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Criminalisation de l’action syndicale.

Air France Maintenance veut licencier le secrétaire élu du Comité d’Entreprise : tous les moyens sont bons.

La direction prise en flagrant délit de "faux" dans le dossier
de licenciement du syndicaliste CGT Michel Bousquet, secrétaire du CE d’Air France Maintenance à Roissy (mécaniciens au sol), par ailleurs militant anti-raciste, et voyageur humanitaire à Bagdad pendant la guerre d’Irak.

Mise en difficulté dans le dossier de fusion Air France KLM, une opération de privatisation d’Air France à la sauce européenne, aux motivations financières des plus douteuses, et qui laisse sceptique même les analystes financiers - un « coup » à la Messier ou à la Pinault, tendance Executive Life -, la direction d’Air France monte une opération de provocation contre la CGT de Roissy Maintenance, et l’ensemble du personnel d’Air France Maintenance (5000 salariés), pour tenter d’obtenir le licenciement du secrétaire élu du Comité d’Entreprise, Michel Bousquet (CGT).

La direction, qui l’a déjà entendu en « entretien préalable » le 2 décembre, le convoque en conseil de discipline le 19 décembre à 10h30, avec l’intention de demander son licenciement pour faute grave, sans préavis ni aucune indemnité.

Il lui est reproché d’avoir volontairement tenté d’écraser, avec une camionnette du CE, au cours d’une manifestation syndicale sur l’aéroport de Roissy, le responsable d’une entreprise de sous-traitance chargée, « officiellement », de surveiller l’entrée du site.

Les faits, s’ils étaient exacts, passibles de la Cour d’assise, se seraient déroulés le 9 octobre 2003, jour où la direction d’Air France avait organisé, dans un hangar, un vaste cocktail pour fêter l’opération KLM, en omettant sciemment d’y convier les représentants du personnel. Une demi douzaine d’entre eux s’est alors présentée près du hangar, qu’ils ont (pacifiquement) « arrosé » de slogans et de chants soigneusement choisis (Requiem de Mozart, Je ne regrette rien de Piaf, Y’a pas d’arrangement de Zebda, Aïda, le choeur des esclaves, et bien sur d’actualité la marche nuptiale….), pendant plusieurs heures.

La direction d’Air France Maintenance, dans les compte-rendu de cocktail, diffusés à tout le personnel de Roissy, plusieurs jours après les "faits", n’évoquaient aucune perturbation grave de sa petite fête.

Mais un mois plus tard... elle présente à l’appui de la procédure engagée contre Michel Bousquet, un constat d’huissier, qu’elle avait prémonitoirement requis sur les lieux, le 9 octobre. Une manoeuvre habile... qui se retourne aujourd’hui contre ses instigateurs, et même contre l’huissier.

Il se trouve en effet que les syndicalistes, eux aussi saisis, comme Jeanne d’Arc, d’intuitions prémonitoires, avaient, de leur côté, « requis », ce fatidique 9 octobre, la présence d’un technicien salarié du CE, muni d’une caméra vidéo, dont les 37 minutes de film - l’original étant en lieu sur, une copie DVD et MPEG sont disponible - démontrent de façon éclatante :

  que la manifestation, toute symbolique, des syndicalistes, a gardé du début à la fin un caractère on ne peut plus bon enfant.
  que l’ « incident » n’en est pas un. La camionnette roule au pas, ou plus exactement à deux à l’heure, elle manoeuvre pour se garer, le cadre s’y heurte ostensiblement, grimace de façon on ne peut plus visible et ostentatoire, hésitant, d’ailleurs, les images sont cruelles, à se frotter le bras droit, ou le gauche, puis continue ses petites activités sans nullement interpeller Bousquet, au volant de « l’arme de destruction massive ». Les faits se déroulent sous les yeux des gendarmes, qui ne bougent pas d’un cil, et ne sont sollicités de le faire ni par la victime, ni par la direction d’Air France. Et pour cause : il n’y a pas de « faits ».

Ce film, qui peut s’avérer fâcheux pour l’avenir professionnel de Jean Cyril « Messier » Spinetta, s’il en a un, est ennuyeux aussi pour le cabinet d’huissier, dont le rapport, à l’évidence contraire aux faits, évoque une agression « volontaire » - un faux témoignage est toujours ennuyeux, pour un cabinet d’huissier, il sent la radiation.
Mais ce n’est pas tout.

