Je me demandais l’autre jour comment il a pu se faire que la capacité opérationnelle d’une opposition politique se soit éteinte et soit aujourd’hui à reconstruire pratiquement à partir de zéro.
Etant entendu que c’est aujourd’hui le problème des problèmes, et étant entendu que, comme pour tout processus historique, ses causes sont plurielles, je veux uniquement m’arrêter, brièvement, sur une cause de nature spécifiquement culturelle.
L’époque de la démocratie et de l’opposition politique à partir du bas a été une période bien délimitée qui commence aux environs du milieu du XIXe siècle, et où la leçon marxienne a joué un rôle fondamental.
Plus précisément, la leçon marxienne a été fondamentale pour comprendre, et faire comprendre, que, dans le monde moderne, tout changement de mœurs et d’opinion qui devient hégémonique a toujours une racine primaire dans la « structure », c’est-à-dire dans la sphère de la production économique et de la gestion du pouvoir correspondante.
Si, (…)Lire la suite »
L’autre jour, j’assistais à une belle discussion de thèses ayant pour objet des auteurs de ce qu’on appelle les études postcoloniales (« post colonial studies »).
Tout était intéressant mais, tandis que j’écoutais des arguments de Frantz Fanon, Edward Saïd, etc, j’ai eu, à un certain moment, ce que les psychologues de la Gestalt appellent une Intuition (Einsicht, Insight).
On parlait de la façon dont les études postcoloniales cherchent à affaiblir les théories philosophiques, linguistiques, sociales et économiques au moyen desquelles les colonialistes occidentaux avaient « compris » les peuples colonisés en projetant sur eux leur propre auto-perception.
J’écoutais comment on analysait la nature psychologiquement destructrice du colonialisme qui, en imposant une identité coloniale asservissante, attaquait même la santé mentale des peuples soumis.
Ces blessures psychologiques, cette pathogénèse psychiatrique se produisent dans la mesure où le regard colonial ôtait au colonisé (…)Lire la suite »
1) Au lendemain de l’invasion, l’Europe avait deux options :
Elle pouvait accompagner les nécessaires sanctions d’une demande auprès de Zelensky et de Poutine de lancer des négociations immédiates sur la base des deux requêtes fondamentales du contentieux : la neutralité de l’Ukraine et le respect des accords de Minsk. Si Zelensky ne s’était pas senti couvert et protégé pour la poursuite de la guerre, on pouvait probablement obtenir la paix en une semaine.
Ou bien, et c’est le choix qui a été fait, l’Europe pouvait se mettre à dire que Poutine était le nouvel Hitler, un fou, une bête, elle pouvait se mettre à ravitailler l’Ukraine en argent, instructeurs et armements lourds, elle pouvait déchaîner une vague de russophobie gênante et persévérer sur cette ligne jusqu’à dire (Josep Borrell) que la guerre devait se décider sur le terrain (les diplomates qui s’improvisent guerriers en risquant la peau des autres).
2) En fournissant à l’Ukraine des quantités d’armes et sans aucune (…)Lire la suite »
Résumons :
Le 6 avril 2021, à Ankara, dans le cadre d’une rencontre diplomatique au plus haut niveau entre l’UE et la Turquie, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, s’est vu assigner un sofa, placé à quelque distance du président du Conseil de l’UE, Charles Michel, et du président turc Erdogan. Symétriquement, sur le sofa situé en face de Mme von der Leyen, se trouve le ministre des Affaires extérieures turc.
Mme von der Leyen manifeste son étonnement devant cette disposition.
Comment interpréter cet événement ?
1) Partons de la clé de lecture à peu près universellement utilisée comme clé principale dans les médias italiens (et pas seulement), c’est-à-dire que ce serait l’expression du sexisme/machisme d’Erdogan.
Or, on sait qu’en Turquie, pays qui a vu une alternance entre les vieilles majorités laïques liées aux militaires, et des gouvernements de type islamiste, se livre depuis un certain temps une bataille, politique et culturelle, entre une (…)Lire la suite »
Hier, reportage sur la BBC. Titre : « Cinq adolescents qui ont changé le monde » (Five teens who changed the world »).
On y raconte l’épopée moderne de Greta Thunberg (engagée contre le changement climatique), Malala Yousafzaï (héroïne de l’émancipation féminine anti-talibans), Emma González (survivante d’une fusillade dans un lycée étasunien et militante du contrôle des armes à feu), Jack Andraka (inventeur d’un test médical dans une foire étasunienne pour petits inventeurs), Amika George (qui soutient le droit des femmes les moins fortunées à avoir des serviettes hygiéniques gratuites).
En dehors de quelque effet comique involontaire de cas un peu inégaux, cette charretée de « nouveaux héros » s’avère assez éclairante. Elle nous montre une façon significative qu’ont les membres de l’appareil médiatique de l’Occident industrialisé de protéger les intérêts des couches sociales qui signent leurs chèques.
On mettra tout de suite de côté toute question concernant la valeur humaine ou l’exceptionnalité réelle des adolescents ci-dessus mentionnés. Il peut se faire que les jeunes concernés soient (…)Lire la suite »