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"Justice américaine" à Miami.

De quoi a peur le clan Posada Carriles ?

photo : Posadas Carriles en faveur des "Dames en blanc"

Le 10 janvier prochain, Luis Posada Carriles, terroriste considéré comme un héros par les organisations d’extrême-droite cubano-américaines implantées à Miami, comparaîtra enfin devant la justice américaine (1). La défense du terroriste refuse que la justice américaine utilise des témoignages et des documents en provenance de Cuba.

Mais en Floride, c’est un sentiment d’inquiétude qui règne. Comme si le procès allait dévoiler plus d’éléments que prévu.

En effet, la défense de Luis Posada Carriles dénonce d’abord le fait que la juge Kathleen Cardone ait accepté comme évidences les documents que Cuba a remis au ministère public (3), soit 6300 pages sur la vague d’attentats commis dans des hôtels cubains en 1997 et 1998.

Lors de son passage dans l’émission anticastriste A Mano limpia (Canal 41 / America TV), Arturo Hernandez, l’avocat de Posada Carriles, a également dénoncé le fait que le FBI avait souhaité interroger le terroriste Francisco Chavez Abarca, condamné en décembre par la justice cubaine à 30 ans de prison pour avoir posé des bombes dans ces hôtels cubains.

Depuis, on a appris que la juge a refusé que la justice américaine puisse rencontrer deux terroristes emprisonnés à Cuba, dont Chavez Abarca, au motif que la demande est arrivée (étrangement) trop tardivement.

Mais là aussi, que craignait la défense de cet agent de la CIA, dont le CV permet de suivre la trace dans toutes les opérations anticommunistes menées sur le continent sud-américain depuis les années 60 ?

L’entourage de Posada Carriles pouvait se réjouir que Francisco Chavez Abarca rencontre des représentants des autorités américaines, après avoir répété pendant des mois ne pas reconnaître la justice cubaine et estimant que les aveux de Chavez Abarca avaient été recueillis sous la pression.

Pire. L’avocat de Posada a lui-même refusé l’opportunité d’aller directement s’entretenir avec Chavez Abarca à La Havane (au frais du gouvernement américain), sous prétexte que « là -bas il n’y a pas de vérité (…). Aucune déclaration ne sert à rien ». De peur d’entendre des propos en-fonçant son client ?

Très certainement, l’extrême-droite cubano-américaine craint que le témoignage de Francisco Chavez Abarca diffusé dans le documentaire « Ruta contra el terror » (4) ne soit officiellement notifiés dans le dossier juridique, au titre de l’article 15 qui admet le témoignage à distance. Il faut dire que ce terroriste salvadorien a été clair. Il a indiqué durant son procès avoir obéi aux ordres directs de Posada Carriles - qui se prévalait de contacts avec la CIA - , pour poser les bombes dans les installations touristiques afin de dissuader les étrangers de se rendre sur l’île. Pour chaque explosion, Chavez Abarca a admis avoir reçu 2000 dollars.

Autre sujet que l’avocat souhaiterait ôter du lourd passif de son client : les anciennes déclarations dans laquelle Posada Carriles ne cachait pas son implication dans l’attentat du vol 455 de Cubana de Aviacion qui a fait 73 morts en 1976 et celles indiquant à propos de la mort d’un touriste italien en 1997 dans l’attentat contre l’hôtel Copacabana que le jeune était « au mauvais endroit, au mauvais moment ». L’argument invoqué par l’avocat du terroriste : « des erreurs de traduction lors de l’interview » et des morceaux effacés dans la bande enregistrée par le journal (5). En revanche, rien concernant les aveux effectués par Posada Carriles à la télévision à une figure du journalisme liée au milieu cubano-américain d’extrême-droite Maria Elvira Salazar dans lequel Posada affirmait « se responsabiliser » de toutes les actions terroristes menées à Cuba (6).

Le procès de Posada Carriles sera une nouvelle occasion de jauger le baromètre sentimental existant entre l’ancien agent de la CIA et les organisations de la communauté cubano-américaine de Miami.

Comment interpréter la « dernière minute » octroyée dans l’émission A mano limpia par le présentateur Oscar Haza, autre figure du journalisme liée aux organisations cubano-américaines, à l’avocat Arturo Hernandez au cours de laquelle ce dernier a admis « avoir reçu des chèques de soutien de 5, 10, 15 dollars » de cubano-américains, mais qu’il en fallait beaucoup plus car « nous n’avons pas de fonds » (7) ?

Le début de la fin pour le mercenaire en fin de parcours ? Ou plutôt une manière de faire croire à l’opinion que Posada Carriles est soutenu individuellement par des membres de l’exil alors qu’il reçoit en fait le soutien financier et logistique de nombreuses organisations terroristes comme la Fondation nationale cubano-américaine ?

Sébastien Madau

moncada.com

Notes :

(1) Luis Posada Carriles compa-rait pour parjures :

 avoir nié avoir recruté des personnes pour poser des bombes à Cuba.

 avoir nié connaître ou avoir aidé le terroriste Raul Cruz Leon à aller à Cuba et ce alors qu’il l’avait revendiqué dans un article du 12 juillet 1998 du New York (quand les terroristes étaient encore libres).

 obstruction à une enquête sur le terrorisme international et des questions migratoires :

 fraude sur sa nationalité

 fausse déclaration sur son statut migratoire lors de son entrée aux États-Unis.

(2) Luis Posada Carriles était à l’époque en prison pour avoir fomenté un attentat contre le président Fidel Castro. La grâce a été donnée la veille du jour de départ de la présidente panaméenne. De peur sans doute que son successeur Martin Torrijos ne lui donne pas. Depuis son départ du pouvoir, l’ancienne présidente de Panama passe une grande partie de sa vie à Miami.

(3) Dépêche Radio Habana Cuba, 17 décembre 2010.

(4) http://www.youtube.com/watch?v=9r9tt-onK5k

(5) A Bomber’s Tale, de Anne-Louise Bardach et Larry Rohter, New York Time, 12 juillet 1998.

(6) http://www.youtube.com/watch?v=EHcojTGIo-s

(7) A mano limpia, du 7 décem-bre 2010, http://www.youtube.com/watch?v=A7Wtq2S0HGQ

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Le livre d’Élisabeth Weissman fait partie de ces ouvrages dont on redoute de poursuivre la lecture : chaque page annonce une horreur, une bonne raison de désespérer, même si, de ci delà , l’auteur nous concède une ou deux flammèches d’espoir. Un livre de plus qui nous explique magistralement, avec rigueur et humanité, pourquoi et comment la classe dominante française met à mort l’État, les valeurs républicaines, la citoyenneté, la solidarité, la société au sens classique du terme. (…)
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« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

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