La « victime » exhibant un arrêt de travail de 8 jours, le CHSCT a été saisi. Il a remis un rapport d’enquête où il apparaît, entre autres faits croustillants, qu’il n’a pas pu se faire remettre, agissant pourtant ès qualité, la documentation médicale justifiant cet « accident du travail ». La déclaration, elle-même entachée de faux contradictoires avec les déclarations de l’impromptu « intermittent du spectacle » datant de 4 jours après…

En revanche, la direction d’Air France n’a pas pu sceller le contenu de la « plainte » de la « victime ». Il n’y est pas question d’agression « volontaire », mais d’un accident « involontaire »... D’autant plus, que la « victime » elle-même avait sur place refusé toute intervention médicale, et n’avait pas requis l’intervention des gendarmes et policiers pourtant présents en nombre sur les lieux, ne serait ce que pour un constat d’accident. Comprenne qui pourra, la nuit a certainement porté conseil.

Les mécaniciens avions d’Air France Maintenance, connus pour leurs traditions de lutte, et un conflit très dur, en 1993, dont Michel Bousquet avait été l’un des animateurs, se succèdent depuis plusieurs jours aux séances organisées, dans l’aéroport même, pour la diffusion de la « cassette Bousquet », tout aussi stimulante que la défunte « cassette Méry »...

Ils signent par centaines une pétition de soutien à leur secrétaire de CE, et à un autre de leurs camarades, Jean françois Marcjanik le secrétaire de la section syndicale CGT du site poursuivi pour « intrusion sans badge » « avec usage de violence » la aussi le même jour (en tant que délégué syndical, il dispose de tous les badges, et le Code du travail lui garanti théoriquement une totale liberté de circulation sur l’enceinte de l’établissement) mais n’est lui menacé « que » de mise à pied...

La section CGT AFM, n’est pas surprise, la répression antisyndicale et surtout anti CGT fait rage, tout particulièrement depuis 1997 qu’elle est majoritaire au CE.

Depuis 25 ans, elle a participé aux mobilisations qui ont bloqué beaucoup de projets, de la filialisation du fret à la réduction des majorations de nuit y compris en participant au blocage en 1993 des pistes de l’aéroport. A l’époque déjà Michel Bousquet était au premier rang, « armé » de sa casquette rouge.

Plus de 6 ans secrétaire de CHSCT, beaucoup de scandales ont été mis à jour tel, en 1996, le stockage de près de 10000 Curie de Tritium radioactif, en toute illégalité bien sur. Ainsi qu’un projet fûmeux de « tractage inerte », c’est-à -dire faire convoyer des avions de 300 tonnes avec personne à bord pour freiner en cas d’accident.

C’est le CE AFM qui a déclenché en local un droit d’alerte sur la politique de maintenance, droit d’alerte abouti et repris en CCE en 2001. C’est ce CE , sous l’impulsion de son nouveau secrétaire qui n’hésite pas, dès 1997, à jouer à fond des droits nouveaux de 1982 et de la loi de modernisation sociale de 2003, (expertise de compte de l’établissement déclenché pour la première fois de l’histoire d’Air France par un CE en juin 2003, expertise d’un projet restauration avec missionnement d’architecte et avant projet sommaire en 2000, saisine en justice (deux dépôts de plainte ont été portés pour entrave et pour utilisation illégale de personnel au travers d’un CAT (exploitation de handicapés) en 2002) ; information des salariés, journal Coccinelle et site Internet en 2002 où tout les comptes rendus de session sont accessibles aux salariés ; dotation de moyens informatiques et communication et transport pour les sections syndicales et les élus (le 9 places des manifs, )
Au travers de l’individu la volonté est d’affaiblir la force syndicale.

En 2002, une mise en scène de même ordre pilotée par le DRH de l’époque (muté depuis dans la discrétion) avait abouti à une sanction du 2ème degré, renonçant in extremis à la demande de licenciement (mais à l’époque Gayssot était ministre et on savait qu’il n’accorderait pas le licenciement)

En décembre 2002, face à une stratégie de discrimination, un délégué syndical de la section a été contraint de déposer une plainte, enregistrée par le Doyen des Juges d’instruction de Bobigny pour discrimination à l’évolution professionnelle.

De tel cas furent implicitement reconnus. Deux mois après, attribution d’un rappel d’augmentation de salaire de plus de 200€ mensuel au secrétaire du CE, toujours le même, privé d’évolution de qualification depuis plus de 8 ans.

