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Auteur : Hervé HUBERT

Si seulement nous étions moins bêtes

Le chemin vers l’analyse pratique psycho-sociale

Hervé HUBERT

« Le chemin vers l’analyse pratique psycho-sociale, essai sur le transfert social » : tel est le titre du livre qui vient d’être édité au Brésil (484 pages) et qui publie près de mes 80 articles écrits entre 2006 et septembre 2021.

Cette compilation d’articles a été faite par Maico Costa, psychologue au Brésil, Docteur en psychologie. Il en est aussi le traducteur en portugais. Les articles ont d’abord été publiés en France et sont pour la plupart accessibles sur internet, les références étant données dans le livre. Variés et contradictoires parfois, ils permettront je l’espère de cerner dans l’étude de ces contradictions, certains enjeux cruciaux réels afin de pouvoir saisir l’abrutissement dans lequel le mode de production capitaliste nous plonge. Il s’agit de mieux saisir l’abrutissement pour en sortir et bâtir un autre monde d’intelligibilité humaine, créer d’autres rapports sociaux. « Si seulement nous étions moins bêtes ! » clame avec humilité Galilée dans la pièce de Brecht « La vie de Galilée ». Marx auparavant avait contribué à l’analyse de cette calamité en donnant un indice : « La propriété privée nous a rendu si stupides et si bornés qu’un objet n’est nôtre que lorsque nous le possédons » Il (…) Lire la suite »
Extrait du L’Airétiq

Nuit Debout ! Un acte de portée politique dans le transfert social - Réflexions de psychanalyse sociale (5e partie)

Hervé HUBERT

Ne pas céder sur la valeur de l’acte posé par Lénine en 1917 ou Comment penser les perspectives révolutionnaires avec l’outil du transfert social

J’ai souhaité écrire sur Nuit Debout ! car ce phénomène met en avant l’idée de refus du système du « Faux Sphère » capitaliste. Nuit Debout ! dans la pratique — et il convient de partir du primat de la pratique — a consisté à rompre le cycle circadien lié au rythme du travail, aux habitudes sociales, aux répétitions de la vie quotidienne, dans le but de parler collectivement. Par cette forme de rupture d’un rythme, l’acte Nuit Debout ! met ainsi en question, l’aberrant de la répétition dans la vie quotidienne. N’est-il pas aberrant de vivre comme nous le faisons, en subissant l’imposition, le diktat, le forçage d’un ordre économique et politique aux répercussions si graves et nuisibles pour une vie vivante ? Nous sommes loin de la fin de la faim qui tue, et concevoir la vie de chaque camarade humain comme une œuvre artistique ne peut faire partie du discours capitaliste. Paradoxe ou contradiction ? L’événement Nuit Debout ! a pris une forme jugée aberrante pour certains qui n’ont (…) Lire la suite »

Nuit Debout ! Un acte de portée politique dans le transfert social Réflexions de psychanalyse sociale (3e partie)

Hervé HUBERT
Le concept de transfert social, soit ce qui se transfère comme valeurs de fonctionnement mental dans le social, dépend étroitement des rapports sociaux de production. Par le biais de la question de la valeur, il n’est pas sans lien avec la critique de l’économie politique, j’y reviendrai. Ce concept m’a permis de mettre en évidence les deux schémas fondamentaux concernant les civilisations et leurs hiatus. Ils ont été exposés précédemment. La construction d’un transfert en faisceau, la jouissance du propriétaire et la Garantie Ces deux schémas fondamentaux me semblent contribuer à l’élucidation historique du fonctionnement humain. Le premier schéma (La géométrie du transfert) a mis en avant la force, la puissance du transfert des groupes humains vers l’Un sur l’axe vertical. Cette puissance est mise en tension, via l’amour (ou la haine), avec la question qui est fondamentale au regard de la ségrégation sociale : celle de l’égalité sur l’axe horizontal. Il peut être qualifié (…) Lire la suite »

Nuit Debout ! Un acte de portée politique dans le transfert social Réflexions de psychanalyse sociale (4e partie)

Hervé HUBERT

Pourquoi nous laissons nous tuer par le capitalisme pourrissant ? Pourquoi consentir à une vie de tué ?

