Nous devrions nous y faire : l’emprise de Google s’accroît chaque jour davantage et il serait illusoire de vouloir y résister. La firme, omniprésente dans l’univers de nos cyber-activités, recouvre nos vies d’une prétendue bienveillance. Ce serait au nom de l’émergence d’un monde plus sûr que Google, en compagnie de huit autres sociétés privées américaines, participe activement au système Prism mis en place par la NSA pour surveiller tous les recoins de « la toile ». La volonté arachnéenne veille sur nous ; allons en paix ! Cependant, non contente d’apaiser notre inquiétude à propos de la dangerosité du monde, inquiétude par ailleurs savamment entretenue par les maîtres de la « médiasphère », Google se veut un agent puissant de la Culture universelle.
Les révélations qui tombent comme à Gravelotte depuis six mois -grâce au courageux Edward Snowden, qui entrera dans l’Histoire- sur les dimensions invraisemblables de la surveillance américaine au sein-même de la "famille occidentale" apportent un éclairage nouveau.
Elles placent les dirigeants européens face à un dilemme stratégique : assumer leur servilité atlantiste au grand jour, devant leurs concitoyens ou prendre enfin le taureau par les cornes pour s’émanciper de la tutelle cynique de Washington.
Aujourd’hui, mercredi 4 septembre 2013, à 16:00 UTC, WikiLeaks publie ’les SpyFiles, volume 3’ - 249 documents de 92 sociétés privées du renseignement. Ces documents révèlent comment, en même temps que se privatisataient les milieux du renseignement, les USA, l’Union Européenne et les agences de renseignement des pays développés ont dépensé des millions à la hâte, afin d’acquérir des technologies de surveillance de masse de dernière génération, ciblant des communautés, des groupes, voire des populations entières.
Les services militaires de compagnies privées s’offrent et se demandent d’une manière croissante en Amérique Latine.
Selon les organisations civiles des droits humains et du milieu ambiant colombiennes, péruviennes et mexicaines, les corporations militaires d’origines étasunienne, anglaise, israélienne maintiennent des filiales et des entreprises affiliées dans la région, dédiées à promouvoir une gamme d’activité de sécurité, entraînement, appui logistique, formation de combat et vente d’armes légères et lourdes.
J’ai écrit cet article pour Résistance depuis mon ordinateur, puis l’ai mis en ligne sur le site. Un certain nombre de webmestres l’ont également reçu et peut-être ont-ils fait la même chose que moi. Nos lecteurs respectifs ont pu lire cet article le lendemain. Quelqu’un cependant l’a lu avant eux, ou était tout du moins en mesure de le faire. Ce n’était pas ni un membre de Résistance, ni les webmestres qui en ont été destinataires. Je ne connais pas ce quelqu’un. Il ne vit certainement pas en France. Il opère loin d’ici, au-delà de l’océan…
Dans la « guerre hors limite », la ligne démarquant la surveillance des ennemis de l’État, potentiels ou jugés comme tels, et les citoyens lambda est ténue. Aux États-Unis, à partir de 1967, en pleine guerre du Vietnam, des pacifistes, des militants pour l’égalité des droits civiques (Martin Luther King et Malcom X) font l’objet d’écoutes systématiques (opération Minaret). Les actes de résistance au système Échelon sont isolés, désordonnés, limités à un groupe d’internautes militants et leur portée symbolique. A partir des années 1950, un mouvement de protestation pacifiste, proche du modèle français des militants ayant refusé l’installation du camp militaire du Larzac, marque son opposition à la présence de bases américaines, notamment sur le site de Menwith Hill.
Nouvelles précisions, nouvelles informations du Monde fournies par Edward Snowden concernant le système d’espionnage des télécommunications de la NSA et peut-être la goutte d’eau de trop. C’est qu’en s’attaquant à Alcatel, la NSA marche sur les platebandes des renseignements français. Laurent Fabius a convoqué en urgence l’ambassadeur américain.
Le Washington Post a confirmé, sur la base de documents fournis par Edward Snowden, que la NSA avait récupéré quelques centaines de millions de listes de contact mails rien qu’en 2012. Ce n’est clairement pas une surprise, puisque cela fait parti du faisceau d’outils et de métadonnées qu’emploie l’agence de renseignement pour déterminer qui est suspect.
« 98 % des télécommunications depuis l’Amérique latine vers le reste du monde, y compris les textos, les appels téléphoniques, les courriers électroniques, etc., passent par les États-Unis » (Julian Assange).
Si la situation et les rapports de force ont changé depuis, on ne peut les mesurer qu’en analysant les enjeux depuis le départ du conflit et à ce titre ces mails éclairent sur :
– Ce que des agents affiliés au Renseignement pens(ai)ent des enjeux de la crise syrienne.
– La manière dont les choses fonctionnent et comment le traitement de l’information est opéré par ces agents.
– Des éléments diplomatiques qui n’ont pas fuité avant cela et qui éclairent d’un jour nouveau les éléments actuels.