Communiqué de la Coordination Nationale des Sans-Papiers.
L’ami Léon Schwartzenberg nous a quitté hier terrassé par un cancer. Le "
vieux Léon ", comme nous aimions l’appeler affectueusement, était de toutes
les causes justes, de tous les combats sociaux, anti-racistes et
démocratiques.
Comme tu nous l’as maintes fois raconté, c’est d’abord à " l’école " de la
résistance à l’occupation Nazie et à la collaboration pétainiste que s’est
formée en toi, la conviction profonde et intime de la nécessité absolue de
lutter contre les injustices sociales, les discriminations, le racisme et le
fascisme qui déshumanisent la société et la République.
Sans logis, Sans Emploi, Sans Papiers, toujours là , au moment où la lutte
prend une tournure désespérée, pour relancer la foi et la confiance dans la
victoire des déracinés du Nord et du Sud en lutte contre les effets
dévastateurs de la re-mondialisation.
En ce moment douloureux, tous les Sans Papiers de tous les Collectifs de
France se remémorent cette lueur salvatrice, ce réconfort, cette passion
d’une humanité humanisée que propageait ta simple présence. Partout, à
chaque occupation, à chaque grève de la faim, à chaque manifestation, ton
engagement rassurant impulsait une nouvelle énergie à notre lutte pour la
dignité et les droits humains. Tu as été pour nous l’antidote de la peur, du
désarroi et du désespoir quand tout espoir semblait perdu dans les multiples
épreuves imposées aux Sans Papiers par la fuite en avant répressive et
l’arbitraire des gouvernements successifs.
A la fin du 19éme et au début du 20éme siècle, les exploités et les opprimés
de l’époque trouvèrent en JAURES et en ZOLA l’écho indispensable à la noble
cause de DREYFUS ; Disons le avec force, cher LEON, la lutte des Sans Papiers
pour la régularisation globale et pour qu’aucun humain ne soit illégal, est
la nouvelle " affaire Dreyfus " de la fin du 20éme siècle et du début du
21éme siècle. Elle a trouvé en toi l’écho qui fait que notre cause juste et
légitime triomphera.
Tu as incarné jusqu’au bout la devise proclamée par JAURES : " Le courage,
c’est de chercher la vérité et de la dire : c’est de ne pas subir la loi du
mensonge triomphant qui passe ". Ce principe fondamental a été porté par toi
à un niveau inégalé. En effet, tu as cherché et trouvé la vérité sur les
Sans Papiers, tu as refusé de subir la " loi du mensonge " qui fait le lit
du fascisme lepéniste, y compris " contre le manque de courage politique "
de tes " amis politiques " comme tu nous le disais souvent.
Républicain tu as été ; Républicain tu es, Républicain tu restera à jamais
dans nos coeurs. Oui, tu avais raison de déclarer devant les tribunaux pour
les damnés de la terre SDF et Sans Papiers : " je m’énerve toujours, mais
nous nous substituons à l’incompétence des pouvoirs publics " ou encore "
pendant l’occupation à 6h, c’était le marchand de lait qui sonnait à la
porte, puis les policiers de Papon passaient. Aujourd’hui c’est la police de
la République qui vient arrêter les Sans Papiers à domicile. Que direz vous
à vos femmes, à vos enfants ce soir en rentrant ? ".
Cher Léon, reçois notre
reconnaissance et notre gratitude.
Les Sans Papiers sont en deuil, le mouvement des Sans Papiers est en deuil.
Adieu cher Léon, tu peux aller en paix, ton combat continue !
A ton épouse Marina VLADY, à ta famille, à tes amis, la Coordination
Nationale des Sans Papiers présentent ses condoléances les plus attristées.
Paris, 14 octobre 03
Coordination Nationale des Sans-Papiers
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