Témoin à décharge

René LAMERTUME

Du fait de la crise sanitaire, nous entendons des critiques appuyées sur les actions des autorités qui sont accusées, entre autre, de légèreté, d’impréparation, d’incompétence, voire de bêtise. Et je voudrais faire remarquer aux détracteurs qu’ils font erreur.

Les détracteurs partent probablement du principe que les autorités d’un pays ont pour fonction de protéger la population, lui assurer des conditions correctes d’existence, de la protéger contre le danger, voire de lui assurer le confort. Mais tout cela n’est qu’illusions. Le travail attendu des autorités en occident est de laisser fonctionner la « Main Invisible du Marché », c’est à dire de débarrasser la société de tout cadre juridique qui empêche justement ladite Main de manœuvrer comme elle le souhaite. La « Main Invisible du Marché » n’a que faire du confort de la population qui est uniquement un objet destiné à générer des profits de quelques manières que ce soit, faire de l’argent, pour l’entasser, bien au chaud, dans les paradis fiscaux. Le reste n’est que littérature et rêves.

Mais, pourrions-nous dire, il s’agit d’intérêt public, de santé publique. A cela, la réponse est limpide : la Main ne reconnaît pas l’intérêt public et ne se soucie donc pas de la santé publique. Pour comprendre pourquoi les autorités en charge de diriger un pays pourraient ne pas se préoccuper des intérêts de ce pays et du bien-être de la population, il faudrait analyser comment cela s’est passé avec le temps. Il faudrait décrire la disparition de l’État. Et cette question déboucherait sur les instances supra-nationales dont le rôle déterminant dans ce processus reste, après bien des années, encore ignoré par un grand nombre de personnes.

Ainsi, ce qu’on prend pour de l’impréparation dans une crise sanitaire révèle tout son sens : il s’agit au contraire de ne rien faire qui puisse gêner la Main. D’ailleurs, la stratégie profonde qui a prévalu dans notre pays jusqu’au premier tour des élections, est bien celle qui consistait à laisser faire, mis à part les regroupements en grand nombre, et même envoyer se tasser les électeurs dans les salles de vote. A ce stade, le détachement vis-à-vis du sort de la population était tout relatif.

Un doute tardif semble avoir percé chez les autorités. Devant le drame des vies qui allaient disparaître, il y avait fort à craindre que certains voudraient chercher des responsabilités. Or, les autorités avaient suivi un chemin tout tracé, sans s’intéresser aux moyens des hôpitaux, aux protections individuelles, sans préparer des moyens sérieux de dépistage et sans se préoccuper de médicaments. Continuer dans cette direction aurait été assez imprudent à terme. C’est probablement pourquoi le confinement a été décidé en catastrophe. Et désormais la réponse sera simple : « Nous n’avons hésité devant aucun moyen et avons confiné la population », ce qui est effectivement un moyen exceptionnel. Seuls des esprits chagrins pourraient faire remarquer que le confinement n’a pas pour but d’empêcher le développement de la maladie, et le nombre de décès, directement liés à la capacité du système de santé du pays, mais seulement de limiter le nombre de cas simultanés. Le virus attendra sagement quelques semaines supplémentaires pour se répandre. Le confinement sert à limiter l’ampleur du drame qui se joue dans les hôpitaux où les soignants abandonnés à eux-mêmes font ce qu’ils peuvent, sans les moyens dont on les a privés des années durant, au prix de leur vie, pour sauver leurs semblables. Donc, le revirement et le confinement s’analysent aussi comme une habile stratégie de défense qui démontrent l’intelligence des autorités.

Un entretien très intéressant avec le porte parole des médecins urgentistes, (1), le 29 mars 2020, nous apprend que la France vient de créer en urgence 5 000 lits d’hôpitaux alors qu’elle en a supprimé 100 000 durant les 15 dernières années. L’arrêt du pays est donc la preuve de l’ampleur des mesures, prises pendant plus d’une décennie, pour affaiblir la puissance publique, ici dans le domaine de la santé.

Voyons ce qui se joue autour des médicaments dans notre pays. Une épidémie particulièrement virulente fait son apparition. Elle prend le pays au dépourvu. Un chercheur en médecine de haut niveau se présente avec une solution pratique de traitement. Et que constatons-nous ? On tire à vue sur le chercheur, on lui jette des ordures à la figure au lieu de le remercier. C’est incompréhensible si on perd de vue que la Main a sans doute d’autres intérêts. Seul compte la possibilité de faire de l’argent en toutes circonstances et le médicament proposé gêne probablement d’autres projets.

Les autorités proclament qu’elles sont en guerre, mais l’ennemi ne paraît pas être le virus. L’ennemi sont les lois que la population s’est forgée au fil du temps pour se protéger de la Main. C’est bien en effet ce qu’on pourrait déduire de l’une des premières mesures sanitaires prise dans notre pays, consistant à s’attaquer à la « loi des 35 heures », aux congés payés, à la durée hebdomadaire du temps de travail – dans un pays rongé par le chômage. Donc les autorités paraissent bien démontrer, à qui veut le voir, leur intelligence à effacer avec efficacité, tout ce qui protège la population contre la Main et accessoirement, à se préoccuper d’un problème de santé publique.

