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Syrie-Ukraine, la méthode Poutine

Photo : Associated Press - La situation en Ukraine est un défi (ou une provocation) majeur à la sécurité de la Russie, encore plus que la guerre en Syrie. Vladimir Poutine ne peut être qu’inflexible.

C’est une parade à la technique d’expansion occidentale bien rodée. Le style est le même : fermeté sans agressivité ; déploiement de moyens militaires afin de témoigner de sa résolution.

Vladimir Poutine est désormais intronisé dans la géhenne des méchants (« bad guys ») qui peuplent la démonologie usaméricaine. Les néocons ne savent pas trop qui de Poutine ou d’Obama les énerve davantage. Le président russe rejoint les Saddam, Milosevic, Kadhafi, Ahmadinejad et Bachar. Il est assurément le moins commode, comme l’est, par sa taille, l’État qu’il dirige. Coupable de contrarier l’Occident en Syrie, il est voué aux gémonies au sujet de l’Ukraine.

Objectif Russie

Du conflit syrien à la crise ukrainienne, il y a une ligne droite, menant toujours à la Russie. La guerre en Syrie vise aussi ses alliés, l’Iran et le Hezbollah. La neutralisation ou le démantèlement de ce trio feraient perdre à la Russie un glacis nécessaire à sa sécurité. Que des djihadistes et al-Qaïda s’emparent de la Syrie, et le pays devient un tremplin pour la déstabilisation de la région, y compris la Russie. Ce n’est donc pas un hasard que Moscou soutienne la Syrie. À cela s’ajoute le souci d’une éviction possible de Tartous, l’unique base navale russe en Méditerranée.

Quant à l’Ukraine, l’installation à la frontière de la Russie d’un pouvoir hostile ne laisse rien à l’imagination. Intégrée à l’OTAN ou pas, une Ukraine antirusse générerait des incidents bilatéraux et des crises internationales consécutives à des appels à l’aide des alliés occidentaux. L’affrontement avec la Russie serait direct. Ce scénario était évoqué sotto voce depuis longtemps. Les tenants des guerres classiques, frustrés par les insuccès de la guerre par procuration en Syrie, y trouveraient leur compte. Pourquoi faire un détour par la Syrie ? Pourquoi s’échiner pour la base secondaire à Tartous quand la plus importante est à Sébastopol ? La stratégie frontale remplacerait la stratégie périphérique. Que le point de départ soit Damas ou Kiev, le point d’arrivée est Moscou.

Syrie et Ukraine : liées par la conjoncture et les méthodes

En plus des facteurs stratégiques, les événements relient les situations syrienne et ukrainienne. Au lendemain de la conférence de Genève II, Washington laisse entendre que, la diplomatie ayant déçu, on accentuerait le volet militaire. Aussitôt filtrent des nouvelles sur des forces saoudiennes qui se lanceraient à l’assaut de Damas en partant de la Jordanie.

Parallèlement, la Russie est critiquée pour son refus de pressurer Bachar al-Assad à se retirer de la présidence. Elle serait, dit-on, la responsable de l’échec de Genève II. Des attentats en Russie semblent présager le lâchage de terroristes contre les Jeux de Sotchi.

Or, l’offensive ne cible ni Damas ni Sotchi. Elle vise plus grand : l’Ukraine et, à travers elle, la Russie elle-même. Les événements à Maïdan, en cours depuis novembre, accélèrent soudain en février et prennent un tour violent avec le déploiement de bataillons en tenue de combat et l’usage d’armes à feu. Tout à coup, les extrémistes donnent le ton.

Cette tournure de événements met en lumière les ressemblances dans le déroulement des conflits en Syrie et en Ukraine. Un modèle d’escalade se vérifie. Dans les deux cas, des protestataires (et des gendarmes) sont abattus par de mystérieux snipers, on passe à l’appel au changement de régime (la « révolution ») et apparaissent les combattants armés, aidés par des pays voisins. En Syrie, on voit le Qatar, la Turquie, l’Arabie saoudite, et d’autres, se charger de financer et d’équiper les milices djihadistes. En Ukraine, ce sont la Pologne et la Lituanie qui entraînent les néonazis antirusses qui forment les troupes de choc de Maïdan. Les méthodes de « regime change » [en anglais] élaborées pour la Syrie sont importées en Europe.

Poutine et le barrage russe

En vogue depuis la fin de l’URSS, les « regime change », puis les « révolutions de couleur », ont mis la Russie sur la défensive. Ses anciens alliés ont basculé dans l’OTAN, et certains abritent des prisons secrètes de la CIA. La Yougoslavie a été démembrée et le Kosovo, arraché à la Serbie, abrite une base militaire usaméricaine. L’OTAN s’étend jusqu’aux frontières russes. La Russie compte stopper le rouleau compresseur, menaçant pour elle. Elle a déjà connu dans son histoire des « poussées vers l’est » de la part de ses « partenaires » occidentaux.

La méthode Poutine est une parade à la technique d’expansion occidentale bien rodée. Elle apparaît en Syrie et se consolide en Ukraine. Le style est le même : fermeté sans agressivité ; déploiement de moyens militaires afin de témoigner de sa résolution ; primauté de l’action sur le discours, lui-même mesuré et succinct. En septembre 2013, la marine russe est en position, en cas de guerre, mais Poutine trouve une porte de sortie à Obama. En 2014, la situation en Ukraine est un défi (ou une provocation) majeur à la sécurité de la Russie, encore plus que la guerre en Syrie. Poutine ne peut être qu’inflexible. La réponse en Crimée est limitée, mais la froide détermination ne se dément pas. La politique d’expansion vers l’est se heurte maintenant à un pays capable de se défendre, disposé à le faire et muni d’une méthode.

Samir Saul
Professeur d’histoire, Université de Montréal — CERIUM

Le Devoir. Montréal, Canada, le 20 mars 2014.

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