En mai 2003, certains avaient même tenté d’utiliser la dénonciation calomnieuse d’antisémitisme pour obtenir le débarquement du poste de secrétaire de CE du Bousquet voire le licenciement. Car l’affaire se pimente encore, pour ceux qui seraient tentés de la trouver fade, par la personnalité riche et sympathique de Michel Bousquet. Né en 1956 en Algérie, fils d’un militant communiste, Michel a été de ces lycéens des années 70, qui ont oublié leurs études (dans son cas, avant le bac), pour se consacrer pleinement à l’action politique. Permanent de la Ligue Communiste, il y a longtemps travaillé à l’entretien des rotatives. Puis, ajusteur mécanicien, il vivra pleinement à son poste de mécano d’entretien la liquidation épique de l’imprimerie de Montsouris à Massy en 1984. Devenu technicien avion hautement qualifié, il entrera à Air France en 1988, six mois avant la fameuse grève d’octobre qui durera 100 jours et, par ailleurs, au Parti Socialiste (courant Filoche).

Au Printemps, il avait donc mis la camionnette sono du CE- « arme de destruction massive » d’où provient tout l’(axe du) Mal- au service des manifestants parisiens contre la guerre. Crime contre l’humanité qui lui a valu, à l’époque, d’avoir à se défendre de l’accusation de détournement des moyens du CE, et d’antisémitisme.

Accusations qu’il a patiemment démontées les unes après les autres, avec le doux sourire qui quitte désormais rarement cette « brute » de petite taille, aux manières des plus affables. Après quelques remous, il a été confirmé dans ses fonctions de secrétaire du CE - et de chauffeur de camionnette.

Puis s’est déplacé en Irak en juillet 2003, dans le cadre d’un voyage organisé, avec le soutien de Mgr Gaillot, pour porter secours aux orphelins d’El Hanan. Le mouvement de soutien qui se développe en sa faveur a donc une dimension qui dépasse et transcende l’action strictement syndicale.

Michel, ne se séparant jamais de son « signe ostentatoire préféré » (pas la camionnette, un keffieh), est intervenu la semaine dernière dans une AG des étudiants de Nanterre en lutte contre l’Islamophobie et toutes les formes de racisme où il a été très applaudi...

La CGT et l’UGICT CGT Air France, leur Fédération et Confédération, certaines du militantisme irréprochable de ses militants, sont déterminées à mener jusqu’au bout le combat pour la justice et la démocratie.

Un combat qui promet de faire tache sur la vitrine d’Air France et de mettre à mal bien des évidences. Sa supposée cohésion sociale, ses méthodes de management et de dialogue, après l’affaire des caméras cachées de Roissy Escale, et le licenciement d’une déléguée syndicale à Cayenne.

Pour toutes informations et demande de la vidéo des « non événements » du 9 octobre 2003,
Téléchargement possible sur ftp://213.174.114.102, puis choisir le fichier "default-1.mpeg". Attention : temps de téléchargement très long (compter trois heures minimum si vous êtes équipés de l’adsl !)

CONTACTS

Comité d’Etablissement Air France Maintenance
Tel : 01 48 64 16 95
Fax : 01 48 64 25 46
Email  : sit@ceafm.fr
Assistance technique ftp au même numéro

Section CGT Roissy Maintenance
Tel : 01 48 64 22 65 et 4 19 89
Fax : 01 48 64 23 34
Email : lacgtroissy.dm@free.fr

Michel BOUSQUET

Tel : 06 14 55 53 79
Fax : 01 48 64 25 46
Email : michelbousquet@ceafm.fr


Déclaration de la Fédération Nationale des Syndicats de Transports CGT :

La Fédération Nationale des Syndicats de Transports CGT exige l’arrêt des procédures de sanctions à Air France

La Commission Exécutive de la Fédération des Transports CGT, réunie le jeudi 18 décembre 2003, met en garde les directions d’entreprises et le gouvernement sur les conséquences de la multiplication des atteintes aux libertés individuelles et collectives dans les entreprises de transport.

Ces remises en cause d’un droit constitutionnel sont totalement inacceptables. Elles visent à retirer aux salariés toute possibilité de défendre leurs intérêts et d’être défendus collectivement.

La volonté de licenciement du secrétaire du comité d’établissement d’Air France Maintenance Roissy, Michel Bousquet, élu CGT, et de sanctions du secrétaire de la section syndicale CGT d’Air France maintenance Roissy, Jean François Marjanick, s’inscrit dans cette démarche de sanctions et de répression.

La Commission exécutive exige l’arrêt immédiat de ces procédures qui reposent sur un dossier monté de toutes pièces pour faire taire la CGT.

Montreuil, le 18 décembre 2003.

Sources :
 communiqué de presse du comité d’établissement d’Air France Maintnance.
 communiqué de presse de la Fédération Nationale des Syndicats de Transports CGT


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