Les médias alternatifs dans des pays comme les États-Unis et le Canada font de leur mieux pour continuer à briser le silence à propos des cinq Cubains. Un de ces tels medias est CIBL Radio-Montréal au Québec. L’animateur de l’émission hebdomadaire en français Le Monde cette semaine, André Pesant, m’a invité une fois de plus à discuter avec lui de cette affaire afin d’informer les auditeurs de cette station de radio populaire. André a constamment offert son programme pour donner l’occasion à des invites de dire la vérité sur les cinq Cubains.
Il a débuté le programme en présentant les grandes lignes de l’affaire, complétée par ma contribution. Ensemble, nous avons fourni les informations suivantes. Les cinq Cubains ont été envoyés au sud de la Floride dans les années 1990 dans le but d’infiltrer les organisations terroristes qui opèrent contre Cuba depuis des décennies en toute impunité à partir de cette région des États-Unis. Plus de 3.000 Cubains ont été tués et 2.000 gravement blessés par des actes terroristes proférés à Cuba depuis la révolution du premier janvier 1959. Les autorités cubaines n’ont cessé de faire pression sur Washington pour arrêter ces actions planifiées sur leur territoire, mais en vain. Le seul choix ouvert à Cuba était de recueillir l’information et de la transmettre aux autorités étasuniennes afin que des mesures soient prises contre les responsables. C’est ce que les cinq citoyens cubains ont fait. Toutefois, lorsque toutes les preuves ont été présentées aux représentants du FBI à La Havane, au lieu d’arrêter les auteurs de ces crimes, ils ont arrêté les cinq Cubains.
André a montré beaucoup d’intérêt aux tribunaux fantoches de la procédure judiciaire qui s’est tenue à Miami malgré les objections de leurs avocats à cause de l’impossibilité d’avoir un procès libre, équitable et impartial dans cette ville. Miami est la plaque tournante de l’action violente anti-cubaine. Les Cinq ont également subit l’isolement (le trou) pendant 17 mois après leur arrestation à Miami le 12 septembre 1998, incapable de communiquer entre eux ou avec leurs familles. Leur isolement les a empêché de préparer correctement leur défense.
Le résultat :
- Gerardo Hernández : 2 peines d’emprisonnement à vie et l’interdiction persistante depuis plus de 11 ans de recevoir la visite de son épouse Adriana Perez.
- René Gonzales : 15 ans d’emprisonnement et l’interdiction persistante depuis plus de 10 ans de recevoir la visite de son épouse Olga Salanueva.
- Antonio Guerrero : condamnation à vie plus 10 ans, peine réduite à 22 ans en
Automne 2009.
- Ramón Labañino : condamnation à vie réduite par la suite à 30 ans.
- Fernando González : peine de 19 ans par la suite réduite à 17 ans et 9 mois.
Les familles d’Antonio, Ramón et Fernando ont à surmonter des obstacles l’un après l’autre pour pouvoir rendre visite aux prisonniers. En plus, Les Cinq sont détenus dans les pires conditions dans une tentative évidente de miner leur moral : Gerardo, Antonio et Ramon sont gardés dans des prisons de haute sécurité, tandis que Fernando et René sont au FDC (installations fédérales de détention). Le procès original en plus de cette double punition qui consiste à refuser des visites familiales appropriées, viole les lois des États-Unis, la jurisprudence et les règlements pénitenciers. André s’est intéressé à la violation du droit international concernant la tenue du procès a Miami. Cette loi consiste, entre autres, en l’article 14 du Pacte international des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques, qui stipule en partie que « toutes les personnes sont égales devant les cours et tribunaux. Dans la détermination de toute accusation en matière pénale dirigée contre lui, ou de ses droits et obligations à caractère civil, toute personne a droit à un procès équitable et public devant un tribunal compétent, indépendant, impartial et établi par la loi. »
Ceux qui ont pris position à travers le monde : les parlementaires (dont 56 membres du Parlement canadien provenant du Québec et du Canada), les chefs d’État, les syndicats (comme la plupart des principaux syndicats au Québec et Canada), les associations étudiantes telles que la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, 10 lauréats du prix Nobel, des organisations des droits humains et de nombreuses personnalités. Le 27 mai 2005, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a également pris position en faveur des Cinq. Un nombre record de 12 prestigieux « amis de la cour » ont demandé à la Cour suprême de réviser l’affaire ayant été portée à ce plus haut tribunal du pays par les avocats des 5 cubains. Toutefois, en dépit de ces condamnations dans le monde entier, la Cour suprême étasunienne a refusé de réviser le cas en 2009. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la Cour suprême n’a pas donné d’explication suite à son refus.
