RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
De Defensa

Pas si bêtes, les peuples : "Nous sommes tous Espagnols"

Décidément, après la défaite-sanction du parti d’Aznar hier en Espagne, nous ne sommes plus "tous des Américains" comme, paraît-il, nous l’étions le 12 septembre 2001. Qu’on en juge :

le 11 septembre 2001, l’attaque contre les twin towers et le Pentagone. Réaction du public US : un regroupement massif autour du Président et du gouvernement. L’un et l’autre sont pourtant responsables de la sécurité des États-Unis, et, par conséquent, responsables de l’absence de préparation contre ce type d’attaque alors qu’on sait aujourd’hui que les signes d’alerte les plus précis furent innombrables avant le 11 septembre ; responsables, également, d’une politique extérieure dont on pouvait se demander si elle n’est pas pour quelque chose dans cette attaque.

Le 11 mars 2004, l’attaque de Madrid, instantanément perçu en Europe, par les milieux dirigeants et les médias, comme « [l]e 11 septembre de l’Europe » (article du Monde du 12 mars), conduit à une attitude exactement inverse à celle des Américains : l’équipe Aznar est sanctionnée, sa politique étrangère étant perçue comme la cause indirecte fondamentale de l’attaque du 11 mars, et, par conséquent, sa responsabilité indirecte mais très forte étant engagée.

Nous ne sommes plus "tous des Américains" car nous ne l’avons jamais été. Le public européen, mieux informé et plus attentif à la politique extérieure, sait qu’une politique étrangère porte des fruits, bons ou mauvais.

Pour le cas du terrorisme, le constat est flagrant. Les Américains, dans leur majorité, ont refusé l’équation du terrorisme comme conséquence des actions extérieures des États-Unis ; ils lui ont préféré l’hypothèse maximaliste et manichéenne de la barbarie (ce qui donne une grande vertu usurpée à l’Amérique en conséquence), ou, mieux (hypothèse sophistiquée des intellectuels européens, délicieusement recasés dans le pro-américanisme), l’hypothèse romantique et diabolique du nihilisme. Les peuples européens raisonnent différemment : ils savent que lorsqu’on pose un acte, on doit s’attendre à en subir les conséquences. Aznar a épousé la cause US, pour des raisons dont nombre sont peu glorieuses et ont à voir avec des vanités diverses ; l’attaque du 11 mars en a été la conséquence et le vote démocratique lui a fait payer cette énorme faute politique (sans parler de son fondement moral).

Cette époque est bouleversante. En quatre jours, dans la perception et l’appréciation des choses, nous sommes passés de l’accessoire à l’essentiel, de l’habillage des événements à leur substance. Mercredi, c’était la dénonciation du terrorisme, évidente certes, mais qui portait comme appendice irrésistible dans les commentaires entendus alors : il est temps d’en revenir à l’alliance américaine contre la barbarie et le nihilisme. C’était l’interprétation de nos élites. Hier, nous sommes revenus à l’essentiel : la mise en cause fondamentale, par le peuple s’exprimant démocratiquement, de l’alliance américaine. Jeudi, l’un ou l’autre commentateur officiel, s’écriait « Today, we are all Spanish » (le ministre britannique de l’Europe MacShane). Aujourd’hui, en toute connaissance de cause, nous pouvons dire : ?"Nous sommes tous Espagnols", et, accessoirement, nous demander où se trouvent la barbarie et le nihilisme fondamentaux.

Signalons, en appendice pour notre compte et en guise de cerise sur le gâteau, le sommet de la maladresse et de l’hubris américaines : un avertissement de GW Bush à l’Espagne de ne pas quitter les rangs de la guerre contre la terreur.

« With anxiety growing that Spain’s victorious Socialists might deal a wounding blow to America’s coalition by withdrawing Spanish troops from Iraq, the White House launched a co-ordinated offensive clearly tailored to pre-empt calls for a new approach to the fight against terrorism. »

Décidément, quant aux méthodes et à la psychologie, il y a un océan entre nous.

Voir article original sur le site de Dedefensa.org


URL de cet article 1398
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Harald Welzer : Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un ouvrage aussi important que passionnant. Les conclusions politiques laissent parfois un peu à désirer, mais la démarche sociologique est de premier plan. Et puis, disposer d’un point de vue d’outre-Rhin, en la matière, permet de réfléchir à partir d’autres référents, d’autres hiérarchies aussi. Ce livre répond brillamment à la question cruciale : pourquoi fait-on la guerre aujourd’hui, et qui la fait ? L’auteur articule, de manière puissante et subtile, les questions écologiques, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le fait est que les slogans du type "soutenons nos soldats" n’ont aucun sens... Et c’est tout l’objectif d’une bonne propagande. Il vous faut créer un slogan auquel personne ne s’oppose, et tout le monde y adhérera. Personne ne sait ce qu’il veut dire parce qu’il ne veut rien dire. Son importance réside dans le fait qu’il détourne l’attention d’une question qu’il aurait fallu poser : soutenez-vous notre politique ? Mais ça c’est une question qu’on n’a pas le droit de poser.

Noam Chomsky

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.