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Manifeste pour un mouvement culturel en Haïti

Introduction

Depuis quelques années, la culture des classes dominantes, est en plein effervescence, privilégiant la langue française à la langue créole. En effet, de caractère plutôt francophone, les évènements culturels comme Livres en Folie, Musique en Folie, les vente-signatures et autres se succèdent. Des festivals et projection de films sont organisés sur les places publiques ; de nouveaux centres et espaces culturels, dont les évènements et activités sont couverts par des revues du genre "Ticket" et qui alimentent également les pages culturelles des quotidiens du pays, émergent. C’est ainsi qu’on voit, reproduits sur papier et défiler sur le petit écran, visages et profil d’écrivains et d’artistes du pays qui font tout pour se faire connaître ; font partie de la même stratégie, les écrivains bénéficiaires pour bonne conduite de voyages à l’étranger, aux frais de pays et d’ambassades étrangères néo-colonialistes, d’où les nombreux visas délivrés périodiquement à la matière grise du pays. Crédit est aussi donné au porte-folio de femmes et d’hommes petit-bourgeois à la recherche de promotions sociales et de possibilités de transfert de classe. Les concours "Miss Video Max" , "Miss Citronnelle" offrent, à quelques femmes de la petite bourgoisie par exemple, l’opportunité de sortir de leur isolement ; c’est aussi pour la grande majorité de cette même classe, une possibilité de sublimer, de phantasmer et de rêver, alimentée par des feuilletons dans le genre "Marina" , "Destin Croisés" , All my Children" etc… ; tout cela se déroule sur fond de guerre, une guerre de basse intensité, ponctuée de crises sociales et de coups d’état, contre ce peuple insolent du 7 février 1986, ce peuple qui s’était permis de réussir une révolution populaire dans les années 1800 et qui s’apprêtait à commémorer ses 200 ans d’indépendance, même formelle.

Il y a un devoir de mémoire à célébrer une révolution, qui basé sur une culture englobant la terre, le vodou, le créole, la médecine traditionnelle et les "chanpwèl" , ébranla le premier ordre mondial et qui participa activement à son éclatement dans toute l’Amérique, en fournissant hommes, armes, argent et encouragements. Les colonisateurs et les colonialistes de tout poil ont éprouvé le besoin de remettre ce peuple d’"emmerdeurs" à sa place, en déclenchant une successions d"embargos, de massacres, de "kidnapping" télé-commandés, mettant la population sous tension et dans un état d’insécurité, de "stress" permanent, pour aboutir à une nouvelle occupation par des forces étrangères.

Que penser de RFI et de la presse étrangère en général, scandant en toute occasion qu’"Haîti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère" et qui sous-entend "pays composé d’une bande d’incapables, d’imbéciles" , alors qu’une planification est imposée au pays de l’extérieur par autochtones interposés, au niveau culturel, religieux, économique, juridique, idéologique, faisant de cette société un pays d’apartheid.

I- La culture comme annonciatrice de changement

Définition

 Culture : totalité des valeurs matérielles (technique, niveau de production, biens matériels) et valeurs spirituelles (science, art, littérature, philosophie, morale, instruction publique. (Cf. Dictionnaire Philosophique) ;

 Civilisation : ensemble de phénomènes sociaux (religieux, moraux, esthétiques, scientifique, techniques) communes à une grande société ou à un groupe de sociétés.

1- Dans l’histoire, le culturel est toujours annonciateur de changement et prépare le chemin pour ce changement. Prenons pour exemples les périodes suivantes :

La Renaissance

La renaissance européenne (du XVè au XVIè siècle, fin de la féodalité en Europe) est un mouvement culturel revalorisant les acquis et idéaux de l’antiquité grecque et romaine ; renaissance littéraire, artistique et scientifique, bref "promotion de l’homme" , essor des techniques : "découverte" de l’imprimerie qui permit de diffuser des textes et invention de la gravure qui rendit possible la vulgarisation des oeuvres d’art de l’antiquité ; l’humanisme apporte une prétendue civilisation, en fait la reconstitution de la domination blanche et capitaliste d’un côté et de l’autre le génocide et l’esclavage aux autres peuples ;

Dans l’antiquité grecque et romaine (deux sociétés esclavagistes : Spartacus, Jésus-Christ, résistant au système), le développement des sciences et des arts cotoyait l’esclavage dans le même espace, dans la même société ; dans La Renaissance, ces deux entités se retrouvent séparées dans deux espaces distincts : d’un côté, le développement des arts et des sciences en Europe et d’un autre côté, l’esclavage dans les colonies, esclavage qui permit d’ailleurs de par ses profits énormes, le développement de cette société "humaniste" , le financement des guerres entre pays colonisateurs, l’accumulation de capital qui permit plus tard l’industrialisation de l’Europe. Mentionnons que l’accumulation du capital en Europe s’est fait avec la main-d’oeuvre servile et non avec du matériel lourd ;

Les faits saillants du règne d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, souverains d’Espagne à cette époque furent :

 L’inquisition (exclusivisme religieux, XIIIe siècle au XVIe siècle), qui fut une guerre sainte contre les arabes et les juifs, pour reconquérir toute l’Espagne et préparer l’unité nationale ; l’inquisition sera aussi utilisée comme blocage du développement scientifique et technique par la répression : crimes d’hérésie, de sorcellerie ;
- La recherche de nouveaux marchés et la conquête de nouvelles terres par Christophe Colomb (1492).

Mercantilisme : la colonie est liée à la métropole au niveau des échanges commerciaux par le système de l’exclusif ; utilisation des colonies comme pourvoyeuses en matière première aux prix les plus favorables et débouché pour certains produits manufacturés ; l’idée était de bannir autant que possible les produits étrangers ;

Objectif : "rebrassage" de toutes les expériences et réadaption de ces expériences à une nouvelle situation, recherche de nouvelles routes commerciales et de nouveaux marchés qui donneront naissance à une bourgeoisie marchande ;

Durant cette période, l’Europe commit trois génocides : la population d’un continent entier, en l’occurrence les indiens d’Amérique, décimée ; le dépeuplement d’un autre continent, l’Afrique ; du transport de l’Afrique à l’Amérique, des milliers d’africains moururent durant la traversée, enchaînés, parqués comme des animaux au fond des cales de négriers et la mise en esclavage dans les colonies avec une espérance de vie très faible.

