Texte d’une chanson chantée au Mexique par le groupe ZUMBIDO...
Six heures moins le quart, lundi matin, un poil dans le coltard
Je suis déjà en retard, y a rien à faire, ma hiérarchie va me défoncer
L’alarme s’enflamme et me ramène à ma dure réalité,
Dring dring, un tapis, une caisse... Je suis caissier
Chez Frampion, vous savez les champions de la distribution
« Un achat, un sourire », c’est notre slogan, facile à dire...
Bon, j’me lève, j’me rase, j’m’épile
Bah quoi, on peut être caissier et soigné
1h de bus, 1h de métro, c’est parti pour une journée
A l’entrée du magasin, je tombe sur 2 ou 3 pélerins
La tête dans les poubelles, en m’voyant, ils m’interpellent
« Merci Mr Frampion, c’est vraiment très très très sympa
De nous laisser dans vos poubelles picorer quelques repas
Seulement on ne comprend pas pourquoi de manière systématique
Vous y versez cette sorte de sauce à l’acide chlorydrique ??... »
Moi j’écoute et puis je dis rien, mais quand je comprends enfin
Que ce mec là mendie son pain, au-delà de l’humiliation, je lui dis :
« Non mais je crois que je rêve, dis-moi si j’entends bien ?
Tu me remercies de quoi ? De te traiter comme un chien !
Je crois qu’il est temps que tu commences une thérapie salutaire
Répète après moi ce refrain révolutionnaire »
C’est qui le patron ?! Y en a marre de se laisser marcher sur les pieds !
C’est qui le patron ?! Il est temps d’arrêter de se faire humilier !
C’est qui le patron ?!Retrouver une once de dignité humaine
C’est qui le patron ?! Plus jamais je mettrai mon nez dans tes poubelles
Ce problème à peine réglé, ma BA de la journée
Je prends mon courage à 2 mains et j’entre enfin dans le magasin
Je vois Robert, mon copain, ou plutôt mon voisin de caisse
Ca on peut pas lui reprocher, c’est sûr, Robert, il encaisse
C’est lui le souffre-douleur du chef de magasin
Son jouet, son toutou, et qui dit jamais rien
Faut dire après 20 ans derrière la caisse numéro 20
Robert, il est, comment dire, un peu éteint...
Bonjour Monsieur, vous avez la carte Frampion ?
Bonjour Madame, vous avez la carte Frampion ?
Bonjour Monsieur, vous avez la carte Frampion ?
Bonjour Madame, Bonjour Monsieur, aaaahhhhhhhhhhhhhhhh !
Forcément, 20 ans comme ça, ça réduit le vocabulaire
Et Robert sait plus quoi dire, face à son tortionnaire
D’ailleurs le v’là qui vient avec sa tête de langue de pute
Et qui s’adresse à Robert un peu comme une hyène en rut
« Robert, va falloir que vous me donniez une explication !
Pourquoi systématiquement je retrouve votre caisse comme un torchon ?!!
Combien de fois ai-je répété « notre caisse est notre maison » ?
Je n’en peux plus Robert, vous méritez une sanction !
Cette semaine vous nettoierez les toilettes du magasin »
Moi j’écoute et puis je dis rien, mais quand je comprends enfin
Que parce qu’un soir Robert a dû partir plus tôt pour voir sa mère
Il va devoir récurer les chiottes toute une semaine entière, je lui dis :
« Robert, regarde-le bien, ton enculé de patron
Et répète après moi ce petit air de révolution »
C’est qui le patron ?! C’est moi qui vais te proposer une sanction
C’est qui le patron ?! Motif : abus de connerie, de pouvoir et de position
C’est qui le patron ?! Tu vas t’excuser auprès de tous tes employés
C’est qui le patron ?! Et leur expliquer à quoi tu joues en vérité
C’est là que le chef a eu une réaction étrange
De voir Robert se rebeller, il a pas dû comprendre
En tout cas, il s’est mis à nous parler de son papa,
De son maître d’école, et de 2 ou 3 torgnoles
Puis il a fini en nous parlant de son grand patron
Qui lui faisait subir quotidiennement une putain de pression
Alors nous, bah on écoute, et quand on comprend enfin
On se dirige avec entrain vers les bureaux de droit divin
Frampion SA, SA comme société anonyme
Mais t’inquiète on l’a trouvé ce fameux caissier ultime
On lui sort le grand refrain, que vous commencez à connaître
C’est qui le patron, dis-nous pourquoi tu te prends pour le maître...
Il nous explique qu’il est victime de la pression de la holding
Un fonds d’investissement ricain qui veut toujours plus de gain
« Vous savez au fond moi aussi, je suis qu’un pauvre caissier...
Tout ça je vous jure c’est la faute aux financiers... »
On va donc voir nos financiers, j’avoue un peu fatigués
Plus vraiment envie de réfléchir après cette dure journée
On arrive, on voit le gars, perché en haut de sa tour
On le laisse même pas parler, on le balance, sans détour
Il s’écrase, c’est un peu crade, nous on voit tout ça de là -haut
Et c’est là qu’on se met à lui gueuler ces quelques mots
C’est qui le patron ?! T’as cru que tu pouvais jouer avec les êtres humains ?
C’est qui le patron ?! Tu vois pas le sang qui te reste sur les mains ?!
C’est qui le patron ?! C’est toi le responsable de la vague de suicides !
C’est qui le patron ?! Et tu t’étonnes qu’on ait des envies d’homicide ?!
C’est qui le patron ?!
C’est qui le patron ?!
C’est qui le patron ?!
C’est qui le patron ?!
OK, c’est facile la révolution en chanson...
Mais qu’est-ce qu’on peut faire d’autre face à toutes ces aberrations ?
Viva Mexico