Comme ne cesse de le dire depuis plus d’un an le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), au sortir de la grande séquence électoraliste du printemps 2022, la France va devenir un pays ingouvernable. En effet, le second tour des législatives révèle d’abord la persistance d’une abstention majoritaire, frôlant le record de 201, notamment dans les classes populaires : une part sans cesse croissante de la classe ouvrière fait sécession et choisit de délégitimer le président en place et avec lui, ce système verrouillé par la classe dominante. Ainsi, non seulement Macron n’obtient pas la majorité absolue, mais il n’est pas certain qu’il l’aura avec le renfort de ses amis de la droite officielle. La déroute des laquais zélés de la Macronie comme Castaner, Ferrand ou Montchalin, ainsi que des Macron-compatibles Woerth et Estrosi, symbolise le discrédit absolu d’un parti, LREM, qui voit son nombre de députés divisé par deux par rapport à 2017. Déjà, la Macronie cherche à élargir auprès des forces européistes et atlantistes, y compris les faux partis de « gauche » PS et EELV avec lesquels la « France insoumise » a décidé de s’allier – au prix de l’abandon de son slogan de 2017 : « l’UE, on la change ou on la quitte ! ».
Certes, le score de la France insoumise est appréciable, mais il demeure nettement éloigné de l’ambition mélenchonienne d’être élu Premier ministre, fût-ce au prix de l’abandon du combat contre l’UE du Capital et contre l’OTAN (dont s’est vanté Olivier Faure dès le soir du premier tour) et de la remise en scène d’un PS aux abois. Quant au PCF, il ne parvient pas à composer seul un groupe parlementaire, illustrant le pathétique échec de la « candidature identitaire » de Fabien Roussel et d’un PCF ayant accepté de n’avoir qu’un nombre minimaliste de candidats aux élections législatives. Au total, la NUPES s’est révélée incapable de mobiliser les classes populaires et les jeunes largement abstentionnistes ou, malheureusement, se rabattant encore prioritairement sur le mensonger « Rassemblement national ».
Un RN qui apparaît, dans le cadre du discrédit de l’ordre établi, comme le principal vainqueur de ce second tour des élections législatives. Un RN qui aura profité de l’appui d’une partie des faux « Républicains » et de la Macronie qui assimilent « l’extrême gauche » (sic) au RN ; mais aussi des abandons politiques et idéologiques de la part de la « France insoumise » pour s’incliner progressivement devant l’ordre euro-atlantique. La montée en flèche spectaculaire du RN atteste que la fascisation dénoncée par le PRCF depuis des années est devenue une donnée structurante du paysage politique français.
Finalement, le résultat le plus intéressant du scrutin du point de vue de la classe laborieuse est que le pays devient de plus en plus ingouvernable. Et cela, alors que l’UE presse Macron d’en finir avec ce qui reste des conquêtes sociales et démocratiques et des services publics et que la classe laborieuse signifie indirectement qu’elle ne se laissera plus faire. Car le monde du Travail rejette de plus en plus l’ordre euro-atlantique, porté par la Macronie et ses pâles copies « vertes-roses-bleues-brunes » toujours déterminées à démanteler la République une et indivisible, le « produire en France », les retraites par répartition, la fonction publique, etc., tout en s’alignant toujours plus sur Washington, Bruxelles et Berlin.
Bref, il faut plus que jamais se souvenir de la phrase de Lénine : « c’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs). » A condition naturellement que les militants franchement communistes mettent les bouchées doubles pour reconstruire le parti d’avant-garde, que les syndicalistes de classe coordonnent sans complexe la contre-attaque populaire, que la jonction s’opère entre les gilets jaunes et les drapeaux rouges dans la rue. Et surtout, que les véritables amis de la paix, du progrès social et de la démocratie, comprennent qu’il est grand temps, plus que jamais, de construire en bas l’alternative rouge et tricolore indispensable pour sortir notre pays des griffes de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
Ce combat, le PRCF et les JRCF continueront de le mener de toutes leurs forces pour reconstruire un Parti VRAIMENT communiste et en faveur de l’Alternative Rouge et Tricolore, la seule alternative désormais crédible pour qu’advienne enfin le Frexit progressiste dont les travailleurs de France ont urgemment besoin pour rouvrir à la France la voie du socialisme et du pouvoir au peuple travailleur !
Les résultats définitifs à 23h50
558 circonscriptions sur 577
NUPES : 137
divers gauche : 13
Macronistes (Ensemble ) 236
Centre : 4
LR UDI : 63
divers droite : 8
RN : 88
autre extrême droite : 2
régionalistes : 6
résultats en cours de dépouillement 19
Le PCF remporte 12 sièges (1 perte, 2 gains).
En nombre de voix d’après le ministère de l’intérieur
Abstention : 26 124 406 voix, 53.77%
Macronistes (Ensemble !) : 8 003 240 , 16.47% – 245 sièges
NUPES : 6 556 681 , 13.49% – 131 sièges
RN : 3 589 465, 7.61% – 89 sièges
LR : 1 447 838, 2.98% – 61
Blancs et nuls : 1 716 191, 3,53%
divers gauche : 443 282 , 0.91% – 22
régionalistes : 264 779, 0.54% – 10 sièges
divers droite : 231 071, 0.48% – 10 sièges
divers centre : 99 145 , 0.2% – 4
UDI : 64 443, 0.13% – 3
droite souverainiste : 19 306 , 0.04%, 1 siège
divers – 18 295 0.04 – 1 siège
Divers extrême gauche : 11 229 voix 0.02% des inscrits – 0
le décompte du ministère de l’intérieur par sensibilité était faux au 1er tour. Voici le décompte produit par Le Monde
Ensemble et centre (Macron) 252
NUPES : 142
Gauche : 13
RN et autre extrême droite : 91
LR UDI et divers droite : 72
régionalistes : 6
divers : 1
De fait, Macron outre son bloc de 247 députés est assuré du soutien partiel de LR UDI (64 députés) pour mettre en œuvre le programme de destruction et d’exploitation du pays élaboré par l’UE MEDEF avec une majorité effective de 300 parlementaires. Pour accélérer les lois de fascisation, à l’évidence ils auront également le soutien du groupe RN de plus de 90 députés.
Le pari de Mélenchon, d’alliance avec EELV et le PS aura surtout profité à ces deux partis qui réussissent en dépit de leur faiblesse à constituer des groupes. Le PCF de Roussel lui devrait à grand peine conserver son nombre de député, sans progresser et apparaît comme le lésé de l’affaire. Le résultat de la NUPES demeure très loin de la majorité, avec une faiblesse dramatique à mobiliser la jeunesse, la classe ouvrière, s’illustrant par les défaites directe face au RN dans de trop nombreuses circonscriptions.
retrouvez la carte interactive des résultats (Le Monde : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/06/19/carte-des-resultats-des-legislatives-les-deputes-elus-circonscription-par-circonscription_6131057_4355770.html)