André a demandé pourquoi le Comité pour les Cinq Cubains au Québec est appelé le Comité Fabio di Celmo pour les 5. J’ai expliqué que Fabio di Celmo a été l’une des victimes des attentats terroristes à Cuba, précisément le type d’activité que Les Cinq cubains ont essayé d’arrêter. En 1997, les terroristes basés à Miami ont organisé un programme pour perturber l’industrie touristique sur l’île. Fabio di Celmo était dans un hôtel de La Havane quand une bombe placée dans le hall d’entrée a explosé et l’a tué. Fabio di Celmo était un jeune Italien, vivant à l’époque en Italie ainsi qu’à Montréal. Il avait obtenu son statut de résident permanent au Canada. Au moment de son assassinat, il attendait la citoyenneté canadienne. La Table de concertation de solidarité Québec-Cuba a décidé de nommer son comité spécial en l’honneur de Fabio di Celmo. Certains membres de sa famille, a noté André, vivent actuellement à Montréal. C’est un fait, notamment son frère Livio di Celmo. L’assassin de Fabio di Celmo, Luis Posada Carriles, de son propre aveu, est aussi responsable de l’explosion en plein vol de l’avion de Cubana de Aviación qui a tué 73 civils cubains en 1976. André a fait la lecture d’une partie d’une entrevue de Carriles dans le New York Times, dans laquelle il revendique ces activités. Carriles et d’autres comme lui marchent actuellement dans les rues de Miami, libres comme l’air. Carriles participe même activement à la campagne médiatique contre Cuba qui sévit actuellement.
La discussion aboutit inévitablement à la constatation de la politique de deux poids deux mesures de Washington en ce qui concerne les droits de l’homme et le terrorisme. Comment se fait-il que 5 cubains sont en prison pour s’être opposés au terrorisme, alors que des terroristes avoués tel que Carriles sont en liberté ? Ceci et d’autres exemples similaires dont j’ai parlé, montre la politique hypocrite de doubles standards pratiquée par les États-Unis. La famille de Fabio di Celmo est naturellement indignée par ce double discours sur le terrorisme et les droits de l’homme, exigeant que justice soit faite : Carriles doit être jugé pour ses crimes. Ce manque frustrant de justice est une raison de plus pour soutenir le travail des comités comme le Comité international pour la liberté des Cinq Cubains, qui a organisé une campagne massive de cartes postales. Des dizaines de milliers de cartes postales ont été envoyées de tous les continents dans des dizaines de langues directement à Obama. Au Québec, le Comite Fabio di Celmo organise chaque mois une ligne de piquetage devant le consulat étasunien à Montréal et fait circuler une pétition. Ces actions et d’autres semblables au Canada, comme à Vancouver et Toronto ont toutes un objectif principal : forcer le président Obama à utiliser son droit constitutionnel pour accorder la grâce et la libération des Cinq cubains. Avec un coup de plume Obama peut le faire. En attendant, tous les comités, organisations et personnalités du monde entier exigent l’octroi de visas sur une base humanitaire, à Adriana Perez et Olga Salanueva afin qu’elles puissent visiter leurs époux respectifs emprisonnés aux États-Unis.
Arnold August
membre du Comité international pour la liberté des Cinq Cubains et du Comité Fabio di Celmo pour les Cinq de la Table de concertation de solidarité Québec-Cuba.
18 avril 2010
(Traduction : Karine Walsh)