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Ici et Maintenant (appel)

Que le pouvoir le plus impopulaire, au moment même où il était totalement discrédité par son implication dans un scandale financier d’Etat, et malgré une large mobilisation sociale, ait pu si facilement imposer sa «  réforme des retraites » inaugure une période sombre qu’on aurait tort de sous-estimer : le pouvoir n’hésitera pas à tirer toutes les leçons d’une telle victoire. Aujourd’hui, le florissant personnel syndical et politique se disant «  de gauche » prétend cependant qu’une nouvelle ère commence, que la mobilisation promet des lendemains qui chantent. Mais en réalité, le passage en force du gouvernement n’a été possible que grâce à la complicité active de ses opposants. Tacticiens installés, ils savent très bien ce qu’ils font en ne demandant timidement rien d’autre que «  le maintien des acquis sociaux », alors que toute l’Histoire témoigne qu’il n’y a de victoires politiques qu’offensives. En campant sur des revendications défensives, partis et syndicats font perdre la bataille d’avance et s’assurent ainsi un emploi à vie de défenseurs du peuple.

Nous n’avons plus besoin de ces faux-amis, mais d’un programme minimum, qui soit à la fois réaliste et révolutionnaire, que tou.te.s puissent s’approprier et discuter, et qui pourrait initier un nouveau mouvement social. Un programme inspiré par l’esprit de toutes les grandes conquêtes politiques, assez réaliste pour que sa mise en oeuvre puisse être revendiquée immédiatement sans avoir à attendre un hypothétique Grand Soir. Mais aussi un programme qui soit assez offensif pour inverser l’ordre des choses et préparer de vastes conquêtes futures. Ce programme de base pourrait consister en cinq grandes mesures :
  

1. Tous ceux qui vivent en France sont Français.

  
Tant que ceux qui vivent sur le territoire d’un pays n’en sont pas pleinement citoyens, ce pays ne saurait être objectivement qualifié de démocratie. Ceux qui vivent en France doivent ainsi jouir de la nationalité française de fait et de droit. Le mépris de cette exigence fondamentale a donné naissance à un nouveau sous-prolétariat, véritable armée de réserve obligée de servir les exploiteurs (du patron de restaurant aux empires du bâtiment) sous n’importe quelles conditions. Ajoutons, même si cela relève d’un problème différent, que chaque pratique religieuse doit être respectée et ne faire l’objet d’aucune interdiction ni restriction (vestimentaire, etc.) : c’est la justice sociale seule qui pourra peut-être un jour venir à bout du besoin religieux. En attendant, il n’y a rien à interdire dans ce domaine.
  

2. Nationalisation de tous les secteurs-clé de l’économie.

 
Il ne s’agit pas de communisme ni de collectivisme bureaucratique, il ne s’agit pas de supprimer la propriété, mais simplement («  modestement » pourrions-nous ajouter !) de reconquérir immédiatement les gardes-fous qui avaient été les fruits cueillis par la Résistance à la Libération. La suprématie populaire - c’est-à -dire «  la démocratie » - est une coquille vide dans un pays qui n’est ni indépendant, ni autonome quant à ses ressources et activités vitales.
  

3. Réduction de l’éventail des revenus.

  
De sorte que le plus haut revenu, impôts déduits, ne soit pas supérieur de dix fois au plus bas. Plutôt que de revendiquer l’utopique égalité totale, cette mesure permet de respecter le travail que nécessite les hautes spécialisations (recherche scientifique, médecine, enseignement, aide sociale...) et de respecter tout autant ceux qui ont d’autres buts, y compris ceux qui préfèrent ne pas travailler.
  

4. Réquisition immédiate de tous les logements vacants.

  
D’abord, parce qu’il n’est pas admissible qu’une personne n’ait pas de domicile quand des logements sont vides, cela va tellement de soi que ce point n’a même pas besoin d’autre argument que lui-même. Ensuite, parce que la menace de ne plus avoir de domicile est l’arme de coercition la plus efficace du capitalisme actuel. Il faut le priver immédiatement de cette matraque psychologique qui fait vivre une grande partie de la population dans la peur, lui interdisant d’envisager l’avenir sans avoir l’imagination et le désir constamment bridés par le risque de se retrouver peut-être un jour obligée de dormir dans la rue.
  

5. Référendum annuel pour décider de toute l’orientation politique du pays.

 
Qu’il y ait des experts en toutes choses est un fait. Selon leur compétence, leur avis mérite d’être plus ou moins entendu. Mais il y a une limite infranchissable à cela : la politique n’appartient pas au domaine de la science mais au domaine de l’opinion. Il n’y a pas de vérité en politique, il n’y a que des choix. Aucun citoyen n’est moins compétent qu’un autre pour décider, avec les autres, de tous les grands choix politiques, sans exception. Ce référendum doit aussi permettre la révocation des élus, qui ne doivent rien être de plus que des techniciens chargés de mettre en place le programme voulu par le peuple, et non de le lui imposer.

Les auteurs de cet appel, prenant au sérieux la loi historique qui veut «  qu’aucune réelle contestation ne saurait être portée par des individus qui, en l’exhibant, sont devenus quelque peu plus élevés socialement qu’ils ne l’auraient été en s’en abstenant », s’engagent à ne jamais révéler leur identité. Le succès (ou non) de cet appel ne doit leur procurer aucun prestige ou bénéfice personnels. La signature de cet appel, et c’est la seule signature qui devrait encore avoir un sens, c’est son contenu. La version originale de référence de ce programme figure sur la page www.ici-maintenant.org. Si vous en partagez les idées, diffusez-le par tous les moyens : liens, e-mails, reproductions sur tous les supports possibles, insertions dans la presse, affichage... et lors des prochaines élections, glissez ce texte dans l’urne plutôt qu’un chèque en blanc pour quelque arriviste rose, bleu, rouge ou vert qui aura toujours des intérêts contraires aux vôtres et donc, en prétendant vous représenter, continuera en réalité à mener une lutte acharnée contre tout ce qui compte pour vous.

Un collectif anonyme,
le 1er décembre 2010.

http://www.ici-maintenant.org/

URL de cet article 12166
   
Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
Les guerres exacerbent, révèlent. La Deuxième Guerre mondiale fut, à bien des égards, un ensemble de guerres civiles. Les guerres civiles exacerbent et révèlent atrocement. Ceux qui militent, qui défendent des causes, tombent toujours du côté où ils penchent. Ainsi, le 11 novembre 1940, des lycées parisiens font le coup de poing avec des jeunes fascistes et saccagent les locaux de leur mouvement, Jeune Front et la Garde française. Quelques mois plus tôt, les nervis de Jeune Front avaient (…)
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"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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