Francisco Herreros a effectué un reportage dans toute la zone dévastée par le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi. L’écho qu’il en fait est loin des images véhiculées par les médias traditionnels, il estime que les chiliens ne peuvent encore mesurer l’effet que cette catastrophe a eu sur leur société, par contre il a pu prendre la mesure de l’inaptitude du nouveau président Sebastián Piñera à gérer la crise, de la mauvaise qualité des gestions privées et du désarroi des populations locales.
Après un parcours de cinq jours, et presque deux mille kilomètres, à travers des lieux dévastés par l’une des plus grandes catastrophes dans l’histoire du pays, notre première conclusion montre que la situation est plus grave et dramatique que ce que les Chiliens imaginent, et que ce que les médias ont donné à voir.
Cela conduit à la seconde conclusion, relative au processus de reconstruction qui se mesurera nécessairement en années. Il n’est pas rare que de grandes catastrophes naturelles conditionnent les stratégies de développement et même les processus politiques des pays où elles éclatent.
Le tremblement de terre qui a détruit Chillán en 1939, a entraîné la mise en place de la Corporation de Promotion et de Reconstruction (CORFO), institution étatique qui a conduit le processus d’industrialisation du pays jusqu’en 1975, quand la dictature l’a transformée en agent de la privatisation du patrimoine public.
En 1972, le tremblement de terre de Managua a marqué le commencement de la fin du régime d’Anastasio Somoza, au Nicaragua. L’incompétence notoire du gouvernement de Miguel de la Madrid dans le traitement du tremblement de terre de Mexico en 1985, a été l’un des facteurs qui a érodé l’aura d’intangibilité du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), et qui a fini par son éviction en 2000.
Le tremblement de terre du 27 février 2010 au niveau des régions du Maule et de Bào-Bào est arrivé à la veille de l’intronisation d’un gouvernement de droite, qui disposera virtuellement de la totalité du pouvoir. Avec lequel il voit probablement une possibilité d’aller plus loin dans un modèle économique néolibéral. Modèle qui, selon notre opinion, est la première cause de l’incapacité dont l’État chilien a fait preuve dans la gestion dans cette crise de grande ampleur.
En conséquence, et comme troisième conclusion, seule l’organisation qui sera capable de remettre en avant une citoyenneté qui a déjà souffert de 30 ans de néolibéralisme rampant pourra éviter que l’actuelle catastrophe ne devienne un nouveau prétexte pour un gain capitaliste, et un nouveau facteur d’oppression et de détérioration des conditions de vie des populations frappées par la tragédie.
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