Enfin, les déclarations des autorités qui pourraient passer pour du doute résultent également d’un mauvais éclairage. Si les autorités donnent l’impression de critiquer momentanément telle ou telle structure supra-nationale qui a justement pour but de garantir à la Main de fonctionner à sa guise, c’est pour faire diversion. Ce n’est ni revirement ni autocritique. Cela sert seulement à faire croire que, sous la pression des événements, les autorités considéreraient soudain que les intérêts de la population sont supérieurs. On peut en douter. Seule compte la Main et nous continuerons probablement à voir les autorités fonctionner de manière identique.

En toutes circonstances, il importe donc, pour les autorités, de continuer à paraître dépassées et peu éclairées, de crainte de voir des circonstances atténuantes disparaître. Donc, reconnaissons chez les autorités, une haute intelligence et une remarquable capacité à manœuvrer. Elles paraissent agir comme si elles prenaient soudain fait et cause pour les populations, certes avec maladresse, mais elles poursuivent de manière imperturbable, encore et toujours, le même but.

René Lamertume

Notes

Christophe Prudhomme, interrogé par BFM TV ↩

19 avril 2020

 https://lesakerfrancophone.fr/temoin-a-decharge

COMMENTAIRES  

29/04/2020 17:39 par Georges SPORRI

,Santé publique ? Le comité scientifique de MACRON présente tous les symptômes d’un comité de coordination entre BIG PHARMA et le gouvernement. C’est aussi un appareil idéologique d’état chargé de nous faire la morale, de légitimer des taxes et des abus de pouvoir contre certains d’entre nous, de propager une idéologie néo puritaine imbécile (orthorexie, sport, vie saine...). Avec la tendance fascisante évidente qui consiste à règlementer nos habitudes jusqu’à "nationaliser nos corps" tout en paupérisant et privatisant les services publics (y compris création de secteurs privés dans les hôpitaux publics)... VEROLE !

29/04/2020 18:11 par cunégonde godot

Excellent article. Tout est dit.

(Vive le frexit et les Gilets Jaunes !...)

30/04/2020 13:14 par CAZA

Bonjour
La Main a aussi fait disparaitre le moindre bon sens chez les menteurs du gvt .
Alors que la CPAM existe encore et rembourse aux assurés sociaux des articles de base comme les compresses stériles par ex
rien n’est prévu pour la fourniture de masques de protection et leur remboursement ou leur gratuité aux assurés sociaux cet équipement étant à même de diminuer les dépenses sécu liées aux soins donnés aux malades .
Le masque est maintenant devenu grand public ( va savoir ce que cela signifie ) et vendu dans le commerce

Gilead dépense en lobbying ,lu dans Wikipédia , trois millions de $ aux US et un million d’€ en France et UE ( c’est ce que le labo déclare )
Le Remdésivir sera il lui remboursé ?? Il est permis de se poser la question de l’existence d’éventuelles corruptions au vu de tant d’incohérences
A voir donc dans l’avenir si l’ancienne ministre de la santé et son successeur sont un jour devant une commission d’enquête parlementaire

02/05/2020 09:56 par Danael

À la déculpabilisation des grands décideurs et leur petites diversions cartes en couleur, s’ajoute le cynisme des hautes autorités qui consiste à dire que puisque nous n’avons rien prévu avant et que c’est le même sort inévitable soi-disant partout ailleurs, alors continuons à faire comme si de rien n’était dans le déconfinement.

Ainsi apprenons-nous qu’une circulaire venant de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) prévoit de continuer à faire travailler les soignants testés positifs au Covid peu symptomatiques et non immunisés, avec la justification suivante : « Induire une politique large d’éviction (des PCR + [testés positifs] pas ou peu symptomatiques ou des non immunisés) rendrait impossible la continuité du système des soins." Peu importe par ailleurs le contexte général des soignants : stress, épuisement et rationnement du matériel de protection. Tous prêts donc pour le déconfinement avec un autre petit coup de contaminés auquel s’ajouteront tous les autres patients qu’on avait refoulés pour ne soigner qu’une seule maladie et dont on ne peut retarder les soins plus longtemps. Mais Il ne faudrait quand même pas "polémiquer", ni entamer des "débats idéologiques stériles ", nous disent les "raisonnables".

Ben voyons, justement il faudrait commencer par le maillon le plus faible : la santé avant de vous foutre dehors définitivement, construire pour la société et non, tiens un autre sujet, pour les GAFA . Une sacrée bombe ces derniers, à bien éplucher et suivre car le grand moteur et centre de contrôle du capitalisme impérialiste qui s’affirme.

https://www.les-crises.fr/faute-de-protection-des-soignants-souffrent-contaminent-et-succombent/
https://youtu.be/VI8-s-mDWU4

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