RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Collabo, tout là -haut

Le ministre de la suppression des retraites, Eric Woerth dont certains organes de presse soulignaient l’effondrement graduel, a craqué en pleine Assemblée, traitant sa collègue socialiste de « collabo ».

Le mot, dans le contexte rhétorique qui était celui de la validité ou non de la « réforme » pour les femmes, apparaît absolument hors de propos, signalant ainsi que tout autre chose est dit, tout autre chose se joue.

Car c’est bel et bien un surgissement intime des peurs et des culpabilités politiques de l’individu Woerth auquel l’Assemblée a eu droit. La chose évidemment se produit au moment où une adversaire du bal feutré de l’Assemblée lui propose une réplique peu mouchetée, en l’accusant d’être menteur « par nature ». L’armure est frappée. Elle est fêlée depuis un bon moment déjà . Le fleuve intérieur est en crue et charrie des rancunes, des hantises et des secrets qui étouffent, à force. Rejet cathartique sur l’adversaire. Rejet concentré, expulsé en un mot. Ce mot c’est celui du déni, évidemment, de ce que Woerth soutient en politique, de l’ « ethos » de son gouvernement.

« Collabo », c’est, en effet à peu près la définition qu’a donné la commissaire européenne Viviane Reding à l’action du gouvernement français à l’encontre des Roms. Malgré un communiqué de regret tardif qui fleure bon le remontage de bretelles par les Barroso et autres, dont l’esprit tel qu’il s’exhale ordinairement, et la pratique autiste, autoritaire montrent qu’ils ne sont pas peu siamois du résident de l’Élysée, ou de celui qui lui offrit une préface pour son opus « Témoignage », Grianfranco Fini, chef des décombres renaissants du fascisme mussolinien.

Collaboration, imitation d’une idéologie et d’une pratique qu’on espérait mortes comme la bête, comme le venin, voilà la réalité glaciale du pouvoir français d’aujourd’hui. Nul doute que Woerth, malgré le cuir, la vie dorée et l’impunité qu’on lui maintient, en est conscient et sans doute touché. Il n’est pas de carotte suffisante pour permettre de se laver vraiment les mains de telles taches.

Qui mieux que lui sait qu’il organise une destruction sociale sans précédent ? Qui mieux que lui peut constater qu’il perpètre cet attentat social avec un gouvernement persistant dans la traque aux Roms et avalisant, pour ce faire, des méthodes de police qui consistent à extirper les familles Roms de leurs habitations à six heures du matin, en séparant les femmes de leurs enfants et menaçant de ne pas les réunir de nouveau si les adultes font obstacle à la rafle ?...

Il ne peut non plus ignorer que les Roms sont dans une misère qu’il faut avoir vu pour la croire, et sans cesse chassés d’un coin à l’autre, parce que des maires au-dessous de tout jugent plus légitime de mettre l’argent dans la surveillance et le contrôle de ceux qui les ont élus, ou dans leur poche, suivant la coutume la plus universellement encouragée chez les politiques de tous bords, ou presque.

Woerth n’est que le produit, piégé par un projecteur, de l’accouplement du décile né coiffé et des politiques qui le défendent. Ces politiques s’identifient d’autant mieux à cette caste à l’avidité forcenée et jamais en repos qu’ils en sont issus, pour leur très grande majorité au niveau national.

Ils la défendent comme on défend son territoire, sa famille, et ne voient rien de grave à toucher des chèques pour ça. C’est même et sûrement un titre de gloire, intimement, pour tous ces ministres sortis de la upper-class. Plus nombreux sont les zéros, plus grande est la distinction. Que faire d’autre ? Il n’y a pas d’autre norme, d’autre règle, d’autre sang, chez eux dans la vraie France. De toute façon, l’important c’est que leur monde perdure et que les autres couillons sur qui ils marchent ferment leur gueule, ou tapent sur plus bas, comme toujours.

Woerth ne peut ignorer que la distinction centrale, existentielle du décile supérieur n’est pas le talent, ni même le jugement, mais l’argent. Quelle différence ontologique entre un Dassault et un Rom ?...Le Rom n’a pas d’argent. Woerth le sait, il ne peut non plus se renier.

On prend, on paye. Associés, rosettes, places, chèques, services, escorts. Propres, unis, respect.

TAIMOIN

URL de cet article 11520
   
Même Thème
Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
HOCQUENGHEM, Guy
Préface de Serge Halimi : Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des « repentis » socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n’y avait pas méprise, mais accomplissement, qu’un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu’il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Quand je suis arrivé au pouvoir, les multinationales recevaient 82% des revenus de nos matières premières et nous 18%. Aujourd’hui c’est l’inverse ! J’ai fait ce qu’il y avait à faire pour mon peuple. J’attends maintenant qu’on m’assassine comme ils ont fait avec Chavez.

Evo Morales, Président de la Bolivie

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.