Une caractéristique essentielle du phénomène Nuit Debout ! consiste en l’expression du refus d’un système politique. De même qu’en 1968 et pour l’instant la comparaison s’arrête là, il est exprimé autre chose que des revendications partielles. À partir de la signification de cet acte posé, et quelle que soit l’issue du mouvement Nuit Debout ! lui-même aujourd’hui ensommeillé, il est question de bâtir, c’est l’espoir que j’y trouve en tous les cas, une base politique autre que ce qui nous est présenté comme un système naturel et incontournable : parle-mentaire, néo-libéral ou capitaliste, de gauche ou de droite, peu importe le label ; comment « faire la belle » à ce système étant d’ailleurs tout le problème. Je considère ce refus comme essentiel car la menace portée par le système du capitalisme devenu mafieux est gravissime pour l’humanité. Pour l’instant cette menace mortelle pour la planète et ses habitants ne provoque pas la mobilisation politique de masse qui serait attendue. (…) Lire la suite »

Nuit Debout ! Un acte de portée politique dans le transfert social - Réflexions de psychanalyse sociale (2ème partie)

Hervé HUBERT
L’outil psychanalytique du transfert social Que peut dire un psychanalyste sur les phénomènes sociaux et politiques ? La seule façon sérieuse de procéder, me semble-t-il, est de partir d’une pratique et de pouvoir en dire, avec les aléas de ce dire dans ce qui se socie, ce qui fait socius [1]. Je suis en total désaccord sur ce point avec Slavoj Zizek : le primat de la pratique sociale exprimé par Marx et Engels dans L’Idéologie Allemande est absolument essentiel pour cerner l’enjeu politique et social d’un point de vue psychanalytique. C’est en quoi Marx rompt avec Hegel, point fondamental pour envisager une remise en question de l’État au XXe siècle, ce que ne font ni Lacan, ni Zizek. Pour un psychanalyste, la pratique consiste en une pratique de transfert et c’est donc à partir de cette expérience de transfert qu’il peut en être dit. Je considère avec Georges Politzer et François Châtelet que la psychanalyse est une pratique sociale. Dans ce cadre, j’ai établi, à partir de ma (…) Lire la suite »

Nuit Debout ! Un acte de portée politique dans le transfert social - Réflexions de psychanalyse sociale (1ère partie)

Hervé HUBERT
Un acte politique nouveau, premiers repères. Nuit Debout ! est-il un évènement politique des plus conséquents en France en ce début de XXIe siècle ? Je réponds : oui ! Sans réserve. Sa portée a la possibilité de signifier et d’augurer un temps de transformation sociale radicale, quelle que soit l’issue momentanée ou séquentielle du mouvement lui-même. Je persiste, en sachant que lorsque j’écris ces premières lignes le 1er juillet, le quotidien Le Figaro titre : « Nuit Debout s’est recouché » [1] La question du commencement et de l’acte Nuit Debout ! s’est recouché ? Si l’occupation nocturne de la Place de la République a cessé et avec elle les commissions-débats et autres activités politiques, il me paraît important de placer cet événement tout d’abord du côté de l’acte et faire référence sur ce point précis à Jacques Lacan qui indique dans son séminaire « L’acte psychanalytique », le 10 janvier 1968 [2] : « Un acte, c’est lié à la détermination du commencement, et tout à (…) Lire la suite »
La guerre de Jacques Tourtaux à la guerre

Guerre à la guerre - Souvenirs d’un appelé anticolonialiste

Hervé HUBERT
« Guerre à la guerre ! » sont les mots tranchants qui concluent le 19 mars 2006 le propos introductif de Jacques Tourtaux concernant son livre sur la guerre d’Algérie « Souvenirs d’un appelé anticolonialiste » [1] « Guerre à la guerre ! » Ces mots d’une triste actualité sonnent aujourd’hui plus fort encore, alors que la crise actuelle du capitalisme made in USA produit un risque évident de troisième guerre mondiale. « Guerre à la guerre ! » Jacques Tourtaux sait de quoi il parle, lui qui, arrivant en Algérie en février 1961, incorporé dans l’armée française, fait le choix du courage, celui de continuer la lutte anticolonialiste, en militant au sein même de l’armée. Henri Alleg le souligne dans l’avant-propos au livre « Pas un moment donc, Jacques Tourtaux ne cédera » Il ne cède pas sur son désir de militant communiste, désir de justice, de paix, de fraternité, de liberté, de révolution. Le témoignage de Jacques Tourtaux est précieux. Il est la transmission d’une expérience (…) Lire la suite »
Colloque international à Paris les 28 et 29 mars 2014

