Nos pays ont érigé la victimisation en nouvelle culture occidentale. Après la conquête du monde pour le christianiser, puis pour lui apporter la civilisation et enfin la démocratie et les droits humains, par le massacre des populations et le vol de leurs richesses, voici venue l’heure de nous présenter comme victimes. Victimes du terrorisme barbare. Victimes des attentats horribles qui ont bouleversé et « changé la face du monde pour toujours », peut-on lire sur presque tous les médias, sans provoquer le moindre froncement de sourcils.
Le pape François, lors de sa visite en Irak, s’est employé à dénoncer la situation dans le pays et a fait appel à la cessation des violences et à l’unité des différentes confessions. Soit. Qui ne le souhaiterait pas ? Le problème est qu’il a réduit la question des violences et des intolérances à la question du terrorisme. La plupart des journalistes lui ont allègrement emboîté le pas.
Trente ans, soixante ans… Ces dates peuvent sembler lointaines, des événements du siècle passé. En particulier pour les jeunes générations, nées au vingt-et-unième siècle et confinées aujourd’hui pour la première fois de leur jeune existence. Et pourtant, ces événements marquent profondément notre présent.
C’était après les vacances de Pâques 2013. Une enseignante me téléphone, en larmes. Un de ses élèves, de 15 ans, n’est pas revenu à l’école. Il est parti en Syrie avec un autre camarade de l’école, d’un an son aîné. Les deux mamans sont effondrées. Elles cherchent désespérément de l’aide…
En Belgique, nous manifesterons le 15 mars contre la répression d’état, en France le 19 mars pour la justice et la dignité. Ici et là, le même désir de dénoncer les violences policières. Le cas de Théo, en France, a fait éclater une nouvelle fois au grand jour la virulence de la violence policière et son caractère intrinsèquement raciste. Si cette violence perdure, ce n’est pas faute d’avoir été dénoncée à de multiples reprises. Si la violence raciste au sein des forces policières racistes, c’est qu’elle est soutenue, voire encouragée par le racisme « policé », civilisé, bien éduqué, des élites politiques et intellectuelles de la société.
Nadia Geerts se laisse aller suite à la publication dans La Libre d’un texte intitulé « Voilées et féministes », dans lequel des féministes musulmanes voilées et non voilées appellent, selon Nadia Geerts elle-même, à « se rencontrer pour que nous fassions enfin société ensemble ».