Le président bolivien bloqué à Vienne (Autriche) à son retour de Moscou (Russie), soupçonné d’avoir embarqué à bord de son avion Edward Snowden, l’analyste américain en fuite. L’affaire provoque l’indignation en Amérique latine, tandis qu’Evo Morales devrait pouvoir regagner son pays ce mercredi. La France, suivie du Portugal puis de l’Italie, a finalement donné son feu vert dans la nuit de mardi à mercredi pour que l’avion du président puisse survoler son territoire, après avoir suspendu son autorisation de survol. C’est ce qu’a annoncé un porte-parole du ministère bolivien des Affaires étrangères.
La présence de Snowden à bord de l’appareil présidentiel a été formellement démentie par la Bolivie. Le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca, a fustigé, ùmardi lors d’une conférence de presse à La Paz, « des rumeurs infondées ». « Nous ne savons pas qui a inventé cet énorme mensonge. Nous voulons exprimer notre mécontentement, car la vie du Président a été mise en danger », a-t-il ajouté. Il a précisé que « des explications seraient exigées à Lisbonne et Paris » et que « les lois du trafic aérien avaient été violées ».
Les péripéties du président Morales ont indigné ses alliés dans la région. « C’est un attentat contre la vie du président Morales », a déclaré le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Elias Jaua, dont le pays est l’un des principaux alliés de la Bolivie. Il a également parlé d’« agression grossière, brutale, impropre et non civilisée » de la part « de gouvernements d’Europe et des Etats-Unis » qui « mettent en danger la vie d’un président ». Le ministre des Affaires étrangères de l’Equateur, Ricardo Patiño, pays où Snowden a également envisagé de se réfugier, a estimé que « cela semble une terrible offense au président Morales ».
Manifestation devant l’ambassade de France en Bolivie
A La Paz, quelques dizaines de personnes ont manifesté mardi soir devant l’ambassade de France pour protester contre le refus initial de Paris d’ouvrir son espace aérien au président Morales. Par ailleurs, des communautés indigènes proches de Morales ont annoncé des manifestations à venir devant les ambassades des Etats-Unis, de France, du Portugal et d’Italie, taxées d’hostilité envers la Bolivie.
L’analyste américain Edward Snowden est recherché par les Etats-Unis pour ses révélations fracassantes sur le programme d’espionnage de son pays. Il a dévoilé un programme américain secret de surveillance des communications mondiales et notamment mis au jour le système d’espionnage des Etats-Unis pour surveiller les communications de l’Union européenne. Il a demandé l’asile politique à de nombreux pays, dont la Bolivie, mais a pour l’heure essuyé plusieurs refus. La Russie lui a signifié qu’il pouvait rester sur son territoire à condition de cesser ses révélations. La France, pour sa part, affirme n’avoir toujours pas reçu de demande officielle d’asile. Quant aux Etats-Unis, ils ont fait savoir qu’ils avaient « bon espoir » que Snowden rentre dans son pays. Pour l’heure, il est supposé se trouver toujours dans la zone de transit d’un aéroport de Moscou.