Les encyclopédistes (1751/1766, XVIIIe siècle)

Définition : bilan, inventaire du savoir humain, univers des connaissances, souci d’appliquer la raison aux domaines les plus vastes et les plus variés, catalogage, bibliothèque universelle ; d’après Diderot lui-même leur intention était de provoquer une mutation dans la manière de penser, révéler à leur contemporains l’univers du savoir humain ; le mouvement encyclopédiste est le prolongement et le renforcement de la Renaissance.

Objectif : inventaire des connaissances au moment de l’accumulation des capitaux suite au pillage des peuples de l’Amérique et à la traite négrière en Afrique, découvertes et industrialisation grâce à cette accumulation de capitaux.

Plus tard, les descendants de ces prétendus civilisateurs s’érigeront en grands défenseurs des droits de l’homme avec leur cour internationale de justice et leurs juges, et en se faisant passer pour des démocrates.

2- Révolution culturelle chinoise (pays ayant subi la colonisation et l’occupation par plusieurs forces étrangères)

A-Les changements dialectiques ou évolution

Situation générale :

 Parti communiste au pouvoir

 Inventaire des spécialités de chaque zone en termes économiques, culturels ;

 Détermination des échanges entre zones, et des complémentarités potentielles de zones entre elles ;

 Identification des plans d’eau et ressources en eau dans les diverses zones ;

 Identification des routes existantes et potentielles ;

 Inventaire connaissances empiriques paysans ;

 Connaissance des saisons et leur interaction dans le fonctionnement du paysan ;

 Etude des changements climatiques, prise en compte des phénomènes écologiques ;

 Révolution 1949.

 Réforme agraire

 Souci de la production agricole comme centre d’unité de production ;

 Liste d’outils et production d’outils aratoires et professionnelles (pelles, brouettes, truelles etc…) qui donneront plus tard les outils plus sophistiqués comme les tracteurs par exemple ;

 Outils pour : agriculture, élevage, fouille de puits, et pompage, irrigation, préparation de sols, stockage, transformation de produits, construction ;

 Production d’engrais à partir de matières végétales (naturels), fabrique d’insecticides, briquetterie, cimenterie, acierie, pépinière ;

 Développement de l’Agro-industrie ;

 Ces activités graviteront autour de la production agricole et se feront dans les quatres coins du pays.

Réforme éducative

 L’école, les bibliothèques, les médias,

 Unité linguistique : la langue des Han est centrale par rapport aux autres langues (français, anglais, espagnol) ;

 La culture de la majorité de la population à la base de la réforme éducative dans tout le pays ;

 Préparation de cadres, alphabétisation/scolarisation (cours de secourisme et de préparation aux catastrophes naturelles, fabrication d’humus, connaissance de la culture paysanne etc…) ;

 Résolution des contradictions : travail manuel/travail intellectuel ;

 Résolution des contradictions théories/pratiques (éducation mi travail, mi étude) ;

 Lutte contre la discrimination homme/femme.

 Changement dans les mentalités :

 amener les gens à utiliser les produits du pays ;

 amener les autres classes dans l’en-dehors, (réconciliation d’avec l’en-dehors) ;

 Développement de la science et de la technique dans le milieu paysan et recul de l’empirisme.

 Percée de la Chine en Amérique Latine ;

 Montée de la gauche en Amérique Latine : Chavez, Lula, Morales, Ortega, Correa ;

 Institutions liant différents pays (PétroCaribe par exemple) ;

 Qu’y a t’il de commun entre les pays d’Amérique Latine/qu’est ce qui les différencie ???

 Informations sur le carnaval brésilien… carnaval dominicain…carnaval antillais. Y a t’il d’autres pays d’Amérique Latine a avoir un carnaval ???

 Blocage historique des rapports entre les peuples d’Amérique Latine par les pays dominants.

II- Enchainement des processus : différents aspects dans la vie d’une société, d’un peuple, d’un individu.

Planification, coordination, responsabilités.

 Aspect linguistique et culturel

 Médecine traditionnelle, bibliothèque, centre culturel ;

 Education mi-travail/mi-étude (éducation et production doivent aller la main dans la main).

 Aspect démographique

 Contrôle des naissances, gestion des catastrophes naturelles.

 Aspect social, familial et sexuel

 Différents besoins fondamentaux : le travail, le manger et le boire, l’habiter, le transport, l’école, les loisirs, la santé ;

 Un enfant par famille (garçon préféré aux filles dans la population).

 Aspect juridique

 Constitution de type socialiste, principes et normes internationaux ;

 Code civil, code commercial, code d’instruction criminelle, code droit international, code penal.

 Aspect financier, économique et administratif

 Autonomie ;

 Budjet/prévision ;

 Rapports entre communes (division du travail, complémentarité) ;

 Rapports avec l’extérieur ;

 Excédent d’exportation par rapport aux importations ;

 Crédit à court terme (le crédit à long terme est un esclavage) ; en 1966, la Chine n’avait plus de dette ;

 Offensive économique en Afrique et en Amérique : offres et opportunités (déblocage des forces productives) ?

 Les américains se préparent pour des "échanges" intensif en Afrique (une des raisons de l’élection d’Obama).

 Aspect scientifique et technique :

 Industrie légère/ Industrie lourde ;

 Non mécanisation de la production au début et emploi massif de main-d’oeuvre ;

 Augmentation de la production agricole ; production d’articles de première nécessité ;

 Exploration de l’espace à leur propre compte.

