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Thème : Guerre d’Espagne

Dans le Sud-Ouest, des milliers de porcs, deux présidents et un ancien camp de concentration

Celia IZOARD, Colette BERTHÈS

Dans le Tarn-et-Garonne, l’extension d’une porcherie industrielle là où furent internés des Républicains espagnols à la fin des années 1930 rencontre une farouche résistance. D’une part, pour la préservation de ce lieu de mémoire ; de l’autre, contre l’élevage intensif, qui soulève ici un parallèle historique plus que morbide.

Lundi 15 mars, Emmanuel Macron se rendra à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, pour une rencontre au sommet avec Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol. Ce sera certainement pour les deux chefs d’État l’occasion de se recueillir sur la tombe de Manuel Azaña, président de la République espagnole de 1936, mort en exil à Montauban en 1940, un an après la défaite contre Franco. Emmanuel Macron ne le sait peut-être pas, mais il s’apprête à mettre le pied dans une situation où il pourrait lui être difficile de célébrer tranquillement la mémoire de l’Espagne républicaine. Depuis quelque temps, sur les marchés du Tarn-et-Garonne, surgissent des personnes affublées de masques de cochon qui entonnent à pleine voix les célèbres chants de la Guerre d’Espagne : “ El ejército del Ebro ! Rum balarum balarum bam bam ! ” Cette vision loufoque reflète en miroir l’obscénité d’un projet qui voit le jour à trente kilomètres de Montauban : un élevage intensif de porcs sur un ancien camp (…) Lire la suite »

Avec les « sans papiers », enfants de Républicains espagnols et de Brigadistes

Maité Pinero, Georges Bartoli, José Fort, Olivia Ruiz, Lydie Salvayre

Cet appel, issu d’une mémoire commune, pour soutenir la Marche des « sans-papiers » qui manifesteront à Paris le 17 octobre, provient d’un échange (Maité Pinero, Georges Bartoli, José Fort, Olivia Ruiz, Lydie Salvayre). Il est ouvert à tous. Nous ne sommes pas les seuls, en France, à avoir en héritage une mémoire douloureuse. Le passé ne passe pas, disait Faulkner. Il n’est qu’une dimension du présent (« le passé n’est jamais mort. Il n’est même pas passé »). A quoi sert la mémoire, sinon aussi à tenter d’améliorer le monde aujourd’hui et demain ? Merci de signer, de diffuser.
http://chng.it/m6BCQQMt

Comme des millions de Françaises et Français, nous sommes enfants, petits-enfants d’« indésirables », les Républicains espagnols, ceux aussi des volontaires des Brigades Internationales. Nous affirmons notre soutien total à la marche et à toutes les revendications des « sans-papiers » qui manifesteront à Paris le 17 octobre. Ce n’est pas la même histoire, ce ne sont pas les mêmes personnes, cependant le malheur est le même. 80 ans après, nous refusons la répétition de l’ignominie. En 1939, les nôtres, 500 mille Espagnols qui fuyaient l’horreur franquiste, les bombes et la misère, furent parqués dans les camps de concentration sur la plage où les femmes creusaient des trous dans le sable, les premières nuits, pour protéger les enfants, où des milliers moururent de leurs blessures, de maladie, de désespoir, où des gendarmes à cheval chassaient ceux qui s’approchaient des barbelés pour leur venir en aide. Nos parents, si maltraités, si humiliés par la France officielle, furent (…) Lire la suite »

Adieu au dernier survivant espagnol des camps de concentration nazis

HERNANDEZ Carlos

Le Cordouan Juan Romero s’est éteint cette nuit dans la commune française d’Aÿ. Après sa mort, il ne reste plus aucun des 9300 Espagnols qui furent déportés dans les camps de concentration nazis.

L'Espagne perd un morceau irremplaçable de son histoire. Il n'en reste plus aucun. 75 ans et cinq mois après la libération des camps de concentration nazis, s'est éteint le dernier Espagnol qui vécut cet enfer et qui a pu en réchapper pour le raconter. Le Cordouan de Torrecampo Juan Romero Romero a entrepris cette nuit son dernier voyage depuis la commune d'Aÿ (en Champagne) où il résidait depuis sept décennies. Il avait 101 ans et laissait derrière lui une vie remplie de souffrances, d'engagement et de lutte pour la liberté. Une vie où il a obtenu la reconnaissance de la France. Une vie où il dut attendre 101 ans pour que sa patrie lui rende hommage et le traite comme ce qu'il fut : un héros. Une vie de lutte. Né en avril 1919 à Torrecampo (Cordoue), Juan Romero grandit au sein d'une modeste famille de paysans. Le désir d'en finir avec les immenses inégalités économiques et sociales qui régnaient dans l'Espagne d'alors le conduisit à adhérer à l'Union Générale des Travailleurs (…) Lire la suite »

Josep : hommage à un Républicain espagnol ? ou à un dessinateur Charlie ?

Rosa LLORENS

Inutile de finasser : la culture est une industrie, et une industrie de propagande ; il n’y a aucune fissure (tout au plus quelques exceptions alibis) : les romans ou films encensés par les médias et primés sont choisis pour leurs thèmes politiquement corrects et leurs positions conformes à l’idéologie régnante.

