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Auteur : Fulvio SCAGLIONE

L’Occident a perdu la guerre avec la Russie, les États-Unis ont gagné celle avec l’Europe.

Fulvio SCAGLIONE
Comme il fallait s'y attendre, la météorite de la réélection de Donald Trump, prédite par beaucoup dans son résultat final mais pas dans ses proportions retentissantes, a généré un bruit de fond presque incontrôlable. À deux mois de l'investiture et alors que les principales nominations au sein du gouvernement des EU n'ont pas encore été décidées, nous risquons d'être emportés par une vague de suppositions, d'inférences, de fake news et de prétendues révélations qui ne reposent presque toujours sur rien, ou sur l'imagination des journalistes. Le fait que ces « informations “ proviennent presque toujours des mêmes sources, publiques ou privées, qui diffusent des ” informations » similaires depuis des années (le Nord Stream a été dynamité par les Russes, les Russes utilisent des puces de machines à laver pour leurs missiles, les Russes se battent avec des pelles parce qu'ils n'ont pas d'armes, etc.), n'aide évidemment pas à nous réconforter. Et c'est presque drôle l'idée que Trump (…) Lire la suite »

Ukraine, l’héritage belliqueux de Joseph Borrell

Fulvio SCAGLIONE

Josep Borrell quitte ses fonctions de haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de défense. Et comme cela arrive dans des cas similaires, il a dû décider qu'il était temps d'enlever quelques cailloux de sa chaussure. Dans son cas, des pierres, plus que des cailloux.

Il a commencé par déplacer à Bruxelles la réunion de défense étrangère de cette période, qui se tient habituellement dans le pays exerçant la présidence. Mais il s'agit de la Hongrie, dirigée par Viktor Orban qui, avec la "mission de paix" non convenue qui l'a conduit à Moscou, Kiev et Pékin (puis à Washington pour le sommet de l'OTAN), a exaspéré Josep Borrell et bien d'autres. Ensuite, Borrell s'est exercé sur le Moyen-Orient, un sujet sur lequel il a longtemps eu des positions très différentes de celles de la présidente Von Der Leyen. Il a dénoncé la tendance du gouvernement israélien à piétiner le droit humanitaire et "l'intention inquiétante de déplacer la population en Cisjordanie comme il l'a déjà fait à Gaza", puis a accusé Netanyahou de pratiquer une sorte de déportation massive par les armes. Enfin, le plat de résistance : l'Ukraine. Josep Borrell a participé à une conférence de presse avec le ministre ukrainien des affaires étrangères, M. Kuleba, ce qui a permis à ce (…) Lire la suite »

Biden-Zuckerberg, Macron-Durov : ce dont nous parlons quand nous parlons de démocratie

Fulvio SCAGLIONE
Le débat qui se développe sur les médias sociaux à propos des derniers choix politiques d'Emmanuel Macron est intéressant. Il y a ceux qui parlent, sic et simpliciter, de coup d'État. Et il y a ceux qui rétorquent : tout est régulier, la Constitution française le dit. Avant de plonger dans le débat, faisons un petit récapitulatif des épisodes précédents. 8-9 juin, élections européennes : avec 31,3% des voix, le mouvement de Marine Le Pen et Jordan Bardella dépasse tout le monde et obtient 31 sièges. Besoin d'Europe, la coalition dont Renaissance, le parti de Macron, est également membre, s'arrête à 14,6 % des voix et 13 sièges. Autant que Réveiller l'Europe, la petite coalition menée par le Parti socialiste. 30 juin, élections législatives anticipées. Prenant acte du mauvais résultat, le président Macron convoque des élections législatives anticipées. Le résultat, conforme à la proposition du "front républicain" contre la droite, change la donne : la droite de Le Pen-Bardella (…) Lire la suite »
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Nord Stream, ce sont les Ukrainiens qui l’ont fait. Et voici qui en a profité

Fulvio SCAGLIONE

Mais qui l'aurait cru ? Qui aurait pu imaginer que l'Ukraine pouvait être à l'origine de l'attentat qui a fait exploser les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 dans la mer Baltique, près de l'île danoise de Bornholm, le 26 septembre 2022 ? Les porte-drapeaux de l'"information de qualité" ne nous avaient-ils pas expliqué qu'il s'agissait de la Russie ? D'autre part, vous savez, tous les pays, dès qu'ils entrent en guerre, font sauter leurs infrastructures les plus importantes (Gazprom détient 51% des parts), les plus rentables et les plus sensibles politiquement. C'est bien connu, c'est comme ça que ça se passe.