 Aspect politique et militaire

 Parti unique, centralisme démocratique ;

 Les zones stratégiques de pouvoir et les secteurs industriels stratégiques sont sous le contrôle de l’aile révolutionnaire du parti ;

 Participation du peuple à l’exercice du pouvoir ;

 Droit des peuples de disposer d’eux-même (non ingérence dans les affaires intérieures des autres états).

 Aspect idéologique

 Le Quotidien du Peuple, agence de presse Xinhua.

III- Contradiction

 Capitalisme/socialisme.

 Paysannerie/prolétariat.

 Industrie légère/industrie lourde.

 Ville/campagne.

 Pratique bonus/fierté à travailler pour son pays.

IV- Perspectives ou loi quantitative/loi qualitative

 Développement des infrastructures dans l’en dehors

 Espaces pour stocker les produits ;

 Construction et entretien des infrastructures (canaux irrigations par exemple…) ;

 Passerelles pour traverser les rivières ;

 Confection de bassins de rétention, de puits, récupération d’eaux de pluie ;

 Campagne de reboisement, reforestation, envoi de milliers de personnes dans l’en-dehors ;

 Bonification de terres à l’aide d’engrais fabriqués sur place ;

 Apprentissage de la confection et de l’utilisation de produits comme l’engrais par exemple ;

 Détermination du statut de l’école professionnelle par rapport à l’école classique ;

 Préparation à la décentralisation ;

 Installation d’hôpitaux, d’écoles (espaces passagers) dans l’en dehors ;

 Routes terrestres et maritimes à planifier pour distribuer les produits ;

 Mise en place d’un train de sanctions au niveau judiciaire pour garantir le respect et la stabilité du fonctionnement du système ;

 Espace réservé à des compagnies étrangères qui viennent profiter de la main-d’oeuvre chinoise bon marché ;

 Transfert de technonogie et de savoir-faire obligatoire des compagnies qui viennent travailler en Chine ;

 Autosuffisance alimentaire ;

 Planification sur 5 ans ; contrôle de l’état chinois dans la marche des choses ;

 Entrée dans l’OMC ;

 Réalisation Jeux Olympiques Beijing 2008, Foires Internationales ;

 Mise à profit des Jeux Olympiques pour réaliser de grands travaux d’infrastructure ;
 Envoi de satellites, de fusées et de taïkonautes dans l’espace ;

 Recherche d’énergie à travers les techniques d’énergie reenouvelable (panneaux solaires par exemple), l’envoi de fusées spéciales pour provoquer la foudre, capter cette énergie et la transmettre à une station terrestre, l’envoi de fusées sur la lune….

A- Critiques

Reproches liés à la Révolution Culturelle

On reproche à la Révolution Culturelle :

 La destruction de l’économie du pays ;

 La provocation de la famine avec pour conséquence la mort de milliers et même de millions de gens ;

 La pratique d’une répression terrible ;

 Les contradictions de la théorie de Mao par rapport à la pratique dans la Révolution Culturelle ;

 Le rapprochement du paysan et de l’intellectuel ;

 Le déplacement des gens par la force de la ville vers la campagne ;

 La destruction des temples, des instruments de musique, des antiquités ;

 la personalisation du pouvoir de Mao.

La Chine comme pays ayant brisé la chaîne de dépendance établie par les pays colonisateurs a effectué sa transition du féodalisme à une société socialiste ; cette transition ne saurait se faire sans certaines valeurs du système capitaliste, et ceci sous la direction du Parti Communiste… et les choses vont d’un bon train au point qu’aujourd’hui la Chine est créancière des Etats-Unis.

Soulignons qu’actuellement les Etats-Unis en tant que chef de file du néo-colonialisme sont forcés de prendre des mesures que des membres importants de la classe politique américaine critiquent et qualifient de mesures à caractère socialiste.

Pourquoi les occidentaux critiquent-ils la Révolution Culturelle ?

Dans leur travail de dénigrement permanent et souvent subtil, les occidentaux présentent la Révolution Culturelle comme un échec ; en tant qu’anciens colonisateurs et néo colonisateurs jusqu’à aujourd’hui, ils ne sauraient le faire autrement et, l’exemple chinois ne doit pas être pris comme modèle par les autres sociétés se trouvant dans une situation de domination et d’exploitation. Ils essaient de cacher le fait que la Chine a su procéder à son accumulation du capital par des moyens très simples et qui ne nécessitent l’utilisation d’aucun matériel lourd au départ et ceci à travers tout leur grand territoire.

Et cette mobilisation s’est faite dans une confiance en soi, une confiance dans leur action et dans le développement de leur pays …

N’oublions pas que l’aliénation et l’acculturation sont utilisés comme armes par les colonisateurs et les classes dominanes pour s’assurer le contrôle de populations entières à travers des institutions clé tels que l’église, l’école. La question culturelle est de telle importance que trente ans avant la Révolution Culturelle chinoise, déjà , une vaste offensive a été menée par les colonisateurs pour s’assurer le contrôle des pays passant de la colonisation directe à la colonisation indirecte. C’est une partie des classes moyennes qui a pour rôle de mener à bien dans ces pays une dictature non seulement politique mais aussi culturelle moyennant promotions et transfert de classe. Et c’est sur cette même lancée que négritude et indigénisme virent le jour.

Négritude

Mouvement religieux, pseudo-scientifique, politique, littéraire, culturel donc, ayant pris naissance aux environs de 1932, trois ans après la grande dépression de 1929. Ce mouvement va influencer tous les pays de l’Afrique noire et également les pays possédant une diaspora africaine ; Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire d’origine africaine, mais tous deux citoyens français, alors passés au crible de l’université française constituent les piliers de ce mouvement ; dans le même moment le surréalisme, autre mouvement culturel s’épanouissait à la veille de la décolonisation des pays africains.

Suite aux difficultés générées par les deux guerres mondiales, l’Europe n’était plus en mesure de garder le système colonialiste dans toute sa crudité, … d’où la nécessité d’un réajustement, organisé à l’aide d’autochtones de ces pays, réajustement qui donnera le néo-colonialisme, avec comme instrument la négritude.

