel » : « Il y a quelques mois, lorsque je me suis préparé à mes futures fonctions de commissaire européen, j’ai entrepris de longues séances de travail avec mes services. Le directeur général m’a indiqué alors : "Il faudra réviser la MIF." Oserai-je dire que cette affirmation ne me parut pas totalement limpide ? » Depuis, M. Barnier a bachoté. »

Jean-Pierre Terrail dénonce en Luc Chatel un destructeur de l’Éducation nationale : " Controverses sur l’apprentissage de la lecture " :

« En visite à Helsinki le 16 août dernier, le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel a attribué les succès du système scolaire finlandais à sa « modernité », à la « grande autonomie » de ses établissements et au mode de recrutement de ses professeurs. Des observations censées cautionner les choix français, notamment en matière de coupes budgétaires (lire « Pourquoi veulent-ils casser l’école ? » ). Le ministre ne s’est en revanche pas soucié des méthodes d’apprentissage de la lecture. Lesquelles occupent pourtant une place centrale dans la réussite des élèves et la lutte contre la perpétuation des inégalités. »

Dans la même veine, Christian Laval se demande pourquoi ils veulent « casser l’école » :

« En septembre 2007, à peine élu président de la République, M. Nicolas Sarkozy avait exprimé dans une « Lettre aux éducateurs » son souhait d’une école avec « moins de professeurs ». Et, pour une fois, la promesse a été tenue, avec la suppression de seize mille postes d’enseignant en 2011 et 2012, ce qui devrait conduire à la destruction de quatre-vingt mille postes en cinq ans dans l’enseignement primaire et secondaire. Cette véritable saignée suscite colère et inquiétude chez les enseignants, mais aussi chez les parents d’élèves et, désormais, chez les maires, y compris ceux de l’Union pour un mouvement populaire (UMP). L’annonce de la fermeture de mille cinq cents classes du primaire à la rentrée 2011 a soulevé l’indignation : « Trop c’est trop, on ne peut plus continuer à supprimer des postes dans l’enseignement ! »,s’est ainsi exclamé M. Jean-Pierre Masclet, le président UMP de l’Association des maires du Nord. »

Les patrons de presse sont « déjà en campagne » (Marie Benilde) :

« Erosion des ventes, concurrence d’Internet : la presse quotidienne française a-t-elle les moyens de redresser la situation ? Ses actionnaires industriels sont en passe d’être remplacés par des financiers ; mais les uns comme les autres cherchent à la mettre au service de leurs intérêts, tandis que les contre-pouvoirs qui limitaient leur ingérence faiblissent.

Dans la prochaine course à l’élection présidentielle française, la presse écrite et son outil industriel risquent d’occuper les états-majors politiques. L’Etat doit-il accompagner financièrement la restructuration des journaux ? Alors que la direction du Figaro a choisi en juin de céder le contrôle de son imprimerie de Tremblay-en-France au groupe Riccobono, celle du Monde annonçait le même mois l’arrêt d’une des deux rotatives encore en service à l’imprimerie d’Ivry-sur-Seine. M. Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, projette de confier à la presse quotidienne régionale le soin d’apporter « une solution d’impression en régions », afin d’assurer des ventes l’après-midi en province et de combler ainsi une perte annuelle de 3 millions d’euros. Au total, d’après The Economist. M. Xavier Niel, l’un des actionnaires du Monde, envisagerait de licencier deux cent vingt des deux cent soixante ouvriers du site. L’hebdomadaire britannique compare d’ailleurs ce milliardaire du Web à M. Rupert Murdoch, qui brisa la résistance du syndicat des typographes anglais dans les années 1980. Mais il estime aussi que la presse quotidienne nationale va au-devant d’un sévère conflit dès lors qu’elle se heurte au Syndicat du livre, dont un quart des membres seraient menacés par la restructuration du Monde. »

Un éclairage intéressant sur le terrorisme par Sébastien Fontenelle : " Au nom des victimes " :

« Ce sera, d’après l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), qui l’organise, l’un des plus importants rendez-vous (de « dimension internationale ») de la rentrée : Paris accueille, du 15 au 17 septembre, dans le prestigieux cadre de l’Ecole militaire et « sous le haut patronage de Nicolas Sarkozy », le Congrès international des victimes du terrorisme, septième du nom.

Les précédentes éditions, dont la première a eu lieu en 2004, se sont pour la plupart tenues en Espagne " en présence, à chaque fois, d’éminents représentants du très droitier Parti populaire, dont le moindre ne fut pas l’ancien chef du gouvernement espagnol, M. José Marà­a Aznar. Mais il est aussi arrivé par deux fois qu’elles se délocalisent en Colombie : à Bogotá, en 2005, puis à Medellà­n, en 2009. En ces deux occasions, les organisateurs purent compter sur l’amicale participation, lors des cérémonies d’ouverture, d’un homme que nul ne saurait suspecter de n’avoir pas lutté de toutes ses forces contre le terrorisme, puisqu’il s’agit du président colombien de l’époque, M. Alvaro Uribe, sur qui pèse le lourd soupçon d’avoir (dans le meilleur des cas) toléré, durant son règne, que des escadrons d’assassins paramilitaires commettent impunément, et sous le sceau, précisément, de la guerre à la terreur, d’atroces tueries. »

Une réflexion sur l’abstentionnisme en France par Blaise Magnin : " Les urnes et le peuple " :

« La perspective de l’élection présidentielle de 2012 va multiplier les sondages mesurant les chances respectives de chaque candidat. Programmes et petites phrases seront disséqués par les commentateurs politiques. Mais ceux-ci seront moins diserts sur l’abstention, qui perturbe le fonctionnement du système représentatif d’où les gouvernants tirent leur légitimité.

Tour à tour présentés comme « aberrants » ou « pathologiques », les comportements abstentionnistes contredisent la mythologie de la démocratie représentative. Laquelle voit dans la participation électorale l’acte fondateur permettant à chaque citoyen d’exprimer ses opinions et ses préférences politiques. »

Gérard Mordillat se livre à un surprenant éloge du flou :

« Proposer au spectateur des images le plus nettes possible peut sembler le minimum que l’on soit en droit d’attendre d’un cinéaste. Par leur qualité comme dans leur enchaînement, elles doivent être sans ambiguïté, propres, limpides, rassurantes. Mais est-on si sûr que cette approche soit la mieux à même de rendre fidèlement la vérité du réel ? »

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Les individus ne constituent une classe que pour autant qu’ils ont à soutenir une lutte commune contre une autre classe ; pour le reste, ils s’affrontent en ennemis dans la concurrence.

Karl Marx

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