La « gauche » devenue libérale est particulièrement chargée de détourner les références révolutionnaires : on a vu le slogan « No pasarán » devenir la bannière des antifas de salon pour défendre l'organisation anti-russe Pussy riot ou pour stigmatiser Bachar el Assad dans sa lutte contre les djihadistes (quel paradoxe !). On avait donc bien des raisons de se méfier du film d'animation Josep, d'Aurel, et on n'a plus guère de doutes devant sa sortie massive sur les écrans (46 cinémas à Paris et en Région parisienne), digne d'un blockbuster hollywoodien. Cerise sur le gâteau, cette sortie se produit en plein procès des complices des auteurs de l'attentat contre Charlie. Aurel avait-il donc quelque chose à dire sur la République espagnole ou la Révolution catalane (puisque le héros, Josep Bartolí, est un Républicain catalan), ou vient-il apporter sa pierre à la béatification des journalistes de Charlie ? (par les temps qui courent, il vaut mieux préciser que condamner les positions (…) Lire la suite »

Un peu d’histoire #11 : [DOSSIER ESPAGNE] : La guerre civile espagnole et les Brigades internationales – partie 2/3

Les Nouvelles Libres

Deuxième épisode de cette série consacrée à la guerre civile espagnole et aux Brigades internationales. La première partie était consacrée à l’avant guerre-civile, et notamment à la proclamation de la Seconde République espagnole, au retour de la droite au pouvoir et à la courte expérience du Front populaire. Cette seconde partie évoquera la guerre en elle-même ainsi que les forces en présence et les soutiens reçus par chaque camp, exception faîtes des Brigades internationales qui seront l’objet de la troisième partie.

L’échec du coup d’état et les phases du conflit Le 18 juillet des unités de l’armée espagnole, basée au Maroc se soulèvent. Le coup de force réussit dans une partie du pays, mais échoue dans tout le reste. Le gouvernement comprend alors rapidement que seule une partie de l’armée lui obéit encore. Il accède donc à la demande des organisations de gauche et d’extrême-gauche : donner des armes à la population. On peut ainsi distinguer plusieurs phases dans ce conflit. La première est celle du début de la guerre civile jusqu’au début du mois de novembre 1936. Dans cet intervalle les rebelles nationalistes ne contrôlent que 40% du territoire, le reste étant toujours sous contrôle républicain. C’est aussi durant cette phase que les troupes basées au Maroc, sous le commandement de Franco, peuvent franchir le détroit de Gibraltar grâce aux aides allemandes et italiennes. Franco surprend d’ailleurs tout le monde en choisissant de ne pas lancer ses hommes à l’assaut de Madrid, la (…) Lire la suite »

Un peu d’histoire #10 : [DOSSIER ESPAGNE] : La guerre civile espagnole et les Brigades internationales – partie 1/3

Les Nouvelles Libres

A l’image du dossier qui traitait du (vrai) rôle joué par l’URSS durant la Seconde guerre mondiale, j’aborde aujourd’hui un autre événement central pour l’Europe qui s’est tenu en amont de ce conflit. La guerre civile espagnole a meurtri tout un pays, allant même jusqu’à diviser les familles, et a abouti à une dictature fascisante qui dura jusqu’en 1975, année de la mort de Franco. Le dossier sera divisé en trois parties. La première traitera de l’avant guerre-civile, en revenant notamment sur la création de la Seconde République espagnole et les mesures des gouvernements. La deuxième partie sera consacrée à la guerre civile en elle-même. Les différentes phases du mouvement ainsi que les soutiens dont a bénéficié chaque camp. Les Brigades internationales ne seront pas directement évoquées dans la seconde partie, puisqu’elles seront l’objet de la troisième et dernière partie.

Le 14 avril 1931 la Seconde République espagnole est créée. Elle succède au régime dictatorial de Miguel Primo de Rivera, père du fondateur de la Phalange, mouvement dont on reparlera lors de la Guerre civile, et à la fuite du roi Alphonse XIII. La Seconde République est proclamée après la victoire de la gauche aux élections municipales. Sa Constitution, adoptée quelques mois plus tard le 9 décembre 1931, définit, dans son article Ier que « l’Espagne est une République démocratique de travailleurs de toutes catégories organisée sous le régime de la Liberté et de la Justice [...]. » Que se passe-t-il entre la proclamation de la République et les élections du 19 novembre 1933 ? Plusieurs réformes sont entreprises par le gouvernement qui regroupe alors plusieurs forces républicaines, socialistes et régionalistes – comme le Parti républicain catalan. Deux hommes sont alors à la tête du pays : Niceto Alcala-Zamora le président qui symbolise la Nation et Manuel Azana le Premier (…) Lire la suite »
Pour le rapatriement du corps de la journaliste française assassinée par les franquistes

Affaire Renée Lafont : on avance !

