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Auteur : Pino ARLACCHI

Les vassaux payeurs de la nouvelle Otan

Pino ARLACCHI

6 avril 2024 | Il Fatto Quotidiano. Le 75e anniversaire de l'Otan est célébré sous le signe d'une possible et substantielle augmentation de la part européenne de son budget.

Du côté étasunien, aucune expansion ne se profile car, avec des dépenses militaires monstrueuses, proches de mille milliards de dollars et financées par des emprunts auprès de l'Europe et du reste du monde, les États-Unis ont atteint un degré d'endettement insoutenable. Les EU se plaignent également qu'il est temps que les Européens financent leur propre sécurité et cessent de vivre sur le dos d'un Oncle Sam qui absorbe 80 % du budget de l'OTAN. Les dépenses européennes de défense devraient donc plus que doubler en quelques années, et la demande du secrétaire de l'OTAN d'un fonds de 100 milliards d'euros pour la seule Ukraine ne peut être qu'un avant-goût. Le problème est le suivant : d'où viendront les 300 à 400 milliards de dépenses annuelles supplémentaires nécessaires au financement d'une OTAN répondant à la demande des EU ? Où deux pays européens comme l'Allemagne et l'Italie, qui ont jusqu'à présent consacré à peine plus de 1 % de leur PIB à la défense, trouveront-ils ces fonds ? J'ai tendance à (...) Lire la suite »

L’arnaque de 1995 : pourquoi Poutine gagne

Pino ARLACCHI

Poutine a de nouveau remporté les élections, et son succès semble être une énigme pour de nombreux commentateurs. J'ai connu et visité plusieurs fois la Russie post-communiste, celle des années 1990. La Russie d'Eltsine : un État à l'agonie dont les plus grands architectes et bénéficiaires étaient les gouvernements occidentaux associés aux oligarques du style Khodorkovsky et Berezovsky. Un État en euthanasie, amoureusement assisté par la finance occidentale, qui avait saisi l'occasion de la chute du communisme pour bâtir une montagne d'argent sur lui. Ce sont les banques européennes et américaines qui ont accaparé l'argent des oligarques et contribué à mener un grand pays au bord de la faillite.

L'élite criminelle la plus proche des oligarques amis d'Eltsine était les patrons de Cosa Nostra. Même férocité, même proterité politique masquée, chez les Russes, par un niveau de richesse, d'éducation et de statut social bien supérieur. Les anciens chevriers des Corleone n'ont jamais rêvé des niveaux d'opulence et de sophistication des magnats du crime russes. Le chef de la mafia russe était Boris Berezovsky, celui que l'on interviewait en tant que réfugié politique en Angleterre. Un homme capable d'ordonner un assassinat dans la matinée, puis d'aller dîner avec un George Soros déterminé à le rédimer. Berezovsky était mathématicien, membre de l'Académie des sciences de Russie, et Khodorkovsky lui-même était un important dirigeant du parti. Les autres patrons étaient tous connus du grand public en tant que parlementaires, hommes d'affaires, maires, propriétaires de journaux et de télévisions. Sans ce niveau intellectuel et politique, l'oligarchie criminelle russe n'aurait pas pu concevoir ce qui est à ce (...) Lire la suite »

Les Etats-Unis sont déconnectés de la réalité

Pino ARLACCHI

Quatre défaites dans quatre conflits menés en moins de deux ans. Des conflits toujours en cours, qui se dirigent vers des issues ruineuses. Et pas seulement pour les victimes. Les États-Unis et leurs malheureux prolongements à Kiev, en Europe et à Tel-Aviv ont perdu et perdent sur toute la ligne. En Ukraine, à Gaza, au Liban et au Yémen, les anciens patrons de la planète accumulent fiasco sur fiasco. Le reste du monde, ce qu'on appelle le Grand Sud, assiste perplexe à cette fin de partie.

