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L’immunité artistique selon Roman Polanski

Le soutien apporté par l’intelligentsia européenne et le landerneau cinématographique au fugitif Roman Polanski après son arrestation en Suisse pour une affaire de moeurs dévoile leur sens aigu de la solidarité corporatiste en même temps que leur indécente suffisance. Il ne s’agit pas de juger du fond de cette affaire sordide mais de faire le procès de l’arrogance d’une certaine coterie qui prend des licences avec la morale et la justice.

Ils se déclarent tous outrés par tant d’impudence et n’hésitent pas à en faire part publiquement. Bernard Kouchner reconnaît avoir intercédé en faveur de R ; Polanski auprès de son homologue étasunienne quand Frédéric Mitterrand estime « absolument épouvantable » son arrestation « pour une histoire ancienne qui n’a pas vraiment de sens ». Au coeur de ce comité de soutien, on retrouve le facétieux Bernard Henri-Lévy, qui relativise les faits en les qualifiant « d’erreur de jeunesse », lors même que le principal intéressé avait 43 ans au moment des faits. Il se permet même d’admonester Tim Burton pour ne pas avoir profité de la tribune du Festival International du film de Cannes pour exprimer son soutien au cinéaste franco-polonais. Une pétition pour demander la libération de Roman Polanski a déjà réuni plus de cent signataires de premier plan de « la grande famille du cinéma ».

Roman Polanski a fui la justice américaine en 1978, sans jamais y retourner, suite à sa condamnation pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans en 1977. Depuis lors, il a continué à pratiquer son art en toute tranquillité et a été de nombreuses fois consacrés par ses paires.

Roman Polanski est exonéré de toute responsabilité judiciaire sous un ramassis d’arguments spécieux et pitoyables :

-  Son génie artistique :
En mettant en relief son talent, ils suggèrent que son statut lui accorde une certaine impunité. Il est évident qu’il doit être jugé indépendamment de ses qualités artistiques.

-  La partialité de la justice :
Sa suspicion envers la justice est invraisemblable sachant qu’il a bénéficié de l’indulgence de la justice qui a retenu à son encontre le chef d’inculpation le plus léger. On lui a permis de plaider coupable pour des faits requalifiés en délit.

-  L’ancienneté des faits :
Roman Polanski a profité de sa libération sous caution pour fuir la justice. Il a depuis lors soigneusement évité le territoire étasunien. Il ne serait pas logique qu’il tire avantage d’une situation qu’il a lui-même créé. La prescription n’est pas applicable le cas échéant.

-  La non-récidive :
Roman Polanski n’a pas été poursuivi pour des faits de récidive. Cette question n’est donc pas pertinente.
De plus, il a confessé lui-même dans son autobiographie « Roman par Polanski » éprouvé d l’attirance pour « les très jeunes femmes ». Il a même concrétisé son penchant pervers avec Nastassja Kinski, lorsque celle-ci était âgée de 15 ans. Une actrice britannique vient dernièrement de déclarer à la justice américaine avoir été "abusée sexuellement" par le cinéaste au début des années 80, alors qu’elle était âgée de 16 ans.

-  Le contexte historique n’est plus le même :
Roman Polanski voudrait diluer sa responsabilité dans le parfum soi-disant libertin des seventies. Quoi qu’il en soit, à l’époque des faits la majorité sexuelle était de 16 ans. Il ne s’agissait pas de plus d’une liaison consentie mais contrainte avec circonstances aggravantes (fourniture d’alcool et de drogue à une mineure de 13 ans).

-  La victime avait déjà eu des relations sexuelles :
Les prétendues moeurs de la victime ne changent en rien la qualification délictuelle des faits. La victime était, vue son âge, dans l’impossibilité technique de consentir à une relation sexuelle.

-  La victime souhaiterait elle-même que l’affaire soit classée :
Le souhait de la victime n’est pas le seul élément à prendre en considération. La justice peut décider de poursuivre une affaire au seul nom de l’intérêt général. Il est avéré, qui plus est, que la victime a abandonné les poursuites moyennant une importante indemnisation que R. Polanski lui a versé.

L’injustice dans cette affaire ne réside pas dans le supposé acharnement de la justice californienne mais dans le soutien sectateur à un violeur fugitif. Il doit au même titre que n’importe quel quidam supporter le poids de ses crimes. Il n’est pas du ressort de ses amis de fortune, écrivaillons ou politichiens, de définir que son exil doré est une peine suffisante au regard de son génie artistique.
Ces bienfaiteurs de l’humanité, gardiens de toutes les causes, garants de la dignité de la femme, n’hésitent pas à se parjurer dès que le coupable est un homme « de leur rang » et dès lors digne de leur compassion sélective.

Monsieur Roman Polanski ne peut peut-être plus se taire mais il sont nombreux à ne plus pouvoir entendre leurs fariboles pathétiques.

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