Ici Beyrouth ! Nous sommes le samedi 8 mars 2014 à 14 heures et, depuis pas mal de temps, des femmes et des hommes convergent en direction du Musée National, lieu de départ de la manifestation de protestation des femmes Libanaises contre la violence ordinaire qui les tue et les minore ainsi que pour la mise en place d’une loi qui leur donnera enfin les mêmes droits qu’aux hommes.
Je sors dans la rue, il fait chaud, mais j’ai froid dans le dos. Je viens de voir le film Hannah Arendt, de Margarethe von Trotta. Ce film m’a foutu les jetons. Il m’a réveillé. Il m’a mis les yeux en face les trous. Je n’avais qu’une idée en tête, faire du ratissage pour amener tous les passants voir ce film et briser la conspiration d’une certaine tiédeur des commentaires.
Qui a le souci de la vérité ?
Le tir nourri qui vise LGS mérite une riposte vive, mais digne. Car l’enjeu est de taille. Oui, dans cette affaire la liberté d’expression est tout simplement piétinée et par conséquent la démocratie niée, elle qui garantit une loi égale pour tous et des droits inaliénables au travail, à l’éducation, à la santé, à l’information, à l’expression (…).
Il est 20 heures et l’image de François Hollande envahit l’écran de mon poste de télévision ; ça n’est pas une nouvelle nouvelle, car ce triomphe est un plat réchauffé déjà servi avant l’heure constitutionnelle sur d’autres réseaux. Mais, très vite, j’ai l’impression que quelque chose s’est cassé, s’est enrayé. Je zappe du privé au public, mais rien ne varie, la lumière des plateaux me paraît morne et le visage des animateurs blafard.
ô la belle unanimité !
Tout le monde a attaqué Jean-Luc Mélenchon, de la gauche trotskiste à la droite nationale, en passant par les verts de rage : feu sur l’importun !
Tout a été bon, surtout de fouiller dans son passé qui ne serait pas à la hauteur de son présent, même Michel Onfray qui rejoint la présidente du Medef, effrayée par la terreur qu’incarnerait ce candidat.
Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
Jean JAURES.