Appel du Collège de l’Ecole Emancipée.
Le mouvement social du printemps a mobilisé les personnels de l’éducation dans un mouvement massif et durable autour du rejet de la décentralisation de milliers de personnels. Il a porté dans le même temps la mobilisation, aux cotés des autres salariés contre la réforme des retraites.
Ce mouvement pour le service public d’éducation révèle depuis quelques années déjà , le refus de voir abandonner une ambition collective pour l’école, avec à la clé, le renoncement à la lutte contre l’exclusion scolaire. La massification, facteur d’une dynamique de démocratisation, est aujourd’hui en crise.
Les écarts se creusent entre une population scolaire exclue de l’école et ceux qui profitent le mieux du système. En effet nous constatons aujourd’hui que l’allongement de la scolarité s’accompagne d’une déscolarisation d’enfants des familles défavorisées et d’un mal vivre profond dans un nombre grandissant d’établissements.
Le constat est sans appel : le taux de réussite au bac ne progresse plus, le nombre d’enfants sortant du système scolaire sans diplôme ne diminue plus. Cette exclusion scolaire se caractérise par une sorte de palier infranchissable. Ce palier peut-être dépassé par un autre niveau d’engagement.
Au contraire, tout indique que le système éducatif ne franchira pas ce seuil. L’abandon d’une ambition collective pour l’école, au delà des remises en cause de principe sur le collège unique par exemple, se caractérise concrètement tous les jours sur le système éducatif.
Les politiques budgétaires d’étouffement ont des conséquences lourdes sur le système éducatif. La décentralisation de personnels et de leurs missions, les recrutements en baisse, les formations au rabais et le développement de la précarité comme nouvelle norme sociale au côté d’un socle de personnels statutaires ; font pression sur l’école, sur ses personnels et sur les élèves et leurs familles.
Ces mécanismes d’éclatement relayés par les pressions politiques locales autour des projets divers ne font que développer les tendances consuméristes et laisser en crise les maillons faibles du système éducatif.
CONTRE L’EXCLUSION
Le développement massif du chômage, des populations pour lesquelles la précarité est depuis longtemps le seul horizon, des comportements sociaux de plus en plus portés vers l’individualisme ont pour effet de reporter sur les services publics des réponses à ces situations. L’école reste encore perçue comme seul repère structurant, donnant encore du sens et des perspectives pour beaucoup de familles.
Mais confier à l’école la mission de maintenir une cohésion sociale dont l’Etat ne se porte plus garant ne peut que la mettre en échec.
La crise profonde qu’elle traverse est pour l’essentiel due à la rupture du consensus social autour de son objet.
Cette rupture risque aujourd’hui d’être durable et profonde.
Trouver le chemin d’une ambition émancipatrice et collective pour l’école, ne peut se mener avec ce Gouvernement de démolition sociale, dont l’objectif est d’accélérer les processus de démantèlement du service public d’éducation, de casser les solidarités, d’étrangler la dépense publique et d’abandonner aux mains du marché le sort de millions d’individus. L’idéologie des inégalités sociales ne peut servir de référent à l’école.
En tout état de cause, le débat sur l’école que le Gouvernement veut engager est suspect au regard de sa politique réelle, et des conclusions probables déjà annoncées.
Au contraire, le mouvement social doit s’emparer du débat scolaire avec ses forces propres et déboucher sur des propositions et un projet scolaire cohérent avec l’ambition de la réussite de tous les élèves dans un monde ou solidarité, égalité sociale et territoriale structurent la société.
L’Ecole Emancipée s’adresse à la FSU pour prendre ses responsabilités et s’engager à solliciter l’ensemble du mouvement syndical, des acteurs du système éducatif qui se sont déjà exprimés pour une école pour tous ; et tous ceux du mouvement associatif qui se battent pour la justice sociale et l’égalité, dont le forum social est l’expression, pour faire entendre leur voix sous forme par exemple d’états généraux du mouvement social sur l’Ecole.
En tout état de cause, l’Ecole Emancipée s’attellera à cet objectif.