Idéologie de la négritude : idéologie des classes dominantes appliquée par une classe moyenne en pleine expansion, et servant à occulter l’existence des classes et de la lutte de classe dans les sociétés africaines et antillaises. Les thèmes utilisés sont : prise de conscience raciale, refus de l’assimilation, aspiration à la grandeur perdue, orgueil, fierté, liberté et égalité, refus du concept de l’inégalité des races, réveil des peuples de couleur d’Afrique, renaissance du nègre à travers le monde.

Néocolonialisme : technique de contrôle à distance des peuples colonisés à travers les autochtones, les assimilés des pays concernés. Ces autochtones mettront un système éducatif basé sur les valeurs et la langue des classes dominantes, système d’ailleurs hors de portée des bourses de la majorité de la population. Ce système aura pour effet de créer des types d’hommes complexés du côté de la classe moyenne et faisant de la majorité de la population des exclus.

Du côté d’Haïti, nous trouvons le mouvement indigéniste, dans le pays qui fut le premier à expérimenter le néo-colonialisme (150 ans), système qui se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Et Haïti fournira les ressources humaines nécessaires à cette restructuration du colonialisme jusqu’en Afrique, venant d’intellectuels fuyant le régime de Duvalier. Cette fuite ne signifie pas une différence idéologique fondamentale entre ces intellectuels et le régime de Duvalier… Elle fait suite dans le cadre de la lutte inter impérialiste, aux mesures économiques et politiques (remplacement de la bourgeoisie pro européenne par une bourgeoisie pro américaine par exemple), prises lors de l’occupation américaine (1915-1934) pour évincer la concurrence européenne d’un pays qu’elle considérait comme faisant partie de sa sphère d’influence.

Aujourd’hui ces pays dominés et particulièrement africains sont convoités plus que jamais pour leur matières premières et de ce fait ils sont les victimes des impérialistes à travers les cinq paramètres suivants : dépendance, violence, rivalité, guerre, misère…

Manifeste pour un mouvement culturel en Haïti ( 2ème partie)

Par Jean-Hénoch Trouillot et Reynal Trouillot

L’indigénisme

Contexte

 Renaissance au niveau culturel

 Etude approfondie du culturel haïtien pour mieux le comprendre, en contrôler les différends aspects ;

 Deux culturels s’affrontent, la culture dominante, féodale/bourgeoise, la culture dominée de la majorité de la population : le phénomène des "rejete" , sorte d’inquisition créole, offensive brutale de l’église catholique contre le vodou avec la complicité des classes dominantes ;

 Dewitts Peters, réserviste de l’armée américaine transformé pour les besoins de la cause en mécène de la culture ;

 Création du Bureau d’Ethnologie pour assurer le suivi au niveau du contrôle et de la gestion du culturel ;

 Utilisation de la culture populaire pour permettre la désocupation et le contrôle par indigénisme interposé ;

 Expansion du protestantisme ;

 Le vodou, la langue créole et la médecine traditionnelle, n’ont jamais été consacrés par le représentant de l’indigénisme monté au pouvoir, en l’occurence F. Duvalier ; pas d’institut de langue, aucune reconnaissance officielle du vodou en tant que religion, aucune possibilité pour la médecine traditionnelle de passer d’un niveau empirique à un niveau scientifique ;

 Tentative des intellectuels de vouloir cacher les liens existant entre l’indigénisme et son application au niveau politique par le régime de Duvalier ;

 Utilisation plus que jamais de l’école haïtienne pour véhiculer les valeurs des classes dominantes et néo-colonialistes ;

 Une bonne partie de l’éducation continue d’être assurée par "Les Frères de l’Instruction Chrétienne" ; le Condordat signé en 1860 par Geffrard est reconduit par F. Duvalier ;

 Bicentenaire de Port-au-Prince : exposition internationale sous Dumarsais Estimé ;

 Théâtre de Verdure devenu plus tard Théâtre National ;

 Création de l’Institut Français ;

 Création de l’USAID.

 Renaissance au niveau politique et militaire

 Ecrasement de la résistance Caco, assassinat de Charlemagne Péralte et de Benoît Batraville ;

 Création de la gendarmerie d’Haïti devenue plus tard l’armée d’Haïti ;

 Vêpres dominicaines : massacre de plusieurs milliers d’haïtiens par Truijillo, Président de la République Dominicaine, en vue d’aider les classes dominantes et l’impérialisme à mettre le peuple haïtien sur la défensive ;

 Désocupation : l’occupant part après avoir mis sur pied une administration complètement dominée par les mulâtres ;

 Pouvoir bicéphale noir/mulâtre ; idéologie noiriste/idéologie mulâtriste avec la fonction d’occulter les rapports sociaux en Haïti ;

 Création de l’armée d’Haïti ;

 Pour les classes moyennes : la question de couleur est une revendication légitime face à une administration occupée par des mulâtres et hommes de couleur ;

 Pour les classes populaires : la question de couleur a également servi à occulter les revendications des masses populaires et cacher la véritable formation de la société en termes de classes sociales.

 Renaissance au niveau économique

 Plantation Dauphin et plantation Phaeton : culture du sisal et du caoutchouc par les américains ;

 Remplacement de la bourgeoisie pro-européenne par une bourgeoisie pro-américaine ; les changements de politique culturelle correspondent à cet remplacement ;

 Haïti devient un modèle de société néo coloniale gangrenée par deux dictatures : une dictature économique et sociale exercée par les classes dominantes (bourgeoisie et grand propriétaire terrien), regroupée en familles et en clans, l’autre essentiellement assurée par la classe moyenne moyennant promotion sociale et transfert de classe, est de nature politique, culturelle et spécifiquement linguistique.

