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A propos du rôle de l’individu dans l’histoire

Selon Georges Plekhanov (1856-1918)

L’éditorial de Théophraste R. qui cite K. Marx (*), amorce évidemment des réflexions sur la place de l’action personnelle dans l’histoire.
La question a été pensée par les marxistes.
L’ouvrage de Plekhanov n’existe pas sur Internet, c’est pourquoi j’en propose quelques extraits qui vont à l’essentiel, au détriment de la saveur des exemples (la Pompadour entre autres), ou des critiques d’autres penseurs comme Bossuet, Sainte-Beuve ou Mignet.

Les particularités personnelles des grands hommes déterminent donc la physionomie individuelle des évènements historiques, et le hasard, au sens où nous l’avons dit, joue toujours un certain rôle dans le cours de ces évènements dont l’orientation se trouve en dernière analyse définie par les causes dites générales, en réalité par l’évolution des forces productives et les rapports que celles-ci déterminent entre les hommes dans le processus économique et social de la production.

Les phénomènes dus au hasard et les particularités personnelles des grands hommes se remarquent beaucoup mieux que les causes générales qu’il faut aller rechercher dans les profondeurs.

Le XVIIIe siècle ne s’était guère préoccupé de ces causes générales [...] Les avocats de la nouvelle tendance historique (...) dans leur effort pour souligner au maximum l’action des causes générales ont laissé de côté les particularités personnelles des artisans de l’histoire. A les en croire, les évènements historiques n’auraient pas été modifiés d’un cheveu si l’on avait substitué les uns aux autres des individus plus ou moins capables.[...]

Aujourd’hui, on n’a plus le droit de tenir la nature humaine pour la cause première et la plus générale du devenir historique.

Ce qu’il faut aujourd’hui tenir pour la cause première et la plus générale de ce devenir, c’est l’évolution des forces productives, lesquelles conditionnent les changements successifs dans les rapports sociaux entre les hommes.

A côté de cette cause générale opèrent des causes particulières, c’est-à -dire la situation historique dans laquelle se déroule l’évolution des forces productives d’un peuple, et qui est elle-même créée en suprême instance par l’évolution de ces forces chez les autres peuples, ce qui nous ramène à la cause générale.

Enfin, l’influence des cause particulières est complétée par l’action des cause individuelles, c’est-à -dire des particularités personnelles des hommes d’Etat, et l’ensemble des "hasards" grâce auxquels les évènements revêtent finalement leur physionomie individuelle. Les causes individuelles ne peuvent introduire de modifications fondamentales dans l’action des cause générales et des causes particulières qui conditionnent de surcroît la direction et les limites de l’action individuelles. Il n’en demeure pas moins incontestable que l’histoire changerait de visage si les causes individuelles qui y agissent se trouvaient remplacées par d’autres du même ordre. [...]

La grandeur du grand homme ne consiste pas en ce que ses qualités personnelles donnent une physionomie individuelle aux grands évènements de l’histoire. Elle consiste en ce que le grand homme a des qualités qui le rendent le plus capable de servir les grandes nécessités sociales de son temps, lesquelles naissent par l’opération des causes générales et particulières. [...]

Les rapports sociaux ont leur logique : tant que les hommes se trouvent entre eux dans de certains rapports, ils vont nécessairement penser, sentir et agir d’une certaine façon. L’homme d’Etat n’a rien à gagner à engager la bataille contre cette logique : le cours naturel des choses, c’est-à -dire cette logique des rapports sociaux, réduirait à néant ses efforts.

Mais si je sais dans quel sens les rapports sociaux se modifient par l’effet de certains changements dans le processus économique et social de production, je sais du même coup dans quel sens la psychologie sociale va se modifier et j’ai donc la possibilité de l’influencer. Influencer la psychologie sociale revient à influencer les évènements historiques.

Dans un certain sens, je peux donc faire l’histoire quand même, sans avoir besoin d’attendre qu’elle "se fasse".

(*) « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » Karl Marx

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Point de non-retour
Andre VLTCHEK
LE LIVRE : Karel est correspondant de guerre. Il va là où nous ne sommes pas, pour être nos yeux et nos oreilles. Témoin privilégié des soubresauts de notre époque, à la fois engagé et désinvolte, amateur de femmes et assoiffé d’ivresses, le narrateur nous entraîne des salles de rédaction de New York aux poussières de Gaza, en passant par Lima, Le Caire, Bali et la Pampa. Toujours en équilibre précaire, jusqu’au basculement final. Il devra choisir entre l’ironie de celui qui a tout vu et (…)
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