Le fiasco ukrainien est le résultat d'une guerre de position classique, à la manière de la Première Guerre mondiale, où deux armées s'affrontent et où celle qui dispose des ressources brutes les plus importantes - armements, jeunes hommes à envoyer au front, territoire, budget - l'emporte. Dans le cas présent, la Russie l'emporte dans une proportion de huit à dix contre un. Et c'est de la Russie seule que dépend le fait que le conflit se termine par la simple annexion de l'Ukraine russophone au-delà du Dniepr. Les autres conflits sont des guerres asymétriques, semblables à celles perdues par la Russie en Afghanistan et par les puissances occidentales à l'autre bout de la planète, du Vietnam à l'Afghanistan, de l'Algérie à l'Indochine. Des guerres où les soldats, les navires, les avions et les canons ne sont que d'un côté, et de l'autre des formations irrégulières pratiquant des tactiques non conventionnelles telles que la guérilla et les attaques surprises. Aujourd'hui, elles utilisent également des (...) Lire la suite »

Arlacchi : La Cour Internationale de Justice : soupçon de génocide à Gaza

Pino ARLACCHI

Pino Arlacchi a été une figure importante de l'ONU, dont il était sous-secrétaire et directeur du bureau des Nations unies pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes (UNODC).

En ce qui concerne l'arrêt historique de la Cour internationale de justice sur Gaza-Israël, il est en effet regrettable que presque personne ne lise le document original, s'en remettant aux reconstructions simplifiées des journaux et des parties intéressées. Le document n'a été lu qu'en termes minimalistes, déplorant ou appréciant - selon le côté - l'absence d'injonction à Israël de suspendre sa campagne militaire vicieuse contre les Palestiniens de Gaza. Cet arrêt a toutefois porté un coup dévastateur au mythe fondateur d'Israël. Un pays qui se présente comme éternellement persécuté a été accusé par le plus haut organe de justice mondial de commettre un génocide présumé contre les Palestiniens de Gaza. Ce sont les victimes, et non les auteurs, du "crime suprême". Un peuple qui est victime d'un génocide est maintenant susceptible de le commettre. L'arrêt de la Cour remet en cause l'impunité dont jouit Israël depuis sa création il y a 75 ans. Lisez ce document. Il s'agit de 29 pages rédigées dans un (...) Lire la suite »

L’apocalypse n’est que médiatique : les armements, le terrorisme et la violence continuent de diminuer

Pino ARLACCHI

Pino Arlacchi a été une figure importante de l'ONU, dont il fut sous-secrétaire et directeur du bureau des Nations unies pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes (UNODC). Il fut également conseiller du pool anti-mafia de Falcone Borsellino (les premiers juges qui ont jugé la mafia, le maxi-procès, et qui ont été tués par deux bombes en 1992). Mais surtout, il fut l'élève de Giovanni Arrighi, l'universitaire le plus brillant de l'école de la Théorie du système monde (World system theory).

Les médias italiens et occidentaux sont devenus une industrie de la peur qui vit en vendant une vision catastrophique de la sécurité humaine. La guerre en Ukraine est présentée comme le foyer d'une possible Troisième Guerre mondiale. Le terrorisme continue d'être traité comme une menace permanente, liée à un choc entre l'Occident chrétien et l'Islam. L'immigration est associée à la criminalité. La fin de la Pax Americana au Moyen-Orient ouvre une ère de chaos encore pire que la précédente. Le monde multipolaire, pour nos journaux et télévisions, ne peut être que plus précaire et conflictuel que celui dirigé par les États-Unis après 1945. Des menaces bien plus graves que celles énumérées sont simplement ignorées, ou sous-estimées et remarquées en passant. Le pouvoir écrasant et l'impunité dont jouissent la finance internationale et la criminalité économique, la concentration des richesses entre les mains de l'1% de la population, la polarisation croissante entre une poignée de nations riches qui s'occupent (...) Lire la suite »