Objectif

 Maintenir la domination de la culture des classes dominantes sur la culture dominée ;

 Maintenir la domination de la culture d’un pays colonisateur sur la culture d’un pays colonisé ou dépendant ;

 Conséquences : l’aliénation des classes populaires et l’acculturation de la classe moyenne ;

 Phase d’étatisation (avant le 7 février 1987)

 Barrage de Péligre finalisé : la priorité est accordé au secteur industriel sur le secteur agricole ; des milliers de poteaux sont dressés et dirigés vers Port-au-Prince ;

 Visite de Léopold Sedar Senghor tout comme Haïle Selassié, comme appui au régime de Duvalier ;

 Aéroport international à Maïs Gaté, dénommé "Aéroport François Duvalier" , puis après le 7 février "Aéroport Toussaint Louverture" ;

 Implantation de la sous-traitance dans le début des années 70 ;

 Elimination des cochons créoles sous le régime de Jn-Claude Duvalier, pour mettre à genoux le paysan haïtien, le cochon constituant la banque du paysan ; cette tuerie des cochons constituera la première application du "plan américain pour Haïti" ;

 Dans le même régime, celui des Duvalier, le pays a passé du noirisme au mulâtrisme, deux facettes d’une même idéologie menant à un contrôle des masses populaires.

 Phase de privatisation et d’ajustement structurel ou politique néo-libérale (7 février 1987) :

 Réutilisation de ces mêmes traditions jamais remises en question : francophonie dominante, religions étrangères systématiquement subventionnées, écoles regroupées en corporation, pillage de la culture populaire à des fins économiques ;

 Application de la politique néo-libérale ;

 Abandon de possibles réparations de Péligre en faveur des groupes électrogènes, des génératrices, des inverters et autres ;

 Chaque période d’instabilité et de changement de gouvernement amène une offensive systématique contre les houmforts, les lakous en vue de mettre le peuple haïtien sur la défensive ;

 La constitution de 1987 a jeté du lest au vodou et au créole grâce aux rapports de force en faveur de la population mobilisée ;

 Education Nationale, bastion des propriétaires d’écoles privées prenant des mesures assez souvent contre les écoles publiques ;

 Les écoles "borlettes" se multiplient ;

 L’encombrement du cimetière de Port-à -Prince, les scandales de cadavres déterrés par les averses amènent l’installation d’établissements spécialisées dans l’incinération de cadavres ;

 Francophonie : offensive culturelle de la France ;

 Livres en Folie : la publication des oeuvres en créole est minoritaire vis-à -vis des oeuvres en français ;

 Création de "Fokal" ;

 Etat généraux de la culture ;

 Nouvelle offensive culturelle impérialiste avec les valeurs véhiculées par la diaspora : concours de musique d’American Airlines, envahissement de la culture américaine (musique, danse, films excessivement violents) ;

 Concours de beauté "miss Videomax" , "miss citronelle" ;

 Explosion du marché du film haïtien ;

 Extension du rap (musique d’inspiration noire américaine, d’un genre mécanisé), dans les quartiers populaires et dans les écrans de télévision ;

 Les frais annuels, dans les écoles sont utilisés comme barrage contre certaines catégories sociales ;

 Accueil désobligeant et humiliant dans les bâtiments publics contre les citoyens créolophones, comme pour leur reprocher de ne pas parler une langue humaine ;

 Intervention de sénateurs et députés qui utilisent un langage approximatif, mélange de créole et de français, au lieu d’utiliser tout simplement le créole ;

 Les conversations entre jeunes hommes et jeunes filles dans la classe moyenne se font en français ;

 Prêche à grande échelle dans les stades de football, à la télévision, dans les radios ;

 Augmentation des coeficiants de taux de réussite au bac.

A-Mouvement littéraire après les Duvalier

Si les mouvements littéraires n’existent pratiquement plus, c’est parce qu’il suivent la courbe d’évolution économique menant au néo-libéralisme et à une vaste désocialisation, une individualisation forcenée (avec internet, la TV et le DVD, les casques d’écoute, le téléphone portable, les jeux video etc…), menant à une ouverture de marché dans le marché et au contrôle de l’individu perdu dans son isolement ou auto-isolement ; ce n’est pas sans rappeler l’attitude du peintre qui dans un esprit opportuniste, refuse assez souvent d’aborder la thématique de son oeuvre, ou de révéler son processus de création, laissant au client le soin d’interpréter son oeuvre sous prétexte de liberté… et de liberté absolue. L’écrivain, lui, exprime son isolement comme une possibilité de grande diversité, mais qui en fait reflète le chaos dans lequel sont plongés les sociétés néo-colonisés et dépendantes. Cet isolement permet à l’éventuel éditeur de renforcer son pouvoir et d’opérer une sélection plus drastique.
Durant cette période d’éclatement et d’isolement, d’instabilité sociale et politique, plusieurs agressions ont lieu contre la religion vodou ; destruction d’objet du vodou dans la mairie de Port-au-Prince, destruction d’un musée de l’indépendance installé dans l’ancien bâtiment du quartier général de l’armée, sabotage de la commémoration des 200 ans d’indépendance du pays (1804-2004), par des intellectuels francophones en complicité avec la France et finalement attaque de houmforts durant les périodes de transition gouvernementale.

Signalons enfin que la culture populaire, le vodou, le créole, la médecine traditionnelle, pour beaucoup d’artistes, de professeurs, d’intellectuels, de professionnels en général sont considérés comme des facteurs de régression sociale.

B- Apports du culturel des masses populaires

Vodou, créole et médecine traditionnelle

Il est de bon ton, de poser la question lors des discussions et causeries sur le culturel haïtien : peut-il être pris en compte dans une perspective sérieuse de développement du pays ?

