L'image de Sinwar, vêtu d'un keffieh, couvert de poussière, avec un bras blessé ou sectionné, dans un bâtiment en ruine, lançant un bâton sur le drone qui le filme, dans un dernier acte de défi, n'a laissé personne indifférent. Sinwar est mort comme il avait vécu, en tant que chef de la résistance, fidèle à la cause palestinienne jusqu'au bout. Le bâton de Sinwar est devenu un symbole de la cause palestinienne, la métaphore de la persistance de la résistance dans la lutte contre une force d'occupation écrasante et meurtrière. Le bâton de bois, l'arme la plus simple qui soit, l'arme des pauvres, contre les armes les plus sophistiquées que l'on puisse trouver sur cette planète. (Un an après le soulèvement du ghetto de Gaza, partie 4)
Il s'agit peut-être d'un de ces documents que la classe politique occidentale n'a jamais lu. Dans une interview remarquable, le rapporteur spécial des Nations unies sur la Palestine a déclaré ce qui suit : « Tant que Gaza ne se révoltera pas, tant que Gaza ne sera pas périodiquement bombardée avec les armes les plus sophistiquées au monde, tant que Gaza ne fera pas la une de la presse mondiale, le monde ne fera rien pour changer cette situation ». Ce qu'il a dit en 2019 n'est pas différent de ce que le Hamas a décidé de faire le 7 octobre 2023.
Le 7 octobre commémore le soulèvement de Gaza. Un nouveau déluge médiatique sur « l'attaque terroriste du Hamas contre Israël » s'abat sur nous. Ainsi, nous entendrons que le 7 octobre a été « la pire attaque contre des civils juifs depuis l'Holocauste ». Le 7 octobre, dit-on, c'est le jour où tout a commencé : l'attaque israélienne contre Gaza, contre la Cisjordanie, contre le Liban, contre le Yémen, contre la Syrie et contre l'Iran. L'utilisation démagogique du terme « Holocauste » pour l'action du 7 octobre n'est pas seulement une insulte aux millions de victimes juives qui ont péri aux mains de la machine industrielle allemande nazie. C'est aussi une insulte aux Palestiniens, qui n'étaient en rien impliqués ou responsables du massacre occidental. Le 8 octobre 2023, cette comparaison démagogique devait surtout servir à justifier la guerre d'extermination programmée contre le peuple palestinien et ses alliés auprès des dirigeants et des peuples américains et européens : « Vous ne voulez pas avoir un deuxième Holocauste sur la conscience, n'est-ce-pas ? » Ce 7 octobre, revenons sur ce qui s'est passé au cours des vingt dernières années. Pour comprendre pourquoi, ce jour-là, la résistance palestinienne n'a eu d'autre choix que de sortir du ghetto de Gaza.
Est-ce le soulèvement du ghetto de Gaza le 7 octobre 2023 qui a déclenché le génocide israélien à Gaza ? Ou, au contraire, la tempête d'Al Aqsa était-elle précisément un ultime soulèvement contre le génocide silencieux et planifié qui se déroule depuis des années en Palestine occupée et qui est maintenant entré dans sa phase finale sous les yeux du monde entier ?
(La tempête Al-Aqsa et nous, le soutien à la résistance est un droit légitime (partie II) En janvier 2006, lors des (dernières) élections parlementaires en Palestine occupée, le Hamas, qui se présente sous le nom de Parti du changement et de la réforme, remporte le plus grand nombre de voix, soit 44 % contre 41% pour le Fatah, l'Autorité palestinienne. Le Hamas conquérait ainsi une forte majorité de sièges (74 pour le Hamas et 45 pour le Fatah). À partir de mi-juin 2007, en réponse à cette victoire électorale, Israël impose un siège total de Gaza, transformant ce petit bout de terre en ghetto et provoquant ainsi son implosion complète.
Y a-t-il encore une vie après Gaza ? Récemment, un ex-collègue, professeur dans les prisons, m’envoyait ce message à propos de Gaza, adressé à tous ses contacts : « Plus jamais ça ! et Pas en mon nom ! Vous voyez de quoi je parle, n’est-ce pas ? Inacceptable, intolérable, insupportable, immonde, ignoble, à gerber, ces événements me rendent malade, pas vous ? » Oui, comme beaucoup d’autres, ce qui se passe à Gaza me rend malade, moi aussi. Nie wieder, Never again, Plus jamais ça, nous l’avions écrit en grandes lettres dans les livres d’histoire après le ghetto de Varsovie, après Hiroshima, après Auschwitz. Mais, comme le disait Arundhati Roy lors d’une conférence sur Gaza, le « Nie » et le « No » sont tombés, il ne reste que « Wieder » et « Again ». Les horreurs d’il y a quatre-vingts ans ont repris vie à Gaza 2024.
« Reconnaissez-vous le droit à l’existence de l’État d’Israël ? ». Sur proposition de la CSU/CDU (le parti d’Angela Merkel droite démocrate-chrétienne, du groupe PPE au Parlement européen), tout candidat devra répondre « oui » à cette question. Sans quoi sa demande de nationalité allemande sera refusée. L’exigence allemande de reconnaître l’existence d’un État raciste, colonial, en train de commettre une épuration ethnique et un génocide contre le peuple palestinien, dépasse l’entendement.
L’homme a dû comparaitre plusieurs fois devant un tribunal néerlandais pour incitation à la haine et à la discrimination, mais a été acquitté à chaque fois. Pendant les dernières dix années, deux de ses visites provocatrices « contre l’islamisation », sous le nom de « Islam safari », à la commune de Molenbeek à Bruxelles ont été interdites par les bourgmestres. Même refus d’entrée en Grande-Bretagne et en Suisse, où il voulait présenter son film contre l’Islam « Fitna ». Aujourd’hui, ce même Geert Wilders et son parti d’extrême droite PVV (le Parti pour la Liberté) viennent d’obtenir 37 sièges lors des élections du 22 novembre aux Pays-Bas. Le PVV devient ainsi le premier parti en nombre de sièges au niveau national. Dans 250 des 342 communes néerlandaises, le parti est le plus fort, ainsi que dans des villes comme Apeldoorn, La Haye ou Rotterdam.
« À tous les peuples libres du monde : nous observons vos actions. Nous voyons leur grand impact et la confusion qu'elles provoquent chez les agresseurs sionistes… (Abou Obeida). Un message encourageant de la résistance pour maintenir les manifestations de solidarité et pour casser l’interdiction de soutenir la résistance jusqu’à la victoire… « Nous avons voulu changer toute la situation actuelle, pas juste avoir une énième confrontation avec Israël. Nous avons réussi à remettre la question de la Palestine sur la table et dans toute la région le calme a disparu », a déclaré Khalil al-Hayya, un des responsables du Hamas, dans une interview dans le New York Times…
Les dirigeants israéliens ne cachent pas leur objectif génocidaire : exterminer le Hamas jusqu’à son dernier membre, tuer un maximum de Palestiniens par des bombardements systémiques, causant une dévastation et une souffrance indescriptibles, rasant de la carte des quartiers entiers, des mosquées, des camps de réfugiés, des écoles, des hôpitaux, des églises. « Chaque membre du Hamas est un homme mort ». Cette grande déclaration de Netanyahou ne sera jamais réalité face au peuple palestinien qui résiste depuis 75 ans. Quand la résistance politique et armée est l’expression de la résistance d’un peuple, quand elle est avec le peuple comme un poisson dans l’eau, quand elle est soutenue au niveau mondial comme c’est le cas pour la Palestine dans le passé et aujourd’hui, elle saura surmonter l’horreur et elle ne sera jamais vaincue.