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Un entretien avec Gabriele Förster

Allemagne : « Aujourd’hui, 38 pourcent des citoyens sont sans confession » (Junge Welt)

«  Jeudi saint », des organisations athées se mobilisent pour une sortie collective de l’Eglise dans treize villes allemandes.

Gabriele Förster est porte-parole suppléante de l’Union internationale des libres penseurs et athées (Internationaler Bund der Konfessionslosen und Atheisten (-IBKA)), dans le Land de Hesse.

Sous le mot d’ordre « Je te laisse prier, laisse-moi danser ! », des organisations laïques appellent à une sortie collective de l’Eglise à l’occasion du jeudi saint. Pourquoi ?

C’est la troisième fois les laïques et les humaniste manifestent dans toute l’Allemagne contre la réglementation intolérante qui interdit tout bal, événement sportif et fête quelconque - et même les manifestations - pendant ces jours fériés, dits « de repos » ! Des protestations sont organisées dans treize villes, par exemple Munich, Trier, Kaiserslautern, Saarebruck et Mayence. Nous militons ainsi pour la tolérance au nom de nombreux croyants mais aussi d’heureux athées. Nous ne voulons détourner personne de sa foi ni troubler ses prières - mais nous ne voulons pas nous laisser imposer de rester calfeutrés tout le vendredi saint dans notre petite chambre. A Francfort, par exemple, un lapin rose indiquera à ceux qui veulent quitter l’Eglise le chemin du tribunal administratif où leur sortie de l’Eglise sera enregistrée. Nous les informerons aussi sur leur «  vie d’après ».

Qu’entendez-vous par là ?

A Francfort, nous distribuerons une sorte de «  kit de survie » avec des informations sur ce qui se passera pour eux après leur sortie de l’Eglise : personne ne sera abandonné. Les organisations humanistes animent de nombreux groupes et associations dans lesquels on peut s’engager activement. En effet, aujourd’hui en Allemagne, 38% des citoyens sont sans confession. On ne les voit pas parce qu’ils n’ont pas de représentants aussi puissants que les églises. C’est ce que nous voulons changer.

Comment expliquer que, malgré qu’elles la critiquent, de nombreuses personnes hésitent à tourner le dos à l’Eglise ?

A cause de la légende Caritas : beaucoup de gens croient que leurs impôts ecclésiastiques sont affectés à des oeuvres sociales et de bienfaisance. Mais c’est en bonne partie faux. Seulement dix pourcents environ de l’impôt ecclésiastique sont affectés à des buts sociaux. Les hôpitaux et les maisons pour personnes âgées sont financés à près de cent pourcent par l’Etat et les assurances sociales. Les Eglises sont radines aussi pour les jardins d’enfants et les crèches. On y éduque les enfants dans la religion, mais on laisse les frais à la charge de l’Etat.

Pourtant, l’Eglise garde la main en matière de droit du travail dans ses établissements. Les syndicats y sont souvent interdits ; inutile pour les homosexuels, les non-croyants ou les non-chrétiens, les divorcés puis remariés de poser leur candidature ; ils peuvent même être licenciés pour ces motifs. Pourtant tous ces gens contribuent, avec leurs impôts, au maintien de ces institutions, exactement comme les catholiques et les protestants. Une foule de croyants forcés restent dans l’Eglise parce qu’ils travaillent pour elle. Nous, nous disons : économise l’impôt ecclésiastique, dépense plutôt cet argent pour une organisation de ton choix. Nous donnerons une information à ce sujet pendant les actions que nous organisons.

Quelles organisations participent ?

Dans le land de Hesse, il y a la Fondation Giordano-Bruno (Giordano-Bruno-Stiftung (GBS)), le Groupe régional Rhein-Main des humanistes séculiers, les socialistes laïques, l’Union internationale des libres penseurs et des athées et la Sainte Eglise du monstre en Spaghetti volant (Pastafarisme)

Est-ce que cette organisation existe vraiment ou son nom est-il parodique ?

Elle existe vraiment - elle est née aux Etats-Unis. L’idée de « l’église du monstre en Spaghetti volant » est d’exagérer les dogmes religieux au point que chacun réalise que les systèmes de pensée qui les sous-tendent sont absurdes. Il ne s’agit pas seulement d’une plaisanterie qui fait dire une messe à la nouille pendant laquelle on se jette une bière derrière la cravate. Il s’agit de mettre en évidence avec quels prétextes l’Eglise s’assure des privilèges.

Même le fait sortir dans la rue coûte une taxe administrative - 25 euros à Francfort, ailleurs plus de 30 euros. Avec quelle justification ?

Bonne question. D’ailleurs nous écrivons à l’association dont nous souhaitons démissionner une lettre avec les mots : « C’est tout ! » Nous avons organisé des parrainages pour que les plus pauvres puissent aussi se payer une sortie dans la rue le jeudi saint.

Lien sur la Sainte Eglise du Montre en spaghetti volant : http://sainteglisedumonstreenspaghettivolant.blogspot.ch/

Url article d’origine : http://www.jungewelt.de/2013/03-26/030.php

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