Il ne peut exister de développement économique et social sans prise en compte de la culture. Le vodou, le créole et la médecine traditionnelle constituent le noyau de la culture haïtienne, et de ce fait sont d’une importance capitale pour toute approche quelconque de transformation et de développement harmonieux de la société haïtienne.
Là encore, le culturel précède les évènements et annonce les bouleversements qui se produisent dans l’espace colonial. Les esclaves de St-Domingue ont mis sur pied un culturel dans l’enfer colonial, pour les aider à se reconstruire une cosmologie, à combattre la férocité de l’esclavage, culturel qui a permis à ces esclaves, nos ancêtres, de résister à une guerre d’extermination et de faire éclater le système colonial, en mettant en échec l’armée la plus puissante et la plus expérimentée de l’époque, celle de Napoléon Bonaparte.

Résistance populaire :

1- Utilisation de l’infanticide, pour soustraire leurs enfants des atrocités du système colonial, suicide, marronage, enpoisonnement de colons, placement de "Wanga" , infirmité simulée ou réelle, crise de possession, souvenir de grands marrons, de grands résistants ;

2- Techniques de guerilla : connaissance du territoire à travers les déplacements des marrons sur ce territoire ;

3- Développement de techniques permettant d’affronter et de battre des ennemis beaucoup plus nombreux et mieux équipés (guerilla) ;

4- Connaissance et utilisation systématique de poisons ;

5- Art du camouflage, utilisation de grottes pour cacher des armes, pour échapper aux poursuites de la maréchaussée, de la police rurale ;

6- Récupération du patrimoine bâti du système colonial esclavagiste après l’indépendance : villes, fortifications, grottes, fonds marins, anciennes routes de guerilla (infrastructure rurale) et construction de fortifications additionnelles ;

7- Similitudes entre guerilla et rara dans des aspects de leur structure et de leur fonctionnement.

Apport historique et géographique :

1- Il y a la connaissance du territoire lors des fêtes traditonnelles à travers le rara, la participation aux fêtes patronales ;

2- C’est celui d’être gardien d’une certaine connaissance de l’histoire du pays, et qui a contribué à l’indépendance du pays en 1804.

3- Ce sont les échanges (oraux) sur l’histoire, avec les jeunes et surtout les vieux du pays.

Le culturel haïtien a une dimension internationale
1- Par la résistance de la masse des esclaves contre l’esclavage et par son influence dans toute l’Amérique ;

2- Par la révolution populaire saint-domingoise qui a abouti à l’éclatement du premier ordre mondial. Haïti a joué un rôle de premier plan dans la région, en aidant tous les pays qui le voulaient, à combattre l’esclavage et à conquérir leur indépendance.

Apport culturel :

1- Appréhension spatiale à travers le traitement et l’utilisation de l’espace construit ;
2- Communication à travers la langue créole, la gestuelle ;
3- Mobilier, artisanat, utilitaires ;
4- Art culinaire ;
5- Stylisme (coiffure ou comment nouer un foulard par exemple), vestimentaire ;
6- Tradition de contes et légendes.

Apport artistique :

1- Sources d’inspiration pour l’architecture, la construction et l’aménagement du territoire en général ;
2- Source d’inspiration au niveau de l’aménagement d’espaces intérieurs, de l’artisanat ;
3- Les arts visuels ne sont pas en reste : peinture, sculpture, artisanat, architecture, appréhension des couleurs, ustensiles, mobilier, arts culinaires, stylisme (art de la coiffure, de nouer un foulard par exemple), vestimentaire, traditions, contes et légendes ;
4- Chants, danses, musiques, poésie sont également mis à contribution ;
5- Le vodou est une source d’inspiration au niveau de la littérature : théâtre, roman, poésie.

Apport socio-éducatif :

1- Cohésion de groupe, préparation à la vie, transmission de connaissance, discipline, socialisation, connaissance des saisons et respect des cycles de la nature ;
2- Respect de règles sociales, avec sanctions sociales correspondantes en cas de transgression des règles, morale.

Apport au niveau de la médecine traditionnelle/botanique :

1- Lien étroit avec la nature et respect de cette nature en général avec l’implication directe d’arbres, de points d’eau, utilisés comme espaces sacrés dans le culte,
2- Connaissance des plantes et leur utilisation dans la médecine traditionnelle.

Apport linguistique : création d’une langue, le créole, permettant la communication entre différentes ethnies africaines, la gestuelle ou système de signes.

Apport philosophique et religieux :

1- Rapports des hommes entre eux, des hommes par rapport à la nature et aux choses construites par l’homme ;
2- Vision de l’univers, avec une certaine compréhension du monde et une cohésion (cosmogonie) ;
3- Rapports du monde vivant au monde invisible, aux morts ;
4- L’individu apaise ses frustrations à travers la possession, en devenant le réceptacle d’un "loa" (traitement curatif, psychanalitique), accepté et vénéré par toute la communauté.
5- Besoin de lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme.

Autres apports possibles :

1- Capacité de rassembler autour de grands projets, indispensables à la communauté, projets d’irrigation, de savoir-faire en agriculture et capable de débloquer les forces productives et de mener le pays à l’industrialisation ;
2- Potentiel économique dans le développement et la systématisation de la connaissance des plantes (fabrication de médicaments) ;
4- Possibilités d’alphabétisation, de vaccination, d’éducation en général par exemple, coumbite ;
5- Développement au niveau touristique (tourisme culturel local et international) ;

Ce culturel pour être viable devra affronter un ensemble de points fondamentaux liés aux problèmes du pays :

 Le blocage des forces productives après une longue période de pratiques de monoculture et de domination des denrées sur les vivres alimentaires ;

 L’exclusion et marginalisation du culturel de la majorité de la population ;

 La démocratie libérale, démocratie dissymétrique entre pays colonisés ou dépendants et pays colonisateurs ;

 La dépendance d’Haïti par rapport à l’étranger, la centralisation à outrance de Port-au-Prince rendant le reste du pays dépendant de la capitale.

