Est-il donc vrai que, comme le proclament les gros titres de plusieurs journaux, Athènes a cédé devant les exigences de l’Eurogroupe (la Repubblica) et fait le premier pas vers la restauration de la politique d’austérité (le Guardian) ? A en croire certains leaders de la fraction de gauche de Syriza, le courage n’aurait pas tenu bien longtemps et le « reniement » aurait déjà commencé...
Les commentaires sur l’accord entre la Grèce et l’Eurogroupe ont transformé la défaite provisoire de Syriza en déroute définitive. Il faudra pourtant plusieurs mois pour savoir si c’est vraiment le cas.
Le 26 janvier dernier, Radio-Canada annonçait « Victoire de la gauche radicale en Grèce, un ras-le-bol de l’austérité[1] », ce qui, pour certains, dont moi-même, devait être un petit moment de plaisir, considérant le type de nouvelles qu’on nous habitue à entendre.
Le fabuliste grec Ésope raconta l’histoire du petit garçon qui criait mensongèrement au loup, jusqu’au jour où survint vraiment un loup. Mais personne ne prêta attention à ses cris et ce fut le triomphe du loup dont le nom moderne que lui a donné Bertolt Brecht est « La bête immonde ».
Doit-on se réjouir, ou doit-on pleurer, du drame épique qui se complique dans la République hellénique ? Voici comment la gauche bourgeoise présente l’enjeu des élections. Dimanche 25 janvier, auront lieu les élections législatives grecques. Tous les partis sont présents, y compris ceux qui ont œuvré en faveur des politiques de destruction de l’État et de ses institutions.
Adossé à un travail sérieux de chiffrage des dépenses et des recettes (13,5 milliards d'euros annuels), le programme économique de Syriza dessine, selon les termes d'Alexis Tsipras, une "sortie de crise fondée sur l'idée de progrès et de justice". Il implique l'effacement de la dette jugée illégitime.