La bataille pour la reconnaissance du Kosovo fait rage. Certes, les médias n’en parlent guère mais il semblerait néanmoins qu’à l’approche de la publication du jugement de la Court Internationale de Justice la tension soit bel et bien montée d’un cran.
Un bon observatoire de l’activité des « lobbyistes » pro indépendance du Kosovo est ces jours-ci Lima, capitale du Pérou, où se tient l’Assemblée générale des Etats Latino-Américains.
Si la participation à la réunion de diplomates dument accrédités tel le ministre des Affaires étrangères de Serbie, Vuk Jeremic, apparaît dans l’ordre naturel des choses il est cependant étonnant qu’une délégation albanaise du Kosovo - comme cela a été le cas -puisse se présenter à l’entrée de salle de réunion. En fait, d’après l’agence de presse « Fonet », il semblerait que la délégation du Kosovo soit venu à Lima sur recommandation des Etats-Unis avec le soutien logistique péruvien - le Pérou étant un des très rare pays latino-américains à avoir reconnu l’indépendance de la province serbe.
Par ailleurs, les observateurs sur place ont remarqué que la délégation étasunienne était composée exclusivement de spécialistes de la question du Kosovo ce qui ne cesse de les surprendre puisque à priori la réunion de Lima est consacrée aux questions du sous-continent latino-américain. Aussi, ont-ils été étonné par l’arrivée de l’ex président Bill Clinton venu renforcer une délégation déjà pléthorique. Ce dernier, après Lima, si on en croit la presse péruvienne, se rendra dans les pays de la zone caribéenne qui semblent être - toujours d’après les milieux diplomatiques latino-américains - la cible principale des pressions américaine en faveur de la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo.
Interrogé sur la présence de la délégation du Kosovo, le ministre serbe a précisé que la Serbie avait affaire à un défi très important du fait qu’un pays d’une telle importance se manifeste à une réunion si importante en faveur de l’indépendance du Kosovo. « Dans cette partie du monde, jusqu’à présent, nous avons su faire valoir notre point de vue, nous nous efforçons de les informer de la situation qui prévaut actuellement au Kosovo et nous les appelons à ne pas changer de position », a déclaré en outre Vuk Jeremic.
La majorité des pays comprend la position serbe, il reste cependant à voir le résultat car, selon le ministre serbe, « l’artillerie lourde » est entrée en action.
A l’évidence il y a deux blocs, le premier avec à sa tête les USA et le deuxième avec le Brésil et l’Argentine, a ajouté Jeremic en remarquant que la réunion de Lima est le second exemple récent d’une réunion multilatérale où se font jour explicitement des pressions en faveur de l’indépendance du Kosovo.
En effet, à l’occasion du sommet franco-africain un délégation des Albanais du Kosovo avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères Skender Hisseni a assisté aux travaux de la conférence à l’invitation du Gouvernement français.
Que les réunions de Lima et de Nice soient mis à profit par les Etats Unis et la FRANCE pour faire pression sur des pays appartenant à leur zone d’influence afin qu’ils changent de position par rapport à la question de l’indépendance du Kosovo ne saurait surprendre. Cependant, leur concomitance, en revanche, se doit d’être remarquée pour être mise en rapport avec le calendrier de la Court de la Haye. En effet, celle-ci doit prochainement rendre son verdict concernant la proclamation de l’indépendance du Kosovo. Le dossier serbe est solide du point de vue juridique et la situation internationale n’est guère favorable aux tenants de l’indépendance du Kosovo. C’est assurément avec l’ambition de conjurer la mauvaise surprise d’une décision favorable à la Serbie que les USA et la France ont sorti leur « artillerie lourde ».
En conclusion, un constat s’impose : le monde ne marche pas spontanément comme le souhaiterait les grandes puissances. C’est ce que montrent les réunions de Lima et Nice. Qu’elles aient besoin de sortir « l’artillerie lourde » en dit long, en effet, sur leur incapacité de "persuader" les populations africaines et sud-américaines que leur bienêtre coïncide avec les intérêts du grand capital. Assurément il s’agit d’une bonne nouvelle.
Paris, 8 juin 2010