Bibliographie

 Le Petit Robert, Dictionnaire le Robert, 1993 Paris ;

 Dictionnaire Philosophique, Editions du Progrès, 1985 Moscou ;

 La Chine en l’an 2001, Editions Stock, 1967 Londres ; Han Suyin ;

 L’Indigénisme devant la Conscience Nationale, Hénock Trouillot (ouvrage inédit) ;

 Itinéraire d’Aimé Césaire, Imprimerie des Antilles, 1968 Haïti ; Hénock Trouillot ;

 Léopold Sedar Senghor et la Francophonie, ouvrage inédit 1970, Haïti ; Hénock Trouillot ;

 L’Arme de la Critique Littéraire, Editions Cidihca, 1988, Canada ; Max Dominique ;

 Apports du Culturel des Masses Populaires, texte inédit, 2006, Haïti ; Raynal Trouillot et Jean-Hénock Trouillot ;

 Nouvo lò d Mondyal yo, 1999, Haïti ; Komite Rezistans Popilè Benwa Batravil.

Conclusion

Ainsi donc l’analyse schématique que nous venons de faire sur la culture en Haïti aboutit à ce que nous pouvons appeler une culture coloniale esclavagiste, avec d’un côté les colons et de l’autre la masse des esclaves.

Aujourd’hui, nous l’avons vu, il existe une culture nationale, à l’intérieur de laquelle nous découvrons également deux cultures diamétralement opposées : une culture dominante et une culture dominée, la première appartenant à la bourgeoisie et aux grands propriéraires terriens, l’autre à la paysannerie et à un embryon de classe ouvrière ; entre ces deux cultures fondamentales, nous trouvons une culture de la classe moyenne comme classe intermédiaire, prolongement de la culture des classes dominantes du pays. Et c’est cette classe moyenne que nous trouvons dans les appareils d’Etat et dans les instances du pouvoir d’Etat avec pour fonction de mener une dictature non seulement politique mais également culturelle moyennant promotion sociale ou transfert de classe.

Caractéristiques culturelles actuelles :

De cette alliance entre classes dominantes et classe politique du pays, nous découvrons cinq caractéristiques dans le fonctionnement de l’Etat, celles d’un Etat :

1) d’exclusion et de répression ; 2) arbitraire ; 3) anti-éducatif ; 4) anti-revandicatif ; 5) mercantile.

Caractéristiques culturelles en devenir :

A ces caractéristiques, nous en opposons d’autres, celles d’un Etat :

1) préventif ;
2) de droit ;
3) éducatif ;
4) revandicatif ;
5) social.

Ces caractéristiques culturelles donneraient la possibilité de lancer des mouvements artistiques, littéraires, scientifiques devant mener à une révolution culturelle en Haïti, ce qui nécessite une prise de conscience sociale sous ses différentes formes : celle des idées politiques et juridiques, celle de la morale, celle de la religion, celle de l’art et celle de la science…

Chronologie de la mondialisation

Le nouvel ordre mondial ou mondialisation, est le maillon d’une chaine de l’exploitation que la classe dominante d’un petit groupe de pays déploie sur la planète depuis la fin du 15e siècle jusqu’au 20e siècle. Le nouvel ordre mondial dont parlent les pays impérialistes est une étape dans l’entreprise économique qui sort de loin. Pour bien le cerner, il faut faire un retour en arrière historique, ce qui va nous permettre de voir que depuis le 16è siècle, chaque étape importante charrie son propre ordre mondial. En cinq siècles, l’humanité a subi cinq (5) nouveaux ordres mondiaux ;

Le premier ordre mondial (16e siècle -18e siècle : 1500 - 1815)

 Capitalisme marchand (1500-1785)

 Renaissance : éclatement du système féodal européen et émergence du système capitaliste dans un contexte de guerre, de tueries, d’exécutions ; ballottage entre des pratiques religieuses et politiques dite de l’Inquisition d’une part et des pratiques de sorcellerie et scientifiques d’autre part. Recherche d’une unité qui mène plusieurs pays européens à la récupération des valeurs antiques pour un renouveau et un meilleur contrôle ; la bourgeoisie crée une institution : l’école, qui donne la possibilité de réunir différentes catégories de personnes dans un même espace.

 Colonisation et esclavage : sous la domination de l’Europe fraichement capitaliste (transformation de l’Europe féodale en Europe capitaliste) ;

 Colonisation de l’Amérique par un petit groupe de pays occidentaux, Amérique qu’ils partagent comme un gâteau ; génocide de la population indienne ;

 Inventaire des connaissances par les Encyclopédistes, et utilisation des découvertes scientifiques financées grâce au pillage de deux continents : l’Afrique et l’Amérique ;

 Les pays africains sont dépeuplés et ses ressortissants sont emmenés de force en Amérique pour servir d’esclaves ; accumulation du capital en Europe (grâce à cette main-d’oeuvre servile), aboutissant à la révolution industrielle (l’Angleterre atelier du monde à cette époque) ;

 Le Colbertisme ou système de l’exclusif.

 Capitalisme industriel (1785-1860)

 L’esclavage et la colonisation ont permis l’apparition et l’expansion du système capitaliste ;

- Les Etats-Unis entrent dans la danse ; indépendance des Etats-Unis ;

 Les pays colonisateurs sont pris dans la tourmente ;

 Révolution bourgeoise en France, en 1789 ; maintien des colonies et du système esclavagiste ;

 Cérémonie du bois Caïman le 14 août 1791 et soulèvement général des esclaves le 22 août 1791.

 Révolution populaire St-Domingoise en 1804 ; formation d’une nouvelle nation : Haïti ; chaîne d’ouvrages de défense construit à travers tout le territoire, dans des points stratégiques et communicant visuellement entre eux pour déclencher rapidement l’alerte en cas d’attaque ; aide donnée par Haïti aux révolutionnaires des autres pays (Miranda, Bolivar etc… Indépendance formelle en cascade de colonies en Amérique ;

Le deuxième ordre mondial (18e siècle - 19e siècle : 1815 - 1919)

 Main basse des pays colonisateurs sur l’Afrique ;

 Expansion également des pays occidentaux en Asie et au Proche-Orient ;

 Les Etats-Unis, puissance coloniale, font leur premier pas dans le néo-colonialisme ;

 Capitalisme financier ou impérialisme (1860 à nos jours)

 Avec le développement du capitalisme, besoin d’un nouvel ordre mondial ;

 Circulation de nouvelles idées : Manifeste du Parti Communiste 1848 - abolition de l’esclavage ;

 La société capitaliste est donc en crise suite aux deux guerres qui affaiblissent l’Europe : première guerre mondiale de 1914 à 1918 et seconde guerre mondiale 1939-1945.

