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UIOM d’Ivry-sur-Seine : une très discrète et très chère reconversion

À Ivry-sur-Seine, plus d’un milliard d’euros pourraient être investis afin de reconstruire le centre de retraitement des déchets ménagers. Un chantier de taille, qui dépasse de loin le cadre de la simple réfection, qui pourtant eut été suffisante.

Le projet de reconstruction de l’Usine d’Incinération d’Ordures Ménagères (UIOM) d’Ivry-sur-Seine amène sur le devant de la scène des débats insoupçonnés. Il est en effet question aujourd’hui de détruire l’incinérateur actuel pour le remplacer par une batterie d’infrastructures diversifiées de recyclage et de production d’énergie. Mais le déploiement de ces nouvelles technologies en zone urbaine de ce plan pose problème, car il change complètement la fonction du centre d’Ivry-sur-Seine. Ce qui n’est pas sans soulever, par ailleurs, des carences dans la transparence du projet.

L’UIOM d’Ivry en pleine reconversion

L’actuel UIOM d’Ivry consiste en une usine de recyclage et un incinérateur d’ordures ménagères. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Autrefois simple incinérateur administré par le SYCTOM (le Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères de la région Île-de-France), cette usine a subi de nombreuses mises à jour successives. Depuis 2003, le complexe a ainsi été équipé de systèmes de traitement des fumées ; le montant de ces rénovations est estimé à 120,6 millions d’euros hors taxes. Entre 1993 et 2000, un autre investissement de 82,32 millions d’euros hors taxes a permis à l’UIOM de compléter sa diversification sur les activités de recyclage.

En dépit de ces investissements conséquents pour maintenir à jour l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, le SYCTOM a pris la décision de faire table rase de ses dépenses préalables. « L’Usine d’Ivry […] va évoluer vers un centre de valorisation biologique et énergétique comprenant : un pré-tri des ordures, un centre de méthanisation et compostage de la fraction fermentescible, un centre d’incinération de la fraction résiduelle, un centre d’accueil et de transfert multimodal des déchets et produits » peut-on lire sur un bref descriptif édité par le cabinet BG d’ingénierie-conseil, visiblement chargé de réaliser l’une des études de faisabilité du projet du SYCTOM.

Problème : à Ivry-sur-Seine, comme à Romainville où le projet d’une telle unité de méthanisation a été annulé par la justice, l’idée de produire et d’emmagasiner du gaz hautement inflammable à proximité de centres urbains n’a pas convaincu tout le monde. À Romainville en effet, « le tribunal administratif a notamment motivé sa décision par des “inexactitudes, omissions, ou insuffisances de l’étude de danger” », explique le journal Le Monde. Et si le président du SYCTOM François Dagnaud a affirmé vouloir ouvrir « une nouvelle phase de dialogue » avec les citoyens de Romainville, il faut bien constater que l’échange d’information de fonds avec les Ivryens demeure pour l’heure très limité.

Une gestion peu transparente

Concernant le centre d’Ivry-sur-Seine justement, les études de faisabilité et de dangerosité – ces mêmes documents qui ont alarmé les riverains du centre de Romainville au sujet des projets du SYCTOM – sont simplement introuvables. On trouve ainsi sur le site du SYCTOM des informations et des liens sur tout et n’importe quoi concernant l’UIOM d’Ivry-sur-Seine et les projets associés, mais rien concernant les risques, pourtant indéniable, lié à la méthanisation. Et face à l’inquiétude d’une partie de la population d’Ivry, l’adjoint au maire, Thierry Rosset, peut bien répondre par l’enthousiasme envers ce type « production de biogaz/énergie renouvelable », mais cela n’apaise en rien les incertitudes.

Et elles sont nombreuses, tant il y a de sujets oubliés dans les comptes rendus de débat public. Ces documents ne mentionnent en effet pas de plan de prévention de risque concernant la future usine de méthanisation. Ils se bornent simplement à affirmer que le stockage de gaz sur le site d’Ivry ne dépasserait pas 10 tonnes et ne requérait donc pas légalement d’autorisation spéciale de la part de « classement particulier […] au sens du régime des installations classées ». Les comptes rendus ne mentionnent pas non plus où partiront les déchets des dizaines de communes qui dépendent actuellement de l’UIOM d’Ivry-sur-Seine durant le temps sa reconstruction si celle-ci intervient. Autant de questions qui restent en suspend, et qui devraient alarmer nombre de services ministériels, à commencer par la direction générale des collectivités territoriales, celle de la prévention des risques ou encore la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

La destruction de l’UIOM à des fins de reconstruction pose des questions d’ordres pratique et technologique qui mériteraient que l’on y prête davantage d’attention. Il n’y aurait d’ailleurs pas lieu de s’alarmer du peu de données disponibles sur le sujet de l’éventuelle reconstruction de l’UIOM d’Ivry si, quelques mois plus tôt, des projets similaires sur les infrastructures de Romainville n’avaient pas suscité une levée de boucliers de la part des riverains. Car cette reconstruction n’implique pas qu’une simple remise à neuf des infrastructures existantes. Elles les feraient en effet complètement changer de nature en faisant d’elle un centre de production énergétique. Or cela fait une grosse différence !

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