Jean ORTIZ

Il y a quelques mois déjà, nous, amis de l’Espagne républicaine, descendants de Républicains espagnols ou simples citoyens français progressistes, avions lancé une pétition-appel, adressée aux autorités françaises pour qu’elles aident à l’exhumation et au rapatriement des restes d’une Française gisant dans une fosse commune de Cordoue.

Cette Française est « une grande dame », avant-gardiste, très féministe, d’une ample culture, écrivaine, journaliste, traductrice émérite. Elle « couvre » la Guerre d’Espagne pour le compte -officiellement- du « Patriote » (journal socialiste) et ne cache pas ses sympathies envers la République. Lors d’un reportage sur le terrain, elle est blessée par des tirs franquistes, capturée et jugée. Une caricature de « tribunal », militaire de surcroît, et la voilà condamnée à mort. Les phalangistes la fusilleront le premier septembre 1936 et jetteront son corps dans la fosse commune du cimetière de la Salud à Cordoue (plus de 2000 Républicains assassinés). Son journal n’y fera référence que fort discrètement, longtemps après. Depuis, Renée Lafont gît à Cordoue, oubliée de tous. La Guerre d’Espagne fit à Cordoue, selon l’historien Francisco Moreno Gomez, 11 582 victimes. Cet historien ami considère que les « registres civils » ne recenseraient qu’un tiers des victimes. Au cimetière de la (…) Lire la suite »

RÉVOLUTIONNAIRES, RÉFUGIÉS & RÉSISTANTS - Témoignages des républicains espagnols en France (1939-1945)

Federica Montseny
Il y a près de 80 ans, ce sont des centaines de milliers d’Espagnols qui durent fuir à l’hiver 1939 l’avancée des troupes franquistes à travers les Pyrénées pour se réfugier en France. Cet événement, connu sous le nom de La Retirada, marquera la fin de la révolution sociale qui agita l’Espagne durant trois ans. Dans ce livre, on lit avec émotion et colère la brutalité et l’inhumanité avec lesquelles ils ont été accueillis et l’histoire de leur survie dans les camps d’internement. Issu d’un travail de mémoire entrepris par Federica Montseny pour transcrire ce qu’a été la vie des réfugiés espagnols – des sans-grade – depuis les camps d’internement du sud de la France et d’Afrique du Nord jusqu’à leur engagement dans la Résistance et la libération de Paris, il est un douloureux rappel sur le traitement de la France à l’encontre des réfugiés et migrants. Federica Montseny fut une des figures du mouvement libertaire espagnol pendant la Révolution de 1936 et la Guerre civile puis, (…) Lire la suite »
Arrêtée le 29 août 1936 par les fascistes qui tendirent une embuscade à la voiture qui la conduisait...

Ne fusillez pas la mémoire de Renée Lafont

Jean ORTIZ

(Cet article a été publié le 25 janvier et remis en ligne ce jour avec un complément- LGS)

Le corps de la journaliste française Renée Lafont, fusillee le 1er septembre 1936 par les franquistes, doit être exhumé et rapatrié en France, avec les hommages dus à son engagement antifasciste.

Adresse au président Emmanuel Macron suivie d’une pétition).

Monsieur le Président, La journaliste française Renée Lafont, intellectuelle de gauche, romancière (L’appel de la mer, Les forçats de la volupté...), polyglotte et traductrice (notamment du grand romancier espagnol Vicente Blasco Ibañez, auteur lui-même en 1925 de l’essai Ce que veut la République espagnole, et de Alphonse XIII démasqué, la terreur), était également l’une des meilleures hispanistes de son époque. Fusillée par les franquistes au lieu-dit cordouan « Arroyo del moro » le premier septembre 1936, alors qu’elle avait 58 ans ; selon des témoignages convergents, elle gît dans une fosse commune de l’un des cimetières de Cordoue où sont ensevelis plusieurs centaines de républicains « disparus » (plus de 2 000), que leurs noms soient répertoriés ou pas, essentiellement des ouvriers agricoles, des prolétaires, assassinés par les franquistes dans le cadre de leur « croisade » d’extermination contre « l’anti-Espagne ». Que fait le gouvernement français pour sortir de l’oubli et (…) Lire la suite »

Le saint communiste

FLOREAL
« La photo ci-contre fut prise en septembre 1936 aux alentours de Huesca (province d’Aragon). Cet homme fut identifié comme un curé qui, quelques instants après avoir été photographié, allait être fusillé par des miliciens républicains dans le village de Sietamo. Durant des décennies, cette image de curé martyr fit l’objet d’un véritable culte à Huesca et dans ses environs. On édita de petites estampes, des calendriers, on l’invoquait dans des prières. Mais en 1995, Jean-Paul II franchit un pas supplémentaire et, dans l’une de ses fournées de béatification de martyrs de la guerre civile, sanctifia ce jeune et beau curé qui défiait la mort avec le sourire de celui qui sait se trouver dans le bon camp. Dieu soit loué ! Ce cliché avait été réalisé par Hans Guttman, membre des Brigades internationales et photographe professionnel, qui en Espagne changea son nom en Juan Guzman. Son problème était qu’il ne comprenait pas l’espagnol et pas toujours tout ce qui se passait autour de lui. (…) Lire la suite »