 La Révolution d’Octobre ou Bolchevique en 1917 ;

Le troisième ordre mondial (début du 20e siècle : 1919 - 1945)

 Colonisation et néo-colonisation sous la domination de l’Europe et des Etats-Unis ; nouvelle séparation de territoires ;

 L’Europe occidentale continue d’utiliser la colonisation directe comme instrument de domination ; les Etats-Unis perfectionnent la néo-colonisation : intervensions massives des Etats-Unis en Amérique et dans la Caraïbe ; les Etats-Unis deviennent la première puissance mondiale en tant que profiteur de la guerre ;

 La brutale crise économique de 1929 ;

 Les conditions sont réunies pour une autre guerre (guerre pour le partage de colonies) ;

 Adolphe Hitler attaque : deuxième guerre mondiale de 1939 - 1945.

Le quatrième ordre mondial (20e siècle : 1945 -1989)

 Eclatement des empires coloniaux ; les pays colonisés réclament leur indépendance (les pays africains par exemple) ;

 Nouvelle séparation de la planète à la conférence de Yalta : le monde est divisé en deux blocs : le bloc socialiste et le bloc capitaliste ;

 La Révolution éclate en Chine (1949) ;

 Contrôle économique de l’impérialisme à travers Bretton Woods (création du FMI et de la Banque Mondiale en 1949) ;

 La Guerre Froide s’installe ;

 Eclatement de la Révolution Coréenne en 1954 ;

 Les pays dépendants tentent de faire bande à part : conférence de Bandoung en 1955 ;

 Le nouveau système néo-colonial de l’impérialisme est plus raffiné et utilise la dépendance culturelle, économique, technologique, politique, militaire, idéologique comme arme ;

 La Révolution Cubaine en 1959 ;

 Indépendance formelle de pays africains dans les années 60 : Cameroun (premier janvier 1960), Sénégal (20 juin 1960), République Démocratique du Congo (30 juin 1960), Bénin ( premier août 1960), Côte d’Ivoire (7 août 1960) etc…

 Vint la Révolution Culturelle en Chine (1966), décriée par les colonisateurs et colonialistes de tout poil ;

 La Révolution Bolchévique déraille en 1989, le Mur de Berlin tombe ;

 Retrait des soviétiques en Afghanistan.

Le cinquième ordre mondial

 Le nouvel ordre mondial se construit sur les ruines de l’Union Soviétique ; le monde entier est sous le contrôle économique et militaire des Etats-Unis ;

 Une domination économique revue, corrigée et augmentée ; renforcement des pouvoirs du FMI et de la Banque Mondiale ; guerre économique déclarée ou guerre de basse intensité contre Cuba, Irak, Lybie, Haïti ;

 Renforcement de la domination politique ; politique du bâton sous le leadership des Etats-Unis : Irak, Lybie, Grenade, Panama, Haïti, Somalie…

 Domination militaire arrogante ; renforcement de l’ancien bloc militaire : l’OTAN, l’ONU ;

 Une domination idéologique et culturelle qui se veut totale ; le néolibéralisme, la privatisation et l’ajustement structurel, une démocratie-bidon imposée aux pays dépendants et menant à une désocialisation à outrance : le culturel est individualisé (avec internet, la TV et le DVD, les casque d’écoute, le téléphone portable, les jeux video etc…) ;

 Première conséquence : recul des mouvements révolutionnaires dans le monde ;

 Attaques du 11 septembre sur le territoire américain : attaque économique (tours jumelles), attaque politique et militaire (le pentagone), le quatrième avion probablement dirigé vers Camp David a été abattu par la chasse américaine, vérité cachée par la presse occidentale. Ben Laden est nommé comme étant le cerveau de ces attaques.

 Occupation de l’Irak (pays voisin de l’Afghanistan déjà occupé) par les Etats-Unis pour s’approprier les réserves de pétrole au détriment des russes, des européens, des chinois.

 Le mouvement intermondialiste entre en scène ;

 Les "pays émergents" entrent en scène : la Chine, l’Inde, le Brésil, le Pakistan etc…

 XXIè siècle, la Chine déclarée "Atelier du Monde" par la presse occidentale, une vérité qu’elle ne peut plus cacher ;

 Percée de la Chine en Amérique Latine ;

 Rapports économiques avec Cuba ;

 Montée de la gauche en Amérique Latine avec : Chavez, Lula, Morales, Ortega, Correa ;

 Institutions liant différents pays de l’Amérique Latine (PétroCaribe, Alternative Bolivarienne pour les Amériques par exemple) ;

 Manoeuvres militaires Vénézuela/Russe à la barbe des Etats-Unis ;

 Possibilité d’une monnaie unique en Amérique Latine ;

 Recherche et utilisation d’énergies renouvelables : bio-carburant, eolienne, énergie solaire etc… ;

 Le G8 est transformé en G20 ;

 Les Etats Unis sont en faillite : crise 2007-2008 rappelant celle de 1929 ; faillite de Lehman Brothers, Freddie et Mae, crise au niveau des plus grosses marques automobiles américaines : General Motors, Chrysler, Ford etc… ;

 Election d’Obama : quelles surprises nous réserve l’oligarchie américaine ; en dehors du Moyen-Orient, au dépens de quels autres pays se préparent-ils à se refaire une santé économique ?

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Figures Révolutionnaires de l’Amérique latine
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