L’Etat d’Israël va entretenir jusqu’à la fin des relations politiques, économiques et militaires étroites avec le régime raciste sud africain. Il fournissait ainsi lui-même la preuve de son mépris pour les immenses souffrances que le racisme a fait endurer aussi aux juifs, et dont il veut faire pourtant la justification de son existence.
Une interview du vétéran de la lutte contre l’apartheid et ami de Nelson Mandela décédé à l’âge de 87 ans.
[Mandela] était un personnage complexe – il était à la fois un aristocrate d‘essence royale et un paysan ; un intellectuel et un homme ordinaire ; Il était une combinaison de tant de caractéristiques différentes ... On ne pouvait pas le cataloguer, on ne pouvait pas le définir en un seul mot. (Ahmed Kathrada)
En voyant la flopée d’hypocrites venus des quatre coins du monde, Nelson Mandela aurait pu rire à gorge déployée. Lorsque les ex-présidents nord-américains, particulièrement George Bush, sont passés, beaucoup dans l’assistance avaient à l’esprit le soutien inconditionnel de la Maison Blanche – tout comme Israël – à l’ancien pouvoir raciste de Prétoria et l’information publiée quelques heures plus tôt par Wikileaks selon laquelle la CIA a trempé dans l’arrestation de Mandela en 1962. Quand les gouvernants européens sont apparus, François Hollande et Nicolas Sarkozy en tête, les ventes d’armes et l’achat de charbon au régime raciste par leurs prédécesseurs, malgré les appels au boycott, ne pouvaient passer au chapitre des pertes et profits.
La fondation Nelson-Mandela a démenti, aujourd’hui mardi, des informations relayées par certains médias internationaux disant que le légendaire leader sud-africain aurait reçu une instruction militaire par le Mossad israélien en 1962, en Éthiopie, affirmant que tous les documents en sa possession, dont des notes écrites de la main même de Mandela, n’en portent aucune mention.
"Les sentiments de fraternité profonde entre le peuple cubain et la patrie de Nelson Mandela sont nés d’un fait qui n’a même pas été évoqué, et dont nous n’avions pas dit un mot pendant de nombreuses années : Mandela, parce qu’il était un apôtre de la paix et ne souhaitait blesser personne. Cuba, parce qu’elle n’a jamais réalisé aucune action pour la gloire ou le prestige."
Au soir de sa vie, le grand journaliste et écrivain Anthony Sampson, auteur de la biographie autorisée de Nelson Mandela, rédigea sa propre biographie.
Mandela meurt pour la première fois en 1994, après que l’ANC [1] dont il était le président, a abandonné les revendications de la Charte de la Liberté [2] que le grand leader anti apartheid rappelait avec conviction, à sa sortie de prison quatre ans auparavant, dans une déclaration publique :
"Nationaliser les mines, les banques et les industries en situation de monopole fait partie du programme de l’ANC, et tout changement, toute modification à cet égard apparaît inconcevable."
Et pourtant, ces revendications n’étaient qu’une première étape vers la démocratie...
Comment les Afrikaners blancs ont-ils réussi à faire céder des militants aguerris, qui avaient combattu courageusement pendant si longtemps ?
Que cachent les éloges adressés à Nelson Mandela lors de son décès ? Tribune par Jean Chatain, journaliste honoraire, spécialiste de l’Afrique.
Nelson Mandela, premier président de l’Afrique du Sud post-Apartheid, est décédé le 5 décembre à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Pour des dizaines de millions de travailleur-euse-s et de jeunes, en Afrique et au-delà, il a été l’un des symboles de la lutte contre le régime du racisme institutionnalisé qui a sévi en Afrique du Sud entre 1948 et 1991. Mais qu’en est-il réellement de ce combat alors qu’aujourd’hui les deux tiers de la population, notamment la grande majorité des Noirs, vit sous le seuil de pauvreté et que, un quart de siècle après la fin de l’Apartheid, l’Afrique du Sud est le second pays au monde où les inégalités sociales sont les plus criantes ? Qu’en est-il de cette ère post-Apartheid dont Mandela a été l’artisan, lorsque l’on sait que les habitants des townships et les travailleurs qui continuent à se battre pour leurs droits sont confrontés à une répression quasiment aussi dure que celle en vigueur dans les années 1970 et 1980 ?