Aujourd'hui, après deux ans d'enquêtes ridicules, de faux-fuyants, d'absurdités gratuites, l'État allemand émasculé, par l'intermédiaire de son système judiciaire, lance un mandat d'arrêt. Il s'agit d'un Ukrainien : Volodymyr Zhuravlov, un instructeur de plongée qui aurait coordonné les opérations d'une petite équipe de saboteurs. Manifestement, les Allemands ont agi à la manière du chancelier Scholz, déjà traité de "saucisse de foie" par l'ambassadeur ukrainien : Zhuravlov résidait en Pologne et, entre l'annonce de la justice allemande (le mandat d'arrêt a été émis en juin) et la bienveillance des autorités polonaises, il a pu rejoindre la mère patrie sans encombre. Deux autres personnes, un homme et une femme, sont soupçonnées d'avoir participé à l'attentat, mais aucun mandat n'a été officialisé par l'Allemagne. Il existe également plusieurs photos de Zhuravlov. L'une d'entre elles aurait été prise par un radar sur l'île de Ruegen, en Allemagne, alors qu'il conduisait une (…) Lire la suite »

Zelensky, l’offensive ukrainienne et le "mystère" des 10 000 hommes

Fulvio SCAGLIONE

Au-delà des considérations politiques et stratégiques plus larges, l'un des aspects les plus intéressants de l'offensive que les troupes ukrainiennes mènent dans la région russe de Koursk concerne le personnel militaire impliqué. Nous savons qu'il s'agit d'environ 10 000 hommes, et les vidéos provenant de la zone de combat témoignent du fait qu'il s'agit en grande partie d'unités d'élite, équipées des meilleures armes parmi les nombreuses fournies par les pays occidentaux. La question qui se pose alors est la suivante : comment et où les commandants ukrainiens ont-ils obtenu une force de frappe aussi importante et massive ? Et quels espoirs les Ukrainiens placent-ils dans cette expédition ?

Les Russes réagissent et il ne fait aucun doute qu'ils déploieront tous leurs moyens pour repousser les Ukrainiens au-delà de la frontière. Vladimir Poutine a envoyé son conseiller militaire personnel, le général Aleksej Dyumin, pour coordonner les opérations depuis Koursk, montrant ainsi qu'il veut suivre la crise de près (au fait, qu'est-il arrivé au ministre de la défense Andrei Belousov, soudainement silencieux ?). Pendant ce temps, les lignes de ravitaillement des Ukrainiens s'allongent et la dynamique de leur avancée est fortement réduite. Si l'opération se déroule bien, Zelensky aura une carte importante à jouer. Mais que se passera-t-il si elle se passe mal ? Si ses troupes sont, tôt ou tard, contraintes de battre en retraite après avoir subi des pertes importantes ? N'oublions pas non plus que les Russes n'ont déplacé aucune troupe hors du Donbas, où ils continuent d'attaquer. Le sujet est important car, ces derniers temps, l'Ukraine a éprouvé de sérieuses difficultés à (…) Lire la suite »

Mohammed Ben Salman : Ne touchez pas à l’argent de Poutine. Voici comment l’Arabie saoudite menace les finances de l’UE

Fulvio SCAGLIONE
L'entente cordiale entre l'Arabie Saoudite et la Russie, signe des temps qui changent mais aussi résultat de plus de dix ans d'activisme diplomatique de Vladimir Poutine à l'égard du Moyen-Orient (son premier voyage dans la région, notamment en Israël, remonte à 2005 ; le dernier, en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, à décembre 2023), vient de subir un nouveau coup dur en ces heures. Selon l'agence Bloomberg, en effet, les Saoudiens ont averti qu'ils pourraient liquider certains investissements qu'ils ont réalisés au fil des ans dans la dette de certains pays européens si le G-7 devait saisir les quelque 300 milliards de dollars d'actifs russes gelés depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, dont la majeure partie (plus de 90 %) est détenue précisément dans l'UE. Selon les rumeurs, le pays le plus visé par les autorités saoudiennes serait la France. Et l'avertissement, appelons-le ainsi, aurait été transmis confidentiellement à plusieurs autres pays par le ministère des (…) Lire la suite »

Et si la Chine envahissait la Pologne ? Ne vous inquiétez pas, c’est une blague. Pour l’instant

Fulvio SCAGLIONE

Levez la main si vous l'auriez dit il y a quelques années. Qui aurait imaginé qu'un jour, entre le 8 et le 19 juillet 2024 pour être précis, un petit contingent militaire chinois s'entraînerait à des manœuvres anti-terroristes ( antiterroristes ?) avec ses collègues locaux dans les environs de Brest, à quelques kilomètres seulement de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, pays membre de l'OTAN ? Et juste au moment où l'OTAN célébrait son 75e anniversaire à Washington, avec l'habituelle série de vagues promesses de bienvenue pour l'Ukraine de Zelensky, qui reçoit au contraire toutes les armes possibles tant qu'elle continue à se battre (aussi) en notre nom.