« Genres, cultures, sociétés – questions autour de la transidentité »

Mariela CASTRO, Hervé HUBERT
Prologue au Colloque international à Paris les 28 et 29 mars 2014 Le transsexualisme, terme utilisé couramment par la médecine depuis 60 ans, interroge le concept d’identité. Phénomène énigmatique pour la personne qui porte cette question, il l’est autant pour la société qui le reçoit, interrogeant de façon fondamentale ce qui est appelé communément l’identité sexuelle, bouleversant les limites antérieurement admises de l’être humain quant à une appartenance à un sexe. Classiquement la transsexualité désigne pour les personnes concernées la conviction d’appartenir à un genre, féminin ou masculin, qui ne correspond pas au sexe anatomique et par conséquent à l’attribution de genre faite à la naissance. Cela entraîne la nécessité d’aboutir à un changement, matérialisé par une transformation hormonochirurgicale, et de façon régulière par un changement d’état-civil. Cette transformation hormono-chirurgicale dépend de chaque cas particulier et pour cette raison nous demandons que le (…) Lire la suite »

Bonnes fêtes de faim damnée

Hervé HUBERT

« Bonnes Fêtes ! » est le leitmotiv que nous entendons et prononçons en ces circonstances de fin d’année, motif musical aux multiples significations dans cette partition orchestrée par un capitalisme banalisé jusque dans sa barbarie.

« Bonnes Fêtes ! » peut résonner comme un vœu de bonheur, une aspiration légitime pour une humanité du XXIe siècle dont les possibilités en moyens économiques et scientifiques permettraient de penser que partout dans le monde chacun pourrait vivre selon ses besoins, au moins avoir le pouvoir démocratique de se nourrir, se loger, travailler, accéder à la santé et aux soins, se cultiver dès l’enfance, avec la pensée que nous sommes des êtres sociaux, que nous nous réalisons et créons dans nos rapports sociaux et qu’il convient donc d’orienter ce que nous produisons dans une perspective sociale croisant l’individuel et le collectif. Dans ce contexte les réalisations de la Révolution cubaine sont un phare lumineux. Dans le monde capitaliste banalisé jusque dans sa barbarie, la faim et la famine continuent leurs pouvoirs de damnation. « Bonnes fêtes de faim damnée » peut en être l’écriture, jeu de mots, witz, qui a le souhait de ne pas rester confiné au jeu de mots pour se centrer sur (…) Lire la suite »
Hier, chacun avait un travail, un logement, l’accès à la santé, à l’éducation et à la culture …

Le Traumatisme du peuple Tamoul

Hervé HUBERT

La barbarie subie par le peuple Tamoul reste à ce jour tragiquement méconnue. Depuis 1948 le nombre de morts s’élève au moins à 400.000 et les événements de 2009, plus particulièrement intenses en avril et mai, ont fait 80 000 morts, 146 000 disparus, 30 000 handicapés, selon l’ONU. Nous sommes en présence d’un phénomène où les mots de massacre, de meurtre de masse, de génocide culturel restent en deçà des vécus affectifs et émotionnels des populations.

Que dire lorsque l'on entend des paroles témoignant de l'horreur ? « Je nageais dans une mer de cadavres », « 400 000 personnes, hommes, femmes, enfants ont vécu 8 mois dans des bunkers avec une menace mortelle omniprésente », « Comment vivre avec le souvenir d'un membre de la famille ou d’un voisin massacré ? » Cela nous renvoie à ce qui est appelé en psychiatrie le « syndrome de stress post-traumatique », c'est-à-dire à la question humaine : que se passe-t-il psychologiquement lorsque l'intégrité physique ou psychique de la personne ou de son entourage a été atteinte ou réellement menacée ? J’y suis particulièrement sensibilisé professionnellement, étant responsable d’un centre de psychothérapie qui s’occupe de personnes en exil social et notamment de migrants réfugiés politiques. [16] La personne atteinte par le traumatisme ne peut s’adapter à la situation : l’horreur à laquelle elle est confrontée fait effraction dans son vécu. La psyché réagit dans ces circonstances au (…) Lire la suite »