La participation de la Chine aux manœuvres en Biélorussie était manifestement prévue de longue date, mais elle s'est glissée dans une série de coïncidences qui, l'une après l'autre, alourdissent un peu le tableau. L'OTAN, à Washington, a enjoint Pékin de cesser d'aider la Russie et l'a qualifiée de danger pour l'Occident, laissant entendre que cette attitude ne sera pas sans conséquences. Voici donc ce qui se passe en quelques heures : l'armée de l'air et la marine chinoises mènent l'action “ d'avertissement ” la plus massive contre Taïwan depuis des années, avec 7 navires et 65 avions de chasse, et la Russie et la Chine annoncent (puis effectuent) une patrouille commune dans le Pacifique Nord, la quatrième depuis 2021. Nous avons déjà parlé des Chinois à la frontière polonaise. Et peut-être n'est-il pas inutile de rappeler que la Chine, en refusant de participer à la conférence de paix sur l'Ukraine en Suisse, avait déjà envoyé un message assez clair à ceux qui pouvaient penser la (…) Lire la suite »

États-Unis, Russie, Chine... Le mur est tombé, le XXe siècle est terminé, il est temps de changer

Fulvio SCAGLIONE

Il y a deux ans et demi, après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, nos journaux dressaient la liste des prétendus poutiniens et expliquaient comment les sanctions internationales allaient rapidement déchirer la Fédération de Russie. Dans le même temps, on donnait à l'Ukraine les armes dont elle avait besoin pour se défendre : il n'y avait rien d'autre à faire, les Russes n'avaient pas réussi à occuper Kiev (on peut douter que c'était l'intention, mais peu importe, c'était l'air), ils allaient être vaincus. Ceux qui quittaient le droit chemin étaient soit de mauvaise foi (Poutinistes), soit ne comprenaient pas, soit les deux : souvenez-vous de la tentative malencontreuse de Mario Draghi de nous culpabiliser avec la question angoissante "Voulez-vous des climatiseurs ou la liberté ?".

Plus désespéré qu'avant Bon. En fait, mal. Deux ans plus tard, nous y sommes. L'échec des sanctions est tellement évident qu'on n'en parle plus. Et on n'en parle pas non plus parce que, tomo tomo cacchio, l'Europe achète du pétrole russe revendu par l'Inde, la Russie achète à des pays comme l'Arménie ou la Géorgie les marchandises que les Européens vendent en sachant très bien qu'elles finiront en Russie, et les États-Unis achètent (cette année pour 1 milliard de dollars) de l'uranium russe pour les centrales nucléaires. Sur le front, les choses se passent comme elles se passent. Et d'ailleurs, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, exige que les pays occidentaux autorisent les Ukrainiens à utiliser leurs armes les plus puissantes aussi pour frapper le territoire russe, et non plus seulement pour chasser les Russes du territoire ukrainien. Ce beau gosse d'Emmanuel Macron, un jour sur deux (le jour où il ne dit pas le contraire) propose d'envoyer des soldats européens (…) Lire la suite »

L’Ouest et Poutine

Fulvio SCAGLIONE

Fulvio Scaglione a été rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Famiglia Cristiana de 2000 à 2016. Correspondant de l'Union Soviétique et de la Russie, il a suivi la transition de la Russie et des anciennes républiques soviétiques, puis la guerre en Afghanistan, en Irak et les questions relatives au Moyen-Orient. Il est considéré comme la voix du pape François en matière de politique étrangère, une ligne plus progressiste qui tranche avec celle prônée par ses prédécesseurs plus proches de la droite néoconservatrice.

En 23 ans au Kremlin, Vladimir Poutine a été tenu pour fini un nombre incalculable de fois. Parce qu'on n'a pas compris que... https://letteradamosca.substack.com/p/il-vizietto-delloccidente Sur la photo ci-dessous, celle de gauche est une couverture de The Economist (Royaume-Uni) datant de 2011 : le titre indique "Le début de la fin pour Poutine". Celle de droite, en revanche, est la page d'accueil de Foreign Affairs (États-Unis) d'il y a quelques jours, en juin 2023 : le titre dit "Le début de la fin pour Poutine ?". En douze ans, la seule différence réside dans ce petit point d'interrogation. Douze ans pour s'interroger. Ce ne sont là que deux exemples de l'éternel vice de l'Occident, particulièrement prononcé lorsqu'il s'agit de la Russie. Celui de prendre les souhaits pour des réalités, les hypothèses pour des faits. Deux exemples qui, à vrai dire, ne figurent même pas parmi les plus flagrants. Pour 2011, The Economist a évoqué la "révolution blanche", c'est-à-dire la (…) Lire la suite »
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